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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 26/11/2017 à 09:48
» Dernière mise à jour le 20/01/2020 à 18:18

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 338 : Chen, compagnons et avenir
Johto… Ça faisait un moment que Mewtwo n’était pas revenu ici. Et pourtant, c’était dans cette région qu’il avait vécu le plus longtemps. Des années durant, avec ses compagnons Pokemon clonés, sur le Mont Quena. C’était une montagne difficile d’accès, mais où étaient cachés, à l’intérieur, une petite vallée ainsi qu’un lac tout ce qu’il y a de plus pur. Les Pokemon y vivaient en harmonie, en paix, sans aucune ingérence humaine, et avaient accepté Mewtwo et les siens avec plaisir. Mewtwo était alors devenu le protecteur de ce lieu, empêchant les humains d’y parvenir. Il y a quinze ans de cela, il y avait affronté Giovanni et sa Team Rocket, qui, en le pourchassant, avaient tenté de s’approprier ce lieu. Mewtwo et les Pokemon avaient triomphé, grâce à l’aide de cet humain, Sacha Ketchum…

Par la suite, Mewtwo avait vécu en paix là-bas… jusqu’à récemment, où le Pokemon Légendaire Suicune avait tenté de le recruter pour former une armée de Pokemon qui écraserait les humains et prendrait le pouvoir. Mewtwo l’avait envoyé balader. Il n’avait aucune envie d’entrer en guerre contre les humains, et tenait à sa tranquillité. Alors Suicune avait envoyé ses sbires pour attaquer le Mont Quena. Plusieurs Pokemon clones amis de Mewtwo avaient succombé. Mewtwo s’était alors rendu dans la région de Tishgard, où Suicune semblait avoir son siège, dans l’optique d’en savoir plus sur les intentions du Vent du Nord et si possible de se venger.

Et c’était alors qu’il avait recroisé Giovanni, lui aussi à Tishgard à la recherche de sa mère pour tenter de reprendre le contrôle de la Team Rocket. Voyant en Venamia une menace encore plus imminente que Suicune, Mewtwo était rentré avec lui à Kanto pour l’aider. Et le voici, aujourd’hui, servant la Confédération Libre en tant que porte parole des Pokemon sauvages alliés, et ami de Régis Chen. L’humain l’accompagnait aujourd’hui, avec quelques autres dresseurs et Pokemon, dans l’optique de s’emparer de la ville de Rosalia. Selon Estelle, la demi-sœur de Régis, la garnison impériale sur place n’avait aucunement l’intention de se battre et se rendrait immédiatement. Voilà pourquoi la Confédération n’avait pas déployé toute son armée, et y avait seulement envoyé un petit groupe de dresseurs mené par Régis, pour accepter la reddition du commandant ennemi, sans effusion de sang. Mewtwo était là juste au cas où, si d’aventure le Grand Empire faisait quelques difficultés.

- Pourquoi doit-on marcher jusqu’à là-bas ? S’agaça Mewtwo en constatant la pitoyable vitesse à laquelle les humains avançaient. J’aurai pu tous nous y téléporter en deux secondes.

- On cherche à éviter la violence, et apparaître comme par magie au milieu d’une ville totalement sous pression, s’attendant à nous voir débarquer d’un instant à l’autre, n’est pas vraiment conseillé…

- Dans ce cas, j’aurai pu vous y amener en volant, avec mes pouvoirs psychiques. Là aussi, ça ne nous aurait pas pris longtemps.

- Le Grand Empire est certes largement affaibli et en manque de moyen à Johto, mais il a toujours des missiles anti-aériens ou ce genre de trucs. Et puis arrête de te plaindre. On nous a déposé non loin de la ville. Une petite marche ne fait pas de mal. Tu vas t’encroûter si tu te contentes de te déplacer en te téléportant ou en volant. Tiens, t’as pas pris du poids d’ailleurs ?

Mewtwo secoua la tête.

- Cela est impossible. Je ne mange pas comme vous. Je ne suis pas doté d’un système digestif. Mon corps se contente de produire de lui-même à un niveau moléculaire, grâce à mes pouvoirs, tous les nutriments et l’énergie dont il a besoin. Je ne peux donc pas prendre du poids, ou en perdre.

- Je déconnais mec, soupira Régis. Sérieux, tout ce temps passé avec nous, et t’es toujours incapable d’appréhender la moindre notion d’humour…

- Votre humour humain m’échappe effectivement, mais c’est tant mieux ; je ne voudrais pas être contaminé par votre stupidité chronique.

- En revanche là, niveau réplique acerbe, t’es au point, y’a pas à dire…

Les autres dresseurs se tenaient à distance de Régis et Mewtwo et les laissaient à leur discussion sans intervenir. En réalité, ils avaient toujours un peu peur du Pokemon clone. Il fallait dire que Mewtwo n’avait pas spécialement une allure inspirant la confiance, surtout quand on savait qu’il était le plus puissant Pokemon du monde, capable d’annihiler la planète entière si il lui en prenait la fantaisie. C’était du reste quelqu’un d’assez renfermé qui se liait difficilement avec les gens. Il n’avait pas une opinion bien haute des humains ; normal pour quelqu’un dont les pouvoirs psychiques lui permettaient de lire en permanence dans leur esprit, et d’y voir toutes leurs pensées égoïstes.

Mais il avait fait quelques progrès durant ces deux ans au sein de la Confédération, tâchant de comprendre les humains un peu mieux. Certes, ils n’étaient pas la race la plus formidable qui ait foulé cette terre, mais ils avaient aussi leurs qualités : l’obstination, l’ingéniosité, l’espoir. Et ils étaient aussi capables de ressentir un amour au-delà de tout ce que Mewtwo avait pu voir chez les Pokemon. Les deux humains qu’il fréquentait le plus, à savoir les enfants même de son créateur, Régis et Estelle Chen, étaient des êtres doués d’empathie, d’un sens de la justice aigu, et de bienveillance envers les Pokemon en général. Quant à la reine Eryl, il ne pouvait pas trop se prononcer à son sujet, mais il était clair qu’elle serait plus bénéfique aux Pokemon de ce monde qu’une Venamia ou qu’un Marquis des Ombres. Voilà pourquoi Mewtwo avait décidé de se battre avec eux.

Quand ils furent en vue de Rosalia, Mewtwo se servit de ses pouvoirs psychiques très pointus pour repérer toutes les forces ennemis en présence et leurs positions. La ville n’était nullement retranchée derrière des lignes entières de tanks ou de barrières énergétiques. Tout était d’un calme plat. Mewtwo repéra bien des soldats en arme en ville, mais assez peu nombreux, et avec un moral au plus bas, peu désireux de risquer leur vie pour un combat qu’ils savaient perdu d’avance. Comme prévu, Régis fit son annonce, et Mewtwo la répercuta avec ses pouvoirs pour que tout le monde à Rosalia l’entende.

- Je suis Régis Chen. Je représente la Confédération Libre. Au nom de Sa Majesté Eryl, Reine de l’Innocence, nous reprenons cette ville qui a été illégalement et injustement soumise à la volonté du gouvernement illégitime et criminel de Lady Venamia. Nous ne voulons pas faire couler inutilement le sang. Nous sommes prêts à négocier une reddition sous condition avec les forces du Grand Empire sur place.

Il ne fallu pas longtemps pour que le commandant de la garnison sur place sorte de la ville avec en agitant un drapeau blanc. Peu après, tous ses hommes, soit une petite centaine, se rangèrent à ses cotés et jetèrent leurs armes au sol. Satisfait par le bon déroulement des choses, Régis se montra et alla discuter avec le commandant du Grand Empire. Comme Estelle l’avait prévu, du fait des informations de son frère Vilius, l’officier de Venamia fut tout à fait prompt à céder la ville sans condition aucune, si tant est que lui et ses hommes soient traités dignement comme prisonniers de guerre.

Régis n’avait aucune raison de martyriser les pauvres bougres de l’armée du Grand Empire, qui bien souvent étaient forcés de servir Venamia sous le menace. Il assura au commandant que tous ses droits seraient respectés de A à Z, et que sa reddition en bon ordre serait soulignée quand il s’agira de statuer sur son cas. Régis ne savait pas trop ce qu’Eryl ou Estelle avaient prévu concernant les prisonniers de guerre, mais sans doute que si elles décidaient de gracier Vilius pour l’aide indirecte qu’il apportait à la Confédération, les simples militaires, non affiliés à la GSR, n’avaient pas trop de souci à se faire. Comme Eryl le disait souvent : la vengeance est une des composantes de la corruption, le pardon en est une de l’innocence.

- Tu peux rentrer à Oliville et dire que tout est OK ici, fit Régis à Mewtwo tandis que les autres dresseurs se chargeaient d’investir et de sécuriser les lieux. Il vaudrait mieux que notre armée occupe Rosalia au plus vite, si jamais le général du Grand Empire qui occupe Doublonville aurait la riche idée d’attaquer.

Si Rosalia avait si facilement été prise, c’était justement parce que celui qui dirigeait les forces du Grand Empire était un simple militaire, qui ne provenait pas de la Team Rocket et qui n’avait pas de loyauté particulière pour Venamia. En revanche, à Doublonville, c’était différent. Celui qui tenait la ville était un fidèle parmi les fidèles de Venamia, le colonel Kasai Tender. Cet homme était le frère du général Hegan Tender qui travaillait pour Estelle, et également le père d’Anna Tender, la seconde de la X-Squad. Et lui n’allait certainement pas sortir avec un drapeau blanc quand la Confédération serait à ses portes. Voilà pourquoi ils ne devaient pas perdre de temps. Mewtwo acquiesça et fut sur le point de se téléporter, quand il sentit soudainement une présence non loin d’ici. Une forte présence, à laquelle il put associer une énorme pression. Régis dut s’apercevoir de son trouble.

- Un problème ?

- Non, fit finalement Mewtwo. Du moins je n’espère pas. Je vais vérifier quelque chose, puis je pars pour Oliville.

Il décolla avant que Régis n’ait pu lui demander plus de précision, et vola en direction de cette présence qu’il sentait fortement grâce à ses pouvoirs psychiques. Un Pokemon l’attendait sur l’ancien site de la Tour Carillon, légèrement éloigné de la ville. Il y a cinq ans, l’imposante tour, censée être la demeure de Ho-Oh, avait été détruite par l’affrontement d’une partie de la X-Squad avec les Armes Humaines de Zelan Lanfeal. Ça avait été d’autant plus dommageable que la tour en question était l’un des sept Piliers de l’Innocence. Mais tout comme ils avaient gardé en état la Tour Cendrée, les habitants de Rosalia avaient laissé ce qui restait de la Tour Carillon.

Le Pokemon qui était là n’était pas Ho-Oh, mais il n’était pas non plus étranger à ce lieu. Semblable à un gros lion brun, il avait des excroissances jaunes, rouges et grises sur le visage, ce qui donnait l’impression d’un masque. Sa queue avait la texture de la fumée, et d’épais pics gris sortaient de son dos. C’était Entei, le Pokemon Légendaire dont on disait que son seul rugissement pouvait faire rentrer un volcan en éruption. Il faisait partie du trio de Pokemon qui ont périt lors de l’incendie de la Tour Cendrée il y a plus de cent cinquante ans, et qui ont été par la suite ressuscités par Ho-Oh et élevé au rang de Pokemon Légendaire. Mewtwo l’avait rencontré une ou deux fois dans ses voyages à travers le monde. Il semblait être le plus digne de confiance des trois, et le plus noble.

- Jeune Mewtwo, fit le Pokemon Légendaire. J’ai entendu dire que tu avais prêté tes pouvoirs aux humains qui luttent contre le Grand Empire de Johkan. J’ai trouvé ça amusant venant de toi.

- J’agis selon mes convictions, comme toujours, répliqua Mewtwo. Et je n’ai pas de leçon à recevoir à ce sujet de la part de vous autre les Légendaires, qui comme toujours restez à l’écart des conflits sans vous soucier des conséquences.

- Les conflits entre humains n’ont jamais cessé d’exister. Ils se battent et s’entre-tuent en espérant trouver un sens à leurs vies misérables. Ça les regarde. Nous, pas.

- Tu sais très bien que ce conflit dépasse les seules rivalités entre humains. Horrorscor s’agite dans l’ombre, et lui, il devrait vous inquiéter.

- On s’en inquiétera si jamais il venait à revenir. Je n’apprécie pas ces humains du Grand Empire, et je suis content que vous leur ayez repris cette ville qui fut jadis la mienne. Mais nous avons des soucis bien plus réels et imminents que votre fantôme de la corruption.

Mewtwo se doutait de quel genre de souci il parlait.

- Suicune…

Entei acquiesça.

- Mon frère agit bien étrangement depuis quelque années. Il ne cesse de se mêler des affaires des humains. Il lève des groupes de Pokemon ci et là pour les attaquer, au nom d’une soi-disant liberté. Il contrôle presque totalement la région de Tishgard, où il s’est fait bâtir un palais entièrement fait de cristal à sa gloire. Ça ne lui ressemble pas, lui qui a toujours été un partisan de la paix entre les humains et les Pokemon, bien plus que moi ou Raikou.

- Oui. J’ai quelque rancunes d’ailleurs le concernant, que j’espère bien lui faire payer un jour. J’ai un peu enquêté à son sujet avant que je ne rejoigne la Confédération Libre, et tout porte à croire qu’il aurait peut-être des liens avec une partie de la Team Rocket.

- La Team Rocket et Suicune ? Répéta Entei, qui n’arrivait pas à imaginer pareille union. Ce serait un comble, alors qu’il prétend lutter pour la liberté des Pokemon ! Qu’est-ce qui te fait dire ça ?!

- Je l’ai vu avec cette femme aux cheveux violets et aux yeux rouges. L’ancienne dirigeante de la Team Rocket, la mère de Giovanni : Urgania.

- Jamais entendu parler.

- C’est à elle que je dois d’exister. C’est elle qui a lancé la première le projet de clonage de Pokemon de la Team Rocket, et qui était obsédée par Mew. Vu son apparence de jeune humaine alors qu’elle a en réalité un âge avancé, je doute qu’elle soit une humaine normale. J’ignore en revanche ce qu’elle pourrait fabriquer avec Suicune…

Entei hocha la tête.

- Je te remercie pour ces informations. Nous autres Légendaires allons tâcher d’en savoir plus sur les intentions de mon frère, tout en essayant d’éviter de provoquer une guerre entre lui et nous, ou entre humains et Pokemon. Je te souhaite bonne chance pour ta propre guerre.

Entei fondit alors comme le vent, à une vitesse exceptionnelle et des bonds de géant, jusqu’à ce qu’il soit hors de vue. Mewtwo avait espéré pouvoir le recruter, lui ou Raikou, mais ils avaient visiblement leurs propres problèmes. Mewtwo savait qu’il ne devait pas laisser son esprit vagabonder et se concentrer sur le Grand Empire et Horrorscor, mais il ne pouvait s’empêcher de se demander ce que le Vent du Nord complotait avec la mystérieuse grand-mère de Régis et d’Estelle.


***


Silvestre Wasdens avait toujours été un homme occupé. Très jeune déjà, il s’était lancé corps et âme dans le travail. En dépit de ce qu’on pouvait croire en le voyant aujourd’hui, Wasdens n’était pas né avec une cuillère dorée dans la bouche. Il n’avait hérité d’aucune entreprise familiale, comme la majorité de ses anciens collègues Dignitaires, de même qu’il n’avait jamais recherché le profit pour lui-même. La seule ambition de Wasdens avait toujours été de rendre ce monde un petit peu plus meilleur.

À vingt-quatre ans, après de brillantes études de politique et de commerce, il avait décidé de lancer sa propre O.N.G, la D.T.O, Défense des Territoires Oubliés. C’était un organisme dont le but premier avait été de revitaliser les endroits que les divers gouvernements du monde avaient délaissé. Parfois de simples régions ou villages, parfois des lieux notoires menacés, parfois des sites naturels qu’on voulait industrialiser. Wasdens avait tellement bien géré son O.N.G qu’elle était devenue excédentaire, alors même qu’il n’avait jamais cherché à faire des bénéfices dessus. Son action dans le monde avait inspiré nombre de personnalités, qui s’étaient engagés avec lui. C’est d’ailleurs ainsi que Wasdens a pu rencontrer le brillant avocat Oswald Brenwark, et devenir un Gardien de l’Innocence.

En quelques années, Silvestre était devenu un homme influant et populaire, que nombre de politiques ou de gouvernements voulaient avoir comme ami. C’était comme ça que Wasdens avait gagné sa place de Dignitaire : il les avait rejoint pour leur faire bénéficier de sa popularité internationale, en échange de quoi le gouvernement de Kanto qu’ils contrôlaient s’était fortement engagé auprès de la D.T.O dans nombre de ses projets locaux. Wasdens n’avait toujours été qu’un meuble, lors des Conseils des Dignitaires, il le savait. Mais ça ne l’avait pas empêché de s’impliquer réellement dans la gestion de la région Kanto.

Peu de temps après son entrée chez les Dignitaires, il était également devenu l’un des Six Apôtres d’Erubin, qui eux aussi avaient largement bénéficié de son influence. Wasdens avait sincèrement cru à l’idéologie de l’innocence, lui qui n’avait jamais cessé d’essayer de faire le bien en ce monde. Aujourd’hui, il ne savait plus trop ce qu’était l’innocence en réalité, ni même si la Reine Eryl avait raison de tenter d’en faire une religion globale. En tant que son principal conseiller politique, il tentait parfois de la raisonner, de l’appeler à la modération, surtout quand le sujet était les Blancs Manteaux.

Wasdens croyait à ce nouvel état qu’elle voulait faire apparaître via la Confédération. Un pays fédéral, qui avait été en premier le souhait d’Erend Igeus, un homme que Wasdens avait servi et respecté. Il voulait que cette nouvelle nation, qui devrait remplacer le Grand Empire, soit un havre de paix et de démocratie, dont les gouvernements raisonneraient non pas selon les profits qu’ils pourraient tirer, mais selon les seuls souhaits et besoins de la population. Et comme la naissance de ce nouveau pays était pour très bientôt, Wasdens ne dormait plus que trois heures par nuit pour se dépêcher de finaliser les moindres détails, qui allaient de la rédaction de la Constitution de ce pays jusqu’aux règles des suffrages de chacun de ses membres.

Il avait longuement négocié en interne avec tous les Chefs d’Etat qui faisaient parties de la Confédération pour parvenir à un consensus général sur ce que devrait être ce pays. Un grand état qui en englobait plusieurs petits. Il serait dirigé par une instance centrale désignée par un vote de tous les membres de droit, mais chaque pays conserverait quand même son propre gouvernement, pour gérer ses affaires internes. Chacun aurait le droit de décider de sa propre politique économique ou culturelle, mais les questions relatives à la sécurité, à l’international et à la défense seront prises par le gouvernement central. La Reine Eryl sera la souveraine de cet Etat et sa représentante, mais une stricte séparation des pouvoirs sera appliquée, pour éviter un autre drame dictatorial à la Lady Venamia.

Actuellement, Wasdens était en train de travailler sur la composition et le fonctionnement de l’instance centrale législative. La Reine Eryl ne voulait pas d’un Sénat ou d’une Assemblée, vu que chaque pays-membre avait déjà le sien. Un conseil restreint de quelques membres qui avaient l’aval et la reconnaissance des états-membres serait plus pertinent. Wasdens avait donc commencé à plancher sur une possible liste de noms, qu’il devrait remettre à Sa Majesté pour avoir son aval. Deux d’entre eux semblaient déjà tout désignés : Wasdens lui-même bien sûr, et également le professeur Samuel Chen, une personnalité reconnue et appréciée de tout le monde, qui avait été l’un des premiers opposants à Lady Venamia. Il serait bon aussi qu’il y ait un Pokemon dans ce conseil, comme Imperatus ou Mewtwo, s’ils acceptaient.

Bref, tout cela se dessinait lentement, mais se dessinait quand même. La composition de ce fameux « Haut Conseil » ne changerait de toute manière rien à la façon dont la guerre était gérée pour le moment. Et personne ne pouvait à l’heure actuelle dire de quoi l’avenir sera fait. Même si le Grand Empire de Johkan semblait se diriger droit vers le précipice, la menace des Réprouvés planait toujours au dessus de la Confédération, de même que celle du Marquis et de ses sbires. Wasdens s’inquiétait d’ailleurs pour son ancienne consœur et amie Divalina, qui était partie toute seule pour tenter de trouver et d’arrêter le Marquis. Une folie selon lui, mais il n’avait pas cherché à retenir Divalina. Elle était dans son rôle d’ancienne Apôtre d’Erubin, et à l’inverse de Wasdens, elle était une combattante. Deux coups à la porte de son bureau provisoire d’Oliville le tirèrent de ses réflexions.

- Entrez.

La porte s’ouvrit et laissa apparaître l’agréable visage d’Estelle Chen, la dirigeante de la Team Rocket. Wasdens en perdit très vite ses moyens. Il avait toujours l’impression d’être un parfait idiot quand Estelle était dans les parages depuis quelques temps. Il avait toujours apprécié et respecté la femme de paix et d’idéaux qu’elle était, mais récemment, ils avaient commencé à se rapprocher. Ils avaient même dîné ensemble une fois, et il avait fallu d’une seule photo prise par un paparazzi pour que la presse les considère comme le nouveau couple de l’année : l’homme de confiance de la Reine Eryl et la chef de la Team Rocket. Estelle ne s’en était pas émue. Elle semblait même apprécier d’être ainsi associée à Wasdens.

- Ah… euh… M-mademoiselle Chen, balbutia Silvestre. Quel… bon vent vous amène ?

Estelle soupira en agitant ses longs cheveux châtains dans lesquels Silvestre pouvait se perdre pendant des heures.

- Je pensais qu’on avait mis les choses au point la dernière fois, Silvestre. Estelle. Pas Mademoiselle Chen, ou Madame Boss.

- O-oui, bien sûr…

Wasdens avait connu Estelle alors qu’elle était encore l’Agent 005 de la Team Rocket. La première fois qu’il l’avait rencontrée, c’était quand elle était venue d’elle-même à Johto pour négocier avec Erend Igeus. Ils s’étaient recroisés peu après, tous les deux en fugitifs fuyants respectivement Venamia et les Agents de la Corruption. Wasdens admirait cette femme, qui, en tant que fille de Giovanni, avait toujours œuvré pour rendre la Team Rocket plus respectable et la faire entrer dans la légalité. Quand Venamia a pris le pouvoir, elle avait été la première à se révolter et à se revendiquer de la Team Rocket légitime.

Ce n’était pas une militaire comme le Général Tender ou une tacticienne de génie comme Venamia, mais elle dirigeait les forces Rockets alliées avec sagesse et détermination, et c’était une grande partisane de ce fameux état fédéral dans lequel la Team Rocket aurait toute sa place comme seule force de défense. C’étaient ces idéaux communs de paix, d’entraide et de démocratie qui avaient rapproché Silvestre et Estelle. Wasdens n’avait jamais pris le temps de songer à une vie sentimentale, mais si le nouveau pays fonctionnait bien et si la paix régnait enfin dans le monde, il savait qu’il n’aurait pas de désir plus cher que de partager sa vie avec cette femme merveilleuse.

- Mewtwo vient de rentrer, lui dit Estelle. Régis et ses dresseurs ont pris Rosalia sans faire de vague. Le commandant de l’Empire s’est immédiatement rendu comme me l’avait assuré Vilius.

- C’est… une bonne chose, assurément.

Wasdens ignorait avec quel degré de confiance on pouvait se fier aux informations de Vilius Chen, le dirigeant par intérim du Grand Empire. Le passé de cet homme ne parlait pas vraiment en sa faveur, mais Estelle semblait être convaincue de sa sincérité. Ce n’était pas un homme mauvais, lui avait-elle confié il y a quelque temps. Juste un homme ambitieux et maladroit, deux choses qui pouvaient donner un mix explosif. Mais Wasdens n’était pas idiot. Il se doutait que Vilius jouait les agents doubles parce qu’il savait très bien que le Grand Empire était fini sans Venamia, et voulait du coup assurer ses arrières en présentant un visage fréquentable à la Confédération.

- Le général Tender est en train de discuter avec les généraux Lance et Van Der Noob, poursuivit Estelle. La prise de Doublonville sera très bientôt lancée.

- Vous serez de la bataille ? Voulu savoir Silvestre.

Ce dernier savait qu’en dépit de son air distingué et fragile, Estelle cachait une terrible combattante. C’était une hybride, une humaine croisée avec de l’ADN d’un des plus grands prédateurs Pokemon du Continent Perdu, Nukecrula. Une particularité dont Estelle se serait bien passée, selon elle. C’était sa grand-mère, Urgania Chen, qui avait pratiqué sur elle une expérience inédite, alors qu’Estelle était encore un fœtus dans le ventre de sa mère. Urgania avait implanté la formule Sygma de Nukecrula dans la matrice de la mère d’Estelle, pour que le fœtus qu’elle était alors s’imprègne peu à peu de l’ADN étranger et qu’il n’y ait pas de rejet mortel, comme ce fut le cas de tous les Sygmus jusqu’alors. L’expérience avait marché, mais la mère d’Estelle avait péri à sa naissance. Estelle en avait toujours voulu à sa grand-mère pour cela, et également à son père Giovanni qui avait laissé faire une telle horreur.

- Pourquoi me demander ça ? Interrogea Estelle, les sourcils froncés. Ça vous plait de me voir avec mes ailes de chauve-souris ou mes griffes ?

Silvestre fut quelque peu gêné. Que répondre à ça sans risquer de l’offenser ? Il opta pour la réponse sincère.

- Je… je m’inquiétais juste pour vous. Ce sera une grosse bataille apparemment…

Visiblement, ce fut une bonne réponse. Estelle se détendit et sourit.

- Ce ne sera pas la première « grosse bataille » à laquelle je survivrai. Mais comme je suis la chef de la Team Rocket, et que je sers pas à grand-chose question commandement avec le général Tender dans les parages, le moins que je puisse faire est de me servir de mon don hideux pour tuer nos ennemis.

- Un don n’est jamais hideux, Estelle, répliqua Wasdens. C’est la façon de s’en servir qui peut l’être. Si vous mettez votre don au service d’une bonne cause, il ne peut pas être hideux. Vous n’êtes pas faite pour tuer, mais au contraire pour sauver des vies, et pour améliorer celles des autres.

Estelle resta un moment muette devant ces paroles. Son visage indiquait qu’elle fut touchée. Puis elle posa sa main sur celle de Silvestre sur le bureau. Wasdens frissonna malgré la chaleur qui se dégageait de cette main.

- Vous savez dire de belles choses, monsieur le futur Haut Conseiller. Gardez donc votre merveilleuse éloquence pour la création de notre nouveau pays. Et si jamais après, il vous en reste un peu pour moi, je serai ravie d’en profiter.

Elle quitta le bureau, laissant Wasdens avec l’heureuse impression qu’elle venait de lui faire une espèce de promesse tacite pour l’avenir.