Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Apocalyptica de Drayker



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Drayker - Voir le profil
» Créé le 04/08/2014 à 01:45
» Dernière mise à jour le 15/11/2017 à 20:44

» Mots-clés :   Drame   Présence de poké-humains   Région inventée   Science fiction   Suspense

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 20 : Agir comme les monstres que nous sommes
Quand Lyrian reprit ses esprits, ce fut pour voir le cadavre d'un homme qu'il ne connaissait pas, étendu à ses pieds. La gorge de la victime semblait avoir été compressée avec violence.
A droite, Élise, les yeux écarquillés par une horreur indicible, semblait au bord de l'évanouissement. A gauche, redressée dans son lit de malade, se trouvait Lina, l'air tout aussi stupéfaite.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? balbutia Lyrian en s'éloignant du corps.
- Tu l'as tué... Tu l'as tué ! s'exclama Élise, qui n'en revenait pas.
- Hein ? Je... Non...
- C'était vraiment nécessaire ? On aurait peut-être pu trouver un compromis... » fit Lina, qui semblait récupérer du choc plus rapidement que l'infirmière.

Lyrian fit quelques pas en arrière et se cogna contre la paroi rocheuse, perturbé. Il se prit la tête entre les mains et se laissa glisser au sol. Il ne l'avait pas tué ! Ce n'était pas vrai ! Non, non, non... Il ne voulait pas ! Il ne voulait pas ! C'était comme avec le Rhinocorne... Comme avec le pillard... Il avait l'impression de sortir d'un rêve particulièrement pénible, où il n'était plus maître de son propre corps... Et soudain, il remarquait la dévastation autour de lui. Ce n'était pas lui qui faisait ça... Il le savait... Alors pourquoi les autres lui maintenaient-ils le contraire ? Il ne voulait pas être accusé de crimes qu'il n'avait pas commis ! Non, non !

Sans s'en rendre compte, l'adolescent s'était mis à se balancer d'avant en arrière, hochant frénétiquement la tête comme pour chasser cette réalité qu'il refusait d'accepter.

« Lyrian ? Hé, Lyrian ! » l'appela Lina.

Rien à faire. Le garçon semblait isolé du monde. Il oscillait là, assis contre le mur, en marmonnant d'un air dément. Le souvenir fugitif de Jakar, qui se balançait jadis de manière identique, traversa douloureusement la mémoire de Lina. La jeune fille voulut se lever et s'approcher de lui, mais une violente douleur à la hanche la fit s'effondrer par terre. Elle poussa un cri qui tira soudainement Lyrian de sa torpeur. Le garçon se précipita à son aide, suivi d'Élise, qui semblait petit à petit récupérer du choc.

« Ça va ? s'inquiéta l'infirmière.
- Ouais, grogna Lina. Lyrian, faut que tu bouges d'ici... Les gens vont rappliquer... Un coup de feu, ça s'entend...
- Mais je... »

Trop tard. Cinq personnes armées firent irruption dans la pièce. Elles avisèrent le cadavre par terre, et en un éclair, leurs armes étaient pointées sur Lyrian - et Elise, au grand dam de Lina.

« Les mains en l'air, les monstres !
- Attendez ! Ce n'est pas ce que... commença Lina.
- Ta gueule, Lina ! cria un homme qu'elle connaissait. T'as toujours été trop proche des cobayes ! Ils ont tué un humain, cette fois ! Et un des nôtres ! Alors essaye pas de les couvrir !
- Il était venu arrêter Lyrian ! Sans raisons ! Et arrêtez de menacer Élise, elle est innocente !
- Donc c'est bien ce monstre qui a buté Dario ? demanda le type en pointant son canon sur Lyrian.
- Je... Je n'ai rien fait... murmura l'adolescent, plus perturbé que jamais.
- Tu vas nous suivre, le monstre, ou ça va barder pour toi ! Et vous aussi, Élise !
- Je...
- Elle n'a rien fait ! Vous l'arrêtez juste parce que c'est une hybride !
- Innocente ou pas, elle est dangereuse ! Kendall décidera de son sort, en attendant, elle va nous suivre ! Sans faire d'histoires ! » s'exclama l'homme, visiblement très tendu.

L'infirmière sembla également sentir l'anxiété chez les humains, car elle fit signe à Lina de ne pas répliquer.

« Laisse tomber. Il y a déjà suffisamment de problèmes comme ça.
- Mais...
- Arrête. Tout ira bien, ne t'en fais pas. »

Lina ouvrit la bouche pour rétorquer quelque chose mais s'abstint. Il ne servait à rien de protester, tout ce qu'elle risquait de gagner, c'était de se faire embarquer elle aussi. Du coin de l'œil, elle avisa Lyrian, qui semblait complètement abattu.

Les deux hybrides furent emmenés, sous le regard impuissant de Lina. Sa blessure à la hanche continuait de l'élancer, et la jeune fille fondit soudain en larmes. Le trop-plein d'émotions la fit craquer.

Bon sang, comment les choses avaient-elles pu dégénérer à ce point ?

~*~
Le magistral coup de poing que lui asséna l'un des gros bras de Kendall cueillit Kate à la tempe, l'assommant presque immédiatement. La chaise sur laquelle elle était ligotée bascula sur le côté et elle s'effondra sur le sol rocheux, enrichissant par là-même sa collection d'ecchymoses et de meurtrissures.

« Thrak était-il ton complice ? » questionna impérieusement son tortionnaire.

L'homme, au crâne rasé et à l'air mauvais, transpirait la haine par tous les pores. Le genre de type qui s'occupe plus de muscler ses bras que son cerveau, avait pensé Kate. Il n'empêchait que, cerveau ou pas, sa mâchoire douloureuse et ses contusions auraient apprécié un peu de répit.

Depuis combien de temps la cuisinait-il ainsi ? Vingt minutes ? Une heure ? Deux ? Plus, peut-être ? Elle n'en savait rien. Elle attendait, patiemment. Ces questions, ces fichues questions lancinantes, répétées sans cesse, lui avaient fait perdre la notion du temps- ou peut-être était-ce la faute des multiples coups qu'on lui avait porté. Trois humains, trois radicaux, étaient venues la tirer de la prison qu'elle partageait avec Thrak. Le colosse d'ébène avait eu beau demander où ils l'emmenaient, il n'avait obtenu pour toute réponse qu'un regard méprisant. Kate, elle, ne s'était faite aucune illusion. On lui avait mis un sac sur la tête et embarquée avec brusquerie.

La jeune femme fit tout son possible pour savoir où on l'emmenait, mais rien à faire. La chaleur de l'extérieur s'abattit sur elle, le bruit de ses pas dans le sable, puis une porte s'ouvrit, avant que la fraîcheur d'une caverne ne se fasse sentir.

Quand on retira sa cagoule improvisée, Kate se retrouva dans une grotte à part et attachée à une chaise. Ses nœuds étaient si serrés que l'hybride aux cheveux d'or ne sentait plus ses poignets depuis un bon bout de temps. Alors, deux des trois hommes se retirent, la laissant seule avec le gros musclé.

Ce fut leur première erreur.

La seconde fut de croire que de simples cordes, si serrées soient-elles, l'empêcheraient de se libérer.

« Réponds ! »

Son tortionnaire s'approcha d'elle et redressa la chaise sur laquelle elle était ligotée, en prenant bien soin de lui écraser les doigts d'abord. Une fois sa prisonnière remise droite, il approcha son visage du sien et reposa sa question, toujours la même, à laquelle Kate avait déjà mille fois répondu non :

« Thrak était-il ton complice ? »

Pour toute réponse, Kate lui cracha au visage le sang qui emplissait sa bouche. Avec un cri de colère, l'homme la gifla.

« Tu vas avouer ! jura-t-il, fulminant de colère.
- Dis-moi, l'intellectuel, c'est quoi ton nom ? demanda alors Kate.
- Hein ?
- Tu m'as entendue. Vu qu'on est assez intimes pour déjà passer à la violence conjugale, j'aimerai au moins connaître ton nom.
- Que... Je... Krux...
- Eh bien, merci pour ton aide, Krux. »

Soudain, et sans que son tortionnaire n'ait le temps de répondre, le teint de Kate, déjà rendu hâlé par le soleil de plomb, sembla s'assombrir. Sa silhouette, relativement normale, se mit soudain à prendre de l'ampleur. Ses épaules s'élargirent, ses cheveux blonds se rétractèrent dans son crâne, ses traits devinrent plus grossiers. Bientôt, elle grandit, et parut prendre plusieurs kilos de muscles. Son teint vira bientôt à l'ébène. Les cordes, guère conçues pour enserrer quelqu'un de ce gabarit, craquèrent douloureusement, de même que les vêtements de la jeune femme. Le tout n'avait pas duré plus d'une poignée de secondes.

La dernière erreur de Krux fut de ne pas s'enfuir en voyant Kate revêtir l'apparence de Thrak et se jeter sur lui.

~*~
« Tiens ? On entend plus Krux gueuler.
- Il en a peut-être eu marre d'elle. Ça fait deux heures qu'il l'asticote, et apparemment, elle était pas prête à coopérer. En tout cas, j'espère qu'il a bientôt fini, parce que ça commence à me casser les couilles de monter la garde. Putain, je meurs d'envie de savoir ce que c'était, ce coup de feu à l'infirmerie ! Mais non, pas moyen de bouger de mon poste !
- T'as entendu ce qu'il a dit. On est là pour refouler la moindre personne trop curieuse. Si les hybrides apprennent ce qu'il se passe là-dedans, ils vont péter un câble. J'espère qu'il l'a pas butée. Kendall avait prévu une exécution publique demain, ça la fout mal si Krux s'en charge en privé. »

A cet instant, Krux sortit de la porte qui barrait l'entrée. La caverne, située tout près de la barricade, était suffisamment isolée du reste de la colonie pour que les éventuels cris de Kate ne s'entendent pas - c'est bien pour cela qu'on l'avait emmenée ici.

« Alors, mec, ça en est où ?
- Cette salope m'a saoulé. Impossible de la faire parler. Je fais une pause, je crève de soif. Rentrez pas, elle s'est évanouie, j'ai pas envie que vous me l'amochiez derrière. Je reviens tout de suite.
- Ça marche, Krux. »

~*~
L'imposante silhouette de Thrak était adossée au mur de sa prison de roche. L'air sombre, le colosse d'ébène ruminait toujours. Avec le recul, il regrettait ses conversations mouvementées avec Kate. Maintenant qu'elle avait été emmenée, la solitude le rendait malade. Et lorsqu'un coup de feu avait retentit, quelques dizaines de minutes plus tôt, il avait exigé des explications de la part de son geôlier. Sans succès. L'homme, qui servait jadis sous ses ordres dans la garde de la colonie, l'avait ignoré comme s'il était une nuisance ridicule.

Voilà qu'il était réduit à l'impuissance, traité comme un déchet. Lui, qui s'était toujours battu pour que les survivants, humains comme hybrides, continuent à subsister. Quelle ironie du sort.
Un bruit derrière la porte qui barrait l'entrée de sa caverne lui fit soudain relever la tête. Quelqu'un parlait.

« Je viens voir le prisonnier, fit une voix que le colosse d'ébène reconnut.
- T'as fini avec l'autre nana, Krux ? T'étais pas censé l'interroger ? Kendall veut les exécuter demain, j'te rappelle.
- Si. Mais j'ai besoin de parler à Thrak pour confirmer quelques trucs. Laisse-moi passer. »

Quelques secondes plus tard, un grincement de bois parvint à ses oreilles et quelqu'un entra. Il faisait trop sombre dans la grotte pour que Thrak distingue les traits de l'arrivant, et de toute façon, il savait de qui il s'agissait. C'était l'homme qui était venu chercher Kate quelques temps plus tôt.

« Qu'avez-vous fait de Kate ? » demanda l'hybride sans grande conviction.

L'homme - un dénommé Krux- s'avança vers lui sans répondre. Thrak ne bougea pas d'un pouce. Il était encore sous le coup de ce qu'il venait d'entendre. Le garde avait bien dit qu'il était prévu de l'exécuter ? Lui ? Non, il avait du mal entendre... Mais alors... Pourquoi est-ce que cela ne le surprenait qu'à moitié ?

L'espace d'un instant, l'idée fugace de tordre le coup à l'homme qui se dirigeait vers lui lui traversa l'esprit. Il en avait la force. Il pouvait tous les tuer. Tous ces radicaux ingrats, rendus haineux par leur peur des hybrides. Il pouvait en prendre un en otage, et forcer Kendall à traiter les cobayes correctement. Les balles ne l'atteignaient pas. Non, ça ne marcherait jamais... Il ne ferait qu'aggraver son cas...

« Thrak... C'est Kate... » souffla soudain Krux, parvenu suffisamment près de lui pour pouvoir murmurer sans que le garde posté dehors ne l'entende.

Cette simple phrase laissa le colosse d'ébène abasourdi. Tout plan d'échappée suicidaire lui sortit immédiatement de la tête.

« Kate ? Mais comment... commença-t-il de sa voix rauque.
- Ce Krux m'a cuisinée pendant un bail, mais j'ai réussi à l'avoir et prendre sa place. Écoute, on n'a pas beaucoup de temps. S'ils rentrent dans ma cellule et qu'ils y trouvent le vrai Krux, on est foutus. Il faut agir vite. Je suis là pour te faire sortir d'ici.
- Pourquoi ? Et comment ? Pour aller où ?
- J'en sais rien. Écoute, Thrak, c'est la merde. Kendall a prévu de m'exécuter demain.
- Et alors ? Cache-toi. Tu es probablement la personne la plus apte à te planquer.
- Tu ne comprends pas. Déjà, si je fais ça, il va s'en prendre à tous les hybrides jusqu'à ce que quelqu'un me dénonce. Et puis, Krux essayait à tout prix de me faire avouer que tu m'as aidé à falsifier les résultats... Kendall veut se débarrasser de toi aussi, Thrak... T'étais le bras droit d'Andrew... »

Thrak resta muet quelques secondes, le temps de digérer la nouvelle. Il avait cru mal entendre la première fois, mais non... Kendall voulait sa mort ? Vraiment ? C'était ça, ce qui était prévu pour lui ? Kate -ou Krux, il n'en savait rien- ne s'arrêta cependant pas là :

« On ne peut pas rester là, Thrak. T'as entendu le coup de feu, tout à l'heure ? Ça venait de l'infirmerie.
- L'infirmerie ? Lina... Est-ce qu'elle...
- J'en sais rien. C'est peut-être quelqu'un d'autre. Lyrian. Ou Élise. Les hybrides ne sont plus les bienvenus, ici, Thrak. Kendall va tous nous écarter, un par un. Maintenant qu'Andrew est parti et que tu es considéré comme un criminel, il n'y a plus personne pour défendre les cobayes. Tu le sais comme moi. Il n'y a plus de place pour nous, ici. Il faut se barrer tant qu'on le peut encore. »

Le colosse d'ébène acquiesça à contrecœur. Oui, il l'avait aussi compris. Ils n'étaient plus les bienvenus. Ils ne l'avaient jamais été. Mais de là à suivre Kate dans cette entreprise dangereuse...

« Admettons. Qu'est-ce que tu proposes ? Tu as un plan ?
- Je réfléchis, là.
- Ouais, et bah réfléchis vite, alors. »

Thrak gardait les yeux rivés sur la porte de bois, derrière Kate/Krux. Il n'avait aucune envie qu'un visiteur impromptu les surprenne en train de comploter.

« Est-ce que tu es prêt à te battre s'il le faut ?
- Contre des gens de la colonie ?
- Thrak, ils te prennent pour un monstre. Agis comme tel.
- Je ne suis pas toi, Kate.
- Hélas. Je ne te demande pas de les tuer. J'ai peut-être une idée pour sortir d'ici, et si ça se passe bien, tu n'auras même pas besoin de toucher qui que ce soit, mais je veux m'assurer que si besoin est, tu seras capable de casser quelques gueules. Tu en es ?
- Ça vaudra toujours mieux que d'attendre notre exécution, j'imagine.
- Je sais que c'est dur pour toi. Fais-moi confiance. J'ai un plan.
- Quel genre de plan ?
- Un plan très foireux. »