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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 23/02/2020 à 09:46
» Dernière mise à jour le 01/03/2020 à 19:45

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 372 : Le sauveur sous l'armure
Depuis la bataille de Veframia qui s'était soldée par la défaite et la disparition de Venamia et de nombre d'autres hauts dirigeants du pays, le Grand Empire de Johkan avait officiellement disparu. Mais officiellement seulement. Il aurait été naïf de croire qu'un État né de la conquête d'autres régions, qui s'était étendu plus qu'aucun autre dans l'Histoire en très peu de temps, puisse se volatiliser du jour au lendemain après une seule bataille.

Certes, il avait totalement disparu de la région Johkan. La Fédération des Alliances Libres l'avait chassé de Johto avant la bataille de Veframia, et bien sûr, l'Armée des Ombres qui évoluait en ce moment même à Kanto ne laissait place à plus aucun gouvernement d'aucune sorte. Et certes également, le Grand Empire n'avait plus de leader. Lady Venamia, sa charismatique Dirigeante Suprême, était portée disparu et présumée morte après la bombe qui avait coûté la vie à tant de gens à Veframia. Les décès de Villius Chen et du prince Julian avaient eux été confirmés, comme ceux de la plupart des hauts gradés de la GSR. Quant au chef militaire du Grand Empire, le Généralissime Krova, il avait été fait prisonnier par la FAL. Il ne restait pour ainsi dire personne pour incarner légitimement l'autorité.

Mais malgré tout cela, cet état militaire qui avait tenté d'unifier le monde par les armes n'était pas totalement mort. Il possédait encore tout un territoire au nord de Kanto, à savoir la région Elebla, qu'il avait conquis peu après sa formation. Vaste région essentiellement composée de plaines et de montagnes, et très en retard technologiquement par rapport au reste du monde, elle avait été coupée en deux pendant des siècles à cause de guerres de territoire incessantes entre ses deux pays principaux. Elle avait été unifiée il y a quelques années par l'Empereur Octave en un nouvel empire nommé Lunaris, et la paix avait enfin régné... pour peu de temps.

Lady Venamia, amante de l'Empereur et mère de son enfant, avait fait main basse sur l'Empire Lunaris et l'avait fusionné à Johkan pour en faire son Grand Empire. Le peuple d'Elebla était fier et fort, mais en sachant son prince héritier entre les mains de Venamia, et promis à les diriger plus tard, il avait plus ou moins accepté l'occupation du Grand Empire, malgré sa haine pour Venamia qui avait assassiné Octave. De toute façon, il n'avait jamais eu les moyens de lutter à armes égales.

Venamia y avait donc installé ses gouverneurs de régions, ses hauts fonctionnaires et militaires de confiance pour diriger Elebla en son nom. C'était du moins ce qu'elle leur avait dit. Loin d'être un honneur, cette affectation tenait plutôt de la mise au placard. La plupart de ceux qui y avaient eu droit étaient d'anciens Rockets qui avaient été proches de Giovanni, et que Venamia voulait éloigner d'elle sans non plus s'en débarrasser totalement. Quand Veframia était tombée il y a deux mois, nombre d'entre eux en avaient profité pour déserter au plus vite ou pour se rendre à la FAL.

Mais pas tous. Le jeune major Patrick Pierce étaient de ceux-là, ceux qui avaient décidé de rester, en dépit du danger. Car danger il y avait : la rumeur de la mort du prince Julian commençait à se propager dans la région, malgré leur manque de technologie de communication. Et si les lunariens avaient accepté à contrecœur l'occupation de leur pays par le Grand Empire, c'était parce qu'ils avaient eu l'assurance que leur prince héritier les dirigerait une fois qu'il serait en âge. Non seulement ce n'était plus possible, mais en plus, le peuple, furieux, accusait Venamia et le Grand Empire de son décès. Des émeutes éclataient ci et là dans divers villages, et les forces du Grand Empire sur place n'étaient plus assez suffisantes pour faire régner l'ordre.

Et à ça, il fallait ajouter autre chose : des meurtres répétés de responsables impériaux locaux ou de lunariens sous leur botte. Pas par le bas peuple mécontent, non. Les histoires parlaient d'un seul individu, calfeutré dans une armure noire terrifiante, avec un de ses yeux qui brillaient d'une lueur rouge. Comme ceux de Venamia, en fait. Certains pensaient qu'il s'agissait de son fantôme, venu punir ses subordonnés lâches ou corrompus.

Les rapports les plus sérieux que Pierce avait pu lire affirmaient que cet homme, ou quoi que ce soit d'autre, s'était fait appeler le « Sauveur du Millénaire ». Il assassinait des gouverneurs du Grand Empire ou des militaires pour ensuite « libérer » le peuple lunariens, et le ranger à sa cause. Sans doute un énième dégénéré qui cherchait à se venger du Grand Empire, comme le chef des Réprouvés, le fameux Maître des Cauchemars, alias Nigthmare. Pierce avait donné des ordres pour appréhender cette personne, mais jusque-là, ce prétendu sauveur se révélait insaisissable. Ou plus précisément, il laissait derrière lui les cadavres de ceux qui étaient censés l'attraper.

Entre tout ça donc – le risque de se faire étriper par une foule en furie, de se faire arrêter par la FAL, ou encore finir assassiné par un taré masqué en armure – Patrick Pierce pouvait mesurer le prix de sa loyauté. Mais loyauté pour quoi, pour qui ? Il ne savait pas. Lady Venamia était morte, et de toute façon, elle ne l'avait jamais rencontré et devait ignorer jusqu'à son existence. Son supérieur direct, le colonel Estack, avait déserté il y a un mois, laissant à Pierce le soin de diriger la garnison de Meïlo, une ville fortifiée de taille moyenne au sud de la capitale Duttvriff.

D'ailleurs, parlons-en de cette garnison : à l'origine, elle comptait cinq cents hommes. Mais trois cents avaient été appelés à Veframia pour la grande bataille d'il y a deux mois, et suite à cette déroute, une centaine avait filé, suivant le colonel Estack. Pierce ne devait plus compter que sur cent hommes et quelques Pokemon pour tenir une ville de 20.000 habitants qui de jours en jours semblaient prêts à en découdre. Ceci bien sûr dans l'éventualité où le vengeur masqué aux yeux vairons ne se pointait pas avant pour l'assassiner !

Et pourtant... Pierce était là, fidèle au poste, avec son uniforme du Grand Empire de Johkan, toujours impeccable. Comme les communications entre les divers bases impériales de Lunaris étaient quasiment au point mort, à ce qu'il en savait, il pouvait tout aussi bien être le militaire le plus haut gradé en poste. De ce qu'il avait pu tirer du colonel Estack avant qu'il ne prenne la fuite, la garnison de Duttvriff était dirigée non plus par l'armée, mais par les gros bonnets de l'administration du Grand Empire, et certains de ses alliés étrangers, comme des représentants de Galar ou du Royaume de la Hanse.

Pierce ne regrettait pas son choix de demeurer fidèle au Grand Empire. Il regrettait seulement de n'avoir personne à qui obéir et de rester dans le flou le plus total. Et il était plus que conscient que dans cette situation, qui allait très probablement s'aggraver, les hommes qui lui restaient n'allaient pas le suivre indéfiniment. Pierce se demandait vaguement si sa loyauté serait encore aussi forte quand il ne restera plus que lui dans cette base…

Ce qui était ironique, c'était que le jeune major n'avait jamais été un partisan de Venamia. Agent de renseignement de la Team Rocket ayant servi sous l'ancien Boss Giovanni, il avait été déployé dans plusieurs régions du monde pour des missions plus ou moins discrètes. Il avait notamment passé plusieurs années dans la région d'Unys, à voler des connaissances et des informations pour le compte du professeur Zekor, un illustre savant Rocket aujourd'hui décédé. C'était ce à quoi Pierce était doué : opérer dans l'ombre. Ça avait toujours été la méthode de la Team Rocket, du reste. Alors bien sûr, quand Venamia était arrivée avec ses défilées grandiloquents, ses discours passionnés et ses ambitions de conquêtes mondiales, Pierce avait été plus que sceptique.

Mais le jeune homme avait toujours été trop rigide et protocolaire pour oser se mutiner. Pourtant, il s'était sérieusement posé la question, quand l'ancienne Agent 005 Estelle avait coupé les ponts avec Venamia et fondé sa propre Team Rocket concurrente. Aujourd'hui, c'était elle, la véritable Boss, et la Team Rocket était devenue la force armée de la Fédération des Alliances Libres. Du côté du Grand Empire, il ne restait comme symbole de la Team que le logo de la GSR, un R noir frappé du éclair. Et encore... Il était probable que la GSR n'existe plus après la bataille de Veframia.

Se demandant une énième fois ce qu'il faisait là, Patrick termina de se changer et se regarda dans le miroir. Il y vit un jeune homme d'une trentaine d'années, aux longs cheveux bleus-nuit, les traits marqués par une fatigue prématurée. Il se sentait déjà vieux alors qu'il n'était même pas à la moitié de sa vie. En fait, il n'avait jamais réellement vécu. Pas de loisir, de petite-amie, ni même de fichus Pokemon à entraîner. Que le devoir. Toujours le devoir.

- Au point où j'en suis, j'imagine qu'il ne me reste plus qu'à crever en faisant mon devoir, fit Pierce d'un air désabusé à son reflet.

Même pas le temps de se coiffer comme il faut que des coups retentirent à sa porte, ainsi que la voix de son second, le lieutenant Greer.

- Major, pardonnez-moi, mais c'est urgent !

Greer avait l'air affolé, ce qui n'était pas trop son genre. Se demandant quelle nouvelle calamité s'était abattu sur eux, Pierce allait ouvrir.

- Lieutenant. Que se passe-t-il ? Demanda-t-il d'une voix maîtrisée.

Greer reprit son souffle avant de déclarer :

- Le... Le mec en armure noire, major... On l'a repéré !

Bon, peut-être que la situation allait s'arranger, finalement…

- Excellent travail. Vers quelle ville ?

Le jeune soldat baissa les yeux, comme s'il aurait préféré se trouver à des lieues d'ici plutôt que d'annoncer ça.

- La... la nôtre, monsieur... Il a décimé nos troupes de garde, et s'approche de la base avec plusieurs lunariens en armes !

Pierce déglutit difficilement. Bah, ça devait arriver un jour ou l'autre.

- Je vois. L'administrateur Bayers et son assistant, où ils sont ?

- En salle de commandement, monsieur. Ils vous réclament de toute urgence.

Bayers était l'envoyé de Venamia qui dirigeait ce secteur d'Elebla en son nom. Sur le papier, il n'avait aucun ordre à donner aux militaires. Il n'était qu'une autorité civile qui leur transmettait les directives de la métropole. Mais bien sûr, depuis le silence radio de Veframia, Bayers et son crétin d'assistant, Desac, avaient tenté plus d'une fois de se mettre les militaires dans la poche. Pierce avait toujours résisté. Même s'il était désespéré de n'avoir personne qui lui donnait des ordres, il ne s'abaisserait pas à jouer les laquais pour ce connard. Et de toute façon, comme Venamia était très probablement morte, Bayers n'était plus la voix de personne.

- J'y vais. Que tous nos hommes se replient à cet étage, et qu'ils bloquent tous les accès.

- Qu'allons-nous faire, monsieur, lui demanda son second désespéré.

Pierce soupira.

- Nous allons résister autant que nous le pouvons, Greer. Si le quart de ce qu'on raconte sur ce type est vrai, vous savez comme moi qu'il ne sert à rien de se rendre. Nous ferons notre devoir jusqu'au bout.

Comme quoi, ma remarque de tout à l'heure était prophétique… songea Pierce avec un triste amusement. Greer était mort de trouille, mais acquiesça. Un brave gars. Pierce lui était reconnaissant d'être resté avec lui alors que tant avaient filé. C'était un bon sous-officier, un peu naïf, qui n'avait jamais fait de mal à une mouche. Il ne méritait certainement pas de mourir au nom d'une vengeance contre un régime autoritaire. Pas grand-monde ne le méritait ici, du reste. Mais ce soi-disant Sauveur du Millénaire n'était pas du genre à faire la distinction entre les donneurs d'ordres et les subalternes. Depuis qu'il était arrivé dans la région Elebla, il s'acharnait à anéantir tout ce qui avait un rapport de près ou de loin avec le Grand Empire, des généraux jusqu'aux agents d'entretiens.

Pierce arriva dans la salle de commandement de la base avec sa file d'hommes loyaux, pour y retrouver l'administrateur Bayers, un petit homme à lunette avec une tête de souris, qui arborait toujours sa médaille de l'honneur impériale, remise comme il n'arrêtait pas de le dire par Lady Venamia en personne pour son formidable travail. Son assistant se trouvait derrière lui, comme à son habitude, prêt à jouer les lèches-bottes à la moindre occasion. Une chose de positive au moins : si l'homme en armure noire les tuait tous, ça impliquerait aussi la mort de ces deux crétins arrogants.

- Au rapport ! Exigea Pierce.

- Les sections A à D ne répondent plus, major, informa un chargé de communication. Nos Pokemon Psy au second étage non plus.

- Major, fit Bayers en prenant son ton le plus pompeux, au regard de l'importance que ma personne revêt pour notre glorieux Grand Empire, j'exige que vous me fournissiez une escorte pour nous conduire en sécurité, moi et mon assistant, et que vous fassiez tout ce qui est en votre pouvoir pour le retenir ici !

- Cet individu est capable de traverser la matière, administrateur, rétorqua Pierce. Rien ni personne ne lui a jamais échappé, et pourtant, il a fait tomber des bases plus importantes que celle-ci, et avec bien moins d'hommes avec lui. De plus, cette base n'a qu'une seule sortie. Vous n'irez nulle part, même si je vous donnais tous mes hommes.

Malgré la situation et sa fin sans doute imminente, voir cette expression de peur sur le visage de fouine de Bayers fut d'une grande satisfaction pour Pierce. Il attendit que tous ses hommes disponibles les rejoignent avant de faire fermer les portes blindées. Et alors, ils attendirent, leurs armes prêtes, une dizaine de Pokemon en position de combat. Les deux civils s'étaient cachés sous une table au bout de la salle, et Pierce tira fierté du fait qu'aucun de ses militaires ne les aie rejoint. Très vite, plus aucune section de la base ne répondit, et l'alimentation fut coupée, laissant la salle de commandement en éclairage minimum.

Pierce essuya une goutte de sueur sur son front, braquant toujours la porte blindée avec son arme. Les bruits de combat s'étaient peu à peu rapprochés, pour d'un coup disparaître. Pierce aurait préféré que ce soit le chaos ; rester dans la pénombre et le silence en sachant ce qui les attendait, c'était encore plus stressant que les sons des tirs et des cris. Du coup, ce fut le son de leurs respirations qui monta en décibel, alors que leurs cœurs battaient de plus en plus vite sous l'effet de la peur.

Puis finalement, il apparut, traversant la porte et ses vingt centimètres d'acier comme si de rien n'était, comme un fantôme. Entièrement noir et chromé, son casque intégral laissait voir la lueur rouge de son œil gauche. Flottant derrière son dos et recouvrant une épaule à l'autre de façon circulaire, il y avait une espèce de matière en plasma sombre qui ressemblait vaguement à un écran télé arrondi. Enfin, l'individu tenait une lourde épée au design singulier dans sa main droite, elle aussi fait du même métal sombre que l'armure.

Pierce avait lu les rapports, vu quelques images floues, mais voir ce gars en vrai devant lui, c'était autre chose. C'était réellement une vision de cauchemar. Celui qui avait conçu cette armure avait assez mauvais goût. Les rumeurs au sein du Grand Empire affirmaient d'ailleurs que le responsable était un dénommé Crenden, un scientifique criminel qui bossait secrètement pour Venamia. Pierce ignorait qui se trouvait derrière ce masque terrifiant, mais une chose était sûre : il ne devait pas avoir le même employeur que Crenden.

- FEU À VOLONTÉ ! Hurla Pierce.

Il savait que c'était inutile au moment même où l'ordre passa ses lèvres. Les balles passèrent à travers l'homme en armure comme s'il avait été un Pokemon Spectre. Certaines touchèrent l'écran noir qu'il avait derrière lui, et furent renvoyées à leur expéditeur. La plupart des attaques spéciales des Pokemon allèrent s'écraser contre l'armure sans lui infliger quoi que ce soit comme dégât. Plus rarement, l'homme masqué levait son épée pour en arrêter une, ou c'était son écran noir qui pivotait devant lui pour les bloquer ou les renvoyer.

C'était triste à en pleurer. L'homme noir n'attaquait même pas ; il se contentait de marcher tranquillement vers eux, laissant son écran déflecteur se débarrasser de ses ennemis. Pierce ne put en supporter davantage. Même si c'était futile et lâche, il ne pouvait plus voir ses hommes se faire tuer avec une telle désinvolture. Il hurla donc pour se faire entendre dans ce chaos, et ordonna de déposer les armes. Il leva le sien bien haut et se posta face à l'homme masqué, dans une attitude de soumission.

- Nous nous rendons !

Les yeux bleus et rouges du casque semblèrent se braquer sur lui, et Pierce dut faire un sérieux effort pour ne pas ciller.

- Je vous en prie... monsieur. Je suis Patrick Pierce, major et officier le plus gradé ici. Faite de moi ce que vous voulez, mais épargnez les hommes qu'il me reste ! J'ignore les raisons de votre croisade contre le Grand Empire, mais aucun des soldats ici présent n'a commis aucune exaction d'aucune sorte, à Johkan ou ailleurs. La plupart n'ont même pas vingt ans ! Nous sommes esseulés et sans plus aucun ordre. Prenez la base, prenez tout... Mais laissez-les, de grâce !

- Monsieur... murmura Greer derrière lui, ému et rouge de honte.

Pierce ne bougea pas alors que l'homme en armure s'était arrêté devant lui. Le jeune major s'attendit à ce que l'épée noire et épaisse qu'il tenait lui taille le cou d'un instant à l'autre. Il jeta un rapide coup d’œil derrière lui. Il ne restait pas grand monde debout. Une dizaine d'hommes, tout au plus, Greer compris. Et bien sûr, Bayers et Desac qui tremblaient toujours en gémissant sous leur table. Même si par miracle, l'assaillant noir acceptait la supplique de Pierce, il n'y aurait plus grand monde à épargner. Mais le jeune major s'en contenterait avec reconnaissance.

Au bout d'un moment, l'homme en armure le dépassa sans rien dire, et s'avança entre les soldats restants qui s'écartèrent rapidement de son chemin. Ce fut devant la table où s'étaient réfugiés les deux civils qu'il s'arrêta. On entendit alors un son assez répugnant suivi d'une odeur nauséabonde. Les intestins de l'un des deux administrateurs n'avaient visiblement pas tenus.

- Edmund Bayers et Michel Desac…

Pierce frissonna en entendant ce son. L'homme en armure venait de parler. Mais c'était une voix d'ordinateur, froide et inhumaine, dont on devinait les contours hachés et inintelligibles que le système vocal de l'armure s'efforçait de reproduire. Comme si cet homme n'avait plus les moyens de parler, et que l'armure le faisait à sa place…

- Vous avez tiré parti de votre position pour piller les ressources de la ville et de ses habitants. Vous falsifiiez les chiffres des impôts de la population que vous transmettiez à l'administration centrale. Et vous forciez les militaires à maltraiter les mauvais payeurs jusqu'à qu'ils n'aient plus rien.

Pierce en resta bouche bée. Il se doutait que Bayers et son laquais avaient une ou deux combines pas nettes, mais de là à tout un système entier de fraude et d'abus... Et d'ailleurs, comment ce type masqué pouvait-il le savoir, alors que lui l'ignorait ? Le colonel était-il au courant de tout ça ?

- Avez-vous quelques choses à dire pour votre défense ? Conclut l'homme en armure.

Bayers était si effrayé qu'il n'arrivait visiblement plus à produire une phrase cohérente. Ce fut Desac, son assistant, qui tenta la seule chose que ces deux pourris savaient faire : corrompre.

- P-pitié... C'est l'argent que vous voulez ? Vous aurez tout... Tout ce qu'on a récolté en un an ! Une somme très considérable, et…

Desac ne put finir sa phrase. L'homme masqué venait d’abattre son épée, coupant la table en deux, mais aussi les deux lâches qui s'étaient cachés dessous.

- Ai-je l'air de quelqu'un qui court après l'argent ? Demanda l'homme masqué aux cadavres.

Sa sinistre tâche accomplit, il se rendit à présent en face d'un des soldats, blessé par balle à la jambe. Et vu la tête qu'il tirait, lui aussi devait avoir des choses à se reprocher.

- Lieutenant Colin Trasmak. Vous saviez tout des malversations de l'Administrateur Bayers, pour la bonne raison qu'il vous versait une commission généreuse pour que vous l'aidiez à accumuler des impôts non-dus auprès des habitants. Vous n'avez jamais prévenu vos supérieurs, ni même vos subordonnés à qui vous donniez des ordres illégaux. Avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ?

Il avait demandé ça tout en levant son épée noire encore maculée de sang. En guise de réponse, Trasmak poussa un beuglement d'effroi et de rage et vida le reste de son chargeur à bout portant sur l'homme masqué. Les balles le traversèrent, naturellement, et l'homme masqué attendit patiemment que le lieutenant n'ai plus de munition avant de l’exécuter comme les deux autres. Puis alors seulement, il revint vers Pierce.

- À vous, major Pierce. J'accepte votre reddition, et je prends le commandement de vos hommes. Vous n'y voyez aucune objection, je suppose ?

- Au-aucune, monsieur…

Il s'attendait maintenant à ce que l'homme masqué l'accuse d'un quelconque crime, comme de n'avoir pas empêché les vols à grande échelle commis par Bayers, Desac et Trasmak, et qu'il ne l’exécute comme eux. Patrick y était prêt. Si ses hommes restants étaient vraiment épargnés, ça ne le dérangeait pas. Mais l'homme masqué le surprit une nouvelle fois.

- Par rapport à ce que vous m'avez dit tout à l'heure... Je ne mène aucune croisade contre le Grand Empire, encore moins par vengeance. En fait, je ne cherche qu'à le purifier de sa corruption et de sa malfaisance. Tous les impériaux que j'ai tué jusque-là étaient ceux qui avaient abusé de leur position pour commettre des actes contre des personnes ou contre la morale. Je n'ai aucune raison d'éliminer de simples soldats qui ne faisaient que suivre les ordres. La preuve : beaucoup de ceux que j'ai combattu et épargné pour éliminer leur supérieurs corrompus sont avec moi, désormais.

Pierce le regarda sans comprendre, jusqu'à que le courant soit rétabli, et que la porte blindée ne s'ouvre. Il y avait derrière les partisans de l'homme masqué, ceux qui avaient pris la ville avec lui. Beaucoup de lunariens oui, mais pas seulement. Pierce vit plusieurs militaires qui portaient encore l'uniforme du Grand Empire. Il reconnut même certains d'entre eux, d'anciens camarades de la Team Rocket qui avaient été mutés dans des villes voisines d'Elebla.

- Je ne veux pas détruire le Grand Empire, poursuivit l'homme masqué. Je vais me l'approprier. Il est sans chef, dispersé et morcelé, et immensément corrompu. Elebla est vaste, mais c'est ici que la plupart des vestiges du Grand Empire subsiste. Je vais m'emparer de toutes les bases, de tous les soldats, et de tous les lunariens de bonne volonté prêts à se battre pour moi, et pour ma cause.

Abasourdi par ce discours, Pierce ne put que demander :

- Et... quelle est votre cause ?

- Sauver le monde, bien sûr, répondit l'homme masqué comme si c'était la chose la plus naturelle qui soit. C'est ce que je fais. C'est ce que je suis : le Sauveur du Millénaire.

Une partie de son masque noir se dissipa, comme si ce dernier était fait de fumée. Pierce put y voir derrière un visage pâle, marqué par la souffrance et de multiples cicatrices, squelettique, mais dont l’œil rouge brillait d'une lueur on ne peut plus vivante et déterminée. Le même œil que celui de Lady Venamia. La même détermination, le même charisme dans sa voix.

- Vous me connaissiez avant sous le nom d'Erend Igeus, fit l'homme après avoir reformé intégralement son masque. J'ai été capturé par Venamia, et torturé une année durant. Je ne suis plus vraiment un homme désormais. J'ai donc choisi de devenir un symbole. Pas celui de la FAL que j'ai contribué à fonder. Pas celui d'une nation, pas celui d'une alliance. Celui d'un monde entier. Vous savez ce qui se passe à Kanto actuellement ? Le véritable ennemi a levé une immense armée composée essentiellement d'êtres déjà morts. Ce n'est qu'en ayant un monde unifié que nous pourrons espérer la battre. Et comme cette armée sert la corruption, il nous faudra un monde pur. Rejoignez-nous, soldats du Grand Empire. Nous prendrons Elebla et ce qui reste du Grand Empire. Puis nous forcerons la FAL à nous rejoindre, et enfin le reste du monde. Je soumettrais même personnellement tous les Pokemon Légendaires si besoin est. Un monde, pour un seul empereur.

Il lança machinalement une Pokeball, et dans un flash de lumière, un trident bleu apparut, comme pour apporter la preuve de son identité. Pierce était déjà reconnaissant de pouvoir vivre, mais plus encore, il était ravi d'avoir trouvé quelqu'un à qui obéir, quelqu'un qui avait une vision, un but précis. Et même si ce but semblait complètement dingue et inatteignable, Patrick Pierce se mit au garde à vous devant Igeus. Peu importe que cet homme fut le Chef d’État ennemi il y a encore un an. Peu importe qu'il ait massacré tant d'impériaux. Peu importe son armure noire digne d'un seigneur des ténèbres ou son œil rouge. Peu importe qu'il soit possiblement totalement givré. S'il avait vraiment les moyens de ramener de l'ordre dans tout ce bordel mondial, Pierce était prêt à lui confier sa vie.