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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 03/05/2020 à 09:04
» Dernière mise à jour le 20/12/2020 à 16:12

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 378 : Ce qui est juste
Le major Patrick Pierce commençait à prendre ses marques dans l'organisation du Seigneur Igeus. Ce dernier avait rassemblé un groupe hétéroclite, composé de guerriers lunariens, de soldats du Grand Empire comme lui, pour la plupart d'anciens Rockets, et même de certains dresseurs Pokemon du nord de Kanto. Tous avaient été ennemis à un moment ou un autre, mais aujourd'hui, ils œuvraient pour le même homme, et leurs différences n'avaient plus aucune importance. Pierce avait vite noté qu'Igeus était ce genre d'homme qui aurait pu convaincre des Mangriff et des Seviper à faire alliance. Sa terrifiante Dark Armor n'enlevait rien à son charisme ni à sa passion quand il s'adressait à ses troupes.

Patrick avait interrogé les autres soldats du Grand Empire qui étaient là avant lui, pour comprendre comment ils avaient atterri ici. Leurs situations étaient plus ou moins la même que la sienne : ils s'étaient rangés derrière Igeus après qu'il eut tué leur supérieur corrompu, ou bien après qu'ils les aient sauvés d'une insurrection de lunariens, qu'il avait également recrutés au passage. Tous étaient dans le flou concernant ses motivations, mais ils préféraient prendre le risque de rester avec lui que de n'avoir personne à qui obéir et errer sans but dans cette région hostile. Qu'importe les projets du Sauveur du Millénaire après tout : il était assez fort pour éliminer tous ses ennemis, et donc le servir était la solution la plus sûre.

Les jours qui suivirent l'allégeance de Pierce et de ses hommes, Igeus poursuivit de la même façon qu'il avait pris la garnison de Meïlo. Il allait de villages en villages, les libérant s'ils étaient sous le joug du Grand Empire, et s’emparant à la fois de l'allégeance des civils comme celle de la majorité des impériaux, désemparés et perdus. Il y avait bien quelques réfractaires de temps en temps, et Igeus ne cherchait pas à les convaincre : il les tuait, tout simplement. Éliminer les gens ne semblaient pas lui poser de problèmes, qu'ils soient coupables ou innocents. Cela étant, Pierce n'était pas à même de le juger. La situation était ce qu'elle était, et puis, il avait bien été au service de Lady Venamia, qui n'était pas spécialement la plus grande humaniste que la Terre ait portée.

Pour un groupe armé de l'ampleur de celui d'Igeus, qui ne cessait de s’agrandir de jours en jours, et avec Igeus lui-même, dont la puissance au combat n'était pour l'instant pas quantifiable – il aurait pu être une armée à lui tout seul – il était extrêmement facile de s'imposer rapidement dans cette région désordonnée suite à une conquête sanglante puis une occupation chaotique. Au bout d'une semaine, Igeus et ses partisans étaient déjà arrivés à Duttelia, l'ancienne capitale avant que Duttvriff ne sorte de terre suite à la réunification des pays ennemis d'Elebla. Quasiment la moitié sud de Lunaris était acquise au Seigneur Igeus, et à ce rythme, ils seront à la capitale d'ici quatre jours. Mais quand Patrick lui annonça cela, le Sauveur du Millénaire répliqua :

- Il va falloir accélérer la marche alors, major. Car il faut que nous soyons à Duttvriff d'ici deux jours.

Pierce n'était peut-être pas au fait des ambitions de son nouveau maître ou des capacités réelles que lui conféraient sa Dark Armor, mais la logistique militaire, ça il connaissait. Aussi secoua-t-il la tête en disant :

- Je suis désolé, monsieur, mais Duttvriff est extrêmement bien protégée par le Grand Empire. Il nous faut plus que cela pour monter un siège.

- Personne n'a parlé de siège, major, répliqua Igeus derrière son masque. Je n'ai nul besoin de me présenter à Duttvriff accompagné de toute mon armée. En fait, nous irons tous les deux, avec quelques gardes, rien de plus.

- Euh... moi monsieur ?

- Vous êtes l'officier le plus gradé que j'ai.

- Mon grade ne signifie plus rien. Je n'appartiens plus au Grand Empire.

- Bien au contraire, major Pierce. Vous appartenez au véritable Grand Empire, qui très bientôt sera reconnu de tous.

- Si vous le dites, monsieur... Mais qu'est-ce que nous irons faire à Duttvriff, si ce n'est pas pour y combattre ?

Le Sauveur du Millénaire fit le tour de l'ancienne salle du trône de Duttel, avant de s'asseoir négligemment sur le fauteuil bleu et doré.

- Kasai Tender est celui qui dirige les forces du Grand Empire depuis Duttvriff au nom de Venamia. D'après ce que j'ai appris, il avait été vaincu à Doublonville et capturé par la FAL, mais il est parvenu à s'échapper peu après la bataille de Veframia, alors que le tout jeune gouvernement de la reine Eryl nageait en pleine confusion. Il est parti se réfugier ici, à Lunaris, s'est autoproclamé général-en-chef du Grand Empire et a réuni autour de lui pleins d'anciens proches de la Dirigeante Suprême et mêmes quelques GSR survivants. Dans deux jours, il organisera une rencontre de tous les dirigeants du Grand Empire, ou qu'ils soient et quels qu'ils soient, ainsi que de ses alliés. Il y aura donc des émissaires de Galar, de l'Hégémonie Nukerios, du Royaume de la Hanse et même de Riluvi. Tout un beau gratin de gens très distingués qui vont discuter du futur du Grand Empire. Et avec un invité de marque : le ministre de la Culture et de l'information, Monsieur Esliard lui-même, qui a pu s'enfuir de Veframia avant d'être capturé par la FAL ou réduit à l'état de squelette par la bombe Arctimes. Comme il aime toujours faire les choses en grand pour impressionner la populace, cette réunion des dirigeants impériaux sera filmée et diffusée en direct.

- Pourquoi cela ?

- Pour donner une légitimité à ce qui ressortira de cette rencontre, et pour faire savoir à la FAL que le Grand Empire est toujours là, et qu'il n'entend pas s'effacer devant elle.

Pierce ne demanda pas comment Igeus savait tout ça. Le niveau de compréhension de cet homme était au-delà de ce que Pierce pouvait comprendre.

- Et donc ? Que pensez-vous qu'il ressortira de cette rencontre, justement ? Voulut-il savoir tout de même.

- Je vois quatre options. Première : ils décident de la dissolution du Grand Empire, pour sauver leurs fesses face à une FAL qui est largement plus puissante maintenant. Seconde : ils s'entendent pour se choisir un chef commun, afin de réunifier les différents territoires restants du Grand Empire et parler d'une seule voix. Troisième : ils se partagent ce qui reste du Grand Empire et font cavaliers seuls. Quatrième : ils ne s'entendent pas et se font la guerre entre eux pour tenter de récupérer le plus de morceaux qu'ils peuvent. Qu'en pensez-vous, major ?

Patrick se permit quelque secondes de réflexions avant de dire :

- La première, je ne la sens pas trop. Probablement que beaucoup de ces dirigeants sont des lâches et que des alliés comme Galar feront preuve de prudence, mais ce serait ravaler leur fierté aux yeux du monde que de faire cela.

- Effectivement, c'est peu probable, et nous ne le souhaitons pas. Poursuivez.

- La seconde serait la plus sage, mais est-ce que tous ces gens dévorés d'ambitions arriveront à se trouver quelqu'un ayant la force et la légitimité de tous les rassembler ? J'en doute beaucoup. Quant à la quatrième, ce serait incroyablement stupide et suicidaire, même pour eux, alors qu'il y a une armée de morts et de spectres qui s'apprêtent à fondre sur le monde entier. Je mettrai donc une petite pièce sur la troisième option : ils négocient pour se partager le Grand Empire et ses forces, et il finira par disparaître, absorbé ci et là.

Igeus hocha la tête, approbateur.

- Très bien, major. Vous voyez ? Vous êtes digne d'être mon officier en chef. C'est en effet les conclusions auxquelles je suis arrivé. Mais elles ne me satisfont pas. Nous allons donc nous rendre à cette réunion, et les forcer à choisir la seconde solution : un chef commun pour un Empire uni. Un véritable empereur qui fera de cet état moribond la première puissance mondiale et la seule solution pour vaincre le Marquis des Ombres.

Pierce hocha la tête avec un léger sourire attendu.

- Bien sûr, monsieur. Pardonnez ma stupidité…

Igeus ricana de sa voix modulée et quasiment artificielle.

- Vous m'avez mal compris, major. Je ne parlais pas de moi. Je n'ai pas la légitimité de prétendre à un trône que j'ai toujours combattu. Même Venamia ne l'avait pas, et elle le savait. C'était la raison pour laquelle elle ne s'est jamais fait nommer Impératrice.

- Que voulez-vous dire ? S'étonna Patrick.

- Que je peux être le sauveur de ce monde sans avoir besoin d'être au premier plan. Le trône du Grand Empire ne sera pas pour moi, mais pour celui que je sers. Que nous servons tous. Dans deux jours, nous allons le présenter au monde, devant tous les dirigeants et alliés du Grand Empire qui n'auront pas d'autres choix que de se soumettre.

- Et s'ils ne le font pas ?

- Ils le feront, certifia Igeus. Je n'aurai pas besoin de faire usage du meurtre cette fois-ci, même si étant donné le niveau de bassesse de pas mal de personnes présentes, ça ne m'aurait pas dérangé…

Pierce ne put s’empêcher de frissonner au ton de cette remarque. Igeus disait ne pas vouloir se venger des multiples souffrances que le Grand Empire lui avait infligées. Mais elles avaient eu leurs effets, autant sur son corps que sur son âme. Pierce pouvait affirmer sans l'ombre d'un doute que cet homme – ou quoi qu'il fut devenu derrière cette armure – n'accordait plus aucune valeur à la vie humaine. Il résonnait en termes de pays, de monde, d'humanité à sauver... et la simple et seule vie d'un être humain, de dix, de cent, de mille l'indifférait totalement.

Ces mois de tortures incessantes que Venamia et sa GSR avaient infligé à Igeus ne l'avaient pas totalement brisé, comme ils auraient dû. Ils ne l'avaient pas rendu fou, ni conduit à une vengeance aveugle et meurtrière. Mais ils avaient sans conteste chassé toute chaleur humaine de son cœur. Erend Igeus était devenu aussi froid que le métal de son armure, malgré une détermination aussi brûlante que son œil gauche rougeoyant. Et un dirigeant insensible, persuadé d'être une sorte de messie pour le monde, ça pouvait très mal finir. Mais Pierce ne pouvait plus reculer. Plus maintenant. Il préférait suivre une vision grande mais dangereuse que pas de vision du tout.

- Oui monsieur, finit-il par dire. Ai-je le droit de demander l'identité de la personne que vous souhaitez imposer aux dirigeants impériaux ?

- On va faire mieux que ça, major. Venez, je vais vous le présenter. Pour sa propre sécurité, il s'efforce de passer inaperçu parmi mes partisans. Il a revêtu une tenue de guerrier lunarien pour dissimuler son identité. Il ne s'agirait pas qu'on gâche la surprise que nous allons faire à nos futurs... collaborateurs après-demain, n'est-ce pas ?


***


- Nos mots sont vérité. Nos actes sont justice ! Clama Brimas Atilus.

L'assemblée de Blancs Manteaux reprit ce mantra en chœur. En dehors de ça, et des pleurs de l'accusée que les Blancs Manteaux entouraient, personne ne pipait mot. Il régnait un silence de plomb, alors qu'une bonne partie des habitants de Rosalia étaient réunis sur la place du centre-ville.

- Nous avons reçu mandat de la divine Erubin, via sa messagère, Sa Majesté Eryl, pour trouver et punir les pécheurs qui menacent notre innocence. Alors que les forces des ténèbres approchent, nous devons plus que jamais entourer nos cœurs et nos âmes d'une armure de pureté impénétrable à toute forme de corruption. Le vice et la tentation ne doit plus avoir sa place dans la Fédération des Alliances Libres. Louée soit Erubin. Louée soit la Reine Eryl !

Là, tout le monde répéta ces mots. Ne pas le faire aurait été considéré comme la marque d'un opposant, et donc forcément d'une adepte de la corruption.

- Cette infâme pécheresse a été jugée coupable de trafics de Pokemon pour satisfaire des désirs purement orgueilleux ! Continua Atilus. Et elle l'a été par un tribunal civil. Nous, Défenseurs de l'Innocence, nous ne nous substituons pas à la justice mortelle et matérielle, que nous respectons, comme toutes les institutions de la FAL, dont est garante notre souveraine. Mais c'est à nous qu'il appartient d'appliquer les sanctions quand il s'agit de punir un crime de corruption. Et cette femme est accusée d'Avarice et de propager l'Envie et l’Orgueil !

Imperatus se tenait derrière le cortège de Blancs Manteaux, comme pour représenter Eryl de sa simple présence. Mais si elle était là, c'était surtout pour surveiller Atilus et vérifier qu'il ne s'adonne pas à la justice expéditrice et inquisitoriale qu'il aimait tant. Eryl avait mis le holà sur les activités de ses Défenseurs de l'Innocence. Durant la guerre mondiale, ils s'étaient adonnés à des pratiques d'un autre âge, comme le bûcher et la torture, qui n'avaient pas leur place dans une société civilisée. Désormais, les Blancs Manteaux devaient se plier aux décisions de la justice officielle, et ensuite seulement, ils pouvaient pratiquer une sentence mesurée. Mais ils tenaient toujours à le faire en public, et avec leurs discours religieux grandiloquents. Pour marquer les esprits, disaient-ils, et combattre plus directement la tentation de la corruption.

Auparavant, les gens ne voyaient les Blancs Manteaux que comme des extrémistes un peu tarés sans comprendre le sens de leur religion. Mais à présent qu'une armée de morts-vivants, de spectres et de démons traversait tout Kanto en direction de Johto, ils s'étaient mis très vite à prier Erubin et à appliquer le zèle des Blancs Manteaux à chasser le péché de leurs vies. Même si les libertés d'un état de droit classique étaient toujours d'actualité, plusieurs aménagements avaient été pris pour limiter le plus possible la propagation des Péchés Capitaux, avec le soutient des acteurs politiques locaux et des juges.

Mais parfois, comme maintenant, ça allait trop loin. La femme jugée coupable en question était une simple éleveuse de Pokemon. Elle faisait se reproduire des Feunard, spécifiquement choisis pour créer des lignages de Goupix plus beau, fort et robuste. Et ensuite bien sûr, elle vendait les Goupix en question à des dresseurs ou des collectionneurs. Rien de bien immoral qui n'eut été interdit avant l'arrivée des Blancs Manteaux. Mais désormais, comme l'avait dit Atilus, cette éleveuse cherchait à s'enrichir plus que nécessaire pour seulement vivre normalement, en cherchant à susciter le désir chez ses acheteurs, et leur fierté de posséder un Pokemon de si haute qualité. Un triple crime de Péché Capital. Et pour chaque crime de Péché Capital, il y avait une sanction bien précise en fonction du péché en question…

- Erubin est juste et miséricordieuse, poursuivit Brimas Atilus. Elle croit en la force de chacun de se racheter de ses péchés et de trouver en soi la véritable innocence. Mais le pardon doit se mériter. Cette pêcheuse devant vous doit entamer sa rédemption. Pour son péché d'Avarice, elle devra travailler gratuitement pour la communauté. Pour son péché d'Envie, elle sera privée de tous ses bien personnels, de son domicile et de son argent. Personne ne devra l'aider ou lui donner quoi que ce soit. Et pour son péché d'Orgueil, elle ne devra plus revêtir aucune tenue, rien qui ne cache son corps, pour se libérer de tous artifices et se montrer telle qu'elle est. Ces trois rédemptions, comme d'accoutumé, dureront un mois.

Et ça commença dès maintenant. Deux Blancs Manteaux déshabillèrent de force l’éleveuse, lui retirant même sa montre, ses bagues et ses boucles d'oreilles, la laissant totalement nue, en pleurs, tentant de dissimuler ses attributs féminins. Mais Atilus secoua la tête.

- Si tu veux expier tout ton péché d’Orgueil, il ne faut plus que subsiste en toi aucune honte. Rien ne doit être caché.

Un des Blancs Manteaux lui donna un coup et lui écarta ses bras de force, dévoilant à tous ses seins et son intimité. Le châtiment était cruel, d'autant qu'il était très lourd du fait de l'accumulation des trois sentences. Cette jeune femme devra vivre dehors, sans rien sur elle ni même ses vêtements, et travailler gratuitement, le tout pendant un mois. Imperatus doutait qu'elle survive jusque-là.

Imperatus trouvait cela ridiculement excessif pour quelqu'un qui exerçait sa passion et qui vivait de cela, sans causer de tort à autrui. Mais en tant que Pokemon, les mœurs des humains lui étaient encore parfois inexplicables, et ce même si Imperatus avait été élevée par les humains eux-mêmes. La religion en était un bon exemple. Elle ne comprenait pas cette habitude typiquement humaine de vénérer des êtres supérieurs et de les prier. Comme si ces êtres en avaient quelque chose à faire... Mais cela semblait apporter du réconfort et de l'espoir à la plupart des humains qui s'y adonnaient, aussi Imperatus ne voyait pas au nom de quoi elle s'aviserait de les juger.

- Toi qui parles d'innocence mais qui en est tristement dépourvue, fit soudain une voix résonnante et surnaturelle, ait au moins la décence de ne pas parler au nom d'Erubin. Jamais elle n'aurait toléré de telles exactions !

Aïe, songea Imperatus en reconnaissant cette voix. Les problèmes arrivent…
Un autre Pokemon humanoïde venait de faire son apparition, traversant les rangées de badauds qui s'étaient écartés de son chemin, entre peur, respect et curiosité. Il avait l'allure d'une diva en robe, avec un corps violet et étrangement transparent, laissant apparaître l'immensité du cosmos en son sein. C'était Cosmunia, un Pokemon de type Fée et du type immensément rare Cosmique, qui avait été l'un des Apôtres d'Erubin, les dirigeants des Gardiens de l'Innocence. Mais quasiment tous les Apôtres avaient trouvé la mort il y a peu. Il ne reste plus qu'elle et Silvestre Wasdens. Mais si Silvestre s'était pleinement rangé derrière Eryl, Cosmunia faisait un peu de résistance, n'acceptant pas la tournure guerrière et dirigiste qu'avait prise l'Innocence incarnée par la reine.

- Fais silence, Pokemon ! Gronda Atilus. Nos mots sont vérité, nos actes sont justice, car nous sommes les Défenseurs de l'Innocence. Toi et les tiens avaient failli à combattre la corruption, car vous étiez vous-même corrompus et de peu de foi. Vous avez laissé un serviteur d'Horrorscor vous infiltrer et vous détruire de l'intérieur. Vous n'avez pas su voir sa duplicité. Tu n'as donc aucun droit à la parole !

Atilus faisait référence à Vaslot Worm, qui était parvenu à se faire élire Premier Apôtre par ses pairs après avoir manœuvré avec les Agents de la Corruption pour faire tomber le précédent Premier Apôtre, Oswald Brenwark. Il s'est avéré par la suite que Worm n'avait jamais cessé d'être fidèle envers Horrorscor, et selon Cosmunia, il était très certainement le Marquis lui-même. Son amie la comtesse Divalina avait tenté de le tuer, mais comme elle n'était jamais revenue, elle était depuis considérée comme morte.

- Voilà encore une chose qu'Erubin n'aurait jamais accepté, répliqua froidement Cosmunia. Tout le monde avait le droit à la parole en sa présence. Elle pensait que les mots, quand ils étaient sincères, étaient le meilleur moyen de transmettre les émotions et de se comprendre mutuellement. Elle aurait même laissé s'exprimer Horrorscor s'il avait eu quelque chose à dire.

- Blasphème ! Se mirent à décréter en même temps plusieurs Blancs Manteaux.

- J'ai connu Erubin alors que vos ancêtres pensaient encore que la Terre était plate. Je tire fierté d'avoir été son amie. Ce ne sont pas de vulgaires humains pensant détenir la vérité alors qu'ils ne savent rien comme vous qui vont me dire ce que l'Innocence signifie !

Cosmunia était en colère, mais Atilus aussi. Imperatus s'approcha pour tenter de calmer le jeu, craignant que le leader des Blancs Manteaux ordonnent stupidement à ses hommes d'attaquer la vénérable Pokemon. Derrière, les villageois murmurèrent entre eux, abasourdis d'être témoins d'un conflit public entre deux représentants de l'Innocence.

- Ce n'est pas vraiment le moment ni l'endroit pour avoir un débat théologique, Dame Cosmunia, murmura précipitamment Imperatus.

- Je ne peux rester sans rien faire tandis que ces fous salissent le nom d'Erubin ! Je les considère déjà comme responsables de la mort d'Oswald Brenwark quand ils ont attaqué son manoir. Un homme qui a commis des erreurs, oui, mais qui était bien plus bon et juste que ces excités en blanc ne le seront jamais !

Elle avait bien sûr pris soin d'élever la voix, histoire que les excités en blanc en question ne puissent pas perdre un mot de ses paroles.

- Cela est assez de paroles hérétiques, décréta Atilus. Compagnons, saisissez-vous de ce Pokemon insoumis !

Mais Imperatus se plaça entre Cosmunia et les Blancs Manteaux.

- Ce n'est pas la bonne façon de régler cela, Brimas. La reine ne voudrait certainement pas voir Cosmunia arrêtée pour crime de non-innocence. Ce serait d'un ridicule qui rejaillirai immanquablement sur elle.

- Le respect de l'Innocence ne saurait souffrir de telles entraves. Il doit s'appliquer partout et tout le temps. Ce Pokemon nous a insulté, et par la même, a insulté notre foi. Il est de toute évidence plein d'Orgueil du fait de son grand âge et d'avoir connue Erubin de son vivant. Et cela ne saurait pardonner son attitude ! La reine ne…

- La reine a combattu à ses côtés à Kalos, contre les Agents de la Corruption, l'arrêta Imperatus. Cosmunia lui a même sauvé la vie là-bas. Elle a toujours eu un grand respect pour elle. Alors maîtrisez-vous, bon sang ! L'arrêter ne fera que causer du tort à Eryl et à l'Innocence.

Atilus n'était visiblement pas d'accord. Son esprit rigide et fanatique ne parvenait pas à concevoir qu'on puisse laisser une opposition quelconque en liberté, quelles que soient les conséquences. Parce qu'il était persuadé d'être dans le vrai, de servir le bien et la justice, il n'y avait aucune place pour la demi-mesure chez lui. Mais il était aussi capable d'un minimum de réflexion. Et la présence de tout ce monde, de quelques caméras, et de la demande publique de l'assistante personnelle de la reine lui fit ravaler sa fierté. Non, c'était inexact. Atilus Brimas n'avait pas de fierté, car elle conduisait au péché de l’Orgueil. Il n'avait qu'un ardent désir d'éliminer tous les ennemis de l'innocence.

- Je la laisse partir pour cette fois, finit-il par dire. Mais Sa Majesté sera informée de tout cela, et je peux vous assurer que si ce Pokemon ne tient pas sa langue, il n'y aura pas de seconde fois. Je serai dans mon bon droit de la faire arrêter et de la juger pour sédition et blasphème.

Non seulement Cosmunia lui tourna le dos avec un parfait dédain sans daigner lui répondre, mais en plus elle prit la femme accusée nue pour la réconforter et l'amener avec elle. Atilus fulmina de rage, et Imperatus dut utiliser discrètement sa propre attaque Doux Parfum pour le calmer.

- Dégagez le passage, vous tous ! Cria-t-il à l'adresse des badauds. Rentre chez vous, et ne laissez pas la tentation de la corruption vous toucher !

La foule se dépêcha de se disperser. Imperatus soupira et alla rejoindre Cosmunia, qui soutenait la jeune humaine effondrée.

- C'était bien imprudent, Dame Cosmunia, lui dit-elle. Je ne pourrai pas retenir Atilus une seconde fois.

- Je n'ai jamais eu besoin qu'on me protège de mes ennemis, ma jeune amie fleurie…

Cosmunia lui avait parlé avec toute la condescendance d'un Pokemon extrêmement âgé face à un autre tout jeune et ne sachant rien de la vie. Techniquement, c'était un peu le cas, aussi Imperatus décida de ne pas en prendre ombrage. Il y avait une règle tacite entre tous les Pokemon Fée du monde, quelque chose de presque instinctif : ils ne devaient jamais se combattre entre eux de leur propre gré.

- Les Défenseurs de l'Innocence sont les ennemis d'Horrorscor, pas les vôtres.

- Si, ils le sont, certifia l'Apôtre. Et ce Brimas Atilus par-dessus tout. C'est un homme dangereux. Je ne comprends pas pourquoi Eryl se sert de lui, ni pourquoi vous tolérez cela.

- Je n'ai jamais vu d'humain aussi vide que lui, répliqua Imperatus. Il ne désire rien pour lui-même. Il n'a aucune ambition personnelle, et ne ressent pas grand-chose. Et de ça, j'en suis sûr. Eryl aussi. Et Erend l'était également, et il ne s'est jamais trompé pour juger quelqu'un. Voilà pourquoi on peut se fier à Brimas Atilus. C'est un fanatique brutal, mais qui jamais ne nous trahira, qui jamais ne cherchera le pouvoir pour lui-même.

- Sauf s'il juge que c'est dans l'intérêt de sa vision pervertie de l'Innocence. Vous dîtes que cet homme est vide. Je suis d'accord sur ce point. Et c'est là le problème. On ne peut pas se servir la vraie Innocence tout en étant imperméable aux autres. C'est avant tout l'empathie qui primait chez Erubin. On ne peut pas se prétendre de sa cause et être insensible aux larmes et à la détresse d'une pauvre humaine qui ne comprend même pas ce qui lui arrive.

- Je n'approuve pas non plus ces mesures drastiques pour combattre les Péchés, répondit Imperatus, un peu agacée que Cosmunia lui fasse la leçon sur la morale. Mais tout cela n'est que provisoire, avec l'Armée des Ombres qui arrive et tout... Quand Horrorscor aura été vaincu, nous…

- On peut vaincre Horrorscor, mais la corruption existera toujours, coupa Imperatus. Le combat entre elle et l'Innocence est un combat éternel. Mais plus que tout, c'est un combat personnel, qui doit concerner en premier le cœur et l'âme de chacun d'entre nous, et qui nous demande de toujours faire ce que nous croyons juste. Si cet Atilus croit juste de devoir punir cruellement le moindre petit manquement à sa vision étriquée de l'Innocence, alors il ne s'arrêtera pas, même en période de paix. Et moi je n'attendrais pas une hypothétique victoire de votre nouveau pays contre le Marquis pour continuer à faire ce que je crois juste. Peut-être devriez-vous faire de même, Dame Imperatus.

Elle laissa là le Pokemon Plante et Fée réfléchir à ses propos. Ce qu'elle croyait juste ? Mais que croyait-elle, en réalité ? C'était Erend Igeus qui lui avait enseigné ce qui était juste. Elle l'avait servi lui parce qu'il avait été son maître, son dresseur, son précepteur et son ami. Et quand il avait été capturé par Venamia et présumé mort, Imperatus avait servi Eryl, car la jeune femme était l'instrument qu'Erend avait forgé pour sa victoire finale.

Peut-être Erend était-il encore en vie, d'ailleurs. Peut-être était-ce bien lui, le fameux Sauveur du Millénaire qui s'était mis à attaquer des villes impériales à Lunaris et à recruter du monde ? Si c'était le cas, Imperatus aurait dû le rejoindre, et l'aider dans son but, quel qu'il soit. C'était ce que son instinct de Pokemon domestique lui disait. Mais son cœur, que disait-il, lui ? Qu'est-ce qui était juste, dans tout ceci ?

- Que dois-je faire, Erend ? Murmura le Pokemon.