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Gardiens de l'Harmonie T.1 : La mélodie de vie de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 18/03/2012 à 08:53
» Dernière mise à jour le 28/08/2017 à 15:57

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Présence de Pokémon inventés   Région inventée   Romance

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Chapitre 2 : Un nom et un médaillon
- Qu'on enquête ? répéta Ad. Qu'on enquête sur quoi ? J'ai du travail moi, figure-toi.

- Mais c'est important ! Selon les rumeurs, Balterik aurait été aperçu dans les montagnes de Zaelle !

- Qui ça ?

Kinan ouvrit de grands yeux outrés.

- Balterik, par Arceus ! Maître Balterik ! L'ancien Maître Pokemon de la région !

Ad, qui ne s'était jamais vraiment intéressée aux dresseurs locaux, secoua la tête.

- Connais pas.

La mâchoire de Kinan s'ouvrit comiquement.

- C'est le plus grand dresseur de tout Naya !

- Apparemment pas, si c'est l'ancien Maître, dit Ad. Il a donc été battu par l'actuel.

- Justement non, il lui a cédé sa place. Maître Narek était son apprenti, et quand il a vaincu le Conseil des 4 de l'époque, Balterik a déclaré forfait avant même d'avoir combattu, et est parti s'exiler pendant des années dans d'autres régions. Mais aujourd'hui, il est revenu ! Il a dû gravement progresser durant ses années de voyage.

- Ok ok, c'est bien joli, et alors ?

- Et alors ? Il faut absolument que je le rencontre, et que je le convainque de me prendre comme élève !

- Bien. Bel objectif. Je te soutiens moralement. Maintenant, si tu veux bien m'excuser... Recontacte-moi, si jamais, quand tu seras Maître de la région.

Elle se retourna pour revenir à sa machine changeant les couleurs, quand Kinan balbutia d'une voix d'une déception telle qu'elle en devenait théâtrale.

- Mais... mais... mais... j'espérais que tu viendrais avec moi...

- Moi ? Avec toi ? Et pourquoi diable j'irais avec toi dans les montagnes de Zaelle pour rencontrer un type dont je me fiche royalement ? Je compte pas devenir Maître Pokemon moi. C'est toi le chasseur de badges ici.

- Mais tu es dresseuse, toi aussi. Une rencontre avec le grand Maître de Naya ne pourra que t'être bénéfique, à toi et à tes Pokemon ! Et puis... je ne voulais pas y aller seul. Ça serait sympa à deux.

Il avait prit soin de rougir en disant cela. Ad savait que Kinan cherchait continuellement mille et un prétextes pour avoir l'occasion de l'inviter à sortir. Elle s'en était amusée, au début, mais maintenant, ça commençait à l'agacer. Avoir un petit-ami était le dernier des soucis actuels d'Ad, et même si ça aurait été le premier, elle ne choisirait sûrement pas Kinan. Déjà, il avait un an de moins qu'elle et un caractère de gamin, et puis Ad avait si peu d'amis qu'elle ne désirait pas en perdre un à cause d'une relation qui aurait tourné court. Elle aimait bien Kinan, oui, mais plus comme un petit frère qu'autre chose.

- Non, désolée Kinan, dit-elle d'une voix qu'elle espérait vraiment désolée. Les montagnes de Zaelle, c'est pas la porte à côté, et j'ai ce truc à finir...

- Ta machine ne va pas s'envoler en ton absence, insista Kinan. Ni ton compte en banque. Tu gagnes près de dix-mille Pokédollars chaque jour ! Un petit voyage d'une semaine ne va pas bouleverser ton quotidien. Allez quoi, soit sympa. Je t'ai bien aidé contre ces empaffés de la Team Mawlare ? En plus, je vais passer par Villimote avant, pour affronter la championne d'arène. C'est ta cousine non ? Ça te fera une occasion de lui rendre visite.

- Mauvais choix d'argument, s'esclaffa Ad. Je n'ai plus parlé à Madison depuis un bail. Je ne peux pas la sentir, je n'ai aucune envie de la voir, et c'est un sentiment réciproque.

Mais Ad se surprit à réfléchir. Certes, elle détestait cette petite peste arrogante, mais elle aimait bien son père. L'oncle Elias, le frère de la mère d'Ad, était le seul membre de sa famille qui résonnait comme Ad concernant l'argent ou le pouvoir. C'était un homme simple, sympathique, qui l'avait aidée financièrement quand Ad avait quitté la maison de sa mère pour s'installer dans cet atelier abandonné. Ad n'avait pas encore eu l'occasion de le remercier comme il se devait.

- Dis-moi ce que je peux faire pour que tu viennes ? implora presque Kinan. Je ferais tous ce que tu voudras, si c'est en mes moyens !

Ad s'amusa presque du désespoir de Kinan. Lui faisait-elle autant d'effet, ou craignait-il à ce point un voyage si long sans personne à qui parler ?

- Tout ce que je veux, tu dis ?

- Tout, confirma Kinan.

Ad se retourna et se mit à farfouiller dans un carton. Elle en sorti une petite puce électronique, qu'elle envoya à Kinan. Il la rattrapa instinctivement, l'air perplexe.

- C'est quoi ça ?

- Une puce de sauvegarde de Pokeball. C'est un élément essentiel du mécanisme. Elle garde en mémoire la signature énergétique du Pokemon pour pouvoir le reconstituer parfaitement à sa sortie.

- Euh... oui, je le savais, affirma Kinan. Et tu veux quoi exactement ?

- Celle-là, c'est la puce d'une Pokeball ordinaire. Moi, je voudrai celle d'une Master Ball, la plus puissante des Pokeball. J'en aurais besoin pour un projet d'autre machine. À ce que j'ai entendu dire, le nombre de Master Ball peut se compter sur les dix doigts de la main, et je n'ai pas tellement envie de vider tout mon compte pour une seule Pokeball. C'est ça que je veux de toi. Une Master Ball.

- OK, fit Kinan. Tu l'auras avant la fin de l'année, maximum.

Ad se retint de ricaner. La confiance de Kinan était touchante, mais Ad se faisait très peu d'illusions. Si elle n'avait pas réussi à mettre la main sur l'une de ces Pokeball, il avait bien peu de chance d'y arriver. Mais elle devait lui demander quelque chose pour donner le change. Elle n'allait pas céder sans rien en retour, ça ternirait sa réputation et ça donnerait des idées à Kinan. Et puis, qui sait... Si Kinan, dans un futur éloigné, devenait un grand dresseur, célèbre et puissant, il n'était pas impossible qu'il parvienne à mettre la main sur une Master Ball. Et alors se souviendrait-il peut-être de sa promesse ?

- Je vais t'accompagner jusqu'à Villimote, l'informa Ad, mais je ne te promets pas de continuer ensuite.

- Très bien... C'est déjà très bien, balbutia Kinan. Oui, c'est parfait. Merci et... merci. On va bien s'éclater !

- Ouais, sans doute... Bon, je vais chercher mon sac de couchage.

- Oh, ce n'est pas la peine, sourit Kinan en montrant son gros sac de voyage. J'ai toujours ma tente à installer avec moi.

- Je suis contente pour toi, mais je prends quand même mon sac de couchage, dit Ad d'un ton sans réplique.

Il n'escomptait quand même pas qu'elle dorme avec lui dans sa tente, si ?

- De toute façon, on croisera des villes avant Villimote, fit Kinan, un peu dépité. On aura pas trop besoin de dormir à la belle étoile.

- Ça ne me dérange pas, dit Ad d'un ton neutre. J'aime pas dormir dans un bâtiment où je sais qu'il y a beaucoup de monde.

Kinan retint un sourire.

- Toujours aussi associale hein ? Vivre seule dans cet atelier, ça ne te réussit pas...


***


Les deux amis avaient quitté Vearnia quand ils la virent. Une limousine blanche escortée par tout un bataillon de gardes du corps en moto qui passait sur la route. Vearnia et ses environs étaient en plein dans la campagne. Autant dire que ce spectacle était inhabituel.

- C'est qui ça ? s'étonna Kinan.

Ad, elle, le savait. Elle avait vu les armoiries sur la porte avant droite de la limousine. Un huit renversé avec trois étoiles au dessus. Le symbole de la famille Dialine. Ad avait le même en médaillon autour du cou. Le seul bijou qu'elle portait, et le seul signe de sa famille qui lui restait, offert par son père disparu.

- Merde, soupira-t-elle. Qu'est-ce qu'elle veut ?

La limousine s'arrêta devant eux. Un des gardes du corps descendit de sa moto et s'empressa d'aller ouvrir la porte arrière de la voiture de luxe. La femme qui en descendit contrastait fortement avec le paysage rural alentour. Elle portait une robe de soie avec des paillettes, un chapeau haut de gamme et une écharpe sans doute faite avec la fourrure d'un Pokemon exotique. Fastia Dialine était encore jeune ; elle avait à peine seize ans quand elle a accouché de Nathan, le frère d'Ad, qui lui en avait maintenant vingt-deux. De l'avis de tout le monde, l'ancienne présidente de la région était très séduisante, mais depuis quelque temps, Ad était secouée d'un frisson de dégoût à la vue du visage couvert de maquillage de sa mère, ainsi que de son infernal Malosse domestique qui traînait toujours à ses pieds. Quand il la reconnut, Kinan exécuta une révérence maladroite et recula promptement. Fastia le dévisagea pendant deux secondes comme si il s'agissait d'une crotte d'Ecremeuh sur le chemin, puis revint à sa fille.

- Eh bien ? Tu ne salues pas ta mère ?

Cinq mois qu'Ad ne lui avait pas parlé, et elle constata que son ton cassant n'avait fait qu'empirer.

- Bonjour, mère, dit-elle d'un ton neutre. Au revoir, mère.

- Toujours aussi impertinente, petite ingrate.

La porte côté conducteur de la limousine s'ouvrit elle aussi, et le chauffeur, un vieil homme aux cheveux gris frisés, lui fit de grands signes de mains.

- Mademoiselle ! Comme je suis content de vous revoir !

Ad lui répondit avec un sourire. Hector, le chauffeur de la famille depuis près de quarante ans, avait toujours été l'un des employés préférés d'Ad quand elle habitait encore chez sa mère. Comme Ilda, la cuisinière de la maison. Ad avait été triste de les quitter, mais de toute façon, Fastia avait fait en sorte que sa fille ne reste plus en compagnie des domestiques.

- Retournez dans la voiture et restez-y, Hector, ordonna Fastia en sifflant.

- Oui madame, fit le chauffeur, contrit.

Ad revint à sa mère.

- Que voulez-vous ? Vous avez pris la peine de venir dans ce coin perdu avec tout le décorum. Vous n'auriez pas pu m'appeler, si vous vouliez me parler ?

- N'ai-je pas le droit de rendre visite à ma rebelle de fille quand l'envie m'en prend ?

Ad eut un rire sans joie.

- La dernière fois que nous nous sommes parlées, vous m'avez bien fait comprendre que je n'étais plus votre fille, que j'avais apporté le déshonneur à la famille, que j'avais sali à jamais le nom des Dialine, etc...

- Eh bien, il se trouve que j'ai réfléchi, dit lentement Fastia, comme si ses paroles lui en coûtaient. Je n'approuve certes pas le chemin que tu as pris, mais je dois avouer que tu t'en est relativement bien sortie. Il parait que, par la vente de tes... machines, tu as amassé une fortune conséquente en peu de temps ?

- Mes comptes en banque ne regardent que moi, mère, énonça Ad.

- Tu n'es pas encore majeure, Adélie, riposta Fastia. De ce fait, tout ce que tu peux posséder me revient de droit.

Ad lui servit un sourire obséquieux.

- C'est pour cela que vous êtes venu me voir ? Pour m'annoncer que vous allez me prendre mon argent ? Pas de chance, mère. Bien que je ne sois pas encore majeure, vous ne pourrez pas toucher à mes comptes. Dès que j'ai quitté la maison, je me suis faite émanciper.

- Sans mon autorisation ?! s'exclama Fastia, outrée.

- Ben oui, c'était le but.

- Tu es devenu bien arrogante, Adélie, constata sa mère. Finalement, malgré tout ce que tu as pu dire, la fortune et le pouvoir te sont montés à la tête. L'arrogance n'est pas un mal quand elle est bien utilisée, tu sais ? Mais ce n'est pas avec les parents de ce... ce garçon, que tu apprendras comment gérer des affaires. Tu as fait fortune de toi-même grâce à tes talents et à ton travail, et tu en tires mérite. Soit. Mais une fortune est un fardeau aussi bien qu'une bénédiction. Rentre à la maison, Adélie. Nous nous occuperons bien de ton argent, toutes les deux. Je t'apprendrai. Et alors, tu retrouveras la place qui t'es due dans la grande famille des Dialine !

Ad en croyait à peine ses oreilles. Sa mère en avait bel et bien après son argent. Son argent, qu'elle avait gagné par la force de ses mains et de son cerveau, et pas à cause de son nom ! Quand elle avait quitté la maison, Fastia lui avait dit qu'elle ne tiendrait pas un mois, et qu'elle reviendrait à genoux devant elle pour se faire pardonner. Maintenant qu'elle avait sa vie et son métier à elle, voilà que sa mère voulait aussi les lui prendre ?!

- Vos revenus ont-ils à ce point souffert pour que vous me suppliiez presque de revenir avec mon argent ? demanda Ad à mi-voix.

- Il ne s'agit pas de...

- Vous vous trompez totalement sur mon compte, mère. Au fond, vous ne m'avez jamais comprise ! L'argent ne m'intéresse pas. Ce n'est qu'un moyen pour moi, et pas un objectif à atteindre. Un moyen de faire ce qu'il me plait. Oui, j'ai gagné beaucoup d'argent, mais je ne me sers que de 1% de ce que j'ai. Le reste dort confortablement dans la banque, et je doute d'y toucher un jour. Et sachez que je préférerais le donner aux bonnes sœurs plutôt que de vous laisser mettre vos mains crochues dessus !

Le visage de Fastia se gonfla presque de fureur.

- Comment oses-tu ?! Qui t'as donné la vie ? Qui t'as nourrie et logée toutes ses années ? As-tu déjà manqué de quelque chose chez moi ?

- À vrai dire oui, il me manquait quelque chose, répondit Ad. La vie. Une vraie, pas une vie enfermée dans un cocon doré. Et si je vous dois quelque chose pour m'avoir élevée et nourrie, ne vous inquiétez pas, mère. Quand vous serez trop vieille pour vous occuper de vous toute seule, ou trop pauvre pour vous payer un majordome, je serai heureuse de payer pour vous offrir une place dans une belle et paisible maison de retraite. Et plus tard, je serais aussi plus que ravie de me charger de vos frais d'obsèques.

Elle se retourna sans observer la réaction de sa mère, qui aurait pourtant été amusante à voir. Mais elle n'alla pas bien loin. La main couverte de bagues de Fastia lui agrippa le poignet.

- N'oublies pas le nom que tu portes, dit Fastia d'un ton étrangement calme. Tu es Adélie Dialine, seconde du nom. Tu portes le même prénom que la fondatrice de notre famille, il y a près de cinq cent ans. Tu portes en toi un héritage, que tu le veuilles ou non.

- Un nom, ce n'est rien, répliqua Ad en se dégageant. Ça peut se changer. Le seul héritage que je porte, et que je continuerai de porter, même si je déteste tout ce qu'il représente, c'est celui-ci.

Elle montra le pendentif qu'elle portait autour du cou, bien caché sous son corset. Fastia cligna des yeux. Ils étaient devenus embrumés, comme si elle replongeait dans un passé oublié et douloureux.

- Le médaillon des Dialine, dit-elle. Celui de Guben. Il a choisi de te le donner à toi, alors que ton frère était bien plus digne de représenter le futur de la famille, et était en plus l'aîné.

- Allez savoir pourquoi. Père avait toujours une raison à tout, même si lui seul la connaissait.

- Accepterais-tu de me le vendre ?

La main d'Ad se serra instinctivement sur le collier.

- Jamais ! s'écria-t-elle, choquée. C'est tout ce qu'il me reste de père ! Comment pouvez-vous me demander ça ?!

Fastia garda le silence un moment, puis hocha la tête et rentra dans sa voiture. Par sa vitre ouverte, elle dit ces derniers mots à sa fille :

- Tu n'es pas la seule à chérir le souvenir de Guben, Adélie. C'était ton père, mais c'était aussi celui de Nathan. Et c'était mon mari. Et à moi, il ne m'a rien laissé, si ce n'est des centaines de dettes...

La limousine fit demi-tour, laissant Ad plus désemparée par les dernières paroles de sa mère que par sa dispute avec elle.

- Wouah, souffla Kinan. Pas commode ta mère.

- C'est une idiote, dit Ad en reprenant sa route.


***


La région de Naya était une région assez rurale, bordée par plusieurs chaînes de montagnes, dont la plupart abritaient d'importantes villes. Les nayens aimaient vivre en harmonie avec la nature. Ce n'était pas pour cela qu'ils ignoraient le progrès technologique, loin s'en faut. Odipolis, la capitale et le centre de la région, pouvait bien rivaliser avec les capitales étrangères comme Safrania ou Volucité, en terme de grandeur et de nombre d'immeubles. Mais il y avait une ville à Naya qui était différente. Sans doute la ville la plus automatisée qui existe au monde. Et c'était normal, quand on savait que New Naya avait été bâtie et était dirigée par la Team Malware.

C'était son quartier général, mais aussi une des villes touristiques les plus prisées de ce secteur du globe. En fait, la Team Malware n'avait pas besoin de grand-chose d'autre que le tourisme pour engranger des fonds. Pas de vol, pas de racket, comme la plupart des autres Team criminelles du monde. De ce fait, la Team Malware n'était pas une organisation criminelle. Elle était légale. Légale mais indésirable, bien entendu. Le Triumvirat n'ignorait rien de ses buts à long terme. Mais hélas pour lui, il ne pouvait rien faire pour les en empêcher. La Team Malware respectait scrupuleusement la loi, même si elle la méprisait.

Enfin, du moins aux yeux de tous. Certaines de leurs activités secrètes n'avaient certes rien de légal, et le Triumvirat le savait, mais il n'avait jamais réussi à l'attraper sur le fait, et n'avait aucune preuve. De plus, les Malware, de part leurs actions, engendraient pas mal de profits pour la région. Il y avait New Naya, bien sûr, mais aussi des dizaines d'inventions technologiques que la Team Malware avait mises sur le marché et qui aidaient beaucoup les gens dans leur vie quotidienne, comme les maisons autonettoyantes.

La sbire Noémie Farron, qui avait été envoyée pour convaincre Adélie Dialine de rejoindre la Team, pénétra d'un pas lourd dans l'enceinte de New Naya, un dôme gigantesque de transparacier, un nouvel alliage créé par la Team Malware, qui enveloppait toute la ville. Noémie était une jeune femme aux courts cheveux roux et aux yeux verts. Elle avait rejoint la Team Malware il y a trois ans, quand elle avait eu son diplôme d'ingénieur. Son professeur, qui était un membre haut placé de la Team Malware, l'avait remarquée et l'avait engagée.

Noémie ne regrettait pas d'être entrée dans l'organisation. Elle faisait dans la Team Malware tout ce qu'elle avait rêvé de faire. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle était d'accord avec toutes les actions du Boss, parfois un peu trop extrêmes. Hof, son partenaire, marchait à ses cotés, toujours en se passant la main sur la bosse qu'il avait reçu suite à son affrontement avec la jeune Adélie. Noémie espérait qu'il avait très mal. C'était de sa faute après tout, si ça avait si mal tourné. Il ne s'était pas montré très diplomate. Et maintenant, Noémie allait être mise dans le même sac que lui par le Boss.

- Si jamais je la retrouve, cette gamine, grogna Hof, je te jure que je vais...

- Ferme-la, soupira Noémie. Et prie plutôt pour que tu ne la retrouves pas. La famille Dialine n'est pas quelqu'un qu'on aimerait avoir comme ennemi ! Encore moins une fille qui possède tant d'argent.

Hof se ferma dans un silence boudeur, tandis qu'ils restaient immobiles sur le tapis roulant géant qui traversait l'ensemble de la ville. Noémie se demanda une énième fois comment il se faisait qu'elle avait accepté de sortir avec cet idiot de Hof ? C'était il y a deux ans, mais à l'époque, Noémie était encore une nouvelle recrue hésitante, et Hof était si confiant et sûr de lui. Maintenant, c'était terminé. Leur couple comme sa supériorité. Bien que les sbires n'aient pas de grade pour les différencier, Noémie avait depuis longtemps dépassé Hof.

Noémie posa son regard sur les remarquables maisons qui défilaient devant elle. Bien qu'elle habitait à New Naya depuis trois ans, elle était toujours autant impressionnée par ce décor surréaliste frisant la science-fiction. Des maisons qui lévitaient à deux mètres du sol, des lignes de tramway totalement verticales, la ville qui évoluait plus vers le haut que de gauche à droite... New Naya était une ville du futur, et la région entière allait le devenir quand le Boss aurait terminé ses plans et conquit Naya ! Ce serait une bonne chose. La Team Malware faisait déjà tellement de bien à ses habitants, contrairement à ces trois bourgeois incompétents du Triumvirat et leur marionnette de président.

Le Triumvirat comme les nobles qui dirigeaient de fait la région étaient tournés vers le passé, vers la gloire de leurs familles, des reliques et des titres ancestraux... alors que la Team Malware ne vivait que pour le futur ! Noémie et Hof ne descendirent pas du tapis roulant. Ils n'en avaient pas besoin. Il commençait à l'entrée de la ville et finissait au quartier général de la Team Malware ; une véritable forteresse d'acier, surmontée de dizaines de paraboles, avec le grand M en transparacier à son sommet. Ils arrivèrent ensuite jusqu'au bureau du Boss, où un garde les attendait.

- Noémie Farron ? Le Boss vous attend.

- Mais... et moi ? demanda Hof.

- Vous, vous restez là.

Anxieuse à l'idée de rencontrer le Boss seule à seule, Noémie passa la porte automatique. La salle du Boss était une salle holographique en trois dimensions. Divers objets et représentations fantomatiques flottaient dans ce grand espace éclairé par la brillance du transparacier qui faisait office de mur. Ainsi, le Boss avait constamment un aperçu sur sa ville et sur toutes les merveilles qu'il avait créées. Noémie traversa la représentation de la galaxie pour venir se poster devant le fauteuil du Boss.

- Sbire Farron au rapport, monsieur !

Le Boss Spam était un homme entre deux âges, dans la quarantaine. Il avait des cheveux blonds jusqu'à la nuque, des lunettes rectangulaires et une féroce intelligence qui brillait derrière ses yeux gris. Il était toujours impeccablement habillé. C'était aussi une figure populaire. Il passait souvent aux informations, en tant que maire et fondateur de New Naya, et il était une figure courante des grands dîners et des galas.

- Vu que vous n'êtes pas rentrée avec la jeune Dialine, je théorise que votre mission est un échec ?

Spam avait une voix de velours qui hypnotisait facilement ses interlocuteurs, surtout les femmes. Noémie s'enfonça ses ongles dans les paumes pour garder les idées claires.

- Oui, monsieur. Je vous présente toutes mes excuses.

- C'est inutile. Car vous allez me dire que votre coéquipier Hof est totalement responsable de cet échec ?

Noémie tenta de conserver un visage impassible. Ce n'était pas la première fois que le Boss donnait l'impression de savoir lire dans les pensées.

- J'ai aussi ma part de responsabilité, monsieur, dit-elle, prudente.

- Vraiment ?

Spam se leva, et contourna le bureau pour venir se mettre face à elle. Noémie tenta de ne pas ciller face à ses yeux aciers qui semblaient vous transpercer le crâne pour fouiller dans votre cerveau. Le grand écran de télévision qui semblait pousser des cris ne l'aidait pas à se concentrer.

- Silence Motisma ! lança le Boss à la télévision. Ne vois-tu donc pas que je suis en train de parler ?

Les petits cris cessèrent immédiatement. L'intelligence du Boss était allée jusqu'à la création d'un Pokemon. Motisma était un Pokemon de type Foudre et Spectre, totalement créé par l'homme. Il n'en existait que deux dans le monde. Le premier avait été crée par le professeur Pluton, de la Team Galaxie, aujourd'hui dissoute. Bien que Pluton se soit approprié toute la gloire de sa création, le Boss Spam avait été le premier à avoir eu l'idée de créer un tel Pokemon. Pluton, qui avait travaillé un temps avec Spam, lui avait volé cette idée et était allé se réfugier dans la Team Galaxie pour créer son Motisma. Mais le Motisma de Pluton n'était rien face à celui de Spam. Ce dernier était bien plus complet, bien plus représentatif de l'intelligence de la Team Malware.

- Vous êtes une personne compétente et intelligente, Noémie, reprit Spam. Bien plus que Hof. Le temps est venu de vous élever au-dessus de lui et de tous ces autres sbires qui vous sont inférieurs.

- Monsieur ?

- Vous voilà commandante de la Team Malware. Il est d'usage pour les commandants d'abandonner leur nom pour choisir un nom de code. Choisissez.

Le Boss allait toujours droit au but et ne perdait pas de temps en simagrées. Le remercier ou avoir l'air étonné aurait été inutile. De toute façon, Noémie avait toujours eu son nom de commandant en tête, comme si elle avait été certaine que ce jour viendrait. Elle était surprise, bien sûr, mais finalement, elle n'avait jamais douté qu'elle y parviendrait. Elle était plus intelligente et plus efficace que n'importe quel sbire. Ce n'était pas de l'arrogance, mais la pure et stricte vérité.

- Je suis la commandante Spyware, monsieur.

Spam sourit.

- Très bien, commandante Spyware. Vous allez me montrer que vous êtes digne de votre nom. Vous allez espionner puis me capturer la gamine Dialine, sans que personne ne nous soupçonne. Nous avons absolument besoin de ses talents pour notre grand projet. Agissez dans le plus grand secret.

Spyware hocha la tête et s'apprêta à sortir quand Spam ajouta :

- Oh, et le sbire Hof... je pense qu'il ne nous sera plus utile, désormais. Pour renaître totalement en tant que Spyware, il vous faut couper vos liens du passé. Tuez-le.

Spyware déglutit difficilement mais acquiesça. La petite part de l'ancienne Noémie Farron en elle, celle qui avait été effroyablement timide et amoureuse d'Hof, se révulsa contre cette idée, mais Spyware la fit taire. Elle n'était plus Noémie Farron désormais, elle était la commandante Spyware de la Team Malware, et elle devrait couper tous ses liens avec son passé.





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Carte de la région Naya