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Gardiens de l'Harmonie T.1 : La mélodie de vie de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 14/11/2012 à 13:15
» Dernière mise à jour le 29/08/2017 à 10:58

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Présence de Pokémon inventés   Région inventée   Romance

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Chapitre 15 : Le Sanctuaire
Le groupe d'infortune continuait sa marche en direction du Mont Meram. C'était du moins ce que tout le monde pensait, mais Geran leur affirmait que ce n'était pas leur destination finale. Or, tout le monde savait - hormis peut-être Killian qui ne venait pas de Naya - qu'il n'y avait rien à côté et au-delà du volcan. Si on suivait le calendrier du Gardien de l'Harmonie, c'était aujourd'hui qu'Archangeos devait se réveiller. Odion le savait, bien sûr, et il ne faisait aucun doute qu'il était à leur recherche. Geran savait « mettre son Don en silence », comme il disait, pour éviter qu'Odion ne le piste grâce à ça. Durant leur marche à travers le paysage montagneux du Mont Meram, le Gardien de l'Harmonie avait appris à Ad à en faire de même.

Elle galéra un peu, parce que la mise en silence du Don exigeait un état d'esprit serein et en paix qui n'était guère un trait caractéristique de la jeune femme, encore moins en ce moment. Et puis, au plus profond d'elle, elle n'avait rien contre le fait qu'Odion les retrouve, pour avoir une autre chance de venger son oncle. Mais elle savait qu'ils auraient toutes les chances de périr si jamais le Prince des Ténèbres se montrait, et qu'il valait mieux se fier à Geran et écouter ce qu'Archangeos avait à dire plutôt que de foncer tête baissée.

Elle fit donc beaucoup d'efforts pour ne pas qu'Odion soit attiré à eux à cause de son Don non contrôlé. À midi, ils mangèrent rapidement avec leurs quelques provisions. De l'avis général, après avoir vu leurs avis de recherche, ils s'étaient mis d'accord pour éviter de passer trop près des villes et villages. Quand Spam demanda à Geran quand exactement Archangeos devait se réveiller, le Gardien répondit :

- Ce soir, c'est la pleine lune. Quand les rayons lunaires entreront en contact avec l'émeraude sacrée d'Archangeos, il s'éveillera de son sommeil de cinq cent ans et se libèrera de son sceau. Donc pour vous répondre clairement, selon l'angle de la lune, entre vingt et une heure et vingt-deux heures, ce soir.

- Et on sera où vous voulez à cette heure-là ? demanda Kinan.

- Oui. Nous sommes fort proches.

Ad ne voyait au loin que le lac qui prenait sa source du Mont Meram, avec au centre le temple antique que beaucoup de gens évitaient, du fait de sa mauvaise réputation. On le disait hanté, habité par un Pokemon des ténèbres. Beaucoup de ceux qui y étaient entrés n'en étaient jamais ressortis.

- Tu dis que c'est là la demeure de Proscuro ? Demanda Ad à Geran en désignant le grand lac.

- En effet. Dans les temps anciens, Proscuro était considéré comme une sorte de dieu de la mort, et beaucoup le vénéraient. Ses adorateurs ont construit ce temple en son honneur. Proscuro y habite jusqu'à ce qu'un maître de la mort, comme Odion, se manifeste et que Proscuro le serve. L'énergie négative de Proscuro s'est tellement infiltrée dans ce temple qu'il est devenu un territoire du mal. On le nomme le Temple Maudit.

- Mais pourquoi alors cet Archangeos a-t-il choisi un endroit proche d'un tel lieu pour se sceller pendant cinq cent ans ? S'étonna Kelifa. Il ne craignait pas que vos ennemis le remarquent ?

Ce fut maître Balterik qui répondit :

- Non, ce fut même le contraire. En se cachant tout proche d'un territoire du chaos, la lumière d'Archangeos passait inaperçue aux yeux de ses ennemis, qui ne sentaient que leurs ténèbres habituelles.

- Eh eh, c'est un p'tit malin, ce Pokemon, ricana Killian en faisant sonner une corde de sa guitare. Il me tarde de le rencontrer.

- Vous en aurez bientôt l'occasion, dit Geran. Allons-y.

Le paysage était sublime, Ad devait bien l'avouer. Le magnifique mélange d'une vaste plaine de verdure, du volcan ombrageux, de la cascade des sources chaudes de la Station Zénith qui se perdait dans l'immensité du grand lac, avec en son centre une petite île paradisiaque surmontée du grand temple antique... Bref, la nature sous toute sa splendeur. Perdus dans leurs contemplations, ils ne remarquèrent pas que d'autres les épiaient secrètement...


***


- Ce sont eux ? Vous en êtes certain ? Chuchota le lieutenant de la Garde Gouvernementale dont Madison avait déjà oublié le nom.

- Positivement affirmatif, mon lieutenant, répondit l'un des soldats en intégrale noire avec casque de vision.

La jeune championne soupira. Les habitudes et jargons des militaires l'agaçaient vite.

- Il n'y a pas besoin d'être « positivement affirmatif », répliqua-t-elle. C'est bien Adélie, et sa bande que m'a décrit Nathan.

Le lieutenant ne fit aucun commentaire, mais il était clair que le fait de devoir amener en mission avec lui une gamine de treize ans, qui en plus pouvait leur donner des directives, n'était assurément pas de son goût. Pourtant, que pouvait-il trouver à redire aux directives du Premier Triumvir ?

- Je compte huit personnes, précisa l'observateur de la Garde. Trois de plus que dans le rapport. L'un d'entre eux parait être le Boss de la Team... de l'ancienne Team Malware. La femme à côté de lui porte la tenue identifiable des Malware. Quant au dernier... euh...

- Eh bien ? s'impatienta le lieutenant.

- On dirait... le guitariste du Quatuor Go-Rock !

- Qu'est-ce qu'un type pareil viendrait foutre avec Miss Dialine ?!

- On ne sait même pas ce que « Miss Dialine » et son groupe ont l'intention de faire, renchérit Madison. En tous cas, ça a l'air louche, avec tout ce monde très différent les uns des autres. Nathan avait raison; Adélie est impliquée dans une sale affaire...

Une sale affaire qui a causé la mort de mon père, ajouta mentalement la jeune fille. Madison n'avait pas menti à Ad quand elle était venue à l'arène lui faire ses piteuses excuses. Elle ne parlait plus vraiment à son père depuis un bon moment. Trop de choses les séparaient, elle qui tenait bien plus de sa mère, mais pourtant, Madison l'aimait toujours. Ou elle avait pensé l'aimer, du moins. Qui sait, un jour, ils auraient pu redevenir proches. Or désormais, ce jour n'arriverait jamais, par la faute d'Adélie Dialine.

Si ça n'avait été que ça, Madison aurait pu ravaler sa rancœur et laisser son idiote de cousine faire ce que bon lui semblait, mais il y avait les catastrophes de Cancrania, de New Naya, et maintenant du Stade G. Des milliers de gens avaient péri. En tant que championne d'arène de Naya, et la plus puissante, qui plus est, il était de son devoir de tout faire pour protéger les habitants de la région, même si Maître Marek et le Conseil des 4 semblaient faire confiance à Maître Balterik. Ce n'était pas le cas de Madison, pour la seule bonne raison que Balterik s'était acoquiné avec Adélie.

Elle et sa bande était impliqués dans quelque chose de grave. Quelque chose de dangereux. Bien qu'elle ne fasse guère confiance à Nathan, Madison était d'accord avec lui sur le fait de capturer Adélie et de la forcer à révéler ce qu'elle savait. Voilà donc pourquoi, sous sa demande, elle avait rejoint un groupe de la Garde Gouvernementale quand Adélie et ses amis avaient été aperçus non loin du Mont Meram. La Garde Gouvernementale était en quelque sorte la police secrète du Triumvirat, des gars surentraînés, mais aucun n'était dresseur, et Nathan pensait qu'avoir des Pokemon pour capturer Adélie et sa bande, qui étaient tous dresseurs, était indispensable. D'où la présence de Madison. La championne d'arène n'avait jamais eu l'occasion de se mesurer à sa cousine lors d'un combat Pokemon. Elle savait que la victoire serait sienne, car Ad n'était qu'une novice. Vaincre Adélie sur n'importe quel sujet ou terrain ne pouvait que lui être agréable.

- Ils semblent aller vers cette petite colline, à quatre kilomètres de la grande cascade, indiqua le garde qui suivait leurs mouvements grâce à son casque super sophistiqué.

- Un très bon terrain pour une embuscade, fit le lieutenant. On va les encercler. On bouge, discrètement...

- Attendez un instant, lieutenant Beguens, coupa Madison.

- Bigouos.

- Pardon ?

- Mon nom est Bigouos, reprit le lieutenant, morose.

Madison leva les yeux au ciel.

- Mais oui, lieutenant Bigouos, suis-je bête... Je propose de les laisser tranquille un instant. Ils semblent être arrivés là où ils voulaient arriver, et je suis curieuse de voir ce qu'ils vont faire.

Bigouos plissa les yeux.

- Sauf votre respect, mademoiselle, nous ne sommes pas là pour satisfaire votre curiosité, répliqua-t-il, tranchant. Le directeur de la Garde nous a donné pour mission de capturer ces fugitifs dès que nous les aurions en vue, et c'est exactement ce que...

- Et de qui votre directeur prend-t-il ses ordres, d'après vous ? S'agaça Madison. De la même personne qui m'a envoyé ici avec vous. Si Nathan veut sa sœur, c'est pour savoir en quoi elle est liée avec les massacres que ce fou sur son Pokemon noir a commis. Et donc en savoir plus sur leurs intentions me parait prioritaire.

Elle avait parlé comme si le lieutenant et ses hommes n'étaient que des gamins un peu lents d'esprit. Ce n'était pas spécialement contre eux ; Madison prenait ce ton insupportable et hautain avec quasiment tout le monde. Le lieutenant serra les dents, contenant la réplique cinglante qu'il avait sur les lèvres. Puis il abdiqua. Bien obligé ; cette gamine était la cousine germaine du Premier Triumvir Dialine. Se la mettre contre soi serait très dangereux pour sa carrière.

- Très bien, Miss Hugerson. Observons en silence. Nous agirons selon vos ordres.

Il n'échappa à personne que ce fut bien à contrecœur.


***


- On y est, affirma Geran au groupe. Enfin je crois. Le paysage a bien changé...

Ad haussa les sourcils. Ils étaient au milieu de nulle part, devant une petite colline. Ce fut Killian qui exprima le premier la perplexité générale.

- Et... qu'est-ce qu'on doit chercher là ?

Geran ne répondit pas. Il s'approcha seulement, s'agenouilla dans l'herbe et commença à prier. Il avait l'air si concentré et grave que nul ne songea à l'interrompre, jusqu'à ce qu'il commence à faire nuit, et que la pleine lune commença à s'élever dans le ciel. Tout le monde s'impatientait, et naturellement, leurs regards se portèrent sur Ad, comme si elle était dans les secrets de la magie des Gardiens de l'Harmonie, bien que maître Balterik en savait naturellement plus qu'elle sans avoir le Don. Toutefois, Ad s'avança jusqu'au Gardien et demanda doucement :

- Geran ?

Le jeune homme ouvrit les yeux. Ad les trouva plus brillant que d'habitude, même dans la pénombre.

- L'entrée du Sanctuaire apparaîtra au sommet de la colline, dit-il. Mais elle ne réagira qu'à la présence d'un Gardien de l'Harmonie. Le Seigneur Archangeos s'en est chargé. Je vais devoir invoquer mon Don un moment.

- Ce qui va attirer Odion par ici, conclut Ad.

- Oui, mais nous avons l'avantage d'être deux. Prends-moi les mains s'il te plait.

Intriguée, et un peu gênée, Ad s'agenouilla face à lui et prit les mains du Gardien de l'Harmonie dans les siennes. Elles étaient anormalement chaudes.

- Tu peux attirer mon Don qui s'échappe jusque dans ton corps, puis le bloquer comme je te l'ai appris. Ouvre ton esprit à ma présence.

Ad retint une grimace. Elle détestait ce genre de phrase obscure, du même genre que « laisse s'exprimer ton âme » ou « regarde avec ton cœur », tandis que Geran, lui, semblait en être friand. C'était peut-être le langage d'époque, quand on venait de cinq cent ans dans le passé. Ou alors les Gardiens de l'Harmonie, en bons sages éclairés, était naturellement ambigus dans leurs propos. Mais durant les quelques moments où Geran entraînait la jeune femme à la maîtrise du Don, cette dernière avait fini par comprendre ce que voulait dire « ouvre ton esprit ». C'était en clair « ferme les yeux, respire lentement et profondément, et ressens ce qui se passe autour de toi ».

Là, elle sentait bien Geran, présence lumineuse et bienveillante, et elle voyait presque les effluves de source lumineuse qui sortait de son corps. Elle se concentra dessus, et l'attira à elle avec son propre Don. Ce fut une expérience bizarre ; à la fois grisante et oppressante. Le Don de Geran était certes doux, réchauffant et fort, mais il était étranger au corps d'Ad. La jeune femme avait l'impression de partager quelque chose de très intime avec le Gardien de l'Harmonie. Quelque chose de physique. Sous l'effet de la peur et de la gêne, elle relâcha ses mains et rompit le contact, puis rougit devant le regard interrogateur de Geran.

- Dé... désolée.

- Non c'est moi. À force d'être habitué à ton Don si puissant, j'oublie souvent que tu n'as point reçu de formation de Gardien de l'Harmonie, encore moins sur nos coutumes. Il est vrai que la connexion entre deux Dons est un phénomène qui peut quelque peu échapper à la pudeur, mais normalement, entre frères et sœurs Gardiens, nous y sommes habitués...

- Je vais recommencer, fit Ad. Au diable la pudeur quand on risque nos vies.

En quelques minutes, le lien mental entre Ad et Geran fut stabilisé, et ne perturba plus trop la jeune femme. Si elle se concentrait sur le Don de Geran et non sur Geran lui-même, le lien demeurait dans les strictes frontières du contact mental. Au bout d'un moment, le sol de la plaine sembla réagir au Don libéré de Geran. La terre trembla, et la petite colline devant eux doubla de longueur, comme si quelque chose voulait en sortir. Et quelque chose en sortit. Ça ressemblait plus ou moins au toit d'une église. Seuls deux mètres du bâtiment se trouvant sous terre s'élevèrent. Le toit laissait ouverte une cavité forgée en forme de cercle ; pas assez grande pour y laisser passer un humain. Mais c'était tout autre chose que ce trou devait laisser passer.

- Le voilà. Le bout du Sanctuaire, dit Geran. Archangeos est endormi dedans. Quand les rayons de la pleine lune traverseront le trou du toit pour aller toucher l'émeraude qui sert de cœur au Seigneur Archangeos, ce dernier s'éveillera. Il ne nous reste plus qu'à attendre. Ça ne devrait pas être long...


***


Dès que le morceau d'édifice ancien traversa le sol de plaine, Madison donna l'ordre au lieutenant Bigouos de lancer l'assaut. Ils avaient maintenant assez de choses à étudier, et laisser trop longtemps Adélie et sa bande en liberté serait dangereux. Arceus seul savait ce qu'ils comptaient faire avec ce truc bizarre sortit tout droit de la terre. De la magie, sans nul doute. Des trucs louches, du même genre qui avait causé la mort de son père. Pour le bien de la région, Adélie et ses complices devaient être capturés et interrogés !

Madison sortit elle aussi de l'endroit où la Garde Gouvernementale se cachait, et appela à elle son Alakazam et son Symbios. En championne des Pokemon Psy qu'elle était, elle plaça diverses protections devant la Garde Gouvernementale et ralentirait la possible contre-attaque du groupe ennemi avec la force psychique de ces Pokemon. Elle pourrait paralyser et endormir les Pokemon adverses, entre autre. Mais elle espérait que les fugitifs se montreraient raisonnables et n'utilisent pas leurs propres Pokemon. Sinon, il y aurait forcément des blessés, voire pire. Madison savait qu'elle n'avait pas grand-chose à craindre de la part de sa cousine, ni de son ami Kinan qu'elle avait déjà affronté et battu à plate couture dans son arène. Mais elle ne connaissait rien de la femme Rocket, ni des deux Malware. Et puis, il y avait Maître Balterik, dont la réputation de dresseur Pokemon légendaire n'était plus à refaire.

La Garde Gouvernementale entoura proprement le groupe de suspects, qui ne surent comment réagir face à la surprise de cette attaque et le surnombre évident de leurs assaillants. La vision la plus satisfaisante, ce fut la stupéfaction sur le visage d'Adélie quand elle vit Madison s'avancer lentement avec ses deux Pokemon à ses côtés.


***


Ad ne mit pas longtemps à reconnaître les militaires qui encerclaient leur groupe au pas de course. Ces armures noires intégrale, avec le sceau du Triumvirat en bleu... C'était la Garde Gouvernementale, l'unité spéciale du Triumvirat, qui avait à peu près tous les droits dans l'exercice de leurs missions. Les gars qui servaient dedans avaient tous une réputation de durs à cuire, voire de psychopathes. Quant à leur directeur, Dakon Varnellan, Ad l'avait déjà rencontré à l'occasion de réunions et de dîners organisé par sa mère. Sa réputation dépassait celles de tous ses hommes réunis. D'ordinaire, la Garde Gouvernementale était utilisée pour venir à bout des pires menaces pour la sécurité de la région. Une menace comme Odion, par exemple. Alors pourquoi diable étaient-ils en train de se déployer devant eux ?!

La surprise d'Ad grandit encore d'un cran quand elle vit une personne qui détonnait au travers de tous ces hommes en noir. Une adolescente, petite, avec son nœud papillon rose dans sa coupe de cheveux compliquée et sa tenue de ballet. Madison, la championne d'arène de Villimote, et la fille du défunt Elias. Elle était accompagnée de deux Pokemon Psy qui étaient visiblement en train d'user de leurs pouvoirs pour coordonner l'intervention de la Garde et placer des barrières de protection autour d'eux. Spam et Spyware, qui connaissaient aussi la réputation de la Garde Gouvernementale pour avoir été dans leur ligne de mire durant un temps, s'apprêtèrent à se servir de leurs rayons lasers sur leurs brassards, mais Ad leur fit signe d'attendre d'un geste. Entre temps, tous les hommes de la Garde, une vingtaine, les avaient totalement entouré et pointaient sur eux leurs pistolets incapacitants.

- C'est quoi ce bordel ? S'indigna Ad. Vous savez qui je suis, les gars ? Et toi, qu'est-ce que tu fais avec eux ? Demanda-t-elle en passant à Madison.

Sa cousine sourit, mais ne répondit pas. Elle laissa ce soin à celui qui semblait diriger le détachement de la Garde.

- Nous savons qui vous êtes, bien sûr, Miss Dialine. Veuillez excuser notre manque impardonnable de courtoisie à votre égard, mais nous avons nos ordres du Premier Triumvir en personne. Vous et vos camarades, vous êtes soupçonnés dans l'affaire des attentats à Cancrania, New Naya et au Stade G, et vous êtes en état d'arrestation pour être interrogés. Veuillez, s'il vous plait, ne pas résister.

Ad s'était attendue à quelques problèmes en voyant leurs avis de recherches, mais elle n'aurait pas imaginé Nathan leur envoyer la Garde Gouvernementale aux trousses. Soit c'était un abruti fini qui se trompait totalement de cible, soit il entretenait des liens avec Odion lui-même, comme le soupçonnait Maître Balterik. Mais la Garde Gouvernementale ne devait pas être au courant de tout ça, bien sûr... Ni Madison, d'ailleurs. Kinan, lui, contenait mal sa colère.

- Vous êtes crétins ou quoi, vous autres larbins du Triumvirat ?! L'ennemi, c'est Odion, le type en noir sur son Pokemon volant ! C'est lui qui a tué tous ces gens. Nous, on essaie de l'empêcher de nuire, justement !

- Nous ne sommes que des humbles exécutants, qui n'entendent rien à toutes ces questions-là, s'excusa le lieutenant. Vous expliquerez ça à monsieur Dialine en personne.

- Tu rêves blanc-bec, fit Kelifa. On ne va pas se laisser capturer sans rien faire.

- Je n'aurai aucun problème de conscience à combattre quelqu'un de votre genre, Rocket. Mais je tiens à traiter Miss Dialine avec les égards dus à son rang. Ne nous obligez pas à lui manquer de respect...

Ad hésita. Elle ne pouvait toujours pas croire que Nathan était de mèche avec Odion. Il y avait sûrement malentendu, et pour le lever, elle devait lui parler, de vive voix. Et puis, il était clair que contre cette unité plus les Pokemon de Madison, le petit groupe serait bien impuissant. Elle échangea un bref regard avec Geran. Ce dernier secouait la tête de façon imperceptible, et avait les yeux levés vers le ciel. La lune. Les rayons... La renaissance d'Archangeos était pour bientôt. Il leur suffisait de résister quelques minutes. Ad décida de lui faire confiance. Même si elle le connaissait depuis peu, le Gardien de l'Harmonie lui inspirait bien plus confiance que son frère avec qui pourtant elle avait grandi.

Geran leva sa main droite et laissa filer son Don, qui éblouit tout le monde un instant. Assez pour que Ad appelle son Lopchu de sa Pokeball. Quand les hommes de la Garde Gouvernementale rouvrirent les yeux, ils avaient devant eux plusieurs Pokemon, dont ceux de Kinan, Balterik et Kelifa. Spyware avait appelé son Electrode et Spam son Motisma. Les deux Malware étaient quant à eux devenus invisibles grâce à leurs combinaisons. Geran avait tiré son épée, plus pour impressionner que pour trancher des membres, et Killian avait transformé sa guitare en lance-flamme.

Tout ce débordement d'intentions d'en découdre suffit pour que tous les hommes de la Garde ouvrent le feu. La plupart de leurs tirs électriques furent repoussés par la Voile Miroir d'Electrode, tandis que le reste des Pokemon partit à l'assaut. Ce fut un combat trop chaotique pour qu'Ad songe à donner des ordres à son Kung-Fufu, immédiatement repassé en forme évoluée. En revanche, pour se rendre utile, elle se servit de son Don pour effrayer et éblouir leurs adversaires. Rien de bien offensif, mais Ad ne tenait pas à se servir du Souffle Noir contre de pauvres gars qui faisaient leur travail. Et puis, d'une elle ne savait pas trop le contrôler, et deux, ça choquerait sûrement Geran. Bien qu'Ad n'ait que faire de ses préceptes moraux, elle tenait à son entrainement avec lui, et ne voulait pas lui donner un prétexte de la lâcher en cours de route.

Un coup invisible à la poitrine la stoppa dans ses agissements. Elle pensait qu'elle avait été touchée par l'un des tirs de la Garde, mais non. C'était une attaque psy qui venait tout droit du Symbios de Madison. La jeune championne avait envoyé son Alakazam aider la Garde, mais avait gardé près d'elle Symbios uniquement pour Ad. Une grande malveillance et amertume brillait dans ses yeux violets.

- Appelle ton Pokemon, lui ordonna-t-elle. Ça me ferait mal de t'écraser sans que tu puisses te défendre, à moins que tu comptes te servir de tes petites lumières contre moi ?

- Pourquoi tu fais ça ?! S'exclama Ad. Odion, l'homme que nous combattons, c'est lui qui a tué ton père ! Et on ignore dans quelle mesure Nathan est impliqué avec lui...

- Toujours à rejeter la faute sur les autres... Tu n'assumes jamais rien, alors que tu vadrouilles avec tous ces gars louches en usant de pouvoirs suspects.

- Idiote ! Mes petites lumières, comme tu dis, sont bien moins suspectes que le pouvoir de mort d'Odion. Combien de gens mourront encore pour que tu t'en rendes compte ?! Tu te trompes d'adversaire, Madison !

Mais la jeune fille secoua la tête.

- Non. Mon adversaire, je le connais depuis longtemps. Ça a toujours été toi. Je me fiche de cet Odion, de ta bande et des projets de Nathan. Tout ce que je veux, c'est te voir ramper à mes pieds, et reconnaître ma supériorité !

- Tu vas jouer le sort de Naya et de ses habitants pour un simple caprice d'enfant gâté ?

- Moi enfant gâté ? Ne me fais pas rire ! Je ne suis pas née avec une cuillère en or dans la bouche, contrairement à toi.

- Mais quelle importance ça a, maintenant ?!

- TOUT !

Au cri de sa dresseuse, le Symbios était passé à l'attaque. Une attaque Psycho à la force telle qu'elle détruisait le sol à son passage fusa vers Ad. La jeune femme ne fut sauvée que par l'intervention rapide de Kung-Fufu, qui avait abandonné la bataille générale pour venir à son secours et la prendre dans ses bras. Ad était sous le choc. Si cette attaque l'avait touchée, ça en aurait été sans doute fini d'elle. Madison, sa propre cousine, avait cherché à la tuer ! Ça, plus que les raisons enfantines de Madison pour la combattre, mit Ad en rogne. Elle combattrait tous ceux qui osaient s'en prendre à elle, quelles que soit les raisons invoquées. Elle était comme ça.

- Kung-Fufu, lâche-moi, et va lui rendre la monnaie de sa pièce, à cette pisseuse ! Attaque Dynamopoing !

Dynamopoing était la plus puissante attaque de Kung-Fufu. Guère précise, mais qui produisait des dégâts colossaux en plus de rendre confus l'adversaire. Mais Madison ricana.

- Une attaque combat contre un Pokemon Psy ? Ma pauvre... Tu es vraiment une bien piètre dresseuse ! Attrape-le avec Psycho, Symbios !

Kung-Fufu fut arrêté à un mètre de son adversaire, en flottant dans les airs, impuissants. Mais loin d'être perturbée, Ad eut un sourire.

- Et toi, tu es vraiment une bien piètre connaisseuse des caractéristiques des attaques Pokemon, dit-elle à Madison. Kung-Fufu !

À son signal, le grand lapin rose régressa à son stade d'avant évolution, Lopchu, grâce à son involuteur. Aussitôt, il fut libre de l'emprise de la Psycho de Symbios, et termina son attaque Dynamopoing. Bien que de force moindre que si il avait été Kung-Fufu, l'attaque fit tout de même son effet en rendant confus Symbios, qui planait çà et là en lançant des attaques au hasard.

- Impossible ! S'exclama Madison. Comment ton Pokemon s'est-il libéré de l'attaque Psycho ?! Un simple Pokemon Combat...

- Ça n'a rien à voir avec le type, expliqua Ad. En revenant à son stade précédent d'évolution, Kung-Fufu a changé sa masse et sa taille. Les attaques psychiques qui prennent le contrôle du corps du Pokemon adverse se basent justement sur le volume de matière du Pokemon. S'il change d'un seul coup, le Pokemon doit recalibrer son attaque, ce qui laisse une seconde de vide où l'attaque psychique ne fonctionne plus.

Madison fut stupéfiée par les connaissances de sa cousine, alors qu'elle, championne depuis des années, ne savait rien de tout cela.

- Oui, je ne suis peut-être pas dresseuse depuis longtemps, poursuivit Ad, mais j'ai étudié pendant des mois les caractéristiques scientifiques et physionomiques des Pokemon pour créer mon involuteur. Tout ceci n'est pas perdu quand il s'agit de combat.

Madison plissa les yeux, puis haussa les épaules en rappelant son Pokemon.

- Ce n'est plus important maintenant. Regarde autour de toi. Vos Pokemon ne vont pas résister longtemps. Vous êtes finis. Et toi aussi.

Ad sentit au moment même une immense fluctuation du Don. Geran, en plein combat, se retourna en même temps qu'elle. Les rayons de la lune venaient de traverser l'orifice du toit du sanctuaire. Et alors, d'énormes rayons de lumières blanches sortirent du sol de partout, faisant cesser tous les combats. Ad se sentit transportée dans une incroyable chaleur, plus puissante encore que celle du Don de Geran. Elle sentit son énergie grimper en flèche, alors que Madison et les hommes de la Garde se mirent à trembler et à reculer.

On ne voyait plus le bout du Sanctuaire, mais une silhouette commença à apparaître dans l'effervescence de lumière. Le corps blanc laiteux, ce Pokemon avait deux jambes humaines, mais deux ailes en guise de bras, au plumage brillant et soyeux. Sa tête était allongée et se finissait en une espèce de petite crinière à l'arrière. Il avait les yeux jaunes brillants, ainsi qu'un joyau collé au torse, passant du jaune au vert toutes les secondes. Archangeos, le Pokemon de l'Harmonie, était de retour après cinq cents ans de sommeil.






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Image d'Archangeos :