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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 12/09/2021 à 09:11
» Dernière mise à jour le 12/09/2021 à 09:11

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 406 : L'épopée de l'empereur
Dix croiseurs du Grand Empire de Johkan et ses alliés arrivèrent dans la bataille par l'ouest. Ils avait dû traverser pour cela une bonne partie de l'espace aérien de Johto, territoire de la FAL, mais personne n'avait osé les en empêcher. Enfin, du moins quand il fut clair que l'Empire ne profitait pas que la majorité des forces militaires de la FAL était occupée contre le Marquis des Ombres pour envahir Doublonville ou quelque chose comme ça.

Les communications impériales n'avaient pas été ouvertes, comme s'ils considéraient la FAL comme insignifiante et indigne qu'on les prévienne de leur arrivée. Les officiers de la FAL, Tender en premier plan, ne savaient donc pas trop comment réagir quand les vaisseaux impériaux arrivèrent et commencèrent à attaquer les forces du Marquis, brisant à l'ouest leur encerclement de la FAL qui commençait à devenir dangereux. Comme Estelle Chen, la nouvelle Madame Boss de la Team Rocket, était elle-même sur le champs de bataille, Tender contacta directement le Justice d'Erubin, qui le mit en communication avec la Reine Eryl, au sol avec ses amis Pokemon du Zodiaque.

- On ne fait rien, ordonna-t-elle une fois mise au courant de la situation. Ou plutôt si : on fait comme s'ils n'étaient pas là. On ne les attaque pas, mais on ne les aide pas non plus.

Tender secoua la tête, un geste répété par son frère non loin qui pour le coup était d'accord avec lui.

- Sauf votre respect Majesté, nous ne sommes pas en mesure de cracher sur de l'aide, qu'importe d'où qu'elle vienne, répondit-il. Si on se bat chacun de notre côté sans un minimum de communication et de coordination, ce sera le chaos.

- Erend Igeus est possédé par Horrorscor. Il est de facto notre ennemi.

- Peut-être, mais c'est le cas d'Igeus seulement, pas de tout le foutu Grand Empire ! Et il n'est pas venu tout seul avec quelques lunariens en épée et d'anciens fachos de Venamia. C'est une petite armée qui est apparue, avec carrément des croiseurs de la Riluvi et du Reich de Nuk !

- Des alliés d'Igeus. Ou plutôt, des idiots qu'il manipule, se contenta de répondre Eryl. Ils combattent l'Armée des Ombres seulement pour se faire bien voir du reste du monde, mais ils tenteront de nous annexer immédiatement après. Igeus nous l'a carrément annoncé lui-même ! Vous étiez là, général.

Tender ne pouvait pas prétendre le contraire. Il n'avait jamais pu saquer Igeus, même quand il était obligé de lui obéir à l'époque de la Confédération Libre. Qu'il ait désormais gagné une armure noire et un œil rouge le rendait encore moins sympathique. Sauf qu'aux côtés d'Igeus, il y avait Julian, son petit-fils. Un petit-fils que Tender pensait avoir perdu à tout jamais à Veframia. Tender était donc tiraillé entre son mépris d'Igeus et la reconnaissance qu'il avait envers lui pour avoir secouru Julian... même s'il savait que c'était uniquement dans le but de se servir de lui pour accroître son contrôle politique.

- Nous ferons comme j'ai dit, conclut Eryl sans lui laisser le loisir d'argumenter davantage. De toute façon, cette guerre armée n'est qu'une façade. Une fois que tous les Pokemon du Zodiaque seront réunis près de moi, j'irai éliminer le Marquis des Ombres et la partie d'Horrorscor qu'il héberge. Nous aurons alors gagné, et le reste de la bataille n'aura plus aucune importance.

Elle coupa la communication. Kasai se permit d'y aller de son petit commentaire à voix haute, audible de tout le personnel sur le pont.

- En voici une qui n'a rien à envier à Igeus finalement. C'est moi ou tout les dirigeants, rois, reines, empereurs et compagnie sont tous d'incroyables connards ? C'est comme si on avait aucune importance pour elle. Comme si tous les morts qui sont déjà tombés en son nom ne comptaient pas vu qu'ils ne font pas partie de sa guerre métaphysique contre la Corruption.

Hegan acquiesça distraitement. Il espérait que la fin de cette guerre allait dégager tous ces apprentis dictateurs mondiaux et fanatiques exaltés pour réinstaurer enfin un conseil de politiques, même incompétents ou vaguement élus démocratiquement. Il en venait presque à regretter les Dignitaires.

Tender transmit toutefois les ordres d'Eryl à contrecœur. De toute façon, le Grand Empire ne les avait nullement contacté de son côté, alors même qu'ils commençaient à faire atterrir leur troupe. Tender ordonna donc à tous les Rockets du flanc ouest de ficher le camps et de laisser les troupes d'Igeus gérer.

Les forces impériales et leurs alliés de Galar, Riluvi, du Saint Empire Nuk et du Royaume de la Hanse se créèrent un périmètre de sécurité autour du quel ils éliminèrent méthodiquement tous les zombis présents, avant que leur dernier croiseur n'atterrisse. Escortés par des guerriers d'élite lunariens et d'anciens membres de la GSR, l'Empereur Julian mit pied sur le champs de bataille, avec à ses côtés Erend, ainsi qu'Esliard qui filmait le tout en y allant de ses commentaires partisans et propagandistes.

- Nous avons donc atterri. Nous sommes actuellement sur les cimes ouest du Mont Argenté. Sa Majesté est plus que jamais déterminée à stopper les forces du mal qui ont prit pied ici et qui menacent la stabilité du monde !

Julian ne se départit pas de son air royal, quand bien même il était stressé et même effrayé de se retrouver sur le champs de bataille. Et quel champ ! Tout était sombre ici. Sombre, brumeux, aride, avec par terre des morceaux de cadavres qui bougeaient encore. Bien sûr, ce n'était pas du direct. S'il se mettait soudainement à vomir, Esliard couperait ça au montage. Mais ses sujets avec lui en ce moment le verraient, et c'était surtout auprès d'eux qu'il devait inspirer la force et la volonté.

- Très bien, allons détruire quelques uns de ces morts-vivants, déclara Erend. Ils sont apparemment très lents. Tu pourras facilement les avoir à distance avec les Dieux Guerriers. Ça leur permettra de s'échauffer, et ça donnera quelques prises pas mal à Esliard.

Julian acquiesça, mais prit bien garde de ne pas quitter Erend d'une semelle et de toujours être derrière lui. Ce dernier alla donner ses ordres généraux de bataille aux officiers du Grand Empire et à ceux de ses nations alliées, avant de prendre la tête du petit groupe constitué de Julian, de sa garde rapprochée et d'Esliard.

Ils dépassèrent à pied le périmètre sécurisée par la flotte du Grand Empire, où quelques zombis, sans doute délaissés par Lyre qui avait trop d'ordres à donner à la fois, erraient sans but. Julian les trouva proprement répugnant, avec leur peau grise, leur sang coagulé et parfois même leurs membres manquants. Comment pouvait-on manipuler ainsi un cadavre pour le pousser à tuer des vivants ? C'était à la fois horrible et immoral. Ce Marquis des Ombres et ses sbires étaient vraiment méprisables... D'autant que parmi les morts-vivants, il y avait quelques Pokemon. Pour Julian qui vouait un grand amour à ses créatures, c'était le comble du dégoût.

Il n'eut ainsi pas trop de mal à pointer le trident de Triseïdon et l'éclair d'Ecleus vers eux, et ordonner mentalement des séries d'attaques Eau et Électrique à longue distance pour réduire ces corps en charpie. Il n'avait aucune pitié ou hésitation envers eux, car ils n'étaient pas vivants. Ils étaient comme des machines, sans aucune volonté. Et même si la vision de leur cadavres mobiles en train d'être charcutés par les attaques des Dieux Guerriers étaient difficilement supportable pour un enfant comme lui, il s'efforça de ne pas ciller, ni de se départir de son air froid et royal, car il savait qu'Esliard était en train de filmer.

Erend, de son côté, s'était lancé en plein dans la masse des zombis et s'adonnait à les découper méthodiquement avec toute la rapidité et la force que lui conféraient la Dark Armor et son épée noire qui allait avec. Julian l'avait déjà vu une ou deux fois en action quand ils avaient reconquis l'Empire Lunaris villes après villes. Il était tout bonnement effrayant. Rien ne semblait pouvoir l'arrêter.

Quelques Pokemon Spectre – qui passaient sans doute par là par hasard – se joignirent aussi au combat, et il s'avéra très vite que le pouvoir d'immatérialité de la Dark Armor était bien supérieur à celui des fantômes eux-mêmes. Erend pouvait les toucher et les blesser physiquement, et souvent mortellement, grâce aux pouvoirs de type Ténèbres qui imprégnait cette armure de haute technologie. En une demi-heure, le petit détachement de Julian avait nettoyé toute la zone. Esliard était ravi ; il avait sa caméra pleine de belles images mettant l'Empereur en valeur.

- C'était du beau travail, Votre Majesté, dit Erend après avoir retiré temporairement son masque pour respirer normalement. Votre maîtrise des Dieux Guerriers semble innée.

- Je n'ai pas fait grand-chose, tempéra Julian.

- Je me suis assez servi de Triseïdon pour savoir que l'utilisation d'un Dieu Guerrier requiert une volonté et une concentration maximale, sinon quoi il refuse d'attaquer. Le maître et le Pokemon doivent être en une certaine symbiose, même sous la simple forme Arme. Bien. Je vais partir un moment vers le centre de la bataille. Toi Julian, tu restes ici. Peut-être que tu pourrais trouver quelques morts-vivants restant et tenter de les abattre à bout portant, genre en les tranchant avec Ecleus ? Ça donnerait l'image du souverain qui n'hésite pas à se donner tout aussi physiquement que mentalement.

- Attends voir... tu t'en vas ? Je ne peux pas venir avec toi ? S'inquiéta l'adolescent.

- Non. C'est inutile et dangereux. Je vais là où les combats sont condensés. Il y a une personne dont je dois m'occuper. La vaincre sera la clé de voûte de notre plan.

Julian soupira, un peu agacé. Erend parlait souvent de « notre plan », mais n'avait jamais pris la peine de lui expliquer en détail.

- Une fois cette personne éliminée, nous pourrons faire feu avec Atlantis et conclure nous-même cette guerre, poursuivit Erend. La FAL sera totalement impuissante, et n'aura d'autre choix que de se prosterner. D'ici demain, tu seras l'empereur incontesté du monde, du moins aux yeux d'une majorité de population.

- Et... Horrorscor ? On en sera débarrassé ? Pour toujours ?

Julian n'ignorait rien de la rumeur initialement propagée par la Reine Eryl, comme quoi Erend aurait été infecté par une part de l'âme du Pokemon de la Corruption ; celle-là même qui s'était trouvée en Venamia. Il ne voulait pas trop y croire, pourtant... c'était bien Erend qui, selon ses propres dires, avait éliminé Venamia. Et l’œil gauche d'Erend, rouge écarlate, ne pouvait pas mentir. Du coup, même si Erend n'était pas contrôlé par Horrorscor, il semblait évident que le Pokemon de la Corruption ne pourrait pas être totalement éliminé, même si le Marquis était détruit.

- Horrorscor est insignifiant, répondit Erend. C'est la Corruption qui lui donne sa force, et c'est ça que nous allons éliminer. De même que l'Innocence. Quand ces deux concepts auront enfin disparu, les humains et les Pokemon pourront vivre libérés des manipulations et des conflits de pseudos-dieux désincarnés !

Et sur ces paroles, il remit son masque et prit congé, s'élançant en contrebas des chaînes rocailleuses du Mont Argenté, là où malgré la brume environnante, on pouvait discerner les lumières de l'immense bataille qui se jouait entre l'Armée des Ombres et la FAL. Sans lui à ses côtés, Julian se sentit soudain comme nu, malgré son armure pompeuse et ses deux Dieux Guerriers en main. Mais les généraux du Grand Empire et des nations alliés s'approchèrent de lui, et Julian dut garder son masque « impérial ».

- Majesté, trois de nos croiseurs sont aux prises avec une marée de Pokemon Spectres, et le détachement terrestre riluvien affronte des zombis quelque peu... étranges, mené par un individu non-identifié. Nous attendons vos ordres.

Julian tiqua. Ses ordres ? Il n'en savait rien du tout. Il n'avait rien du général de guerre. Et pour ne pas se ridiculiser, il opta pour la sincérité, avec un poil de dignité royale, comme Erend le lui avait enseigné.

- Vous êtes bien plus compétant que moi pour l'aspect stratégique, général. Donnez les ordres qui vous paraissent bons, sans vous sentir obligé de m'en référer à chaque fois. Je vous fait entièrement confiance.

- Bien, Votre Majesté. Vous m'honorez !

Le général s'inclina et repartit, l'air visiblement satisfait. Julian avait bien retenu les leçons d'Erend à ce sujet : « Les militaires aiment quand les civils qui sont censés les diriger reconnaissent qu'ils leur sont supérieurs dans ces domaines. Un officier loyal est avant tout un officier qui se sait écouté et respecté pour ses compétences ». Il n’empêche que Julian se sentirait bête de rester ici alors que ces propres troupes se battaient non loin.

- Nous y allons, monsieur Esliard, déclara-t-il. Je veux voir de plus près ces fameux zombis étranges. Soyez prêt à filmer.

- Naturellement, mon empereur !

Erend lui avait demandé de rester ici, mais il pourrait arguer qu'il n'y avait plus d'ennemi dans le coin pour poursuivre les petits films de propagandes d'Esliard. Sans pour autant s'enfoncer au plus profond de la bataille, l'adolescent voulait lui aussi apporter sa contribution. Et il espérait secrètement quelque chose.

Oncle Mercutio et tante Galatea sont-là bas, en train de se battre en première ligne. Papy Hegan aussi. Même si on est dans des camps différents pour le moment, je veux qu'ils soient fiers de moi, de celui que je suis devenu. Je veux leur faire comprendre que je ne suis plus un gamin symbolique servant avant tout d'otage et qu'on doit sauver, mais un vrai dirigeant de ce monde, qui se bat pour lui et contre les ténèbres !

Julian ordonna qu'on le conduise, lui et son escorte, au front le plus proche, celui tenu par leurs alliés riluviens. Les soldats hésitèrent. Aucun d'entre eux ne souhaitaient avoir à faire à Lord Igeus si d'aventure l'empereur venait à périr sur le champs de bataille, alors que c'était eux qui l'y avait amené. Mais en l’occurrence, Julian ne leur laissa guère le choix.

- Sur le champs, soldats ! Les pressa-t-il. Vous croyez que je peux rester ici me tourner les pouces tandis que nos alliés de Riluvi combattent courageusement, alors que j'ai deux Pokemon surpuissants entre mes mains ? Quel genre d'empereur serai-je ?

Les soldats s'inclinèrent prestement et ouvrirent la marche. S'ils ne pouvaient pas empêcher Julian d'aller se battre, ils pouvaient au moins l'accompagner et dans le pire des cas, mourir avec lui, ce qui serait sans doute préférable au fait de rester en vie et d'expliquer la situation à Lord Igeus.

Les troupes de Riluvi qui étaient venus étaient essentiellement des hommes en arme, sans Pokemon ou technologie d'aucune sorte. Les riluviens étaient un peuple fier qui aimaient se battre face à face, et regarder leurs ennemis dans les yeux. C'était donc de la sorte que la centaine de soldats riluviens faisaient face à un groupe d'ennemis.

Des morts-vivants, certes, mais des morts-vivants d'un aspect encore plus repoussants. Chacun d'entre eux avait une partie de leur corps qui semblait faite de la même matière que la majorité des Pokemon Spectres : une brume épaisse et violette. Pour certains, c'étaient les jambes, pour d'autres les bras. Quelque uns avaient même le cou de la sorte, ou une partie de la tête. Et ces morceaux qui semblaient contaminés étaient également instable. Ils fluctuaient, changeaient de taille sans aucune cohérence. Du coup, on pouvait parfois voir un zombi avec des bras à rallonge et flexible comme du caoutchouc, ou des têtes qui s'étiraient, défigurant encore plus les visages cadavériques et pâles.

Julian ne fit aucun commentaire, mais intérieurement, il était dégoûté par de telles monstruosités. Il s'avança calmement en direction du contingent riluvien en train de se battre... et de reculer peu à peu devant ces adversaires qui ne voulaient pas mourir pour de bon. Évidemment, il y avait pas mal de créatures dangereuses dans les landes gelées de leur pays, mais ils n'avaient encore jamais affronté d'ennemis qui marchaient vers eux sans se presser alors qu'on les criblait de balles.

- Écartez-vous, leur ordonna Julian en faisant face au groupe de zombis à moitié fantômes. Je vais m'occuper de ces horreurs.

Les riluviens, reconnaissant le jeune empereur de Johkan avec qui leur gouvernement avait passé alliance, murmurèrent entre eux dans leur langue rocailleuse, à la fois impressionnés et expectatifs. Esliard avait déjà sa caméra contre l'épaule, tout heureux qu'il était de pouvoir immortaliser la grandeur et le courage de son tout nouveau mécène.

Comme il avait en ce moment un auditoire attentif, Julian décida de se montrer en spectacle en utilisant les deux Dieux Guerriers à la fois. D'une main donc, il déversa sur les zombis un jet continu d'Hydrocanon avec Triseïdon, et de l'autre, une attaque Fatal-Foudre. Les deux attaques combinées, gagnant l'une de l'autre, furent autant un spectacle pour les yeux qu'une catastrophe naturelle pour les ennemis. Ils avaient beau avoir des parties spectrales, ils craignaient tout autant l'eau à haute pression et la foudre que tout le monde.

Bien sûr, l'utilisation simultanée de ces deux puissantes attaques laissa le jeune Julian haletant. Mais étant désormais l'objet des clameurs des soldats et des commentaires excités et euphoriques qu'Esliard débitait pour son reportage, il s'efforça de ne rien laisser paraître de sa fatigue mentale.

La troupe de morts-vivants spectraux fut momentanément stoppée, mais quelque secondes plus tard, il se passa quelque chose inattendue. Plusieurs filins spectraux jaillirent des cadavres ou de leurs morceaux dispersés pour les regrouper entre eux. Les zombis se remirent donc vite sur leurs pieds, encore plus en mauvais état qu'avant, avec plus de parties fantômes pour remplacer leurs membres perdues suite à l'attaque combinée. Et tous ces liens spectraux qui semblaient tenir la troupe de morts-vivants en un tout uniforme partait d'un individu, au centre, qui lui n'avait rien d'un zombi.

C'était un homme en haute tenue, comme celle de la royauté ou de la noblesse au XIXème siècle : un uniforme militaire avec quantité de médailles, de dorures et une cape. Il tenait une canne noire avec un pommeau argenté représentant la tête du Pokemon Corvaillus. Il avait une courte barbe parfaitement taillée et des cheveux frisés. Sa tenue globale était un mélange de bleu et de rouge, comme la cape de Julian.

- Eh bien eh bien, que voilà un jeune homme qui en impose, fit-il avec un accent clairement galarien. Me tromperai-je en affirmant que vous êtes un de mes compatriotes ? Votre cape le laisse à penser.

- Ce sont les couleurs de Johkan, répondit poliment Julian.

- Ah, évidemment... Même à cette époque, ces rustres johkaniens continuent donc d'arborer nos couleurs traditionnelles en prétendant qu'elles sont les leurs ? Il n'en est rien, jeune sot.

Julian haussa les sourcils. Il avait pourtant assez largement étudié l'histoire de la région Johkan pour savoir que le bleu et le rouge étaient les couleurs de la maison Karkast, qui avait régné sur Johkan pendant des millénaires. Galar n'existait pas depuis aussi longtemps.

- Mais qu'importe, poursuivit l'individu. Je ne vais point m'abaisser à un débat historique avec un enfant. Souffrez plutôt que je me présente. Je suis Son Altesse Bruce de Winchertz, Prince de Galar et 26ème Marquis des Ombres, surnommé le Corbeau Argenté.

Amusé malgré lui par le ton pompeux et cérémoniel du précédent Marquis, alors qu'ils se trouvaient sur un champs de bataille avec des zombis autour d'eux, Julian se prit au jeu et répondit de la même façon, avec la même courbette.

- Je suis Sa Majesté Julian oc Lunaris, Empereur du Grand Empire de Johkan.

Le prince Bruce plissa les yeux – dont un d'entre eux était rouge – comme s'il soupçonnait Julian de se payer sa tête.

- Le Grand Empire de Johkan ? Qu'est-ce donc cela ? Vous voulez me faire croire que ces couards de Dignitaires auraient transformé votre région en empire, rien que ça ? Le temps de la grandeur et de la toute puissance des Karkast était déjà passée à mon époque. Et pourquoi diable un johkanien dirigerait une troupe de riluviens ?

- Les gouvernements et les frontières que vous avez connus ne sont plus les mêmes aujourd'hui, répondit Julian. La quasi-totalité du globe s'est rassemblé contre votre maître Horrorscor, et cette guerre me servira à enfin unifier les nations pour instaurer une ère de paix.

Enfin, elle servira à Erend plutôt, songea Julian. Moi, je serai juste le drapeau devant lequel on s'incline et qui récite de beaux discours préparés à l'avance. Et ça vaut mieux...

L'ancien prince de Galar éclata d'un rire sec et désagréable.

- Quand j'avais votre âge, sans doute que je débitais les mêmes idéaux naïfs et grandiloquents... Mais étant le cadet, je n'étais pas promis à régner, alors que j'étais bien plus intelligent que mon frère. Au final, j'ai tout fait pour lui pourrir son règne et m'accaparer dans l'ombre l'amour et la loyauté du peuple. Et j'ai compris quelque chose : un règne idéal ne se fait que par la corruption, les manigances et les mensonges. La fin justifie toujours les moyens.

Il tendit sa canne, comme pour signifier son intention de combattre. Julian fit de même avec ses deux armes Dieux Guerriers. Erend ne comptait sans doute pas qu'il affronte un des anciens Marquis des Ombres en son absence, mais autant Julian était apeuré et impressionné, autant il ne pouvait pas laisser cet homme poursuivre son chemin après qu'il ait énoncé des idéaux aussi contraire aux leurs.

- Nous allons briser le cercle de la corruption et de la haine, rétorqua-t-il. Les gens n'auront plus à souffrir de dirigeants égoïstes et cruels tel que vous !

Et tel que ma mère... songea-t-il pour lui-même avec un pincement au cœur.

- Les idéaux sans force ne sont que vaines paroles, répondit le Marquis. Il vous faudra me les imposer. En garde donc, Your Majesty, Sir Julian !

Une multitude de tentacules spectrales sortirent du corps du Prince Bruce pour aller s’insérer dans les zombis autour de lui, comme des cordons ombilicaux. Cela ne fit qu'accroître les parties spectrales en eux, les faisant doubler de volume, les transformer littéralement en des patchworks monstrueux et énormes de chair humaine pourrie et d'ombres mouvantes. Tout intrépides qu'étaient censés être les soldats riluviens, la plupart de ces derniers reculèrent instinctivement de terreur.

- Avec les types Spectres et Ténèbres dont m'a fait don le Seigneur Horrorscor, j'ai entrepris de mon vivant diverses expériences sur le croisement entre l'énergie ombrale et éthérée des esprits et la matière humaine, expliqua le Prince Bruce. Bien sûr, la durée de vie des cobayes était le plus souvent bien courte après cela. Mais ces cadavres contrôlables à souhait sont les meilleurs sujets d'expérience qui soient ! Ils ne protestent pas, ne crient pas, ne meurent pas, et même quand leur corps a implosé, je peux toujours rassembler leurs membres pour les rendre à nouveau fonctionnels. C'est assurément grandiose !

Julian fit une moue pensive, en réfléchissant avec son âge mental enfantin. Le propre des ombres, c'est qu'il suffisait d'un peu de lumière pour les dissiper. Aussi donna-t-il ses ordres mentaux à Ecleus. Il voulait une attaque foudre qui éclairerait toute cette masse spectrale mouvante, quelle que soit sa puissance. Par chance, le Dieu Guerrier avait ça dans sa liste.

Il utilisa Champ Électrifié, rependant partout sur le sol dans un rayon de plusieurs centaines de mètres une aura jaune et électrique qui rendit la terre brune et rocheuse du champ de bataille comme scintillante. Comme il l'avait espéré, toute cette lumière sembla affaiblir les parties d'ombre dont été faits les zombis du prince, mais ce n'était pas là l'intérêt numéro un de l'attaque. Avec Champ Électrifié, toutes les attaques électriques au sol auront une puissance décuplée.

L'ancien Marquis dut voir le danger, car il lança d'un coup tous ces zombis sur Julian. Ce dernier se servit alors de Triseïdon pour faire apparaître des vagues d'eau qui explosèrent sur le groupe de morts-vivants, les ralentissent ou les ramenant en arrière. Et les troupes riluviennes à ses côtés reprirent leurs tirs, cherchant plus à repousser les ennemis qu'à les détruire.

Avec le sol et les zombis mouillés suite à l'attaque de Triseïdon, plus le Champ Électrifié, Ecleus avait désormais de quoi faire des dégâts fatals, même à des cadavres qui étaient déjà morts. Se laissant guider par la volonté d'Ecleus, Julian, dans un état second, planta l'éclair-boomerang au sol devant lui. Et ce fut le chaos.

Des éclairs d'une puissance inégalée se rependirent dans le sol, jusqu'au regroupement de zombis. Le rayon d'action de cette toile électrique engloba tous les ennemis, les faisant littéralement frire sur place. La chair et les os explosèrent, au delà de tout ce que les tentacules spectrales de Bruce pouvaient ré-assembler. Mais l'ancien Marquis, lui, pour s'éviter le même sort, repompa l'énergie spectrale de ses zombis dans le sens inverse : d'eux, à lui. Il se créa donc une énorme coquille d'énergie noire qui le protégea... mais pas totalement.

Quand l'attaque prit fin et que la carapace spectrale se désintégra, l'ancien prince de Galar était en piteuse état, ses vêtements de luxes brûlés et déchirés en de nombreux endroits, son corps lacéré avec des blessures purulentes. Alors que les troupes de Riluvi acclamèrent Julian, Bruce le fusilla du regard avec une haine non-dissimulée.

- Une telle puissance... Comment cela se peut-il ?!

- Désolé, s'excusa Julian. Vous ne connaissiez sans doute pas les Dieux Guerriers à votre époque. J'avoue que j'ai un peu triché, car ils ne m'appartiennent même pas de base. Mais bon... je n'ai fait qu'appliquer votre idéologie : la fin justifie toujours les moyens, n'est-ce pas ?

Le prince Bruce hurla de rage et fit sortir d'autres tentacules d'ombre de son corps... pour s'implanter les bouts sur lui-même. Tout son être se transforma alors. Son type Spectre et Ténèbres hérité d'Horrorscor lui servit à pomper sa propre énergie spectrale, et son corps grossit, grossit, jusqu'à devenir une espèce de géant violet fantomatique. En un éclat de rire qui n'avait plus rien d'humain, il invoqua toute une panoplie d'attaques Spectre et Ténèbres autour de lui.

Julian ne lui laissa pas le loisir de les utiliser, car de son côté, il lança le trident de Triseïdon comme un javelot, et l'éclair d'Ecleus comme le boomerang tranchant qu'il était. Les deux Dieux Guerriers se rencontrèrent dans leur course jusqu'à perforer le corps spectral du Marquis. Une fois à l'intérieur, ils se déchaînèrent d'eux-mêmes, utilisant un raz-de-marée aquatique et électrique, jusqu'à que le corps de Bruce de Winchertz implose de l'intérieur. Son cri d'impuissance et de désespoir fut dissipé comme les ombres autour d'eux, puis les Dieux Guerriers sous forme Arme revinrent paisiblement se loger dans les mains de Julian.

Si l'amitié et la loyauté entre le Grand Empire de Johkan et la Riluvi dura ensuite jusqu'à leur extinction commune, il se fut dit qu'elles débutèrent réellement après ce moment, quand l'Empereur Julian secouru une escouade entière de soldats riluviens en vainquant un terrible ennemi sans même une goutte de sueur. Et ce moment serait à jamais établi pour la postérité, après les images que l'on retrouva dans la caméra d'Esliard.