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Concours de Fanfic, été 2008
La CS Surf !

Création N°19

Je ne sais moi-même pas trop comment j'en suis arrivé à là avec ce gosse. Ca doit être la faute de cet objet bizarre qu'il a fait rouler à mes pattes, qui bien que puant l'humain, j'ai ramassé. Je le contemplais avec curiosité l'objet, parce que c'est pas des choses que l'on voit tous les jours avec des yeux comme les miens, et les gamins de même.
Pourtant, y'en avait bien un là, apparu juste comme ça, non loin, apparu du néant.
Je dévorais des yeux sa corpulence fraîchement impubère et juteuse, que j'aurai volontiers finie de ma mâchoire si mon instinct ne s'était pas fait la malle. Je crois que c'est parce qu'il avait trop bon cœur, et que ça c'est défendu d'être bouffé.
Le petit être quand à lui s'avançait, candide mais déterminé ; il n'avait pas peur de moi car la frayeur c'est pas permis par l'innocence.
- « Tu te demandes ce que c'est, hein ? A vrai dire je ne le sais pas non plus», continua t-il, « mais il paraît qu'elle contient une capacité, capable d'être apprise par un Pokémon … »
Je ne comprenais pas un mot de ce qu'il piaillait le gamin, mais ça m'était peu importe. Cet étrange objet, commençant à briller fortement, attirait mon attention de plus belle.
- « Je l'ai volée au marché pour mon Rattata, mais tu peux toujours l'essayer si tu veux, ça a pas grande valeur ces choses de toutes façon. »
La lumière de la disquette m'aveugla pour quelques instants, puis sa couleur bleu azur vira au gris. Je comprenais pas trop ce qui se passait mais j'avais la sensation d'avoir perdu quelque chose et d'en gagner une nouvelle. Subitement, sans le vouloir, j'exerçai un jet d'eau qui au contact du sol prenait littéralement la forme d'une vague fort imposante, qui s'écrasa sur le jeune homme, l'emportant avec elle dans son étendue aqueuse. J'allais me mettre à paniquer lorsque le garçon se releva, trempé, les yeux scintillants, la bouche entrouverte par la fascination.
- « C'est … Surf ! Crocrodil ! Surf ! »
Une fois de plus je n'avais rien compris aux mots de cet hurluberlu, ce qui toutefois ne m'empêcha pas de rétorquer une nouvelle vague. Le gamin se débarrassa de son inénarrable habillage, désormais tous ses membres à découvert. Ainsi nu, il m'avait l'air comme plus familier, plus proche, et surtout entre les cuisses.
Le gamin se bidonnait à chaque vague venant, et il en réclamait d'avantage. Finalement ça m'amusait, moi aussi, ce rire candide, cette naïveté irradiante ; et pour le plaisir du petit garçon j'exécutai à nouveau de quoi l'éclabousser.
On jouait toute la journée ainsi, du moins jusqu'à ce que l'astre solaire en ait marre. A ce moment là le petit s'en allait, je ne sais où, me balbutiant ses drôles de bricoles. Je sais pas ce qui me prenait mais j'étais poussé, sans doute par cette envie d'amusement, à l'attendre ici, et puis j'avais bien raison. Le petit bonhomme était revenu, le lendemain à l'aube, et l'on recommençait nos jeux de cabotin à tout va. Parfois il me rapportait de la nourriture humaine avec son goût de fruit mais je préférai personnellement lorsque l'on pêchait du Magicarpe. Ainsi se déroulaient mes journées auprès de l'enfant candide.
Bizarrement je commençai à m'attacher à l'être humain. Dorénavant, il attirait plus ma curiosité que mon envie de le dévorer et bien que ce contact me semble invraisemblable, un réel lien se créait entre lui et moi.
Un jour le gamin me quitta comme d'habitude, mais c'était différent par après. Il n'est pas revenu.
J'ai attendu pendant longtemps son retour. Mon instinct était déjà bien loin car tout ce que je voulais c'était le rire naïf de l'enfant. S'il était encore là, je serai déjà dans la mer à me prendre des coups de crocs et à lutter pour mon existence sans intérêt. J'avais peur de ma vie de base désormais, et je voulais éterniser notre contact duquel j'étais éperdu.
Cinq fois le soleil était passé, et cinq jours je restai sur la plage, allongé, crevant mais toujours gorgé d'espoir. Je préférais mourir ainsi que de finir en pâtée pour Sharpedo ou autre créature répugnante. La faim brûlait mon estomac et parfois j'avais envie de me faire la malle, ailleurs, là où je pourrai dormir sans me faire interrompre, je vous laisse songer où, mais je m'efforçai de faire fuir tout mon pessimiste. Pour ce gamin.
Je croyais vraiment que j'allais y passer lorsque je vis une silhouette famillière se rapprocher du lointain. C'était bien lui, le petit gosse, j'avais reconnu sa corpulence enfantine, réclamée de toutes dents sauvages. Il était accompagné d'un grand humain.
Je me levai tant bien que mal, tentant de me rapprocher du gamin, malgré ma faiblesse écrasante. Il n'était qu'à quelques pas de moi avec son bipède qui semblait pas aussi souriant.
- « Alors c'est pour CA que tu t'éclipsais, hein ?! Tu étais censé t'occuper de vendre les Ecrémeuh au marché !!! »
- « Mais… Papa… »
- « Je ne veux pas d'un déchet puant, ni d'une feignasse. Je vais te forger, moi, ignare, et tu vas devenir un grand homme. Tu n'as pas besoin de futilités telles que… que ce… »
Il fulminait.
- « Cette horreur ! Cet immondice qui te pourris ton temps ! Il aurait très bien pu te dévorer, de même !! »
L'homme empoigna un drôle d'objet long, tout à fait humain. Il le pointa vers moi sous le regard effaré de l'angelot, qui n'osait même plus s'exprimer.
- « Regarde bien, mon fils, regarde bien ce que j'en fais, moi, de ces êtres stupides… »
- « NON !!!! »
Le gamin saisit le bras du grand bipède mais c'était un peu tard. Il me cribla de toute sa haine.
J'avais mal. C'était bien plus douloureux qu'un Sharpedo qui vous donne un coup de mâchoire. C'était comme des dents, brûlantes, et incrustées en moi. Mon regard devenait flou, mais néanmoins assez clair pour distinguer le visage d'un enfant apeuré, sans espoir. Un visage tant innocent, tant chaleureux, mais d'un coup pris de tant de tristesse, qui était pour moi bien plus poignant que ces coups douloureux. Je m'effondrai dans le sable, la langue pendante. Je m'empressai de partir parce que ça faisait trop mal et que c'était devenu trop insupportable. J'avais plus de raison de m'accrocher à ma petite vie de reptile, le délire du bipède y était allé trop fort.
Peut-être que j'aurai dû rester dans la mer… me battre pour ma survie… ne développer ni conscience, ni bonheur, ni rien de charnel, et juste vivre avec l'instinct qui nous rends si particuliers, nous créatures de fascination…
Il est un peu tard pour penser à ces choses, à l'une comme à l'autre. En tout cas je m'excuse, gamin, d'avoir été un peu faible. Et t'as pas à t'en vouloir non plus, car toi-même était trop pur pour avoir conscience du délire, de la folie humaine, qui fait de nous les réels monstres, bien différents de ceux de notre imagination…


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