Cinhol, le Royaume Perdu de Malak

On dit que les idéaux sont bien plus tranchants que les épées. J'aime à le penser. Mais a-t-on déjà tué un ennemi avec ses idéaux ? Un idéal peut-il parer une épée ou combattre un Pokemon ? Si c'était le cas, alors nous serions déjà victorieux.



*****



Adam n'avait pas pu résister à l'envie de parler de son aventure - imaginaire ou non - à sa nouvelle amie Leaf. Elle était ce genre de personne avec qui on pouvait parler de tout sans avoir à rougir. Et, chose incroyable, elle le crut immédiatement.

- Ce monde est un monde magique, dit-elle après l'avoir écouté. Les Pokemon sont la source de cette magie, et par leur fait, il existe de nombreux pouvoirs que nous ne comprenons pas. Tu as essayé de remettre l'anneau ?

- T'es cinglée ?! Balbutia Adam. Je ne veux jamais revivre ça !

- Mais s'il suffit de l'enlever et de le remettre pour revenir ici...

- On ignore tout de cet anneau, et du lieu dans lequel il m'envoit ! C'était dans cette ville moyenâgeuse cette fois, ça pourrait être n'importe où la prochaine fois. Peut-être dans l'espace, ou à l'intérieur d'un volcan... Ne pas expérimenter ce qu'on ne comprend pas, c'est sagesse, je dis.

- Si tout le monde pensait comme toi, on en serait encore au temps des cavernes, rétorqua la jeune dresseuse. Un moyen de disparaître et de réapparaître à volonté dans un autre endroit, moi ça me chaufferait ! Et puis, qui sait ce qu'on pourrait découvrir dans ce lieu mystérieux...

- J'aime laisser les mystères trop mystérieux à leurs places.

Toutefois, si Adam n'avait pas eu le courage de ressortir l'anneau, bien planqué sous son bureau, il n'avait pas renoncé à découvrir ce qui lui était arrivé. Faire quelques recherches discrètement dans la grande bibliothèque de l'Académie ne faisait de mal à personne, et surtout pas à lui. Mais, bien que Leaf l'ait aidé à éplucher de nombreux volumes sur les phénomènes mystiques et surnaturels, ils ne trouvèrent rien du tout. Le directeur Stendald les trouva une fois en train de fouiller dans les rayonnages, et se félicita de cette envie de lecture et de découverte qu'était la leur.

Adam profita de l'occasion pour lui parler de son inscription. Encouragé par Leaf, cela se passa très bien, comme elle l'avait prévu. Stendald fut apparemment ravi de la décision d'Adam, affirmant qu'il n'y avait rien de plus merveilleux que l'envie d'apprendre. Quand Adam passa au problème argent, Stendald dit qu'il n'y avait aucun problème, qu'il se ferait un plaisir de lui payer lui-même. Après tout, Adam avait travaillé gratuitement toute sa vie pour l'Académie. C'était la moindre des choses que de lui permettre de profiter d'elle quelques années en retour. Puis le directeur promit d'en parler à Sophia, qu'Adam n'avait pas de souci à se faire, qu'il saurait convaincre l'intendante.

Beaucoup de stress pour rien, au final. Stendald était vraiment un type bien. Adam en sautait presque de joie. Il allait étudier à la Haute Académie ! Il côtoierait les étudiants les plus brillants, suivrait les cours des professeurs les plus prestigieux du pays ! Et tout ça avec Leaf. Finalement, quand Granbull décida de venir percuter la fenêtre qu'il était en train de nettoyer, ce fut un don du ciel pour Adam. Rien de tout ça ne se serait passé s'il n'avait pas rencontré Leaf.

Mais il avait beau tâcher d'essayer de l'oublier, l'anneau et ses mystères le tarabustaient toujours. Et pour ne rien arranger, ce satané Pokemon avait refait surface. Le canard vert, comme Adam l'avait appelé faute de connaître son nom, menaçait d'explorer les tréfonds de sa patience déjà bien entamée. Il ne voulait même pas lui parler. Il se contentait de rester à distance, l'épiant toujours de dos. Et à chaque fois qu'Adam partait pour le dénoncer ou que quelqu'un était dans les parages, il disparaissait comme il était apparu. On aurait dit un ninja, capable de se fondre dans le décor à tout instant. Et il était très souple et rapide. Une fois, Adam l'avait vu sauter de la cour jusqu'au second étage.

Adam espérait qu'il allait se faire capturer par un dresseur adepte des canards ninjas feuillus, mais rien à faire. Le Pokemon n'était jamais loin, et ne le perdait jamais de vue. Adam avait l'impression d'être toujours suivi par un paparazzi tenace. Il avait beau lui demander dans toutes les langues qu'il connaissait ce qu'il voulait de lui, le Pokemon gardait un silence des plus pesants. Un jour, Leaf, qui était alors avec Adam, parvint à le cibler avec l'infrarouge de son Pokedex. Mais ça n'eut qu'une utilité des plus limitées...

- Pokemon inconnu. Information indisponible.

- C'est vraiment bizarre, avait dit Leaf. Mon Pokedex a pourtant été mis à jour très récemment, par la dernière version du professeur Chen lui-même. Ce Pokemon doit être fichtrement rare, pour qu'il ne le connaisse pas !

Et depuis, Leaf passait tout son temps à essayer de capturer le canard vert, en lui tendant mille et une embuscades avec ses Pokemon. Aucune ne fonctionna, et le canard vert semblait se gausser de ses tentatives. Adam s'habitua donc à la présence constante du canard vert derrière son dos. Bien obligé. C'était ça ou devenir fou. Mais le Pokemon ne semblait pas avoir de mauvaises intentions. Une fois, alors qu'Adam avait raté une marche d'un escalier dehors, et qu'il s'apprêtait à dévaler plusieurs marches, le canard vert, aussi vif que l'éclair, l'avait rattrapé et remis sur pied avant de s'éloigner à nouveau, comme si de rien n'était.

Adam avait l'impression bizarre que ce Pokemon, qui qu'il fut, veillait sur lui. Ce qui en soit n'était pas vraiment rassurant, car si c'était le cas, ça impliquait que quelque chose ou quelqu'un le menaçait. Espérant toujours percer le mystère de l'anneau et de la ville où il avait atterri, il décida de demander de l'aide à une de ses connaissances. La Haute Académie comptait nombre de professeurs. Certains à temps complet, d'autres n'intervenant que pour une durée limitée. Parmi eux, il y en avait qui demeuraient à l'Académie un certain temps pour y vivre. Comme Anis Shauntal.

Mademoiselle Shauntal enseignait l'Histoire et la littérature à l'Académie depuis cinq ans. C'était le professeur préféré d'Adam. Elle était romancière, et Adam était un de ses plus fidèles lecteurs. À ses moments de temps libre, Adam se rendait parfois dans les appartements qu'elle louait quelques mois dans l'année à l'Académie. Mademoiselle Shauntal était alors ravie de parler avec lui de ses romans, ou de quelques contes passés, véridiques ou légendaires. Anis avait une étonnante capacité à raconter les histoires, bien qu'elle soit assez bizarre avec les gens, ce qui faisait qu'on avait tendance à l'éviter. Mais Adam l'aimait bien, et la prof appréciait ses visites.

Elle n'enseignait pas ici à l'année. C'est qu'elle avait une autre occupation, en plus de ses romans et de ses cours : elle était membre du Conseil des 4 de la région d'Unys, à l'ouest. Une dresseuse d'élite, en somme. Mais ses Pokemon, de types Spectre, étaient parfaitement effrayants pour Adam. Parfois, Anis les laissait en liberté, et ils avaient la mauvaise habitude de sortir d'un des rayons de la bibliothèque de la prof quand Adam s'y avançait pour choisir un livre. En une belle après-midi, à quelques jours de la rentrée, Adam alla donc frapper à sa porte.

- La porte parle, c'est que quelqu'un désire l'ouvrir, la traverser, la franchir, fit la voix d'Anis à l'intérieur. Faites donc, si tel est votre désir...

Voilà ce qu'Adam voulait dire quand il pensait à « bizarre » concernant mademoiselle Shauntal. Si quelqu'un vous accueillait de la sorte, vous auriez toutes les chances de vous éloigner rapidement. Mais Adam, habitué à l'excentricité de langage de la jeune professeur, entra. Comme d'habitude, la pièce était plongée dans la pénombre. Anis, apparemment, ne trouvait l'inspiration pour ses romans que si elle était dans l'obscurité. Elle n'était que faiblement éclairée pour écrire par la lueur violette du feu de son Lugulabre, un Pokemon Spectre semblable à un lustre-chandelier. Comme à l'accoutumée, son bureau croulait sous le fourbi le plus total. Des livres par dizaines se trouvaient un peu partout sur le sol, des pages déchirées, des plumes, de l'encre... La pauvre Sophia aurait une attaque en voyant l'état de cet appartement.

Anis Shauntal, elle, cadrait bien avec le look de la pièce. C'était une jeune femme qui devait avoir la trentaine, pas plus. Elle portait une tenue sombre qui la gonflait particulièrement, ainsi que de grosses lunettes qui agrandissaient ses yeux déjà énormes. Ses cheveux étaient d'un violet très sombre, avec une coupe au bol. Quand Adam entra, elle leva la tête de son roman. La lumière du feu violet de Lugulabre se reflétait dans ses énormes verres, lui donnant un air mystique inquiétant.

- Adam Velgos. Je suis contente, heureuse, honorée de ta venue. Mais je suis gênée, honteuse, embarrassée de ne pouvoir venir te saluer.

Adam compris pourquoi. Anis s'était forgée une muraille de livres empilés autour de son bureau. Elle ne pourrait pas se lever sans en faire tomber la plupart. Adam ne voulait même pas savoir comment elle était parvenue à s'asseoir.

- Ce n'est rien, mademoiselle Shauntal...

- Anis, mon garçon. Appelle-moi Anis. Je ne cesse jamais de te le répéter, rabâcher, radoter à chaque fois. Quel est donc l'intérêt que porte un garçon de ton âge à un rat de bibliothèque lugubre comme moi, cette fois ci ? Je suis curieuse, indiscrète, interrogatrice à ce sujet.

- Eh bien, ça faisait longtemps que je n'étais pas venu, et j'ai justement un moment de temps libre maintenant. Je venais vous dire bonjour.

- C'est fort aimable, gentil, appréciable de ta part.

- Monsieur Stendald a accepté que je m'inscrive à l'Académie ! Je vais sûrement suivre vos cours cette année, mademoi... Anis.

- Voilà une nouvelle fabuleuse, grandiose, prodigieuse ! Je suis contente pour toi Adam. Un cerveau comme le tien aurait été du gâchis s'il n'était employé qu'à laver les sols et changer les lits. Mais alors, tu ne devras plus m'appeler Anis, mais professeur Shauntal. Oui, je sais, ces conventions sont agaçantes, embêtantes, enquiquinantes...

Adam trouva avec difficulté un endroit où s'asseoir et parla un peu de tout et de rien avec Anis. Il lui conta sa rencontre avec Leaf, puis lui demanda comment avançait son roman, avant de se rappeler que c'était justement la question qu'on ne devait jamais poser à Anis, sous peine de passer les trois prochaines heures à entendre parler sans pause du preux chevalier Valirian, de la belle princesse Anne, et du maléfique Seigneur des Ombres Gruntorc. Les romans d'Anis, tous traitant d'épopées héroïques et magiques, étaient passionnants à lire, mais pas à entendre parler. Adam parvint toutefois à ramener la conversation sur l'objet de sa visite, quand Anis prononça le mot « magie ».

- En parlant de magie... Je me demandais... Existe-t-il dans l'Histoire du monde ou dans une de ses légendes des objets qui permettent d'amener quelqu'un... autre part ?

- Oh, de tels objets doivent exister, en effet. Et il n'ait guère besoin de chercher dans les légendes d'antan.

- Vraiment ?

- Assurément. Par exemple, au XVI siècle, on inventa quelque chose de révolutionnaire appelé « diligence ». Il suffisait que les gens montent dedans, et un Ponyta ou Galopa tiraient pour la pousser, et donc amener les gens autre part. Un peu plus tard, ce fut le train. Bien plus rapide, et sans besoin de Pokemon. Encore plus récemment, l'automobile...

- Euh... Je voulais dire, amener quelqu'un instantanément à un autre endroit. Une espèce de téléportation, quoi...

- Hum, voilà qui est plus compliqué, difficile, peu aisé à trouver. Jadis, les puissants et légendaires Mélénis avaient le pouvoir de disparaître et réapparaître à volonté. Certains Pokemon le peuvent, bien sûr. Mais un objet qui aurait ce pouvoir... Il y a bien eu quelques tentatives de téléporteurs, mais je ne vois rien d'autre.

Déçu mais pas découragé, Adam tenta une autre approche.

- Et n'y a-t-il jamais eu de royaume dans la région de Bakan ?

- De royaume ? S'étonna Anis. Depuis que la région administrative a été fondée, il y a de ça six cents ans, elle a toujours été une république indivisible. Une des plus vieilles du monde, par ailleurs. Nul royaume en son sein. Oh, à part si on compte le Royaume Perdu de Cinhol, bien sûr...

Adam leva les yeux.

- Cinhol ?

- Oui. Un mythe entre légende et fait, qui n'a jamais été réellement prouvé, mais... Enfin, la légende veut qu'il y ait cinq cent ans, un petit royaume, tenant en une seule ville, fut crée ici même où se tient maintenant notre capitale Fubrica. Ce royaume ne dura que trois ans. Le président de l'époque avait envoyé une armée aux portes de cette ville rebelle qui vénérait un roi, mais alors, dit la légende, la ville s'évapora. Nul ne l'expliqua. Depuis, toutes les archives et les preuves attestant de ce royaume renégat auraient été détruites par la République. Enfin c'est qu'on veut croire, pour continuer d'espérer que Cinhol eut réellement existé...

- J'aimerais bien entendre cette histoire, si vous la connaissez, demanda Adam.

L'historienne haussa les épaules.

- Ma foi, il n'y a aucun mal à en parler, je présume. Mais sache, mon garçon, que certains de nos dirigeants ne verraient pas d'un bon œil que je te raconte cette histoire. Elle est assez tabou ici. La République de Bakan, qui se veut irréprochable, refusera toujours d'admettre qu'un jour, elle fut coupée en deux. Aussi tâche de ne pas trop l'ébruiter, le colporter, le proclamer sous tous les toits.

- Je ferai attention, promit Adam.

Anis posa sa plume et s'adossa sur sa chaise, en retirant ses lunettes et se frottant les yeux.

- Eh bien, que dire sur Cinhol ? Commençons par les faits avérés, d'où est partie la légende. En l'an 1504, la République de Bakan existait depuis déjà un siècle. Le président de l'époque était Elandros le Sage. On le nommait Sage, mais au demeurant il ne l'était guère. Ce fut sans doute le président le plus impitoyable que le peuple n'ai jamais élu... Enfin, il advint qu'un jour, un jeune et puissant dresseur de Pokemon, nommé Castel, défia la République. Il la jugeait corrompue, et entendait la faire tomber pour instaurer à la place un gouvernement de dresseurs de Pokemon, car selon lui, ils étaient les mieux placés pour faire coexister pacifiquement les humains et les Pokemon. Car je te rappelle, qu'à l'époque, la République avait le désir fou d'exterminer tous les Pokemon de son territoire.

Adam le savait, en effet. Cela dura bien trente ans. Les gens de Bakan avaient jugé les Pokemon inférieurs et dangereux pour la République, jusqu'à ce qu'enfin, un président avisé, Rudolphe le Clément, décréta la fin de la guerre avec les Pokemon et la coexistence pacifique, en l'an 1523. C'était de ça qu'était né le fait que Bakan n'avait jamais eu un système d'arène et de Ligue Pokemon, comme la plupart des autres régions. Il y avait toujours une certaine méfiance des Pokemon.

- Castel ne fut pas seul, poursuivit Anis. Il était entouré d'autres dresseurs, dont son meilleur ami, Uriel. Tous vénéraient Castel, car l'on dit qu'il rencontra Arceus lui-même, et que Dieu le nomma Sauveur du Millénaire. Mais finalement, les deux furent arrêtés et exécutés pour trahison. C'est du moins ce que l'Histoire officielle veut nous faire croire, mais la légende dit autre chose. Castel aurait fondé une ville nommée Cinhol, en plein milieu de la région. Une ville où tous ceux qui détestaient la politique de la République vinrent se réfugier, et servir Castel qui se fut proclamé roi. Il y eut une guerre entre le Royaume de Cinhol et la République. Bien évidement, la République avait cent fois plus d'hommes que Castel, mais lui bénéficiait du soutien des Pokemon de la région. De plus, la légende veut qu'il possédât un Pokemon Légendaire, qui était capable de se transformer en fourche, dont Castel se servait pour lancer des torrents de flammes sur ses ennemis. Mais au final, la République prit l'avantage, et encercla la ville de Cinhol avec une armée énorme. Et c'est à ce moment là que le royaume entier s'évapora d'un coup, sans laisser de trace, comme par magie.

Cela ressemblait bien trop à ce que faisait cet anneau d'argent pour que ce fût une coïncidence, de l'avis d'Adam.

- Que c'est-il passé ? Demanda-t-il, impatient.

- Nul ne le sait trop, et les avis diverges. La version la plus contée veut que Castel se soit servi de la magie de trois Pokemon Légendaires pour amener son royaume dans un autre monde. Une autre affirme que la ville fut détruite alors qu'Uriel, le second de Castel, tenta d'annihiler l'Armée Républicaine avec une épée maudite et destructrice... Bref, ça part dans tous les sens. Quoi qu'il en soit, tout le monde s'accorde pour dire qu'Uriel trahit son meilleur ami, et que d'une façon ou d'une autre, cette trahison provoqua la disparition du royaume.

- Mais... il est donc possible que le Royaume de Cinhol existe toujours, quelque part alors ?

- Oui, comme il est aussi possible qu'il n'ai jamais existé. Séparer la vérité du mensonge dans les contes et légendes relève souvent de l'impossible, de l'imaginaire, de l'insoluble... Beaucoup de gens qui y croyaient ont recherché toute leur vie des preuves que Cinhol ait vraiment existé, en vain. Je ne connais moi-même pas toutes les légendes le concernant. Il y'en a beaucoup, et elles ne sont pas aisées à dénicher. Une chose est certaine : le dénommé Castel exista bel et bien, et il se rebella contre la République. Après, peut-être la légende de Cinhol a été inventée par ses adeptes après sa mort pour le mystifier à jamais. Qui peut le dire, si ce n'est Arceus le Divin ?

Moi je pourrai, songea Adam quand il fut sorti du bureau. Il était pratiquement certain que cet anneau l'avait envoyé dans le Royaume Perdu de Cinhol. Les similitudes étaient trop frappantes. Et puis, le vieux clochard qu'il avait rencontré là-bas avait bien parlé d'une canne de feu que la reine utilisait, Adam s'en souvenait. Cette canne pourrait-elle être le Pokemon Légendaire que Castel possédait et qui pouvait se changer en fourche qui envoie du feu ?

L'excitation de la découverte le gagna. Ce n'était pas son genre pourtant. Depuis des années, il ne se perdait plus dans l'imaginaire, et aimait rester dans le réel et le concret. Mais cet anneau et son pouvoir étaient bien réels. Adam ne l'avait pas rêvé. Que faire à présent ? Réessayer l'anneau ? Ça ne l'emballait que très peu. Le confier à la République ? Mais si la légende de Cinhol était vraie, le gouvernement ne tarderait pas à détruire cet anneau pour effacer toutes les preuves, et peut-être même qu'il ferait en sorte de faire taire Adam à jamais...

Non, cette histoire était trop dangereuse pour qu'Adam s'y intéresse. Il garderait l'anneau, au cas où, mais caché afin que personne ne le trouve, et ne l'utiliserait jamais, sauf en cas de péril imminent. Après tout, comme l'avait dit Leaf, disparaître et réapparaître à volonté pouvait être utile. Adam songea avec amusement qu'il pourrait faire une très bonne carrière dans le cambriolage avec ça... Perdu dans ses pensées, il ne fit pas attention et bouscula quelqu'un dans le couloir.

- Fais attention, jeune homme !

- Pardon monsieur, j'ai...

Adam fut momentanément privé de sa voix quand il vit qui il avait bousculé. Un homme fort distingué, vêtu d'une tenue violette à gros boutons, de chaussures brillantes et portant une canne à pommeau. Il avait une épaisse moustache noire, des cheveux tout aussi noirs parfaitement coiffés, et des lunettes. Un homme qu'Adam connaissait pour l'avoir souvent vu à la télévision : le Premier Ministre de la région, Marius Tibaltin ! Par Arceus et tous les autres dieux, qu'est-ce que le Premier Ministre faisait à la Haute Académie, se baladant seul dans un couloir, sans la flopée de journalistes et de collaborateurs qu'il amenait généralement partout avec lui ?! Marius Tibaltin lissa son costume, comme s'il craignait qu'Adam l'ait froissé, puis repris sa route sans un mot, mais en continuant d'observer bizarrement Adam, comme s'il tâchait d'inscrire son visage dans son esprit. Adam déglutit. Comptait-il le faire arrêter pour l'avoir bousculé ?

Arceus veuille que jamais Sophia n'entende parler de cette histoire. Si elle apprenait qu'il était rentré dans le Premier Ministre en personne, Adam ne put imaginer ce qu'elle lui ferait, et c'était tant mieux. Ce serait probablement trop horrible pour que son esprit en supporte même l'idée. Mais il en parlerait à Leaf, quand même. La jeune fille ne divulguait pas ses secrets, et ça lui donnerait une bonne occasion de l'entendre rire. Il lui répéterait aussi tout ce qu'il avait appris d'Anis sur le royaume de Cinhol, en espérant qu'elle ne lui vole pas l'anneau pour se rendre elle-même dans le royaume afin de capturer ce fameux Pokemon Légendaire transformable, s'il existait.