Cinhol, le Royaume Perdu de Malak

Ces Pokemon nous étaient inconnus, et étaient doués de parole. Ils flottaient tels les spectres autour de nous, promettant le pouvoir si on s'associait à eux. Je ne percevais que des maléfices dans leurs regards. Mais je pouvais clairement voir de l'envie dans celui de mon ami.



*****



On jeta sans ménagement Adam, Leaf et Anis dans une sombre cellule de quelques souterrains sombres et humides du château. Bien sûr, Leaf et Anis avaient été préalablement dépouillées de leurs Pokemon. Et sans anneau, inutile d'espérer s'échapper. En bref, ils étaient dans une situation des plus compliquées.

- Comme c'est intéressant, fabuleux, merveilleux ! S'écria Anis en regardant autour d'elle avec des étoiles dans les yeux. Nous sommes actuellement enfermés dans une prison de la légendaire cité libre de Cinhol, rendez-vous compte !

- Et au rythme où vont les choses, on sera sûrement décapités par une de leurs guillotines, maugréa Leaf. Ça nous fera une belle jambe de savoir que l'engin est un trésor d'histoire et d'archéologie.

- Je suis désolé, fit Adam en se prenant la tête entre les mains. Tout ça, c'est ma faute. C'est moi qui vous ai entraînées dans cette histoire. Si seulement je n'avais jamais pris ce fichu anneau...

- Allons, ressaisissez-vous ! Clama Anis. Dans tous les bons romans d'aventures, les héros parviennent toujours à sortir de leurs geôles, d'une façon ou d'une autre !

Adam n'eut même pas le cœur à lui signaler qu'ils n'étaient pas dans un de ses romans. Il avait beau fouiller dans sa tête, envisager toutes les possibilités, il voyait mal Nirina décider de les épargner, quelque soit ce qu'Adam pourrait lui raconter.

- Tu envisages vraiment de trahir Deornas et Isgon ? Lui demanda Leaf.

Il y avait comme une note de déception dans sa voix. Pourtant, Adam ne flancha pas.

- Si j'avais la certitude que la reine nous renverrait tranquillement chez nous, oui. Je n'ai rien contre eux, et après avoir conversé un petit moment avec Nirina, je ne peux que soutenir leur cause. Mais excuse-moi de regarder en priorité notre propre survie. Mais bon, de toute façon, je n'aurai jamais cette certitude que j'attends de la reine, alors...

Et même s'il l'avait, il ne lui ferait pas confiance de toute façon. Nirina lui avait parut comme quelqu'un de très instable. Ils passèrent une demi-heure dans leur cellule sans dire un mot, chacun plongé dans ses sombres pensées, jusqu'à ce que Leaf décide de rompre ce silence pesant.

- Vous avez senti cette espèce de pression dès qu'on est arrivé dans les quartiers de la reine ? C'était... un sentiment indescriptible, mais très malsain.

- Hum, en effet, acquiesça Anis. Même moi qui suis habituée à la froideur et aux ténèbres des Pokemon spectres, je n'ai jamais rien ressenti de tel.

- Ça vient de son épée noire, Peine, fit Adam. J'en mettrais ma main au feu. C'est à cause d'elle que mon anneau n'a pas fonctionné.

- Peine ? Répéta Anis. Tu es sûr de ce nom ?

- C'est celui qu'a dit Nirina. Pourquoi ?

La professeur sembla blêmir, bien que ce soit difficile à dire dans cette cellule sombre.

- Selon les légendes qui ont trait à Cinhol, Peine aurait été une épée maléfique dont se serait servi Uriel pour tenter de détruire le Royaume.

- Oui, se rappela Adam. Nirina a bien mentionné cet Uriel. Qui est-il réellement ?

- L'un des compagnons de Castel Haldar dans sa guerre contre la République. Il fut son meilleur ami, et le premier de ses soutiens. Mais Uriel devint trop extrémiste, trop aveuglé par la haine. Alors que Castel voulait simplement vivre en paix dans son nouveau royaume, Uriel clama que tous ceux qui étaient fidèles à la République devaient mourir, même les civils. Cette divergence provoqua une fissure entre les deux compagnons, et l'on dit qu'Uriel finit par trahir Castel. Une des légendes raconte qu'Uriel fit un pacte avec des Pokemon démoniaques, et que ces Pokemon lui donnèrent une épée si puissante et malfaisante qu'il pourrait avec elle anéantir une région entière, voir plus. On est plus sûr de grand-chose à partir de là. Les récits divergent. Apparemment, lors du siège de Cinhol, Uriel projeta d'annihiler la cité pour tuer tout le monde. Castel empêcha Uriel de mener à bien son projet, et les deux périrent, tandis que le royaume se volatilisa. Si cela est vrai, on peut supposer que c'est le pouvoir de cette épée qui en fut le responsable, d'une façon ou d'une autre.

Adam hocha la tête.

- Ça se tiendrait. Nirina a dit que l'épée avait été forgée dans le même métal que les anneaux.

- Mais pourquoi cette fille, si elle est bien une descendante de Castel, aurait sur elle l'épée d'Uriel ?

- La reine m'a l'air de quelqu'un de pas très net dans sa tête, avança Adam. C'est peut-être d'ailleurs la faute à cette épée qu'elle tient. Elle a dit que c'était un dénommé Ryates qui la lui avait donné, et qu'il se servirait d'elle...

- Ouais bon, maugréa Leaf. Les intrigues royales n'ont que peu d'intérêts pour le moment.

Adam ne put qu'acquiescer, et chacun retomba dans son mutisme. Au bout d'un moment, un garde en armure ouvrit la porte de leur cellule. Il était accompagné d'un homme distingué, vêtu richement, et portant une merveilleuse épée d'or à la ceinture. Sans nul doute un noble. Il était assez jeune, avec des cheveux bruns bouclés, et une forte carrure.

- Debout, rats de l'Ancien Monde, déclara le garde avec un rictus méprisant. Levez-vous en présence de sire Padreis. Sa visite honore des racailles comme vous.

- Merci mon brave, fit le noble. Ça sera tout.

Puis alors, sous les yeux stupéfaits des détenus, il passa son épée en or au travers du corps du garde, qui s'effondra avec un gargouillement surpris.

- Venez, leur dit-il. Nous avons peu de temps.

Adam ne bougea pas. S'agissait-il d'un piège ? Mais quel serait l'intérêt de toute cette mascarade alors que Nirina les avait entre ses mains ?

- Qui êtes-vous ?

- Padreis Isgon, répondit le noble. Vous avez rencontré mon père et Deornas il me semble. Ils m'ont parlé de vous. Adam et Leaf. Et euh...

- Anis Shauntal, noble sire, fit Anis en s'inclinant.

- Nous allons partir d'ici, tous ensembles, reprit Padreis. Cette cité est devenue méconnaissable, et Nirina est devenue folle. Il nous faut rejoindre mon père dans son duché du Rimerlot.

Adam décida de lui faire confiance. Ce n'était pas comme s'il avait le choix, de toute façon.

- Merci de nous aider, dit Leaf au noble.

Ce dernier secoua la tête.

- Nous ne sommes pas encore sortis, loin de là. On aura à passer devant plusieurs gardiens avant de remonter à la surface. Ceux-là, je pourrai peut-être les berner, mais pas les Gardes Royaux que nous rencontrerons dans le palais, ni ceux qui entourent la ville.

- Nous aurons besoin de nos Pokemon, fit Leaf.

- Oui, j'ai songé à prendre vos balles magiques, dit Padreis en sortant d'un tissu enroulé une dizaine de Pokeball. Il ne faudra pas longtemps à Nirina pour s'apercevoir qu'elles ont disparu de sa chambre. Aussi ne traînons pas.

Anis et Leaf prirent les leurs sans hésiter. Adam ne voyait pas comment elles pouvaient les différencier. Padreis prit son épée et leur fit signe de passer devant.

- Pour tromper les gardiens des cachots, précisa-t-il.

En effet, la sortie de ces souterrains puants était gardé par deux soldats, qui s'inclinèrent en voyant sortir Padreis, mais dévisagèrent les autres d'un air soupçonneux.

- Euh... monseigneur, commença l'un d'entre eux.

- J'amène les habitants de l'Ancien Monde à Sa Majesté pour qu'ils y soient interrogés, dit Padreis.

- On ne nous a rien dit...

Le noble eut un soupir exaspéré tout à fait convaincant.

- Pensez-vous que Sa Majesté vous fait part de tout ? Qui êtes-vous pour questionner l'autorité qu'elle m'accorde, à moi, son plus proche collaborateur ?! Vous voulez peut-être que vos têtes fassent un petit séjour sur les remparts pour votre insolence ?

Les gardes blêmirent et s'empressèrent de s'incliner en présentant leurs plus plates excuses.

- Beau numéro, commenta Leaf quand ils furent dehors.

- Ça ne marchera pas sur les Gardes Royaux hélas. Ils ne répondent qu'à la reine seule. Il va falloir passer en force. Vos Pokemon sont prêts ?

Leaf et Anis les firent tous sortir. Florizarre, Granbull, Grodoudou, Melodelfe, Metamorph et Nidoqueen pour Leaf, ainsi que Lugulabre, Golemastoc, Tutankafer et Moyade pour l'experte des Pokemon Spectre. Tout ces Pokemon en même temps donnèrent la nausée à Adam. Puis ils se mirent à courir, leurs Pokemon devant, forçant le passage à tous les coups. Aucun garde ne tenta de les arrêter. Au mieux, ceux munis d'arbalètes leur décochaient parfois quelques flèches à distance, mais rien qui ne soit de nature à inquiéter les attaques Protection que plusieurs Pokemon avaient posées tout autour d'eux et des humains. Tous ceux qui ne portaient pas l'armure, quant à eux, fuyaient à grands cris. Les gens de Cinhol semblaient craindre les Pokemon encore plus qu'Adam.

- Il nous faut gagner les écuries du palais, leur cria Padreis dans le tumulte de leur évasion. Nous prendrons des chevaux là-bas.

Mais ils durent s'arrêter, car un homme s'était dressé entre eux et la grande porte de sortie du palais. Il était entièrement chauve, portait une ample tunique noire, et avait des yeux noirs comme possédés qui étaient enfoncés dans ses orbites entourés de cernes. Padreis cessa de courir, comme effrayé par la vision de cet homme.

- Ryates...

- Comme tu nous as déçu, Padreis, susurra l'homme d'une vois sifflante et doucereuse. J'avais espéré que ta loyauté envers Nirina prenne le pas sur ton sang de Rimerlot. Arceus Tout Puissant... Après son cousin, voici son meilleur ami qui la trahit. Pauvre, pauvre Nirina !

La colère remplaça la peur sur le visage de Padreis.

- C'est vous qui l'avait rendu comme ça ! Tout est de votre faute !

- Ma faute ? Tu oses m'insulter, moi qui ai commencé à servir fidèlement la famille Haldar bien avant ta naissance, jeune misérable ? Pourquoi as-tu libéré les prisonniers de l'Ancien Monde ? Que...

C'est alors que le regard hanté de Ryates croisa celui d'Adam. Et il se passa quelque chose. Pour les deux. Adam fut secoué au plus profond de son être, comme si quelque chose en lui réagissait violement au regard de Ryates. Il le sentait. Il sentait l'homme aux cheveux blonds qui lui parlait parfois dans son esprit. Il sentait son dégout et sa colère. Des sentiments qui envahirent Adam alors qu'il ne connaissait pas du tout ce Ryates. Quant au Patriarche, il pâlit dangereusement en dévisageant Adam, comme si la seule vision de l'adolescent lui causait une peur terrible.

- Toi... C'est donc toi... murmura-t-il.

Padreis regarda Adam, surpris, se demandant ce que Ryates lui voulait.

- Je ne vous connais pas, répliqua Adam au prêtre.

Ryates eut un sourire désagréable, mais l'anxiété restait visible dans ses yeux.

- Pourtant, nous nous sommes déjà rencontrés, il y a longtemps, répondit-il. Tu as réussi à m'échapper ce jour là. Tu ne m'échapperas pas maintenant.

Ryates agita les mains, et alors des espèces d'ombres mouvantes s'en échappèrent. Vu la réaction incontrôlée que ces apparitions provoquèrent dans son esprit, ce n'était sûrement pas un numéro d'illusionniste. Elles se mirent à tournoyer autour d'eux avec des bruits lugubres. Le Florizarre de Leaf eut beau les attaquer avec ses puissants fouets lianes, il ne faisait que les traverser, car elles n'avaient apparemment pas de consistance propre. Mais pour autant, elles pouvaient faire mal. Quand l'une d'entre elles traversa le corps du Nidoqueen de Leaf, ce dernier s'effondra avec un cri strident, et Leaf dû le rappeler dans sa Pokeball. Même deux des Pokemon spectres d'Anis furent victimes de ces... choses.

- Quelle sorcellerie est-ce là ?! Gronda Padreis en brandissant sa majestueuse épée.

- Le genre que de pauvres ignares comme vous ne pourront jamais comprendre.

- Vous n'êtes pas humain ! Vous êtes un démon !

Ryates ricana, amusé.

- Un démon ? Je ne sais pas. En tous cas, il est vrai, je ne suis pas humain. Je me suis libéré de cette condition il y a longtemps.

Quelques Gardes Royaux venaient d'arriver. Ils bloquaient l'arrière pour empêcher les fugitifs de fuir, mais pas un n'osa faire un geste, et cette fois, les Pokemon n'en étaient pas la cause. Ce Ryates avait sans doute une certaine réputation au palais. Padreis essayait maintenant de trancher les ombres toujours plus nombreuses avec son épée, mais avec le même résultat que les lianes de Florizarre. Deux autres Pokemon ; le Grodoudou de Leaf et le Moyade d'Anis, venaient de tomber. Et les ombres les entouraient toujours un peu plus. Adam put sentir leur présence maléfique, assez similaire à la sensation qu'il avait eue devant l'épée de Nirina. Alors qu'il commençait à perdre tout espoir, la voix de l'inconnu aux cheveux blonds résonna dans sa tête.

- L'épée...

- Hein ?

- Prends l'épée ! La magie de cet homme y est vulnérable.

Adam, en voyant Padreis se démener en vain contre les ombres, en fut peu convaincu. Toutefois, qu'avait-il à perdre ? Il s'avança vers le fils du duc Isgon et lui attrapa le bras. Ce dernier fut surpris, et ça permit à Adam d'empoigner la garde de l'épée d'or. Aussitôt, une intense chaleur l'envahit, réchauffant tout son être et éloignant la froideur perpétrée par les ombres de Ryates. La lame elle-même, réagissant au contact d'Adam, s'éclaira d'une lueur dorée, et les ombres semblèrent hésiter. Adam fit un moulinet maladroit avec l'épée - qui était fichtrement lourde ! - et parvint à en toucher une. Transpercée par une lumière d'or pur, elle fut proprement annihilée, sous les regards ébahis de toutes les personnes présentes.

Adam en transperça une autre, puis une autre. Les ombres reculaient face à lui, et Adam avait l'impression que ses gestes étaient ceux de quelqu'un d'autre, comme si c'était l'épée qui se servait de ses bras et non l'inverse. Puis enfin, il fit face à Ryates, l'épée d'or pointée sur lui, éclairant son visage sombre qui avait de nouveaux pris cet air effrayé. Adam fit mine de s'avancer, et le Patriarche s'écarta aussitôt. Tous les autres saisirent cette chance, en passant la porte de la sortie, leurs Pokemon à leur suite, sans que personne ne songe à les suivre.


***


Ryates resta pétrifié tandis que les fuyards quittaient le palais. Il sentait des sueurs froides lui couler dans le dos, et sa respiration était saccadée. Meminyar qui s'était illuminée comme jamais elle ne l'avait fait... Et ce regard, dans les yeux de ce garçon ! Ce regard meurtrier, qui abritait une puissance dont il n'avait pas idée. Ce même regard qu'il avait déjà eu à affronter il y a dix-sept ans... En lui, la présence maléfique qu'il abritait s'agitait furieusement. Elle avait de quoi. Elle venait de retrouver son pire ennemi après cinq cent ans ! Et Ryates était sûr que l'autre, dans le corps de ce garçon, l'avait ressenti aussi. Ainsi donc, la prophétie se vérifiait. C'était que le temps était donc venu pour la réalisation de la vision du Seigneur Uriel. Ryates en était heureux, mais sa rencontre avec ce gamin le tourmentait encore.

- Seigneur Ryates ?

Le Patriarche se retourna. Les Gardes Royaux le dévisageaient, apparemment perdus.

- Seigneur Ryates, l'épée qu'avait sire Padreis, et que ce garçon a utilisée... C'était bien Meminyar, n'est-ce pas ?

- Meminyar s'est illuminée au touché de ce garçon, reprit un autre. Qu'est-ce que cela veut dire, Excellence ?

- Que vous en savez trop pour votre propre bien, répondit Ryates.

Il refit à nouveau appel à ses ombres, qui entourèrent le groupe de Garde Royaux, et qui sous leurs cris se chargèrent de dévorer leurs âmes. Ryates ne pouvait se permettre des fuites. Personne ne devait savoir ce qu'il venait de voir, pas même Nirina. Oui, Nirina... Il devait aller là voir, tout de suite. Il fallait qu'elle retrouve à tout prix ceux de l'Ancien Monde, et surtout ce jeune garçon aux cheveux d'or. Et ensuite, il irait voir le Trio des Ombres. Ces Pokemon savaient tout. Il fallait qu'ils le rassurent. Qu'ils lui affirment que le chemin emprunté était bien celui que désirait le Seigneur Uriel.

Car Ryates avait bien un maître. Ce n'était absolument pas la reine, qui n'était qu'un pion sur l'échiquier de son maître. Non, son maître était Uriel, le Rejeté de la Lumière, le détenteur du Trio des Ombres et le possesseur originel de Peine. Et le but du Seigneur Uriel était le suivant : détruire le royaume de Cinhol. Ce faux monde. Ce monde de mensonge. Ryates grimpa jusqu'aux appartements de Nirina. Il fut ravi de constater qu'elle tenait toujours Peine. C'était bien. Plus la reine tiendrait l'épée noire, plus la sombre volonté d'Uriel la gagnerait. Tout comme ce fut son cas.

- Ma reine, s'inclina Ryates après être rentré.

- Que signifiait tout ce remue-ménage dehors ? Mes heures de sommeil sont assez rares pour ne pas en plus être gâchées !

- Les habitants de l'Ancien Monde que vous avez arrêtés, Majesté...

- Oui, eh bien ?

- Ils se sont échappés. Avec la complicité de sire Padreis.

Nirina marqua un temps d'arrêt, prenant le temps d'assimiler cette information.

- Padreis...

- Oui, Majesté.

- Cela ne me fait ni chaud ni froid... Ryates, est-ce normal ? Arceus sait pourtant que j'aime cet homme... Je devrais être furieuse de sa trahison, ou éplorée. Mais non, rien de tout cela. Pourquoi ?

- Les êtres qui comme vous accèdent peu à peu à la divinité via l'épée d'Uriel n'ont plus à se soucier des affaires mortelles, ma reine, répondit Ryates. Pour accomplir le dessein du Rejeté de la Lumière, un détachement absolu du monde matériel est requis.

Nirina fit la moue, soupesant apparemment cette explication. Puis elle haussa les épaules.

- Bon, nous pouvons nous douter d'où ils iront. Padreis ira rejoindre son père à Naglima, et je suis prêt à parier mes Pokemon que Deornas est là-bas, ainsi que cet agaçant Shinobourge. Tous mes ennemis seront donc regroupés au même endroit, à attendre tranquillement qu'on vienne les massacrer !

- Majesté, une guerre contre le Rimerlot serait longue et difficile. Vous connaissez ces sauvages... Non, je pense qu'il vaut mieux les ignorer pour le moment. Du moins tant qu'ils ne s'en prennent pas directement à vous.

- Si tu le dis...

- Toutefois, ajouta Ryates, vous seriez bien avisée de poursuivre les habitants de l'Ancien Monde. Si jamais ils parvenaient jusqu'au traître Deornas, ils pourraient lui apporter un soutien provenant de l'Ancien Monde contre lequel nos soldats ne pourraient rien faire, comme des Pokemon ou des armes à feu...

Nirina dévisagea Ryates et sourit.

- Tu me prends pour une idiote, prêtre ? Tu m'as donné cette épée maudite, et tu penses que je n'en ressens pas les effets ? Comme celui de ne plus être dupée par tes salades ? Tu me caches quelque chose, je le sais bien. Tu as peur de ces gens là. En particulier... du garçon qui s'appelle Adam. Je me trompe ?

Ryates retint une grimace. En effet, Peine était étroitement liée à l'esprit d'Uriel, et l'esprit d'Uriel se trouvait aussi dans le corps de Ryates. Tant qu'elle tiendrait cette épée, Nirina pouvait facilement lire en lui.

- Votre clairvoyance vous honore, ma reine, s'inclina Ryates. En effet, ce garçon m'inquiète. Le Trio des Ombres vous a mis en garde contre lui. Shinobourge ne l'a sûrement pas choisi par hasard quand il a décidé de lui remettre l'anneau qu'il a volé. Il est dangereux, je le sens.

Cette fois, Nirina ne releva rien. Car Ryates ne mentait pas. Il ne révélait pas toute la vérité, nuance. Mais toute la vérité, Nirina n'avait pas besoin de la connaître.

- Fort bien, Ryates. Je vais envoyer sur le champ un de mes Hauts Protecteurs à leur trousse.

- Sire Astarias ?

- Non. Je l'ai déjà chargé d'enquêter sur son fils. Quant à Venisi, elle n'est pas vraiment faîte pour la traque. Je vais envoyer Surervos.

Ryates fronça les sourcils.

- Vous êtes sûre, Majesté ? Votre Haut Protecteur de Foudre a tendance à... prendre un peu vos missions à la légère.

- J'insisterai donc plus que d'habitude, se contenta de répondre Nirina.

Ryates resta guère convaincu. Oh, Surervos était un bon dresseur avec un Pokemon redoutable, bien sûr. Mais il venait de l'Ancien Monde. Il n'était peut-être pas prudent de trop mettre en relation des gens de l'Ancien Monde entre eux. L'Ancien Monde ne devait en aucun cas interférer avec le dessein du Seigneur Uriel.