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Gardiens de l'Harmonie T.1 : La mélodie de vie de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 18/03/2012 à 08:40
» Dernière mise à jour le 09/04/2017 à 21:06

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Présence de Pokémon inventés   Région inventée   Romance

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Prologue
500 ans avant notre ère...



- Si je suis vivant, suis-je mort ? Si je suis mort, suis-je vivant ?

Odion, seigneur autoproclamé de l'univers, baissa les yeux du ciel noir et nuageux qui abreuvait le sol de sa pluie, pour contempler son œuvre. Tout un champ stérile, sombre, mort, où gisaient des centaines de cadavres d'humains et de Pokemon, qui avaient été, il y a encore une heure, un village foisonnant et bien vivant. Maintenant, la mort avait repris ses droits ici, comme il se devait. Odion emplit ses poumons de la douce odeur de pourriture et de décomposition qui régnait tout autour de ce carnage. Cette senseur lui procura une joie indescriptible, une extase incontrôlée.

Quelle chose merveilleuse était la mort ! Quel service, quel délivrance il rendait à tous ses pauvres êtres vivants en les envoyant dans le néant éternel ! Là-bas, tout n'était que paix et unité. Alors que dans ce monde, où la vie régnait, tout n'était que désordre et chaos. La mort, elle, n'était qu'harmonie. Une douce et parfaite harmonie ! Odion s'avança parmi les cadavres, se délectant à la vue de ces corps parfaitement intact, sans aucune blessure, mais qui ne sauraient être plus morts. La mort avait fait un grand don à Odion : celui de pouvoir la donner aux autres. Lui, il n'avait nul besoin de ces ridicules épées ou flèches pour amener quelqu'un de vie à trépas. Car il était l'élu de la mort.

Un geste d'un des corps le fit s'arrêter. Quelqu'un était encore vivant ! Quelle infamie ! Quelle insulte ! Qui avait osé rejeter le don si merveilleux d'Odion ? Qui ? L'homme, assez jeune, tentait de ramper au sol. Il était vêtu d'une armure brillante ainsi que d'une cape verte. Odion se permit un sourire de soulagement. Il comprenait. Personne n'aurait pu échapper à sa Déferlante de Mort.

Personne hormis un Gardien de l'Harmonie.

Odion les méprisait. Eux qui se disaient Gardiens de l'Harmonie, alors qu'ils vénéraient la vie. Or la vie ne saurait être plus éloignée de l'harmonie véritable. Ces hommes et ces femmes à la cape verte avaient le pouvoir de lui résister, à lui comme à tous les Agents du Chaos. C'était du reste le seul pouvoir qu'ils possédaient. Cette protection leur venait d'un certain Pokemon Légendaire, qu'Odion avait hâte d'envoyer dans le Monde des Morts. Ce serait un acte de bonté ; ainsi il allait retrouver tous ses chers Gardiens de l'Harmonie.

Car en quatre ans de conflit avec eux, Odion avait fini par quasiment tous les massacrer, en dépit de leur agaçante protection contre ses pouvoirs. Aujourd'hui, ils étaient si faibles, si diminués, qu'ils ne pouvaient même plus résister comme autrefois à la Déferlante de Mort d'Odion. Car la puissance des Gardiens venait de leur nombre. Celui là en était la preuve. Il était vivant, certes, mais avait déjà un pied plus la moitié d'un autre dans la tombe. Odion le retourna du bout du pied pour observer son visage.

- Mais ne serait-ce pas là ce cher seigneur Odemund ? Que faisais-tu donc dans ce village ?

Odion suivit le regard d'Odemund, qui contemplait, effondré, les corps sans vie d'une femme et de deux enfants, tous proches de lui. Le sourire d'Odion s'élargit.

- Oh, je vois, c'était ici que résidait ta famille ? Réjouis-toi, mon ami, car ils nagent à présent dans la félicité éternelle de la mort. Ils ne font plus qu'un avec Mère.

Odemund lui jeta un regard suppliant.

- Tue-moi, demanda-t-il avec faiblesse.

- Mais naturellement, acquiesça Odion. Mais avant de te libérer du fardeau de la vie, j'aimerai savoir une chose.

Odion se mit à genou, et attrapa de ses mains gelées le visage d'Odemund, qu'il amena jusqu'à ses yeux d'un bleu surnaturel.

- Où se cache Geran, Odemund. Dis-le moi. Il faut à tout prix que je le tue, tu comprends ? Par amour pour lui, je dois le faire.

Malgré sa situation, le Gardien de l'Harmonie parvint à sourire.

- Où est-ce que tu crois qu'il puisse être, sombre Odion ? Beaucoup d'entre nous avaient abandonné avant que tu ne les tues, mais pas lui. Tant qu'il y aura un souffle de vie en Geran, il continuera la lutte !

- Je vois. Il aurait donc acquit lui aussi la Bénédiction de Dialga ? Quelle tristesse... Tant d'efforts futiles. L'espoir que vous ayez de vaincre s'en est allé il y a longtemps déjà.

Odemund toussa et cracha du sang.

- Faux ! Tant qu'un seul... Gardien de l'Harmonie vivra... l'espoir... perdurera...

Ce furent là ses dernières paroles. Odion n'avait même pas eu le plaisir de le faire trépasser lui-même.

- C'est toi qui as faux, Odemund, siffla-t-il. Geran ne pourra jamais me rattraper si je scelle la Porte du Temps après mon passage !

Il leva son bras droit vers le ciel sombre et pluvieux.

- Mère ! Il est temps. Hâtons-nous jusqu'au Monastère du Temps !

Une forme sombre et ailée fondit sur lui, et le seigneur Odion disparut dans la noirceur de cette nuit meurtrière. Peu après son départ, une autre personne foula les terres boueuses de ce village totalement détruit. C'était un jeune homme, d'à peine dix-huit ans. Il portait la tenue typique des Gardiens de l'Harmonie, et il avait de fins cheveux blancs qui lui tombaient jusqu'à la nuque. Son nom était Geran Glasbael, à présent le dernier des Gardiens de l'Harmonie, même s'il l'ignorait.

Il contempla le désastre avec l'air d'un homme qui n'en pouvait plus, qui en avait déjà trop vu dans sa courte vie. Mais aussi avec une sombre détermination. Il était prêt à faire tout ce qu'il pouvait pour stopper Odion et sa folie, jusqu'à son dernier souffle, et même après, s'il le pouvait. Geran était accompagné d'un Pokemon qui marchait à ses cotés. Il était petit et fort singulier. Blanc, avec un peu de rose sur son corps, dont deux perles qui pendaient à ses longues oreilles. Il marchait sur deux pattes mais possédait une queue assez grande pour sa taille. Ses yeux étaient jaunes et globuleux. Ce Pokemon s'appelait Rétrectis, et il était l'un des rares Pokemon de type Lumière. En outre, il était le compagnon d'arme de Geran depuis cinq ans. Rétrectis poussa un petit cri plaintif qui résonna dans ce lieu sans vie.

- Oui Rétrectis, je sais, dit Geran à voix basse. Odion est passé par ici, c'est évident. Même sans avoir vu ça, je sentirais quand même sa trace écœurante.

L'études des corps le lui confirma. Ils n'avaient aucune blessure apparente, aucune trace d'attaque quelconque, mais ils étaient morts. Seul le pouvoir d'Odion, la Déferlante de Mort, pouvait causer une chose pareille. Geran tomba sur le cadavre d'un homme qu'il reconnut au premier coup d'œil. Odemund. Un autre Gardien de l'Harmonie. Il était allongé à côté de sa famille. Geran sentit les larmes couler sur ses joues et ne fit rien pour les en empêcher.

- Odion...

Une terrible colère imprégna chaque cellule de son corps. C'était même plus que de la colère. C'était de la haine.

- ODION !!!

Il savait où il allait. Et il savait pourquoi. Et c'était hors de question.

- Rétrectis !

Le Pokemon n'eut pas besoin d'un ordre plus précis. Ses sphères au bout de ses oreilles et sur son front se mirent à briller, et il ferma les yeux, se concentrant intensément. Rétrectis avait un pouvoir particulier qui lui permettait de repérer le moindre Pokemon à des kilomètres à la ronde, et de se connecter à son esprit. C'était ainsi qu'il demandait leur aide. Et les Pokemon, même les plus sauvages, la lui accordaient la plupart du temps, car ils savaient pour qui il travaillait. Dix minutes plus tard après son appel mental, un Roucarnage fondit des cieux pour se poser devant eux. Geran le monta et Rétrectis s'accrocha au dos de son ami humain. Puis le Roucarnage s'éleva sous le ciel noir, spectateur impuissant de l'horreur qui était en train de se passer.

- Il faut que tu nous déposes au Monastère du Temps le plus vite possible, mon ami ! s'écria Geran au grand Pokemon vol.

Roucarnage comprit plus par les pensées de Rétrectis que par les mots de Geran, mais les y mena sans l'ombre d'une hésitation, bien que lui aussi sentait la terrible noirceur qui provenait de ce lieu, incarnée par Odion et son terrible Pokemon. Le Monastère du Temple était un lieu de culte voué au légendaire Pokemon Dialga. Et en l'occurrence, le seul endroit à proximité où Odion pouvait espérer mettre son plan à exécution. Il voulait utiliser la Bénédiction de Dialga, qu'il avait volé à un vieux sage avant de le tuer, pour effectuer un voyage dans le temps.

Car c'était là l'utilité des Bénédictions de Dialga. Le Pokemon Légendaire ne les donnait qu'à de rares personnes au cœur pur, car les voyages dans le temps, surtout dans le passé, étaient très dangereux et mettaient même en péril le monde tel que nous le connaissons. Odion, lui, voulait allait vers le futur dans un but précis. Ainsi, Geran s'était lancé à la recherche de Dialga, pendant deux années, pour le supplier de lui accorder une bénédiction, afin qu'il suive et arrête les plans machiavéliques d'Odion.

Et aujourd'hui, apparemment, c'était le jour qu'Odion avait tant attendu. Toutes les conditions étaient réunies pour qu'il puisse effectuer son voyage vers le futur à une époque bien précise. Cinq cent ans dans l'avenir. Il y avait deux raisons à cela. Premièrement, il avait tué tellement de monde à son époque que c'était maintenant difficile pour lui de trouver d'autres victimes, et donc il comptait sur une surpopulation cinq cent ans dans la futur. Et deuxièmement, il avait quelqu'un de précis à tuer là-bas.

Les éclairs se mirent à tomber, et l'un d'entre eux, particulièrement violent, éclaira pour Geran l'intérieur du Monastère. Odion, le Prince des Ténèbres, était déjà là. Il était en train de réciter une prière devant le mur gravé de symboles antiques. La formule pour activer la Bénédiction de Dialga, et ainsi ouvrir la Porte du Temps. Geran la reconnaissait, pour l'avoir lui-même apprise par cœur en vue du jour où il l'utiliserait pour suivre Odion. Ce dernier avait bien entendu repéré la présence du Gardien de l'Harmonie, mais poursuivi son laïus sans se retourner. Geran le laissa faire. Si Odion utilisait sa propre Bénédiction pour ouvrir la Porte du Temps, Geran n'aurait qu'à le suivre ensuite, évitant de gaspiller sa Bénédiction à lui. Ainsi, si par chance, il parvenait à vaincre Odion dans le futur, il pourrait l'utiliser pour retourner à son époque.

Quand Odion eut prononcé les derniers mots, les écrits sur le mur se mirent à scintiller, et un tremblement se fit ressentir. Deux petites colonnades à coté du mur étincelèrent à leur sommet, envoyant deux arcs électriques se rencontrer pour former un cercle, une ouverture dans le domaine de Dialga, qui les transporterait dans une nouvelle couche temporelle. Enfin, Odion se retourna pour dévisager Geran avec son sourire habituel. Par Arceus, qu'est-ce que Geran pouvait le haïr ! Il n'en était pas fier, car la haine était une émotion de l'obscur, qu'encourageaient les Agents du Chaos comme Odion. Mais c'était ainsi. Il haïssait tout en lui, jusqu'à ses longs cheveux noirs, ses yeux bleus qui pouvaient vous transpercer aussi bien qu'une épée, sa toge d'apparat en velours noir, aux contours dorés, son médaillon autour du cou, représentant le symbole de l'obscur. Geran tira instinctivement son épée, bien qu'il savait depuis longtemps que les armes humaines étaient totalement inefficaces sur Odion.

- Tu es venu, lui dit Odion de sa voix mélodieuse venu de l'au-delà. Ta présence me réchauffe le cœur, Geran.

- Voilà qu'il me semble difficile à croire, riposta le jeune Gardien. Ton cœur ne peut-être réchauffé pour la simple et bonne raison qu'il n'existe plus. Tu t'en es débarrassé il y a longtemps.

- La vieille discussion, sourit Odion. Tu ne comprendras jamais que si je tue, ce n'est que par pure compassion. Moi seul peut vivre dans ce monde, Geran. Tous les autres... ils seront bien plus heureux avec Mère. Et toi aussi. Désolé, mais je ne peux te permettre de venir avec moi dans le futur. C'est ici que nos chemins se séparent, Geran. Adieu.

Odion leva la main, et Geran se tint prêt.

- Mère. Fais-lui grâce de la félicité éternelle !

Geran n'eût pas besoin du cri d'avertissement de Rétrectis pour s'écarter d'un bond, tandis que derrière lui était apparu à toute vitesse une forme sombre et ailée, possédant en guise de corne une immense faux, à la manière de la Mort. Geran contra sa faux noire par son épée, mais ne put esquiver les attaques Tranch'Air que lui envoya le Pokemon d'Odion. Il sentit plusieurs chocs tranchants sur son torse et ses bras, mais tint bon. Rétrectis vint à l'aide de son dresseur avec une attaque Illumination, attaque de type Lumière fort efficace contre les types Ténèbres comme le Pokemon d'Odion.

Ce dernier battit des ailes en reculant. Un regard vers sa gauche apprit à Geran qu'Odion avait franchit la Porte du Temps, qui commençait à rétrécir. Avec le Pokemon d'Odion qui l'attaquait, Geran n'aurait pas le loisir d'invoquer lui-même sa propre Bénédiction. Il devait absolument passer, maintenant ! Geran fut un moment étonné qu'Odion n'ait pas amené son Pokemon avec lui, mais tout compte fait, c'était inutile. Ce Pokemon ne pouvait mourir de vieillesse. Cinq cent ans plus tard, il sera encore là, attendant l'arrivée de son maître. Car Odion et sa créature étaient liés. Liés par le désir de donner la mort. Même à deux pôles différents de la planète, ils pourraient se sentir.

Geran tenta de porter un coup d'épée, mais le Pokemon ne le laissait pas approcher, et bloquait toujours l'accès à la Porte du Temps, qui allait bientôt disparaître. Puis il se mit en position : celle de son attaque ultime, Fauch'Vie. Si Geran, en tant que Gardien de l'Harmonie, était protégé des Déferlantes de Mort d'Odion, il était vulnérable face aux attaques des Pokemon. Et Fauch'Vie était inévitable. Elle donnait la mort à tous ceux qu'elle touchait.

Mais alors qu'il s'apprêtait à rejoindre tous ses frères Gardiens dans l'après-vie, le Roucarnage qui les avait transporté surgit et s'interposa entre Geran et le Pokemon d'Odion. Il périt sur le coup quand la faux de la créature de ténèbres s'abattit sur lui, mais Geran saisit sa chance. C'était le noble sacrifice d'un Pokemon qui se battait aussi pour l'Harmonie, qu'il ne devait pas gâcher. Il prit la main de Rétrectis et fonça vers la Porte du Temps, alors que le Pokemon d'Odion était encore surpris par l'arrivée de Roucarnage.

Il ne réagit pas à temps pour les arrêter, et Geran put entendre son cri lugubre de rage tandis qu'il se sentait aspirer dans la Porte du Temps, Rétrectis à ses cotés. Il ne savait pas où il allait ni ce qu'il verrait là-bas. Mais il était sûr d'une chose : son combat avec Odion ne faisait que commencer. Et un des deux allait périr dans cette nouvelle époque, c'était une évidence.





*****

Image de Rétrectis :