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Team Rocket X-Squad de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 16/09/2011 à 09:04
» Dernière mise à jour le 25/07/2022 à 19:35

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 47 : Le visage du mal
- ...la colère de notre divine Impératrice !

L'Agent 006 éteignit la télévision avec la télécommande, attendant anxieusement la réaction du Boss, assis derrière lui. Giovanni, comme à son habitude, conservait son calme à toute épreuve et ce fut d'un ton tout aussi calme qu'il dit :

- Je vois. Belle stratégie de la part des Vriffiens, je dois l'avouer.

- Vous avez compris ce qu'ils veulent faire, monsieur ? s'étonna le général Tender qui se trouvait avec eux sous forme holographique depuis sa base.

- Bien entendu. Ils veulent diviser pour mieux conquérir. En disant que l'invasion est de notre faute, ils créaient encore plus le chaos à Kanto en nous mettant à dos toute la population. Ils veulent se prémunir d'une possible alliance entre la Team Rocket et le gouvernement contre eux. C'est limpide et très efficace.

Encore une fois, Tender fut impressionné par la clairvoyance de son patron.

- Avez-vous une seule fois escompté vous allier aux Dignitaires pour vaincre l'Empire, monsieur ? demanda l'Agent 006 avec un sourire ironique.

- En tout dernier recours, s'il s'avérait que rien d'autre n'aurait pu empêcher l'Empire de conquérir Kanto. Nous n'en sommes pas encore là, mais quoi qu'il en soit, Vriff vient de frapper un grand coup. Pas seulement contre le gouvernement, mais aussi contre nous, la Team Rocket. Ils ont osé nous défier de face et une seule réponse est d'actualité : général Tender, vous pouvez lancer toutes nos forces à Kanto - je dis bien toutes - pour enrayer l'invasion de l'Empire de Vriff sur notre territoire.

- La guerre totale ? Vous êtes sûr, monsieur ? insista Tender.

Giovanni caressa son Persian qui venait de sauter sur ses genoux.

- Il n'y a plus à hésiter. Peu importe que le gouvernement et que la population nous envoient des pierres. Je ne veux plus voir un seul soldat vriffien dans ma région !

Le ton de Giovanni ne souffrait d'aucune réplique ni hésitation, Tender l'avait compris.

- À vos ordres, monsieur ! Quelle attitude devrons-nous adopter face aux armées du gouvernement si on les rencontre contre les Vriffiens ?

- Une totale indifférence, Tender. Laissez tranquille et ne provoquez pas le combat. Chacun mènera sa guerre de son côté. S'ils nous cherchent des noises, n'ajoutez pas de l'huile sur le feu et préférez la fuite. Je ne veux pas combattre à la fois le gouvernement et les Vriffiens, je pense que les Dignitaires pensent pareil de leur coté.

Giovanni se tut un moment, se prit le menton comme s'il voulait ajouter quelque chose, mais abandonna ce qu'il avait voulu dire. Il se leva et fit plutôt :

- Hegan, j'ai entière confiance en vous. Vous mènerez la guerre contre les Vriffiens à l'intérieur de nos frontières. Si nous les repoussons, je vous joindrai quelques membres de mon état-major pour qu'on amène la guerre cette fois dans les frontières de l'Empire de Vriff. Nous envahirons leur territoire en réponse à leur attaque. Ce sera un coup double pour la Team Rocket : nous gagnerons la confiance des gens de Kanto en protégeant la région de Vriff, et nous gagnerons toute une région pour nous.

Tender hocha la tête, se retenant de dire que Giovanni allait un peu vite en besogne. Le général avait vu les rapports de la X-Squad au sujet de l'armée de l'Empire de Vriff. Elle était immense, trois fois plus grande que toute la population de Kanto. Avant de songer à envahir l'Empire, il fallait savoir si l'empêcher d'envahir Kanto était seulement possible.


***


Au-dessus d'Akuneton, le ciel ombrageux était de la couleur de l'âme de ceux qui se présentaient en ce moment même dans la vaste salle du trône du palais impérial. En file indienne, les Cinq Elus avancèrent dans la grande salle, le Seigneur Souverain Vriffus fermant la marche. Les Elus étaient habillés d'une seule toge, de couleur différente pour chacun.

Le Seigneur Ues, à la toge verte, possesseur de pouvoirs floraux, était assez grand, avec de fins cheveux gris assez longs, mais avait un visage méconnaissable en raison de centaines de tâches de vieillesse qui le défiguraient. L'homme était si grêlé qu'on avait l'impression qu'il était tombé dans de l'acide. Ues était un homme vaniteux et arrogant, qui se donnait l'impression d'être le créateur de l'Univers. C'était lui qui, au sein de l'Empire, décidait de la politique globale au nom de l'Impératrice.

Derrière lui venait le Seigneur Evard, maître des flammes et vêtu de sa toge rouge. Il était si vieux et si maigre que seulement une fiche couche de peau grisâtre recouvrait son squelette. Bien des cadavres de plusieurs jours paraissaient plus vivants que cet homme. Evard avait pour défauts la gourmandise, la luxure et l'avarice. À l'écouter, il semblait que tout en ce monde avait été créé pour lui et ses désirs. Evard était chargé du commandement de la flotte Impériale des Ailes du Sang et également, en secret, de la garde du Pegasa femelle.

Après avançait le Seigneur Falchis, à la toge bleue et aux pouvoirs aquatiques. Il était plutôt bien conservé, avait encore un visage assez noble agrémenté d'une courte barbe, mais son dos était si courbé que son corps formait constamment un angle à 90 degrés. Falchis donnait l'impression d'un homme doux et gentil, mais derrière son visage aimable se cachait un fanatisme et une piété religieuse des plus terribles. Le Seigneur Falchis était le dirigeant de la Confrérie de l'Empire, la haute instance religieuse, qui au nom de Dieu dirigeait la vie des Vriffiens.

La quatrième Elu était le Seigneur Jyskon, à la toge jaune, contrôlant la foudre. Il était borgne et possédait une immense barbe blanche qui traînait par terre. Sa propreté était plus que douteuse. C'était un homme constamment mécontent et toujours en colère contre tout le monde. Il commandait aux forces terrestres de l'armée de Vriff.

Le cinquième et dernier Elu était aussi le plus important. Vêtu d'une ample robe noire à capuchon qui ne laissait rien voir de ses traits, le Seigneur Vriffus, autoproclamé Seigneur Souverain, était le maître incontesté de l'Empire. C'était lui qui l'avait créé, en des temps immémoriaux et qui lui avait donné son nom. Depuis, il restait constamment dans l'ombre, observant de loin comment ses serviteurs dirigeaient l'Empire en son nom. Les pouvoirs du Seigneur Souverain étaient incommensurables et ramenaient à de simples petits tours de magiciens ceux des quatre autres Elus. On le disait immensément vieux, même plus que les autres Elus. Rares étaient ceux qui avaient vu un jour son visage. La masse d'ombre qui enveloppait l'identité et les secrets du Seigneur Vriffus était telle celle qui assombrissait son âme.

Les Cinq Elus s'assirent à la table qui leur avait été réservée, échangeant des commentaires ou des informations entre eux. Seul le Seigneur Souverain restait silencieux. Aucun autre Elu n'était assez fou pour lancer une conversation avec lui. Une fois assis, tous portèrent leur regard vers la haute porte en face d'eux, à côté du trône impérial. Elle s'ouvrit pour laisser apparaître les silhouettes de trois personnes.

Une femme était encadrée par deux hommes. Tous les deux étaient grands, solides et lourdement armés. L'un d'eux, Fukio, devait porter pas moins de cinq épées sur sa tenue de chevalier. Il avait le visage couturé de cicatrices et une cape grise par-dessus son armure de cuir. L'autre s'appelait Zeff Feurning. Il était plus jeune que Fukio, d'épais cheveux blonds sur son crâne, un sourire de rapace sur son visage, une Pokeball à sa ceinture. Il tenait une épée singulière qui avait la forme d'un très long pistolet et qui pouvait aussi tirer des balles, le tout fait d'un argent reluisant. C'était une pistolame, arme typique de sa région natale, qui avait été conçue par les forgerons de l'Empire à sa demande.

Tous les deux encadraient la plus belle femme que le monde ait jamais portée. Des cheveux blonds soyeux cascadant sur ses épaules, un visage pâle et qui semblait briller, des traits si parfaits qu'ils semblaient gravés dans le marbre et surtout, de terrifiants yeux violets aux pupilles étroites qui éclairaient son visage d'une lueur malsaine. Elle portait une tenue entièrement noire, un mélange gracieux entre une robe, une armure et deux grandes ailes d'un blanc nacré sortaient de son dos. L'Impératrice Solaris, escortée de ses deux chevaliers, s'arrêta sur le seuil de l'entrée, dévisageant avec un respect forcé les Cinq Elus qui l'attendaient.

- Soyez les bienvenus, mes seigneurs, dit-elle en les rejoignant à la seule place libre de la table. À présent que nous sommes réunis, parlons, je vous prie, de l'avenir et des besoins de notre glorieux Empire.

- Comment se déroule l'invasion de Kanto, Majesté ? exigea de savoir le Seigneur Jyskon en plissant ses yeux méchants.

- Vous serez heureux d'apprendre que nos forces avancent rapidement, répondit Solaris. Les infidèles n'opposent pratiquement aucune résistance dans les villages que nous leur prenons. Ils semblent plus attachés à la sécurité de leurs grandes villes au centre. C'est une stratégie idiote, car ils nous laissent tout le champ libre pour s'établir dans le nord et préparer notre tête d'invasion.

- Vraiment ? J'ai eu vent pourtant qu'une bataille avait été perdue ?

Solaris eut un fin sourire.

- Elle n'a pas été perdue, Seigneur Jyskon. Le but de cette manœuvre dans la ville infidèle d'Azuria n'était pas de la prendre. Pas encore. Il s'agissait d'informer les infidèles de notre présence et de notre but sur leur terre, d'installer le doute et la peur dans leurs esprits.

- Nous n'avons pas le temps de mener une guerre psychologique, intervint le Seigneur Evard. Il nous faut le Pegasa mâle au plus vite et pour cela, nous devons dominer entièrement cette région dans les plus brefs délais.

- Certes, admit Solaris, mais sous-estimer ces infidèles serait une grave erreur. Nous devons être prudents...

- Insinuez-vous, Majesté, que notre glorieux Empire pourrait perdre face à ces impies ? demanda le Seigneur Falchis d'un ton ironique

- Je dis juste que foncer tête baissée n'est pas la bonne option, reprit Solaris. Cette région est grande et les infidèles disposent à la fois de Pokemon et d'outils technologiques aux grands pouvoirs de destruction. Nous avons l'habitude des Pokemon contre les Dutteliens, mais nous devrons prendre garde aux machines sacrilèges des infidèles.

- En qu'en est-il de cette Montagne de la Béatitude, là où selon le Devin, le Pegasa mâle se cacherait ? demanda le Seigneur Ues. Savez-vous où elle se trouve, Majesté ?

- Pas pour le moment, admit Solaris. Mais nous ne connaissons encore pas grand-chose de la région Kanto. Quand nous l'aurons totalement dominée, nous...

- Avant cela, Majesté, bien avant, intervint le Seigneur Evard. Il nous faut ce Pegasa dans les plus brefs délais. Les œufs produits par le Pegasa femelle ont leur teneur en élixir de plus en plus faible. Il nous faut à tout prix le Pegasa mâle, pour qu'enfin, ils puissent se reproduire et qu'on puisse dévorer leur progéniture, dont l'ADN contiendra bien plus d'élixir de longue vie que ces simples œufs stériles !

Tous les autres Elus, hormis le Seigneur Vriffus, acquiescèrent. Vriffus, lui, n'avait pas besoin d'élixir de longue vie tiré des Pegasa pour être immortel. Ce qui l'intéressait était tout autre.

- J'entends bien, mes seigneurs, répondit Solaris. Mais nous ne pouvons nous lancer à la recherche de cette Montagne de la Béatitude en plein territoire ennemi. Il nous faut d'abord écraser les infidèles.

- Alors, chargez-vous en, et vite, siffla le Seigneur Jyskon.

- Vous allez vous en chargez, Jyskon, dit le Seigneur Souverain.

C'était très rare quand le Seigneur Vriffus prenait la parole lors de ces réunions. Jyskon lui retourna un regard surpris.

- Moi, Seigneur Vriffus ?

- Oui, vous, Jyskon. Ainsi qu'Evard et Ues. Vous trois, vous allez mener nos armées pour l'invasion de Kanto. Falchis restera dans l'Empire pour diriger la Confrérie.

Solaris remarqua avec amusement que les trois Elus semblaient avoir avalé un Grotadmorv.

- Mais, Seigneur Souverain, tenta pitoyablement Ues, je suis sûr que Sa Majesté Solaris...

Il termina sa phrase en un gargouillement inaudible quand l'œil rougeoyant du Seigneur Souverain se braqua sur lui.

- Il... Il en sera comme vous l'avez décidé, Seigneur Vriffus, marmonna-t-il à la place.

Jyskon et Evard acquiescèrent aussi, sans grand enthousiasme. Les Elus étaient bien évidement des lâches qui n'avaient rien à faire à la guerre, mais désobéir à un ordre direct du Seigneur Souverain nécessitait bien plus de courage que d'aller au front. Solaris se félicita de cette décision du Seigneur Vriffus. Au moins, elle aurait trois Elus de moins dans les pattes tandis qu'elle s'adonnerait à retrouver Lunarion. Car elle n'avait pas abandonné l'idée de retrouver son frère. Elle voulait juste le faire secrètement, car elle savait que les Elus ne seraient pas d'accord. Elle quitta ses pensées au moment où l'œil rouge du Seigneur Souverain se braqua sur elle.

- Quant à toi, impératrice, je souhaite que tu me remettes sur le champ Galatea Crust. Fais-la mener dans mon vaisseau.

- Bien, mon maître, dit Solaris, prise soudain de pitié pour cette pauvre Galatea.

- Et ensuite, je veux que tu élimines trois personnes pour moi.

Il était courant que le Seigneur Souverain lui ordonne de tuer quelqu'un. Lui ne se salissait jamais les mains, bien qu'il ait pu tuer ses ennemis encore plus rapidement que Solaris.

- Oui, mon maître. Qui sont-ils ?

- Le roi Antyos de Duttel et son fils Octave. L'indigne lignée de Duttel doit s'éteindre. Trouve-les et envoi les devant Asmoth notre dieu ! Ainsi que tous les Dutteliens survivants si tu as le temps.

- Il en sera fait ainsi. Et le troisième, monseigneur ?

- Mercutio Crust.

Solaris sentit son estomac se retourner. Un grand froid l'envahit.

- Mer... Mercutio Crust, monseigneur ?

- Oui. Maintenant que j'ai sa sœur que je vais convertir pour en faire mon élève, l'existence d'un autre Mélénis serait un danger pour nous. Je veux qu'il disparaisse.

Solaris essaya de se calmer. Cette faiblesse qui l'envahissait à chaque fois qu'il était question de Mercutio Crust était indigne d'elle. Pourtant...

- Mais, monseigneur, pourquoi ne pas en faire aussi un de vos successeurs ? tenta Solaris. Ses pouvoirs doivent être aussi puissants que ceux de sa sœur ?

- Sans doute, mais je ne peux avoir deux successeurs. J'ai Galatea sous la main. Je pressens qu'elle sera plus facile à contrôler que son frère. Si les deux sont ensemble, immanquablement, soit ils s'associeront pour tenter de me détruire, soit ils s'affronteront entre eux.

- Dans ce cas, pourquoi ne pas les laisser s'affronter pour savoir qui est le plus fort et le plus digne de vous rejoindre, Seigneur Vriffus ?

- Car si leurs pouvoirs sont égaux, ils pourraient tout aussi bien s'entretuer. Non, Mercutio Crust doit disparaître. Je veux que tu t'en charges personnellement !

Solaris prit le temps de deux respirations, avala sa salive et dit d'une voix blanche :

- À vos ordres, monseigneur.

Mercutio devrait mourir. C'était malheureux, mais c'était comme ça.


***


Deux armoires à glaces puantes avaient tiré Galatea de sa cellule au palais d'Akuneton et étaient en train de l'amener dehors. Elle se doutait de sa prochaine destination ; Solaris lui en avait longuement parlé. Le vaisseau Invincible, demeure du Seigneur Souverain Vriffus. Galatea était prise de tremblement rien qu'en passant à cette silhouette encapuchonnée drapée de noir. Ce n'était même pas son visage, vu qu'elle n'avait pratiquement rien discerné de ses traits, mais la pression dans l'air qui entourait cet homme. C'était une chose inexplicable, paranormale, mais on dirait que la vie elle-même était attirée dans une espèce de trou sans fond où tout n'était que ténèbres.

Durant tout le trajet du palais impérial jusqu'à l'immense vaisseau noir, Galatea tenta de rassembler en elle le courage de résister à cet homme. Si réellement elle avait des pouvoirs, qu'ils l'aident contre Vriffus ! Les deux gardes la jetèrent presque dans la salle obscure de l'Invincible où Galatea avait vu le Seigneur Vriffus la première fois. Une fois encore, le Seigneur Souverain se trouvait sur son fauteuil entouré de fines bougies. La lumière des flammes semblait elle aussi attirée par Vriffus. Galatea se sentit fébrile et glacée. Le Seigneur Souverain de l'Empire de Vriff attiré à lui et réduisait à néant toute chaleur et toute lumière, pour ne faire ressortir que le froid glacé de la mort.

- Sois à nouveau la bienvenue, très chère enfant, fit la voix tout aussi glaciale de Vriffus. J'attendais ton retour avec impatience.

Galatea fit apparaître dans sa tête les visages de Mercutio et Siena. Penser à eux amenuisait un peu la pression maléfique de Vriffus, et donna à Galatea le courage nécessaire pour répliquer :

- Quoi que vous vouliez de moi, vous perdez votre temps. Je ne vous aiderai jamais en quoi que ce soit, quelques soient vos promesses ou vos menaces.

Un rire arctique sortit de la silhouette noire. Il se leva et s'approcha lentement de Galatea, qui était incapable de bouger.

- Maintenant que tes pouvoirs se sont réveillés, je sens parfaitement en toi les effluves des Mélénis. Un des plus puissants, je dois l'avouer. Avec des centaines d'années de pratique, comme moi, tu me dépasseras, cela ne fait aucun doute.

- Je... je ne comprends rien à ce que vous dites, balbutia Galatea.

Vriffus, par un geste lent, enleva sa capuche noir, et Galatea put enfin voir ce qui se trouvait en dessous. Il était clair qu'autrefois, le Seigneur Vriffus avait été un bel homme, mais sa beauté était aujourd'hui fanée, comme le visage qu'il montrait. On aurait dit que chaque os de son visage avait été brisé, chaque centimètre carré de sa peau broyé. Ce n'était pas la vieillesse qui avait fait ça, car Vriffus ne semblait pas avoir plus de cinquante ans. Il avait de fins cheveux gris derrière son crâne déformé, ainsi qu'un œil totalement blanc et aveugle. Son autre œil, lui, brillait d'une lueur rouge sanguine, sans qu'on puisse voir iris ou pupille.

- Dis-moi, Galatea Crust, as-tu déjà entendu parler des Mélénis ? demanda Vriffus.

Toujours fasciné par ce terrible visage, Galatea se contenta d'hocher négativement la tête.

- C'est un peuple antique et légendaire, expliqua Vriffus. La légende dit que ce fut un groupe d'humains qui avait été choisi par Arceus en raison de leur beauté et de leur esprit pour vivre à l'écart des autres dans un paradis caché. Après plusieurs générations, ils montrèrent l'usage de plusieurs pouvoirs, notamment celui de fusionner avec les Pokemon.

Galatea, intéressée malgré elle, cligna des yeux.

- Par fusionner, vous voulez dire...

- Un humain et un Pokemon, qui s'assemblent pour devenir un être nouveau et surpuissant. C'est ainsi que la civilisation des Mélénis prospéra, jusqu'à devenir un immense Empire qui dura des centaines d'années. Mais voilà, ils découvrirent à leur dépend que la fusion avec les Pokemon se soldait le plus souvent par la mort du Pokemon, mais aussi du Mélénis. Au fil du temps, ils en vinrent à disparaître et leur empire s'effondra. Mais un tout petit groupe de Mélénis, qui n'acceptait pas les lois stupides des autres sur le respect des Pokemon, trouvèrent un moyen pour s'accaparer les pouvoirs des Pokemon, mais sans mourir par la suite. Ce n'était pas une fusion ; l'humain restait humain, mais possédait les pouvoirs du Pokemon qu'il avait volé. On les appela les Mélénis Noirs. Aujourd'hui, un seul d'entre eux a survécu. C'est moi.

Galatea observa l'homme en face d'elle. Était-il si vieux que ça ?

- Oui, confirma Vriffus. Je suis le dernier des Mélénis Noirs, moi qui ai découvert le secret d'une vie plus longue que tout ce que les humains pouvaient imaginer. Les quatre autres Elus profitent de mon savoir pour voler les pouvoirs des Pokemon, mais ne sont pas des Mélénis, pas plus que Solaris. J'ai plus de six cent ans ! Et grâce au Joyau des Mélénis, ce n'est même pas la moitié de ma vie réelle.

Il montra à Galatea une espèce de pierre ronde et brillante. Elle était d'un noir total et semblait aspirer la lumière.

- Le Joyau est mon invention, l'objet qui permettait aux Mélénis Noirs d'avoir les pouvoirs des Pokemon sans fusionner avec eux. Il s'agit bien évidement de les dévorer vivants en tenant ce Joyau. C'est ainsi que mes amis Elus, ainsi que Solaris, ont acquis leurs pouvoirs de Pokemon. Mais qu'importent leurs pouvoirs, jamais ils ne pourront me surpasser. Car vois-tu, Galatea, pour les humains normaux, même en utilisant le Joyau, on ne peut aspirer les pouvoirs d'un seul Pokemon en le mangeant. Mais pour moi, un Mélénis, cette limite n'a pas cours. Je peux prendre possession des pouvoirs de tous les Pokemon que j'ai dévorés et j'en ai dévoré beaucoup en six cent ans, à tel point qu'aujourd'hui, je peux sans doute prétendre au titre d'être le plus puissant de l'Univers !

Galatea était sous le choc. Vriffus ne semblait pas mentir. Si ce qu'il disait était vrai, il était un ennemi quasiment imbattable.

- Ce que vous dites est intéressant, dit-elle en s'efforçant de conserver un ton neutre, mais je ne vois toujours pas le rapport avec moi et mes pouvoirs ?

- Eh bien, vois-tu, mon enfant, même si je suis éternel, je peux toujours être tué. Je ne suis pas invincible. Personne ne l'est, pas même Arceus. Etant le dernier des Mélénis Noirs, je refuse que ma lignée et mon savoir se perdent si jamais ma vie venait à s'éteindre. C'est pourquoi tu es si précieuse pour moi, Galatea.

- Je ne...

- Tu es une Mélénis, toi aussi, dit Vriffus de bout en blanc. Enfin, du moins, tu as du sang des Mélénis en toi. Ta mère était humaine, mais ton père, un pur Mélénis. J'ignore comment un Mélénis a-t-il pu rester en vie tout ce temps, mais c'est ainsi. Tu possèdes également leur pouvoir à un degré pratiquement jamais vu.

Galatea nageait en pleine science-fiction. Elle ? Une de ses humains légendaires aux pouvoirs nombreux ? Cela paraissait risible, mais pourtant, elle ne savait rien de son géniteur et la salle du Devin dans le palais de Duttelia n'avait pas explosé toute seule. Ses pouvoirs étaient réels.

- En admettant que ce soit vrai, dit Galatea, qu'attendez-vous de moi ?

- Mais je te l'ai dit, répondit Vriffus, impatient. Tu seras mon héritière. Je vais t'enseigner tout mon savoir et la façon de contrôler tes pouvoirs, pour que tu deviennes la digne représentante des Mélénis Noirs !

Galatea essaya de feindre l'amusement.

- Il ne vous est pas venu à l'esprit que je ne puisse pas être intéressée par votre si merveilleuse proposition ?

- Tu n'auras pas ton mot à dire. Tout le monde se plie à ma volonté. Tu ne feras pas exception, en dépit de tes pouvoirs.

- Mon frère et ma sœur, ils sont Mélénis, eux aussi. Pourquoi m'avoir choisi moi ?

- Dans les légendes et les croyances, il est souvent dit que la face femelle des jumeaux est celle qui représente la mal. J'ai suivi cette croyance. Mais ton frère aurait fait tout aussi bien l'affaire.

- Mercutio n'est pas mon jumeaux, fit Galatea. Lui, Siena et moi, nous sommes triplés.

- Jeune sotte, ricana Vriffus. Dois-je te conter moi-même l'histoire de ta propre famille ? Vous n'avez jamais été des triplés, ce n'est qu'une histoire que votre mère a inventé pour vous protéger, toi et ton frère. Mercutio et toi êtes jumeaux, et votre père est un Mélénis. Quant à cette Siena, elle a la même mère que vous, mais pas le même père. Elle, elle n'est pas une Mélénis, et n'a aucun pouvoir. Ce n'est qu'une humaine ordinaire.

Cette fois, Galatea n'y croyait absolument pas. Siena, pas réellement leur sœur ? C'était totalement ridicule. Ils avaient toujours grandi ensemble, tout le monde leur avait certifié qu'ils étaient nés le même jour à quelques minutes d'écart. Que racontait donc Vriffus ?

- L'homme et la femme, dit le Seigneur Souverain à mi-voix. Le blanc et le noir, le bien et le mal... Il en a toujours été ainsi des jumeaux. Je me rends compte à présent que j'ai été idiot de demander à Solaris d'éliminer Mercutio. Elle n'y parviendra pas. Car la seule qui puisse le tuer, c'est toi, Galatea. Toi et ton jumeaux, vous vous battrez, vous vous livrerez un duel à mort. C'est votre destin et rien ne pourra le changer ! Quand je t'aurai formé, tu tueras ton frère pour moi et pour la gloire des Mélénis Noirs !