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Apocalyptica de Drayker



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Informations

» Auteur : Drayker - Voir le profil
» Créé le 09/05/2014 à 01:56
» Dernière mise à jour le 06/11/2017 à 21:10

» Mots-clés :   Drame   Présence de poké-humains   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre 13 : Et la lumière fut
Élise tendit l'oreille, attentive. Cela faisait vingt bonnes minutes que des sons étranges se faisaient entendre, comme des cris de Pokémon, atténués par l'épaisseur de la roche et des murs. Surprise, l'infirmière n'avait rien pu faire d'autre qu'écouter, tandis que les rugissements se multipliaient. Après un hurlement bien plus intense que les précédents, le silence était toutefois retombé, et ni elle, ni Thrak ne savaient quoi en conclure.

« Tu penses qu'ils vont bien, là-haut ?
- Je n'en sais rien. Ça fait une heure et demie depuis le signal d'Adam, pesta Thrak.. Je ne sais pas sur quoi ils sont tombés, mais ça les a sacrément ralenti... Bon sang, j'aurai jamais dû les envoyer là-dedans. Deux gosses avec eux, en plus...
- Lina est une jeune fille très débrouillarde, tu le sais autant que moi, rétorqua Élise. Et même si on ne sait pas exactement à quoi s'en tenir, Lyrian m'a l'air d'être plein de ressources. Pareil pour Adam et Kate.
- Je n'ai jamais su de quoi était capable Kate. Elle a développé des pouvoirs ?
- ...Oh, oui. Elle pourrait se sortir de n'importe quelle situation, crois-moi. Tu veux que je monte les chercher ? demanda-t-elle.
- Je ne sais pas... Qui sait ce qui se trouve là-haut ? Je n'ai pas envie de risquer une vie supplémentaire pendant que je reste coincé en bas comme un idiot. Ça devrait être à moi de passer devant.
- Ça n'est pas ta faute si cette trappe est trop petite. Écoute, si jamais il y a des blessés, là-haut, ils ont besoin de mon aide. Laisse-moi y aller. Je te promets de faire attention.
- Tu ne sais pas te servir d'une arme, et tes capacités se résument à soigner les gens ! Tu crois vraiment que je vais te laisser monter seule ? »

Élise pinça les lèvres. Thrak avait raison, elle n'avait pas l'assurance de Kate, la maîtrise des armes de Lina ou la force du colosse d'ébène. L'image de leurs compagnons, luttant là-haut contre elle ne savait quelle menace invisible, lui traversa l'esprit, et l'infirmière serra les dents.

« Bon, alors on reste là et on attend de voir qui redescend en un morceau ? »

Thrak, assis sur une caisse, inspira profondément, visiblement en proie à un dilemme inextricable. Exaspéré, il se leva brusquement et se mit à faire les cent pas. Il semblait très mal supporter de ne pas pouvoir protéger ceux qu'il avait envoyés dans le complexe.

« Rah, je n'en sais rien ! Tu parles d'une idée d'expédition ! A quoi pensait Andrew, je te le demande ! Ces gamins sont sous ma responsabilité, je les ai envoyés en plein inconnu, et maintenant, je suis incapable de les aider ! »

Le colosse au teint mat s'énerva ainsi pendant quelques temps, sans qu'Élise ne trouve quoi que ce soit à répondre pour l'apaiser. La vérité, c'était qu'il n'y avait rien à dire.

Tout à coup, l'entrepôt, jusque là plongé dans les ténèbres, s'illumina subitement. Les néons encore intacts se rallumèrent. Le courant était revenu.

« Ils ont réussi ! s'exclama Élise.
- Espérons que le monte-charge soit en état de marche. » lâcha Thrak en se précipitant vers les portes de l'engin, suivi par l'infirmière.

Et, en effet, il l'était. L'ascenseur, à nouveau alimentée, s'ouvrit à leur approche, et le colosse d'ébène écrasa le bouton marqué « Niveau 1 ».

« Pourvu qu'ils n'aient rien... »

~*~
Lina tomba à genoux et resta là, immobile, les yeux fixés sur le visage livide de Kate. Non... Non... Ce n'était pas possible. Pas elle... Elle ne connaissait pas bien Adam, et même si le sort tragique de l'hybride l'attristait, ce n'était rien comparé à ce qu'elle ressentait en voyant le cadavre de Kate...

Elle se mit à pleurer sans s'en rendre compte. Le regard trouble, elle contempla le corps de la jeune femme aux cheveux blonds, perdue. Pourquoi ?!
Elle s'abandonna à son chagrin, poussant de longues plaintes, gémissant comme la petite fille qu'elle avait été jadis. Les larmes coulaient le long de ses joues, ravageaient son visage en glissant tranquillement vers le sol, avec de s'écraser dans la poussière.
Lina avait toujours aimé l'hybride aux yeux d'or. Elle avait toujours aimé son humour, ses taquineries, son tempérament joueur. Elle avait toujours aimé la proximité entre elles, leur complicité tacite. La jeune femme, plus âgée qu'elle de quelques années, avait fini par devenir pour elle une sorte de grande sœur, d'amie proche.

La jeune fille poussa un cri de rage. Ils n'auraient jamais dû venir ici. Cette expédition avait été un carnage. Tout ça pour quoi ? Pour qu'ils puissent tirer des infos d'un hybride Porygon qui n'avait plus rien d'humain ? C'était pathétique ! Quelle idée à la con !

Alors que la tristesse laissait place à la rage, le monde autour de la jeune fille sembla soudain s'illuminer d'un coup. Surprise et à moitié aveuglée, Lina leva les yeux vers le plafond. Les néons s'étaient rallumés.
Tout l'étage baignait dans la lumière.

Comment était-ce possible ? Qui avait redémarré les générateurs ? Lyrian ? Non. Il était à l'autre bout du niveau, il n'avait pas pu arriver à la salle en si peu de temps...

Lina interrompit ses réflexions en regardant le cadavre de Kate. Dans l'obscurité, elle ne s'en était pas rendue compte, mais quelque chose clochait. Intriguée, l'adolescente s'approcha et fut frappée de stupeur.
Kate était vêtue d'une combinaison grise, comme tous les cobayes du laboratoire. Le corps de la jeune femme était couvert de poussière, comme s'il était là depuis longtemps, et le sang était sec depuis bien longtemps.

De toute évidence, le corps était là depuis plusieurs jours.

~*~
Lorsque Lyrian reprit ses esprits, il s'effondra au sol, couvert de sang. Devant lui gisait la carcasse du Rhinocorne, ensevelie sous un énorme amas de rocher, de ferraille et de béton. Au-dessus du monstre, le plafond semblait s'être soudain effondré. Tremblant de fatigue, le garçon fixa ses mains. Que s'était-il passé... ? Avait-il vraiment tué cette bête géante ? Comment ?
Il remarqua soudain que la lumière était revenue. L'étage tout entier était illuminé par les néons, dont certains pendaient lamentablement.

Lyrian peinait à se remémorer les événements. Sa mémoire semblait lui jouer des tours : il se revoyait courir dans les couloirs, pourchassé par la créature, pour se réveiller l'instant d'après devant le cadavre de son poursuivant.

Une sensation étrange s'empara de lui, un sentiment de mal-être sur lequel il ne parvint pas à mettre le doigt. Il était complètement désorienté. L'espace d'un instant, il redevint l'hybride sans nom, qui errait dans les allées du complexe dévasté en quête d'un éventuel survivant, conscient qu'il allait bientôt mourir. Mais cette fois, ce n'était pas le monde extérieur qui lui semblait étranger ; c'était lui. Quelque chose en lui... n'était pas lui. Il le sentait.

Et c'est alors que survint la douleur. Milles morceaux de métal martyrisèrent sa chair dans un mélodieux concert, lui arrachant un cri de souffrance. Étonné, il baissa les yeux. Une multitude de coupures se dessinaient sur sa peau, et plusieurs débris étaient plantés dans son corps. Avec une fascination quasi-malsaine, le garçon retira l'un des éclats de roche. L'entaille commença aussitôt à se refermer, et les deux bords de la peau se ressoudèrent en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire.

Lyrian écarquilla les yeux. Lentement, il retira toutes les esquilles fichées en lui, émerveillé. Une fois cela fait, il se releva, extrêmement faible. Il contempla quelques instants le trou au-dessus du Rhinocorne. On aurait dit que quelqu'un avait volontairement fait s'effondrer le plafond. La roche, éventrée, semblait avoir été arrachée avec violence, et des blocs entier de roc ocre avaient été furieusement projetés sur le Pokémon géant, écrasant la bête sans lui laisser aucune chance. La pierre et le béton avaient éclaté sous la puissance de l'opération ; c'était probablement la raison pour laquelle Lyrian avait été criblé d'échardes.

Était-ce vraiment lui qui avait fait ça... ?

Perplexe, ensanglanté et épuisé, l'adolescent décida d'ignorer la question et se mit machinalement en marche pour la salle des générateurs.

~*~
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, et Thrak et Élise se retrouvèrent au deuxième niveau. Ils s'étaient déjà rendus au palier inférieur, croyant y trouver leurs compagnons ; mais ils n'avaient trouvé que d'immenses salles vides, remplies de matériel étrange, destiné à des expériences qu'ils ne comprenaient pas. Déduisant que leurs amis avaient sûrement changé d'étage, ils s'étaient donc redirigés vers le monte-charge.

« Regarde, lança Élise en pointant un plan du niveau accroché au mur. Salle des générateurs, droit devant. Ils doivent sûrement être là-bas.
- Bien vu. Allons-y. Prudence. »

Thrak saisit le fusil qu'il transportait en bandoulière et prit la tête, méfiant. Le silence s'était abattu sur l'étage.

« Alors c'est là que tu t'es réveillée ? demanda le colosse d'ébène en avisant les nombreuses cellules qui bordaient les couloirs.
- Oui. Pas loin d'ici. Par là, je crois, répondit Élise en désignant une allée. La cellule de Kate et la mienne étaient assez proches. On est tombées sur Adam et Luc, qui transportaient Jakar. Il était déjà étrange à l'époque, mais on était tous complètement perdus, alors on n'a pas cherché. Je crois qu'il y en avait d'autres avec nous... Mais ils ont refusé de nous suivre.
- Comment ça se fait que vous vous soyez tous réveillés en même temps, plusieurs semaines après le Changement ? Moi aussi, c'était la même chose. On aurait dû mourir de faim et de soif...
- Je ne sais pas... Tu vois ces tubes en verre ? Tu t'es réveillé dans un truc comme ça, toi aussi ?
- Oui.
- Comme tout le monde... A mon avis, ces engins nous ont maintenu en stase, ou quelque chose du genre. Je ne m'y connais pas, mais c'est la seule explication que je vois.
- Et ces tubes se sont brisés pendant la catastrophe ?
- Non, sinon on se serait tous réveillés pendant le Changement. Bonne question... Je ne sais pas. Et de toute façon, il y a eu plusieurs vagues de réveils ; Lyrian était le dernier. Peut-être que quelqu'un ou quelque chose a libéré les hybrides au fur et à mesure ? »

~*~
Lyrian avait l'impression de marcher depuis une éternité. Titubant comme s'il était privé de la moindre étincelle de vie, il enjambait à grand-peine les corps étendus par terre et les morceaux de béton. Traînant les pieds pour économiser ses forces, il tomba plusieurs fois, se relevant toujours plus difficilement. Ses plaies avaient cessé de se refermer pour une raison qu'il ignorait, et il présentait encore de nombreuses entailles. Pourquoi ne cicatrisait-il plus ? Le sang gouttait petit à petit tandis qu'il marchait, et il avait l'impression de brûler de l'intérieur. La fièvre ? Non. Pas déjà... ? Il peinait à réfléchir. Réfléchir, il le faisait bien, d'habitude. Mais là, il n'y arrivait plus. Ses pensées se heurtaient les unes aux autres, s'engluaient, formaient une mélasse incompréhensible. Bon sang, que quelqu'un l'aide...

Lina. Lina devait être à la salle des générateurs. Elle avait réussi. Le courant circulait à nouveau. Elle l'avait forcément rétabli. Elle pourrait l'aider. Il n'avait qu'à la rejoindre...

L'esprit embrumé, Lyrian avançait péniblement, enchaînant un pas après l'autre avec une difficulté croissante. Parfois, il se surprenait à entendre des voix, des voix déformées, lointaines. Probablement Thrak et Élise. Oui. Ce devait être eux. En plusieurs exemples, alors, parce qu'il entendait bien plus que deux voix. Peut-être y avait-il Lina, Kate et Adam avec eux ? Non. Lina était à la salle des générateurs. Et Adam... il... Il lui était arrivé quoi, déjà ? Il avait oublié. Sa mémoire semblait s'enfuir.
Qui étaient ces silhouettes troubles qui s'agitaient autour de lui ? Qu'elles le laissent tranquille ! Elles l'épuisaient, elles drainaient le peu de force qu'il lui restait. Elles étaient cruelles.
Pitié, faites que ça s'arrête ! Une pensée, quelque part, dans son esprit à l'agonie, cria « Hallucinations », mais Lyrian ne la comprit pas.
Il n'en pouvait plus. Il avait envie de dormir. Il avait envie de s'allonger là, à même le sol, et de ne plus bouger. Comme dans le désert.

Il voulut appeler à l'aide, demander à quelqu'un de l'aider à marcher, mais il ne parvint à émettre qu'un son rauque. Il avait la bouche pâteuse. Pourquoi était-il si fatigué ? Quel était ce contrecoup cruel ?

L'adolescent cligna des yeux avec effort. Les ombres dansèrent un instant devant ses paupières, puis s'évaporèrent en une kyrielle de filaments brumeux. Les lumières semblaient vaciller, mais dans un éclair de lucidité, Lyrian comprit que c'était sa vision qui déclinait. Refusant de céder au délire fiévreux qui semblait s'emparer de lui, il secoua brusquement la tête. Cela lui donna le vertige.

Nauséeux et au bord de l'inconscience, Lyrian poussa la porte de la salle des générateurs sans se rendre compte qu'il était arrivé. Il tituba et entra dans la salle, bercé par le doux ronronnement des générateurs remis en marche. La pièce, rectangulaire, était seulement occupée par les deux machines imposantes. Sa vision était si floue que Lyrian faillit ne pas remarquer la silhouette dorée assise contre l'une d'elles.

Là, devant lui, se trouvait Kate, assise à même le sol, le teint livide.

« Salut, petit frère... Flippant, ton rire, tout à l'heure. » lui lança la silhouette dorée d'une voix déformée.

Lyrian voulut répondre, mais ne produisit qu'un râle rauque, avant de s'effondrer au sol, inconscient.