Team Rocket X-Squad de Malak

Erend et Venamia se battaient encore quand les renforts de la GSR, mené par le Mégador, arrivèrent sur place. Malgré sa colère et son envie pressante d'en finir avec l'Agent 002, Erend jugea venu l'heure de partir, tant qu'il le pouvait encore. Le Plateau Indigo serait très bientôt encerclé par toutes les forces Rockets de Kanto, et Erend n'avait quasiment plus rien avec lui. Ses soldats avaient été décimés, ses trois croiseurs détruits. En bas, il ne restait plus que Lance, Ladytus et l'unité DUMBASS qui luttaient contre la X-Squad. Un combat futile. La X-Squad n'était pas du tout le véritable ennemi.

Erend brisa l'engagement avec Venamia et son Ecleus. De toute façon, même si ça avait continué, il n'aurait pas été certain de gagner. Venamia avait beau posséder Ecleus que depuis un an, elle le maîtrisait aussi bien qu'Erend maîtrisé son Triseïdon, qui pourtant lui appartenait depuis six ans. Et puis, Triseïdon avait un léger désavantage par rapport à son type qui craignait la foudre. Erend aurait sans doute été en mesure de vaincre Venamia s'il avait maîtrisé le Revêtarme, mais le seul qui sache le faire se trouvait quelque part dans le Royaume Perdu de Cinhol, caché et en exil.

- On se replie, fit Erend à Lance en revenant sur le sol dévasté du stade. Retour à Johto immédiat. Général, vous pourrez partir par vos propres moyens ?

- Bien sûr. Dépêchez-vous de fuir, monsieur Igeus.

- Oh non, tu ne t'échapperas pas, sale traître !

Mercutio Crust venait de se pointer, sous sa forme divine qui lui faisait porter une cape de feu bleu et qui entourait son corps d'un halo solaire. L'unité DUMBASS faisait ce qu'elle pouvait, mais il était difficile de lutter contre un Mélénis doté d'un tel Septième Niveau. Et en l'occurrence, essayer de discuter avec Crust aurait été futile. Il était très en colère, mais pas assez pour perdre totalement toute retenue morale. Alors, Erend refit passer son Triseïdon en forme Arme, et cibla un des vaisseaux légers de la Team Rocket au dessus du stade. Le jet d'eau qui s'échappa du trident bleu éventra la coque, et le vaisseau se mit à chuter en direction du stade.

- Pourriture ! Cracha Crust.

Mais comme Erend l'avait prévu, Mercutio préféra abandonner sa proie et aller secourir le vaisseau et son équipage. Il utilisa ses pouvoirs pour le faire se poser en encombre, et Erend en profita pour s'échapper. Triseïdon reprit sa forme normale, et Erend grimpa sur lui. Il prit Ladytus à l'arrière, et filèrent aussi vite que Triseïdon pouvait courir, c'est-à-dire aussi vite qu'un train. Derrière, le Mégador et la flotte de la GSR s'étaient arrêtés au stade. Erend fronça les sourcils. Toute la flotte GSR n'aurait pas pu accourir au Plateau Indigo en si peu de temps si elle n'y était pas préparée. Une preuve de plus de la machination de Venamia. Erend prit son communicateur.

- Général Van Der Noob, ici Igeus. Vous me recevez ?

Il se surprit à espérer que le pénible Van Der Noob fut toujours vivant. Aussi incompétent soit-il, il était le seul à pouvoir mettre en ordre l'armée de Johto avant l'arrivée des Rockets.

- Oui, mon garçon, je vous reçois, fit enfin le général. Parce que si je ne vous recevez pas, je ne vous parlerez pas, vous voyez ?

- Général, la situation est grave. Renforcez immédiatement les défenses de Johto comme dans le plan Invasion que nous avions mis au point. Préparez la population à une attaque imminente. Que les civils fuient s'ils le peuvent.

- Les Rockets vont donc venir ?

Erend ricana sombrement.

- Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, notre traité de paix a tourné court. Supervisez le déroulement de la bataille au centre de commandement. Le Général Lance mènera les hommes sur le terrain.

Il coupa la communication, sachant très bien que ce qu'il faisait été risible. Rien qu'avec son Mégador, Venamia était capable de prendre Johto. Et après ce qu'il s'était passé au Plateau Indigo, désignant à la vue de tous Erend comme responsable de ce carnage, elle ne se pointerait surement pas qu'avec le Mégador. Erend jura et aplatit son communicateur sur la carapace de Vifacier de Triseïdon.

- Merde. J'ai vraiment tout foiré. Pourquoi ne l'ai-je pas vu venir alors que je la savais parfaitement capable de faire un truc pareil ? Pourquoi Kyria ne l'a pas vu venir, avec ses pouvoirs de Loinvoyant ?

- Garde ton calme, Erend, lui conseilla Ladytus derrière lui. Tu es capable de tout gérer tant que tu conserves ton sang-froid.

- On est plus à Bakan où nous devions seulement affronter une armée de chevaliers, Ladytus, répondit sèchement Erend. Et Venamia n'est pas Castel. Tu sais aussi bien que moi que Johto n'a pas l'ombre d'une chance !

- Si tel est le cas, alors fuis.

- Fuir, encore ? J'ai quitté Kanto quand j'ai vu que nous perdions. Si j'abandonne Johto maintenant, que j'ai juré de protéger, je serai connu comme le dirigeant le plus lâche de la planète en plus d'être celui qui a attaqué lors d'une conférence de paix.

- Tu dois survivre justement pour lever ce mensonge ! Quand le monde saura que Venamia est la responsable de ce massacre...

- Mais quand le saura-t-il, Ladytus ? Ce qui s'est passé nous présente comme les seuls coupables. Personne n'écoutera ce que j'ai à dire, et Venamia n'aura aucun mal à dresser les foules contre nous. Tout le monde à Kanto et parmi la Team Rocket reconnaîtra qu'elle avait raison depuis le début à mon sujet, et se rallieront derrière elle. Elle a gagné, Ladytus. C'est fini...

Le Pokemon Plante et Fée plissa les yeux de mécontentement et gifla Erend avec une de ses feuilles vertes qui lui servaient de bras. Ça ne fit pas très mal à Erend, mais ça le surpris. Jamais encore Ladytus ne l'avait frappé.

- Je n'étais encore qu'un Babytus lors de la dictature de Castel Haldar à Bakan, mais j'en garde quelques souvenirs, fit-elle furieusement. Tout ce temps passé à rester caché, à recruter du monde pour ta révolution. Quand tu as commencé, vous n'étiez que six ! Tu n'avais pas Triseïdon, tu n'avais pas Espérance. Aujourd'hui, en plus d'eux, tu as un pays, une armée ! N'as-tu pas rencontré Arceus en personne ? N'es-tu pas le Sauveur du Millénaire, Erend ?! Tu vas abandonner, et laisser cette femme ignoble détruire tout ce que tu as œuvré pour construire ? Zayne et Nirina auraient honte de toi.

Erend grimaça à la mention de ces deux noms.

- Ça, c'est un coup bas, Ladytus.

- Tu as toujours dis que tu savais gérer les coups bas.

Erend hocha lentement la tête.

- Tu as raison. J'abandonnerai quand je serai mort.


***


Ayant quasiment épuisé son Flux, Mercutio laissa filer son Septième Niveau. Même avec lui, il n'avait pas réussi à vaincre les DUMBASS, bien qu'il ait eu l'avantage. Ces derniers avaient filé à la suite d'Igeus. Mercutio n'avait même plus le cœur à les poursuivre. Et de toute façon, sans Septième Niveau, il n'aurait rien pu faire. Il se laissa tomber à genoux au sol, totalement vidé, physiquement et mentalement. Solaris, qui se trouvait non loin, le rattrapa avant qu'il ne s'écroule totalement.

- Hé ! Tu vas bien, Mercutio ?!

Non, il n'allait pas bien. Rien n'allait bien. Partout où qu'il pose son regard autour de lui, il ne voyait que mort et désolation, alors que tout cela aurait du être un triomphe pour la paix. Siena était en train de diriger ses troupes fraichement arrivées, et la GSR maintenait l'afflux de gens qui attendaient en dehors du stade pour hurler sa colère. Siena avait l'air de gérer, et Mercutio était plus que ravi de la laisser faire.

- Eryl... Elle va bien ? Demanda faiblement Mercutio. Elle a pu partir ?

Solaris hocha la tête.

- Oui, je l'ai vu partir avec Worm et monsieur Wasdens.

- C'est une bonne chose.

Il fit mine de se relever en s'appuyant sur l'épaule de Solaris.

- Attends... Tu es trop...

Il venait de voir quelque chose briller dans les ruines de l'estrade. Il s'approcha faiblement, se pencha, et ramassa un collier, orné d'une espèce de perle couleur ambre. Le fragment de thanor de Kyria, dont elle ne se séparait jamais.

- Où est-ce qu'on l'a amenée ? Demanda Mercutio à voix basse.

Le visage de Solaris perdit le peu de couleur qui lui restait.

- Galatea l'a conduite à bord d'un de nos croiseurs, où ils ont une unité médicale. Miry est avec elle. Mais, Mercutio...

Mercutio ne voulait pas entendre ce qu'elle avait dire, car il savait ce que c'était, et ne voulait pas y croire. Il appela son Pegasa et lui demanda de le mener jusqu'au vaisseau Rocket en question. Dans les coursives du vaisseau, il ne croisa que des regards hantés, tristes ou en colère. Tout ce qu'il ressentait lui-même. Jamais une telle trahison ne serait pardonnée. Igeus n'avait pas seulement craché au visage de la Team Rocket, mais sur celui de tous les habitants de Kanto. Et ils étaient en colères. Mercutio les entendait d'ici. Ils se massaient aux abords du stade, criaient vengeance, acclamaient Venamia. Même ceux qui avant étaient le plus en faveur d'une paix avec Johto exigeaient à présent la tête d'Igeus. Une tête que Venamia sera ravie de leur offrir, et pour une fois, Mercutio serait de tout cœur derrière elle.

L'infirmerie du vaisseau croulait sous le nombre des blessés et des cadavres, mais on avait réussi à réserver un lit seul pour Kyria. Galatea et Miry étaient à ses cotés, utilisant le Flux comme elles le pouvaient pour la maintenir en vie. Mais en revoyant son état, Mercutio manqua à nouveau vomir. Tout ce qu'il y avait en dessous de la poitrine était écrasé et brûlé. Mercutio se demandait même comment il se pouvait qu'elle soit toujours vivante. Elle était branchée à quantité de tuyaux et de fils.

Son visage - Arceus merci - avait été relativement épargné. Mais en le voyant, pâle et inconscient, Mercutio n'en éprouva qu'une haine décuplée à l'égard d'Igeus. Comment avait-il osé faire une chose pareille ? Pourquoi viser Kyria, elle qui n'était qu'amour et gentillesse, elle qui ne rêvait que d'entente entre les peuples et les nations ? N'osant pas déranger sa sœur et Miry qui semblaient s'épuiser à la tâche, il avisa un médecin qui était en train de retirer un éclat d'obus de la jambe d'un sbire Rocket. Quand il lui demanda l'état de Kyria, son visage fatigué se peignit de résignation et il secoua la tête.

- Ses blessures sont trop graves. Les quelques organes intacts qui lui restent le fonctionnent que grâce au Flux de vos deux coéquipières, mais ça ne durera pas. Il m'est impossible de la sauver. Elle s'éteindra d'une minute à l'autre.

Mercutio ne pouvait pas en vouloir au toubib d'abandonner un patient jugé perdu pour se consacrer aux autres, mais il avait en lui une forte envie de le prendre par le col et de le secouer.

- Elle... elle ne peut pas... balbutia-t-il.

Kyria avait été sous sa garde. Le Boss en personne lui avait confié sa fille lors de cette cérémonie. Et Mercutio avait lui-même fait la promesse à Trefens de veiller sur elle. Allait-il rompre deux serments ? Le médecin lui posa une main compatissante sur l'épaule.

- Je comprends ce que vous ressentez. S'en prendre odieusement à une si jeune et belle enfant... Cet Erend Igeus est le diable. Et, sur mon honneur de Rocket et de médecin, je promets de continuer à travailler pour le Boss, même si j'allais prendre ma retraite, tant que ce félon n'aura pas été puni !

Mercutio hocha distraitement la tête, sans quitter Kyria des yeux.

- On m'a informé que l'Agent 003 était en chemin, mais je doute qu'il arrive à temps, poursuivit le médecin. Peut-être devriez-vous... aller la voir. Elle est à moitié consciente. Ça lui fera plaisir de voir un visage familier, avant de...

Il ne put continuer et se remit au travail sur son blessé. Le poing serré sur le médaillon de Kyria, Mercutio s'approcha de son lit. Galatea du ressentir sa présence, car elle ouvrit les yeux. Mercutio, qui avait momentanément perdu l'usage du Flux après son Septième Niveau, ne pouvait pas le sentir, mais il jugeait que Galatea était au bord de l'épuisement. Elle avait utilisé trop de Flux. Et Miry n'allait pas mieux.

- Je suis désolée, commença Galatea. J'ai essayé, Mercutio, mais...

- Je comprends, fit mécaniquement Mercutio. Laissez-moi un moment avec elle, s'il vous plait.

Il savait ce qu'il leur demandait. Si elles arrêtaient d'utiliser leur Flux sur Kyria, celle-ci mourrait très rapidement. Mais valait mieux ça que de continuer à souffrir inutilement. Galatea utilisa les dernières miettes de son Flux pour faire tenir l'organisme de Kyria quelque minutes, puis, les larmes aux yeux, se retira. Miry fit de même, non sans avoir serré tendrement le bras de Mercutio, qui y trouva un certain réconfort.

- Kyria, murmura Mercutio.

La jeune fille ouvrit faiblement les yeux. Ses grands yeux noirs et pleins de vie, qui étaient maintenant ternes et voilés.

- Mercutio... C'est toi ?

Kyria semblait essayer de le localiser. Ses yeux se posèrent sur lui sans le voir.

- Oui Kyria.

- C'est drôle. J'ai l'impression d'avoir les yeux ouverts, mais je te ne vois pas. Je ne sens plus mon corps... Qu'est-ce qui m'arrive ?

Comme Mercutio, qui luttait contre ses propres larmes, ne répondit pas, Kyria posa une autre question.

- Et... la cérémonie ? Je ne me souviens plus... Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que j'ai réussi ? La paix est instaurée avec Johto ? Est-ce que... les gens sont heureux ?

Cette fois, Mercutio ne put retenir ses larmes, mais répondit en tâchant de paraître enjoué.

- C'est une parfaite réussite, Kyria ! Tu as signé la paix avec Igeus. Puis tu as eu un petit malaise. L'afflux d'émotion, sans doute... Mais les gens sont très heureux. Kanto et Johto vont pouvoir être réunis.

Mercutio s'en voulait de mentir, mais il était incapable de faire tant souffrir Kyria avec la vérité pour ses derniers instants. Un large sourire illumina le visage pâle de la mourante.

- Tant mieux... J'ai été à la hauteur, hein ? Père est content de moi ?

- Bien sûr. Il est très content ! Il va t'offrir la X-Squad comme convenu. Et tu pourras la fusionner avec les DUMBASS comme tu le voulais. On va bien s'amuser, tous ensemble...

Mercutio serra le bras de Kyria pour s'empêcher de trembler.

- Et comme la paix est installée, Trefens pourra sûrement revenir te voir maintenant, ajouta Mercutio.

- Ce serait bien, acquiesça de plus en plus faiblement Kyria. Il me manque. Et maman aussi...

Elle cligna des yeux, comme si elle ne savait plus trop où elle en était, puis ils s'éclairèrent comme si elle venait de se souvenir de quelque chose d'important.

- Oh, j'oubliais... J'ai eu une vision récemment... J'ai vu ton enfant à venir avec mon Petilouge. Tu sais, mon Pokemon ? Le destin semble vouloir que je lui donne... C'est important, je ne sais pas pourquoi, mais c'est... Il faut lui donner, tu comprends ?

Elle semblait vraiment anxieuse, aussi Mercutio s'empressa-t-il de la rassurer.

- Bien sûr, je comprends, assura Mercutio. Donner Petilouge à mon enfant. Je le ferai.

- Oui, c'est-ce qu'il faut faire... les réunira tous les deux... voyager dans le passé... l'amoureux qui est l'arrière grand-père...

Kyria était en train de divaguer, ou plus précisément de se perdre dans ses nombreuses visions de l'avenir. Mercutio était désespéré de la voir partir comme ça, loin de la réalité, loin de lui. Mais alors que Kyria s'affaiblissait de plus en plus, soudainement, elle leva son bras droit et posa sa main contre la joue de Mercutio. Ses yeux se firent plus clairs, le dévisageant sans ciller.

- Ce sera une fille, dit-elle. Je la vois. Elle est jolie... Oh, et elle s'appelle un peu comme moi. C'est gentil...

La main de Kyria retomba sur le lit sans que Mercutio n'ai pu la retenir. La ligne cardiaque de Kyria sur l'écran où elle était branchée devint plate, et le bip sonore ponctuel devint une alarme constante. Avec des gestes mécaniques, Mercutio se leva. Il ferma doucement les paupières de Kyria, croisa ses mains et y glissa à l'intérieur son médaillon de thanor. Après quoi il quitta l'infirmerie en vitesse, et courut, comme s'il voulait échapper à tous prix de cet enfer. Dans son état d'extrême fatigue, chaque pas, chaque respiration était un calvaire pour lui, et la souffrance de son corps semblait un peu occulter celle de son esprit. Alors il continua de courir ses but, jusqu'à que ses jambes cèdent enfin, et qu'il se retrouve au milieu d'une coursive, à pleurer comme un enfant.


***


Au même instant où Kyria s'éteignait, une autre personne se mit à briller. Lady Venamia avançait à la rencontre des habitants de Kanto rassemblée devant le stade en ruine. Ils maudissaient Erend Igeus, et saluaient Venamia comme l'héroïne qui avait fait fuir Igeus et les salopards de Johto. Dans la foule, un peu en retrait, Esliard était en train de filmer, le visage tordu d'un air de pur euphorie. Oui, il avait de quoi être content, Esliard. Sa patronne lui avait offert un show des plus parfaits. Avec son ingéniosité habituelle, Esliard avait piraté le réseau global pour diffuser ce direct sur tous les écrans de Kanto, quelque soit leur chaîne. Tous entendraient ce que Venamia avait à leur dire. Elle leva les bras devant la foule, dont les clameurs redoublèrent.

- Peuple de Kanto, mes compatriotes ! Hurla-t-elle. Vous me connaissez. Je suis Lady Venamia, Agent 002 de la Team Rocket, et commandante de la GSR. J'ai longtemps cherché un moyen d'apporter la paix et la gloire à cette région que j'aime tant. J'ai réfléchi, et réfléchi encore. Mais pendant que je cogitais à la paix, certains pensaient au moyen le plus sûr de nous trahir et de briser nos espoirs !

La foule hurla sa haine à Igeus, et en des termes très colorés qui firent sourire Venamia. Ils semblaient carrément avoir perdu l'esprit. C'était drôle comme les humains pouvaient si rapidement se transformer en des bêtes assoiffés de sang. La haine, la colère, la vengeance, la tristesse... tant d'émotions à utiliser contre eux afin de les corrompre. Venamia comprenait enfin ce que voulait dire Horrorscor quand il parlait de la joie de corrompre d'autre personne. En effet, c'était grisant.

- Oui, reprit Venamia. Erend Igeus s'est joué des espoirs de Kanto. Il n'a usé de diplomatie que pour cacher une pulsion des plus meurtrières. Il s'en est pris à Kyria, la fille de notre Chef d'Etat, alors qu'elle lui tendait la main de la paix et de la réconciliation. J'avais des réserves sur ce sommet, comme vous le savez tous. Mais on ne m'a pas écoutée, et je me suis surprise à espérer à mon tour. Mais là, je reste moi-même sans voix devant le crime immonde d'Igeus, qui dépasse toute cruauté. Le voilà donc, l'homme qui nous faisait la morale sur le droit et la justice ? Peuple de Kanto, que répondez-vous aujourd'hui à ce monsieur ?!

La foule se déchaîna encore plus.

- VA CREVER, IGEUS !

- Il est aussi pourri que son père ! C'est bien un Dignitaire !

- JUSTICE POUR LES MARTYRS DE KANTO !

Venamia sourit à nouveau. Elle n'avait jamais été à l'aise avec les foules, et ne s'était jamais senti l'âme d'une grande oratrice. Mais à présent, elle se découvrait un nouveau talent. Celui de posséder le cœur des hommes par de simples paroles et un peu de mise en scène. C'était comme si la foule était reliée par des fils à ses mains, et qu'elle la faisait danser à sa guise.

- En effet, nos morts réclament justice ! Nos espoirs déçus et bafoués réclament justice ! Et justice il y aura. En ce lieu de désolation, je vous le promets, citoyens ! Le crime d'Erend Igeus ne restera pas impuni. Il ne s'agit plus de Team Rocket, de GSR ou de dresseurs. Cela concerne tout le peuple de Kanto. Il devra s'unir pour répondre au tyran de Johto ! Mes troupes se tiennent prêtes à lancer l'assaut. Je n'ai pas, je l'avoue, l'autorisation de l'Assemblée. Mais qu'est-ce l'Assemblée, si ce n'est la représentation de la volonté du peuple ? N'est-ce pas vous, le peuple ? Et quelle est votre volonté ?

Des « A MORT IGEUS » retentirent un peu partout, entre autre chose. Tous ici soutenaient Venamia, et ne rêvaient que de la voir mettre Johto à feu et à sang.

- Si telle est votre volonté, moi, Lady Venamia, je m'engage à la respecter. Je sers le peuple de Kanto avant de servir la Team Rocket ou l'Assemblée. Kanto, c'est vous. Je vais faire route personnellement vers Johto, avec mon vaisseau. Tous ceux qui désirent combattre Johto et se joindre à moi sont les bienvenus. Je leur fournirai des armes. Tout Kanto doit s'unir contre son ennemi. Mais ça ne s'arrêtera pas à la capture d'Igeus. Une fois que Johto sera conquit, nous l'annexerons à notre région. Nous regrouperons enfin nos deux régions qui n'auraient jamais du être séparée. Mes amis, c'est la naissance d'un nouveau pays ! La région Johkan va être reconstruite. Nous bâtirons un état fort, uni, d'ordre et de sécurité. Suivez-moi ! Je vois notre avenir, citoyens ! Il est devant nous ! Il brille !

La foule hurla son accord, sa joie. Le nom de Venamia retenti plusieurs fois à la suite. Certains se mirent même à chanter la Marche de la Gloire, l'hymne de la GSR. Et Esliard continuait à filmer tout ça avec l'air de celui qui venait de voir Arceus le Père. Partout dans Kanto, le visage de Venamia apparaissait. Partout dans Kanto, les habitants se rangeaient derrière elle. Leur honneur avait été bafoué, et Venamia leur offrait de le restaurer, en bien plus grand. Des émeutes se mirent à éclater ci et là contre les Rockets du gouvernement qui appelaient au calme. Des milices se créèrent, avec le drapeau de la GSR en tête de cortège. Il y avait des arrestations et des meurtres d'individus suspectaient d'appartenir ou de soutenir Johto. C'était la folie qui régnait maintenant à Kanto. Et Venamia était le feu qui attisé cette corruption généralisée. Sur le papiers, Giovanni et l'Assemblée dirigeaient Kanto, mais dans les faits à présent, c'était Lady Venamia, la patronne.

Elle rejoignit ensuite le Mégador, où elle y trouva la plupart de ses fidèles officiers qui avaient regardé son discours. Le lieutenant Fatra Rebuilt, avec son expression de pure vénération sur le visage. Althéï Dondariu et ses longs cheveux rouges sang qui paraissaient s'amuser de la fougue de la populace dehors. Ian Gallad et son éternel air impassible. La petite Sharon, qui semblait comprendre que quelque chose d'important allait se passer. Faduc, qui évitait le regard de Venamia comme s'il avait peur de se brûler les yeux. Et Crenden, l'air maussade mais toujours moqueur à son égard.

- Alors, satisfaite, ô grande Cœur de Glace ? Lança-t-il sur son ton insolant habituel.

Venamia avait eu connaissance quelque jours plus tôt de ce surnom qu'on lui donnait, surtout du coté de ses ennemis. Ça ne la dérangeait pas outre mesure. Les surnoms étaient symboles d'incarnations, de respect ou de crainte.

- Oui, je le suis, répondit Venamia. Vous avez bien fait votre travail, Crenden.

- Qui consistait, je vous le rappelle, à assassiner tout un équipage et à ouvrir le feu sur un public venu assister à une conférence de paix.

- Oui, je sais ce que je vous ai confié comme mission.

C'était bien évidement à Crenden qu'elle avait demandé de s'infiltrer à bord d'un des trois croiseurs d'Igeus pour en prendre possession et s'en servir pour tirer sur Kyria et d'autre partisans Rockets. Avec son don de dématérialisation, Crenden avait fait ça très facilement. Et comme personne chez les Rockets et chez Igeus ne savait qu'elle avait enrôlé Crenden, personne n'irait la soupçonner d'un truc jugé impossible. C'était tout simplement parfait. Et qu'importent les scrupules moraux de Crenden, tant qu'il obéissait.

- Oh fait, un autre rapport est tombé, dit Althéï en jouant avec une mèche de ses cheveux. L'Agent 008 Kyria est malheureusement décédée de ses blessures.

- En effet, quelle tragédie, fit mine de s'émouvoir Venamia. Le Boss pourra trouver quelque réconfort à savoir que je vais venger sa fille chérie personnellement.

Elle éclata de rire, appréciant sa propre blague. Elle fut bien la seule. Le visage de Crenden se crispa, les sourcils d'Althéï se haussèrent, Faduc sembla retenir une réparti cinglante, et même Fatra eut l'air mal à l'aise.

- Et voici le nouveau théorème de Venamia, marmonna Crenden. Venamia sacrifie les volontaires en silence, et Venamia sacrifie les autres en riant. Donc Venamia sacrifie tout le monde, et elle s'en fout totalement...

- L'Agent 008 a été sacrifiée pour les besoins de votre cause, madame, fit-elle prudemment. Elle est autant une martyre que les autres.

- Bien sûr, bien sûr, fit Venamia avec impatience. On se souviendra d'elle.

Venamia disait ça tout en songeant qu'elle se porterai bien mieux sans cette gamine bizarre qui savait lire les esprits.

- L'Agent 003 Vilius vient juste d'arriver, dit Ian. Et... on vient juste de lui apprendre, pour sa sœur.

- Le pauvre doit crouler sous le chagrin. Je vais aller le voir et lui offrir mon... soutient moral.

Quand elle trouva Vilius dans le quartier des invités cette fois, il n'avait pas de verre à la main. Il était debout, stoïque, et sur son visage se reflétait une grande douleur. Avait-il chialé, cet imbécile heureux ? Venamia se le demandait avec une cruauté particulière. Et il pensait pouvoir gouverner la Team Rocket avec de telles émotions futiles ? Venamia, elle, avait renoncé depuis longtemps à tout ces attachements stupides et sentimentaux. Elle se fichait de son frère et de sa sœur désormais, tout comme elle se fichait de ses anciens compagnons d'arme de la X-Squad, de son crétin de père, et même de son amant, l'Empereur Octave. Il ne restait de place dans son cœur que pour son fils Julian. Et très bientôt, elle irait le récupérer. Il devrait être à ses cotés tandis qu'elle conquerra le monde pour lui.

- Vilius, commença Venamia d'un ton doux en se composant un visage de circonstance. Je viens d'être informée pour Kyria, et je vous présente mes plus sincères condoléances.

Non, en fait, elles n'étaient pas vraiment sincères, pour le simple fait que Venamia devait faire de gros efforts pour ne pas éclater de rire devant la mine de cet idiot. Kyria avait beau avoir une ligne politique assez éloigné de celle de Vilius, Venamia savait qu'il aimait sa demi-sœur. Une faiblesse fatale...

- Tout ce qui s'est passé doit bien vous faire plaisir, hein, Lady Venamia ? Demanda-t-il d'une voix à la fois rauque et ironique.

- Je puis vous assurer que je suis profondément boul...

- Gardez vos boniments pour la populace. D'ailleurs, votre discours était bien foutu, je dois l'avouer. Tout Kanto s'apprête à exploser. Beau travail. Mais dîtes-moi, votre flotte est arrivée bien vite. Vous l'aviez placé pas trop loin en prévision d'un coup pareil de la part d'Igeus ?

Venamia haussa les épaules.

- Je ne tenais pas pour acquis qu'on puisse lui faire confiance. Je vous l'ai d'ailleurs bien dit, et vous m'avez ri au nez, comme les autres.

Vilius lui fit signe d'arrêter.

- N'enfoncez pas le couteau dans la plaie. Vous aviez raison, oui. Je ne vous ai pas écouté, oui. Et Kyria est morte par la faute de ce salaud. Que va-t-il se passer, maintenant ? Même la mort de Kyria ne persuadera pas le Boss d'enclencher la guerre.

- La guerre est déjà enclenchée, qu'il le veuille ou non, rétorqua Venamia. Mes troupes sont prêtes, et je recrute à chaque minutes de plus en plus de volontaires. Kanto marche derrière moi. Giovanni n'est plus rien. Et vous, mon ami ? Où marcherez-vous ?

Vilius garda le silence un moment, puis hocha la tête.

- Je serai à vos cotés. Mes troupes personnelles marcheront sur Johto avec votre GSR. Je ne demande juste qu'une chose en contrepartie.

- Dîtes-moi.

- Je sais que vous avez des comptes personnels à régler avec Igeus. Je ne vais pas vous priver de son exécution de vos propres mains. Mais quand ça arrivera, je tiens à être là. Je veux regarder ce salaud dans les yeux quand il mourra.

Venamia inclina la tête.

- Vous aurez une place de choix, cher collègue. Venez maintenant, que le bon peuple de Kanto nous voient côte à côte. Que Giovanni se terre dans son bureau présidentiel avec Estelle. Dans quelques jours à peine, on lui apportera Johto sur un plateau d'or.