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La légendaire quête du cookie au miel d'Apireine de Lief97



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Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 06/07/2016 à 18:09
» Dernière mise à jour le 18/02/2021 à 17:55

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Humour   Médiéval   Région inventée

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Chapitre 10 : Les épreuves de l'hécatombe
« —Ainsi, à la majorité, nous avons élu notre nouveau maire !

—MERCI ! MOI AMI DES OISEAUX, ET MAIRE DES MACHOS ! MOI GENTIL ! »

Élection du nouveau maire de Machomière, Alakazam.


***


La pyramide en pâtes à la carbonara était dotée d’une ouverture rectangulaire à son pied, laissant entrevoir un intérieur immense et spacieux, digne d’un véritable petit palais. Ticho fronça les sourcils :

— Wouah, ça à l’air de puer là-dedans.
— Je crains que l’architecte de cette somptueuse construction pyramidale ne connaisse une légère surabondance de carbonara, expertisa Insolourdo.
— On entre, ajouta simplement Antoine.

Jack, pour une fois, resta silencieux, perché sur le sommet de son sac à dos. Julie, Ticho et Insolourdo suivirent le garçon entre les murs suintants de la pyramide.

Il n’y avait rien dedans, ou presque. Comme si Tadmorv, qui était figé au centre de la vaste et unique pièce de la pyramide, avait tout rangé pour les accueillir. Il n’avait qu’une poêle à la main, comme la fois où les compagnons l’avaient vus près de son gratte-ciel disparu.

— Bienvenue, annonça-il, sa voix résonnant à l’intérieur.
— Salut, dit Antoine en s’approchant.
— C’est donc le Sage Albert qui vous envoie ?
— Oui. Vous allez nous dire où est la recette du cookie au miel d’Apireine ?
— Je vous le dirai, une fois que vous aurez accompli quelques épreuves. Pour me prouver votre valeur.

Les compagnons ne furent pas surpris. Le Sage 33 les avait prévenus.

— Une épreuve chacun, ça vous va ? demanda Tadmorv en esquissant un sourire retors. Je compte évidemment cette tête clignotante, juste là.
— VTF, répondit Jack.

Évidemment, les autres ne comprirent pas ce qu’il entendait par là.

Ticho déglutit difficilement.

Une épreuve chacun, ça signifiait 5 épreuves. Que pouvait bien avoir préparé Tadmorv ?



***



— Pour cette première épreuve, l’un de vous va devoir répondre à une énigme.
— Tichôôô, c’est une blague ? Ça pue le traquenard, cette histoire.

Tadmorv l’ignora.

— Qui va répondre à l’énigme ?

Antoine s’avança sans hésiter.

— Moi. Les autres ne sont pas vraiment… aptes à trouver la solution.
— Dis tout de suite qu’on est cons, marmonna Ticho.
— Bien. Commençons, reprit Tadmorv.

Il marqua un silence appuyé, puis prit une voix grave.

— « Le feu ne me brûle pas, mais il affecte tous ceux qui se frottent à moi. Je tiens dans une main, mais je peux aussi contenir celle-ci. Je peux être une arme, et un moyen de survivre. Je suis commun, et en même temps sous-estimé et mal-aimé. » Qui suis-je ?

Antoine réfléchit. Ses compagnons, derrière lui, semblaient inquiets. Une énigme pareille !

Le garçon resta muet, cherchant silencieusement une idée. Il observa les alentours, espérant trouver un indice quelconque, mais la pyramide était déserte. Il n’y avait rien, à part eux, et Tadmorv.

Puis, presque par hasard, les yeux du garçon tombèrent sur la poêle de Tadmorv, que ce dernier tentait de cacher derrière son dos.

« Le feu ne brûle pas la poêle, mais il cuit les aliments qui sont en contact avec elle. On peut la tenir avec une main, et on peut aussi mettre sa main dedans. Ça peut être une arme, et ça nous fait survivre si on y cuit de quoi manger. C’est commun, en effet, mais sous-estimé et mal aimé ? »

Antoine n’hésita qu’une seconde de plus.

— Une poêle.

Tadmorv pâlit.

— Euh… bonne réponse, mais… Je… ça alors…
— Quoâ ? s’indigna Ticho. La réponse de cette énigme de merde, c’était une poêle ?

Il s’esclaffa, trouvant la situation comique. Tadmorv rougit de colère.

— Hé, ho ! Tais-toi, le piaf ! Les poêles sont des instruments incroyables ! Ne te moque pas d’elles !

Ticho rit de plus belle. Antoine soupira.

— Bon, épreuve suivante ?
— Hé bien, euh… Je ne pensais pas vraiment que vous puissiez répondre correctement à celle-ci, donc… Laissez-moi réfléchir…

Les rires de Ticho laissèrent place à un silence concentré, puis :

— Très bien ! Une épreuve aérienne ! À qui le tour ?

Tous les regards se tournèrent vers Ticho. Tadmorv l’observait avec un air moqueur.

— Bon, bah je crois que j’ai pas le choix, tichôôô….
— Fais le tour de la ville en volant, sale piaf. Je te chronomètre. Tu dois le faire en moins de cinq minutes ! Ah, interdit de couper à travers la ville, je vais tout de suite monter au sommet de la pyramide pour te surveiller.

Ticho grogna des insultes et suivit ses amis au-dehors pour la deuxième épreuve.


***


— Prêt ?
— Non ! répondit Ticho qui venait tout juste de se poser sur le sommet pointu de la pyramide.
— Partez !

Ticho lança une insulte qui aurait fait verdir de peur un Drattak et démarra en trombe. Seul Jack lança ce qui pouvait s’apparenter à un encouragement.

— XD !

Ticho plana le long des immeubles aux matériaux comestibles et il rejoignit rapidement la limite de la ville qu’il était censée suivre jusqu’à faire tout le tour de la Cité des Cuisiniers.

Il se rendit vite compte que la mission relevait de l’impossible ; la ville était trop grande. Il lui faudrait bien plus de cinq minutes pour en faire le tour : la cité était immense, et s’étendait tout en longueur dans la vallée.

Mais après tout, Tadmorv avait uniquement précisé de ne pas couper à travers la ville. Utiliser des moyens détournés n’était logiquement pas interdit.

Ticho regarda à droite et à gauche, à la recherche d’un Gueriaigle ou d’un Carchacrok, connus pour leur vélocité dans les airs. Puis il se souvint qu’il était à Krénios. Un Pokémon lent. Il lui fallait un Pokémon capable de voler et considéré, dans son ancien monde, comme lent.

Son regard se posa sur un Pokémon qui volait un peu plus bas, à une dizaine de mètres à sa droite.

Ticho lâcha un cri de surprise.

Un Cadoizo. Ce n’était pas le meilleur exemple de lenteur, mais ça s’en rapprochait déjà pas mal.

— Ça fera l’affaire ! s’exclama Ticho.

Le canard se rua vers l’oiseau-Père-Noël et s’arrêta près de lui sans cesser de battre des ailes.

— Hé, toi !
— Oui ?
— Aide-moi à faire le tour de la ville le plus rapidement possible, et je te ferai une faveur !

Le Cadoizo le dévisagea et montra les crocs. Des crocs longs, aiguisés, qu’un Cadoizo normal n’était pas censé posséder.

— Tu sais à qui tu parles, le canard ?
— Euh… oui, à un Cadoizo !
— Non ! Au Cadoizo, le seul, l’unique !
— Ah, merde. T’es un légendaire ?
— ÉVIDEMMENT, CRÉTIN !
— Ok, ok. Tu m’aides, maintenant ?

Cadoizo s’empourpra de rage. Ticho n’avait pas le loisir de perdre du temps en s’apeurant : il faisait front, cherchant à se montrer plus entêté que son dangereux interlocuteur.

— Tu sais quoi, le canard ? Je vais te prouver ma supériorité physique sur ton exécrable personne. Ce n’est pas le tour de la cité des cuisiniers qu’on va faire, mais le tour de Krénios !
— Si c’est en moins de cinq minutes, ça me va, répondit Ticho.

Cadoizo rugit, attrapa Ticho et brisa le mur du son avant de disparaître dans une traînée enflammée, loin vers le sud.


***


— Euh… s’inquiéta Antoine, la main en visière. Pourquoi Ticho s’est transformé en météorite, tout à coup ?

Tadmorv haussa les épaules.

— J’en sais rien, mais il part trop loin au sud. Il perd du temps. Il est sûr de perdre !

La météorite disparut à l’horizon.

Julie râla, se plaignant que c’était fichu et que l’emplacement de la recette du cookie au miel d’Apireine ne leur serait jamais dévoilé.

Puis la météorite réapparut dans leur dos, une minute plus tard.

— Quoi, déjà ? s’étonna Tadmorv.

La boule de feu se figea à quelques mètres de la pyramide, et disparut. Ne restait plus qu’un Ticho à l’estomac retourné et au plumage légèrement grillé, accompagné du légendaire Cadoizo, chargé d’amener des cadeaux aux enfants 364 fois par an — heureusement, il s’agissait de son jour de son congé.

Antoine lâcha un sifflement d’admiration. Ticho s’écrasa sur le sommet de la pyramide.

— J’ai gagné ? croassa-t-il, l’air bouleversé.
— Dis pas merci, salaud ! s’égosilla Cadoizo en se retransformant en boule de feu, et en disparaissant à l’horizon.

Tadmorv jeta un coup d’œil à sa montre.

— En trois minutes… bien joué.

Antoine se tourna vers le Pokémon Poison.

— Bon, épreuve suivante ?


***


— Une épreuve d’endurance, cette fois.

Antoine se tourna vers ses amis.

— Bon, Jack, on peut le virer je pense.
— VTF, lâcha le robot d’un air grognon.

Ticho leva les yeux vers le plafond de la pyramide, las.

— Julie, on peut l’oublier aussi ! lança-t-il.
— Hé ! Je suis très endurante, quand j’veux…
— Très têtue surtout, tichôôô.

Antoine soupira.

— Après tout, Insolourdo pourrait le faire, il est résistant et plus vif qu’il en a l’air.

Le Pokémon en question hocha la tête.

— En effet ! Cela n’est pas ma tasse de thé, mais mon expérience séculaire devrait m’être d’une aide précieuse.

Tadmorv l’observa avec des petits yeux, méfiant.

— Vous avez mangé mon gratte-ciel, n’est-ce pas ?
— En effet !
— Penseriez-vous être capable de manger des constructions plus impressionantes encore ?
— En effet !
— Sur une épreuve d’endurance longue de près d’une heure ?
— En effet !
— Sous les yeux écœurés de vos amis ?
— En effet !
— Quitte à perdre toute votre crédibilité auprès d’eux ?
— En effet !

Ticho intervint, profitant de l’occasion offerte par une légère pause de Tadmorv :

— Et à épouser Antoine, et rester avec lui jusqu’à ce que la mort vous sépare ?
— En effet !

Insolourdo rougit et se tourna abruptement vers Ticho :

— Oh, petit effronté !
— Effronté ! s’esclaffa Ticho, plié de rire. Sûrement une expression de limace savante !

Tadmorv montra le fond de la pyramide :

— Installez-vous là, alors. Mes serviteurs vont vous apporter différents repas dont j’ai imaginé les recettes. J’espère que vous saurez les apprécier… à leur juste valeur…

Il fallut attendre un quart d’heure avant que les premiers plats n’arrivent. Ticho était content de ne pas participer à l’épreuve. La première étape consistait à vider une énorme assiette de purée rose pailletée de petits morceaux verdâtres et filandreux, ce qui avait de quoi répugner d’un simple coup d’œil. Une odeur puissante d’essence et de piment en émanait, et le rendu olfactif était si puissant que certains nez sous la pyramide se mirent à rougir.

Insolourdo le dévora en une seule bouchée et se permit même de soupirer d’aise :

— Ma foi, ce plat était délicieux ! Puis-je en recommander un autre, identique ?

Tadmorv, stupéfait, resta les bras ballants.

— Euh… oui, si vous voulez…

Ticho lâcha un grognement bas :

— Bizarrement, je sens qu’il va gagner cette épreuve haut la main…


***


Tadmorv semblait dépité. Déprimé, même.

Insolourdo avait mangé quatre-vingt-quatre plats, tous plus immondes les uns que les autres, sans rencontrer la moindre difficulté.

— Bon, euh… murmura Tadmorv en essayant de garder bonne figure.
— Restent Julie et Jack, commenta Antoine. Donc deux épreuves. Quelle est la suivante ?
— Tiens, pourquoi pas un test de culture générale !
— Oh, oui ! s’écria Julie.

Les autres pivotèrent vers elle, horrifiés :

— Oh, non ! s’exclamèrent-ils en chœur.

Julie blêmit face à une attaque aussi coordonnée contre sa propre personne. Même Insolourdo y avait participé, et elle lui jeta un regard blessé. Tadmorv afficha un sourire diabolique.

— Trop tard, elle a dit oui ! C’est donc elle qui participe, et pas le robot.
— Ça y est, tichôôô, on est fichus.
— C’est la fin, Soupira Antoine.

Julie posa ses poings sur ses hanches, vexée :

— Et bah, la confiance règne, espèce de débiles ! Vous pourriez au moins m’encourager, non ? C’est mieux si c’est moi qui participe plutôt que Jack.
— JE M’APPELLE PROTOYPE IA RX 5226. ET J’AI ACCÈS A TOUTES LES DONNÉES DISPONIBLES POUR RÉPONDRE À N’IMPORTE QUELLE QUESTION.
— On s’en fout, lâcha Antoine. Julie, bonne chance.

Ticho croassa :

— Je me répète peut-être, mais on est foutus, les gars.

Julie se tourna vers Tadmorv :

— Tu es prête, jeune fille ? Je vais aller vite, très vite.
— Allez-y !
— Bien…

Soudain, Tadmorv tapa dans ses mains :

— Top ! Quelle est le point commun entre un œuf de Pokémon et un Saquedeneu ?
— Ils sont tous les deux chauves !
— Quel Pokémon, de Type Dragon, mesurant 7 mètres, est incapable de faire autre chose que d’utiliser l’attaque Charge ?
— Rayquaza !
— Comment s’appelle le champion du monde de 100 mètres ?
— Métamorph !
— Dans quelle zone de Krénios trouve-t-on des plantes à pet ?
— Dans les Collines Kisantpabon !
— Qui est le meilleur cuisinier que le monde ait jamais connu ?
— Vous !
— Merci, merci… Pourquoi les Grodrive sont-ils toujours déprimés ?
— Parce qu’ils pèsent trop lourd pour pouvoir s’envoler !
— Complétez cette suite logique : 1 litre, 15 centimètres, 258 tonnes, 12 carottes, 5698 Poissirène, 2 idiots, 0 pizza ?
— 1 458 956 258 kilogrammes ! Et 2 tomates après la virgule !
— Quel Pokémon a pour habitude de se taper la tête dans les murs pour tester sa résistance physique ?
— Ectoplasma !
— Quel Pokémon légendaire est lié au contrôle du temps ?
— Barpau !
— Quel est le titre du premier roman du physicien Psykokwak publié il y a six ans dans toutes les boulangeries du pays ?
— « Théories des champs topologiques, et mécanique quantique en espace non-commutatif » !
— Que pense un Simularbre quand il aperçoit un Rapasdepic ?
— Il se dit qu’il va enfin pouvoir louer une de ses branches !
— Et enfin, quelle est le plat dont moi, Tadmorv, suis le plus fier ?
— La pastèque farcie au curry !
— Et boooonne réponse !

Tadmorv et Julie, essoufflés, se turent.

Ticho se posa sur le sol, las et fatigué.

— Et bah, je crois que j’ai eu ma dose de connerie pour un moment, moi…


***



— La dernière épreuve… susurra Tadmorv d’un air machiavélique.

Il regardait Jack avec une lueur amusée dans le regard.

— Que dites-vous d’une autre course, hein ?
— On est foutus, lâcha Ticho. Ce robot dépasse pas les trois kilomètres par heure.
— Non, non, rassura Tadmorv. Je pensais plutôt à une course de natation. Un 100 mètres, par exemple. Il y a une piscine à l’air libre pas loin.

Les diodes de Jack clignotèrent furieusement.

— JE… JE… JE N’AIME PAS L’EAU DU TOUT !
— Bah, on essaye, proposa Julie. Au pire, s’il est détruit dans l’eau… On a plus besoin de lui, de toute manière.
— C’est vrai, affirma Antoine. Emmenez-nous à cette piscine. On n’a plus rien à perdre.
— SI, MOI ! s’énerva Jack.

Ticho ressentit un léger pincement au cœur. Il l’aimait bien, ce robot. Ils se moquaient toujours ensemble de Julie et Insolourdo. C’était presque son seul allié, et un adepte du cynisme également.

— Tant pis, tichôôô. On trouvera bien quelqu’un pour te remplacer, après tout.

Tadmorv les fit sortir de la pyramide en pâte à la carbonara et les mena dans une rue au sol caramélisé, glissant et collant à la fois. Puis, ils aperçurent une piscine de compétition, où se baignaient des dizaines d’humains et de Pokémon. Ticho grimaça en observant l’eau de la piscine. Ce n’était pas de l’eau normale. Après tout, ils étaient dans la Cité des Cuisiniers.

— Comme vous le voyez, la limonade est parfaite pour apprendre à nager. En plus d’être très rafraîchissante, les bulles permettent de maintenir les gens de petite taille à la surface. Votre robot ne coulera pas au fond. Au pire, une fois ses circuits morts, il flottera et sera facilement récupérable pour être jeté dans la benne à ordures.

Antoine, Ticho, Julie et Insolourdo soupirèrent. Ils ne remporteraient jamais cette épreuve. Jack ne résistait sûrement pas à ce genre de liquide. Il avait été construit par le docteur Cumulo Nimbus. Pas par un génie qui pensait à tout.

— Dégagez de ma piscine ! hurla Tadmorv. J’en suis le propriétaire et vous, le bas peuple, vous pouvez aller voir ailleurs si j’y suis !

Presque aussitôt, Pokémon et humains déguerpirent. Tadmorv devait être connu dans le coin, et peut-être craint. Ou respecté pour ses talents de cuisinier si particuliers.

« Une pastèque farcie au curry… » songea Ticho avec dégoût.

Jack fut positionné au bord de la piscine. Il tremblait. Derrière lui, Antoine était prêt à le pousser dans la limonade.

— Comme je suis sympa, déclara Tadmorv en s’installant sur un transat, je n’utiliserai pas de chronomètre. S’il atteint le bout de la piscine, il a gagné et je vous révélerais tout au sujet de la recette du cookie au miel d’Apireine.

Ticho se percha au bord de la piscine. C’était peine perdu, il le sentait.

— Allez ! encouragea Julie.

Antoine poussa Jack dans la limonade. Le robot cria et disparut sous la surface trouble. Puis réapparut à deux mètres du bord, emporté par son élan. Il secoua ses bras désespérément.

— À L’AIDE ! JE ME NOIE !

Voyant que personne ne l’aidait, il se tut. Remarquant qu’il flottait, il cessa de battre inutilement des bras. Puis les premiers problèmes survinrent.

Un éclair s’échappa de sa carcasse métallique. Puis un autre. Un troisième arc bleuté émana de son thorax en crépitant.

Et enfin, devant le regard morne de ses compagnons, ce fut une véritable tempête électrique qui se déchaina dans la piscine. Ticho prit soin de reculer, ébloui et craignant d’être touché. Tadmorv éclata d’un rire tonitruant qui couvrit le raffut électrique et le hurlement de Jack.

Puis tout s’arrêta d’un coup.

Ticho remarqua que la limonade de la piscine s’était évaporée à cause de la chaleur provoquée par les éclairs de Jack. Il ne restait plus une goutte de soda dans la cuve. Une épaisse vapeur jaune s’élevait déjà dans le ciel.

— Heu… hésita le canard en regardant dans le fond.

Jack se tenait, tremblant, et marmonnant :

— JE VEUX MA MAMAN, JE VEUX MA MAMAN…

Jack ouvrit ses diodes en grand et remarqua qu’il était vivant. Tremblant, un peu rouillé, mais vivant.

Ses compagnons restèrent bouche bée. Tadmorv n’en menait pas large.

Puis, Jack s’inclina et fit des signes de la main, tout fier :

— C’EST QUI QUI A DÉSINTÉGRÉ LA PISCINE ? HEIN, C’EST QUI ? C’EST JACK !

Le robot s’avança en se dandinant jusqu’à l’opposé de la piscine et toucha le bout avec sa main.

Tadmorv sembla s’écrouler sur son transat.

Antoine pivota vers le cuisinier et croisa les bras, narquois.

— On a gagné.
— Oui, et je sais pas comment, tichôôôo.
— Maintenant, révélez-nous ce que vous savez.
— Très bien, répondit le cuisinier, dépité. Suivez-moi. Retournons dans la pyramide. Je vais tout vous raconter.


***


— Vous voulez donc savoir où est ma recette, celle du cookie au miel d’Apireine… c’est bien ça ?
— Oui.

Face à la détermination sans faille d’Antoine, Tadmorv abaissa sa poêlé, et son regard s’orienta vers le sol, embêté.

— Je l’ai perdue.
— Quôa ? s’exclama Ticho.
— Je l’avais prêté à un ami, qui l’avait prêté au Sage 33, qui l’avait prêté à une connaissance, qui se l’est fait voler… Ma recette est passée de mains en mains ces dernières années. Une légende s’est formée autour d’elle, et beaucoup de rumeurs. Maintenant, il est probable qu’après avoir été jetée à la mer, elle se soit retrouvée sur l’Île des Origines, à cause du courant. Tout se qui finit dans l’océan se retrouve un jour là-bas.

La nouvelle tomba avec force. Une chape de plomb parut envahir l’intérieure de la pyramide en pâte sucrée. Julie paraissait presque la plus choquée du groupe.

— À la mer ? Mais la recette doit être trempée, maintenant !
— Non, elle scellée dans un tube de cristal. Personne ne l’a jamais ouverte.

Ticho se gratta le menton avec son poireau, pensif.

— Ah ouais, tichôôô ? Alors pourquoi ces gens voulaient tous l’avoir entre leurs mains ?
— Parce que le cristal, ça vaut de l’or !

Soudain, Ticho eut un éclair de génie. Enfin, pour une habitant de Krénios, c’en était sûrement un, mais en réalité, ça coulait de source.

— Mais attendez ! Pourquoi on devrait se casser le dos à aller chercher cette recette ? C’est vous qui l’avez faite, donnez-là nous tout simplement !

Encore plus gêné, Tadmorv se dandina en évitant soigneusement leurs regards.

— Il se trouve qu’il s’agit d’une des recettes… que j’ai pour habitude de rédiger après une soirée trop arrosée, si vous voyez ce que je veux… je suis entrée en transe, je l’ai rédigée, scellée… et vous connaissez la suite. Je serai incapable de vous dire à quoi ressemble cette recette !

Antoine soupira. Ce n’était pas la première fois qu’ils rencontraient un obstacle dans cette quête : il n’était même pas si agacé que ça, alors même que cette nouvelle signifiait qu’il allait falloir traverser la mer pour de vrai.

— Vous savez comment se rendre sur l’Île des Origines ?
— Oui. Vous devez continuer à aller vers le nord. Tout au bout de l’à-pic Pic-Pic.
— Encore un nom de merde, tichôôô…

Tadmorv continua :

— Il y a une ville portuaire là-bas. Vous devriez trouver quelqu’un prêt à faire la traversée. Mais je vous déconseille de continuer cette aventure.
— Pourquoi donc ? demanda Insolourdo. Nous avons beaucoup trimé pour arriver ici aujourd’hui ! Il serait déplorable de devoir rebrousser chemin…

Le cuisinier frissonna.

— Parce que cette Île est dangereuse ! Les Pokémon que vous rencontrerez seront tous des Légendaires. Et comme vous le savez déjà, les Pokémon légendaires sont réputés pour leur stupidité. Ils pourraient s’en prendre à vous en vous confondant avec leur goûter.
— Quôa ? croassa Ticho.

Antoine secoua la tête fermement.

— On ira jusqu’au bout. Les Légendaires ne me font pas peur. Cette quête ne se terminera pas sur un échec !