Team Rocket X-Squad de Malak

- Des cuves à œufs ? s'exclama le général Tender. C'est tout ce que vous avez trouvé, Tuno ?! Des cuves à œufs ! Vous n'allez pas me dire que le travail dans les bureaux avec ces trois-là comme aides peut vous faire subir un choc tel que vous imaginez un complot international à partir d'un stock de foutus bocaux pour œufs Pokemon ?!

- J'admets que ça a l'air assez ridicule dit comme ça, mais...

- Bon sang colonel, vous qui venez des Renseignements, je vous aurais imaginé avec un peu plus de jugeote que le militaire parano obsédé de la gâchette. Vous êtes vraiment en mal d'action pour vous amuser à aller enquêter sur une production de cuves à œufs Pokemon ? Il ne vous est pas venu à l'idée que cette entreprise avait peut-être plein de pensions à desservir et que c'était pour ça que son stock de bocaux était si énorme ?

Tuno se permit une longue respiration pour garder son calme. Et les trois autres zozos de Jessie, James et Miaouss qui, en bon lèches-bottes qu'ils étaient, hochaient la tête avec empressement à chaques mots du général ne l'aidaient pas.

- Général, je suis sûr qu'il y a anguille sous roche. Les gars de l'entreprise Pokami ne voulaient de toute évidence pas que leur stock soit découvert. Je ne sais pas qui les a payés pour tous ces bocaux, ni pourquoi, mais...

- Si ça vous intéresse tellement, le coupa Tender, pourquoi ne pas avoir fermé cette usine et capturé ses dirigeants. Vous les auriez interrogés et ils vous auraient dit tout ce que vous vouliez savoir.

- Peut-être, mais le client pour qui ils fabriquaient tous ces bocaux aurait été alerté et on aurait eu moins de chance de lui mettre la main dessus. Et je doute que Pokami ne sache quoi que ce soit sur les intentions de celui ou ceux pour qui il créait tout ça. Le fait est qu'ils nous l'ont caché, ce qui signifie qu'il y a un truc pas très net dans tout ça.

Tender soupira d'agacement et s'adossa à son fauteuil.

- Laissez-moi deviner. Vous allez me demander l'autorisation de suivre une de ces cargaisons de cuves à œufs pour découvrir qui les a achetées et pourquoi ?

- Dans le mille, mon général. Et de plus, j'ai pris la précaution de planquer une petite balise dans l'une des caisses. Une pièce sur l'endroit où elle se trouve actuellement ?

- J'ai un trop petit salaire pour le dépenser en pari ridicule. Dites-moi ?

- La région Elebla. Et plus précisément... l'Empire de Vriff.

Tender se passa la main dans ses cheveux, troublé.

- Etrange coïncidence qu'on entende parler de ce trou paumé deux fois aussi peu espacées, avoua-t-il.

- Surtout que Vriff, selon nos dossiers, ne regorge pas particulièrement de Pokemon, fit Tuno. Je vois mal ce qu'ils pourraient faire avec tous ces bocaux à œufs.

- Bah peut-être qu'ils veulent justement faire grimper le nombre de Pokemon dans leur pays en assistant des paquets de naissances, proposa Tender. Et puis du reste, ce ne sont pas trop nos affaires, ce qu'ils font chez eux.

- C'est vrai, sauf quand ils le font avec une de nos entreprises.

Tender se leva et se mit à faire les cent pas autour de son bureau, signe qu'il était agité.

- Ecoutez Tuno, on a actuellement un contrat avec l'Empire de Vriff. Un contrat très lucratif. Je ne veux pas le faire foirer à cause d'une histoire de cuves à œufs. Surtout que si on dérange les Vriffiens, ils auront avec eux quatre de nos hommes en otage.

- J'en suis conscient, monsieur, acquiesça Tuno. Mais vous me connaissez. Je peux être assez discret quand je le veux. Vriff ne saura jamais qu'on enquête sur eux.

Le général se donna le temps de la réflexion, puis accepta.

- Très bien, vous pouvez y aller. Discrètement. Si vous vous faites attraper, je dirai que vous agissiez de votre propre chef pour éviter de tremper toute la Team Rocket pour une histoire aussi idiote.

- Bien sûr, général.

- Oh, et amenez ces trois-là avec vous, voulez-vous ?

Tuno se tourna vers Jessie, James et Miaouss en grimaçant.

- Je doute que ce soit le meilleur moyen pour moi de rester discret, général...

- Il faut les entraîner un peu. Et ils progresseront bien avec vous, justifia Tender.

- Oh oui colonel, amenez-nous, firent les trois agents en cœur.

- Plus doués que nous dans l'art de la discrétion, il n'y a pas, certifia James.

- Nous sommes les maîtres du déguisement et de la double identité, ajouta Jessie.

- De la triple même, poursuivit Miaouss. De la quadruple. De la quintuple !

- C'est bon, c'est bon, soupira Tuno. Dépêchez-vous de vous préparer.


***


L'hélicoptère les déposa à la limite de la frontière vriffiene. Ces gens-là n'avaient pas l'habitude de voir des hélicoptères voler dans leur ciel et le but était de rester discret. Le signal sur le radar de Tuno, où se trouvait la caisse de bocaux à œufs, indiquait un endroit assez reculé, loin de toute ville ou village. Tuno se résolut à y aller à pied. Il compta un jour de marche, voire un peu plus. En gros, de bons moments en perspective passés avec JJM, et leurs jacassements stupides et incessants. Enfin, au moins, il était au grand air; c'était toujours mieux que des jacassements stupides et incessants dans un bureau rempli de paperasse. Tuno avait décidé de les appeler JJM, les premières lettres de leurs noms, pour éviter d'avoir à longueur de temps à dire « Jessie, James, Miaouss, la ferme ! » ou encore « Bouclez-là, les trois idiots » qui était juste mais un peu impoli. JJM, ça allait très bien.

- Nous n'avons jamais été déployé dans ce coin-là du monde, dit James.

- Vous croyez qu'il y a des Pokemon rares ici ? demanda Jessie.

- Chaque région du monde à ses propres Pokemon rares et son ou ses Pokemon légendaires, expliqua Tuno. Mais cette région d'Elebla étant peu connue et regorgeant peu de Pokemon, je ne pourrai pas dire lesquels ils sont.

- De toute façon, le vol ou la capture de Pokemon n'est plus notre affaire, rappela Miaouss. Et puis, c'est pas comme si nous avions été vraiment doué dans ce domaine.

- Dites-moi un domaine dans lequel vous avez été doué, pour voir ? demanda distraitement Tuno en observant son radar.

- Euh... nous avons battu les records de nombre d'échecs consécutifs, affirma James avec fierté.

- Nous sommes les seuls parmi toute la Team Rocket à avoir tant voyagé et avoir vu autant de Pokemon légendaires, dit Jessie.

- C'est pas vraiment nous qui les attirions, grommela Miaouss. C'est parce que nous étions toujours dans les pattes du morveux.

Tuno les laissa palabrer. Un nouveau point venait de s'ajouter sur son radar. Deux en fait, mais ils étaient tellement collés que c'était dur de les dissocier. Mais ils avaient des couleurs différentes ; un était un humain, et l'autre un Pokemon. Et ils avançaient vers eux. Tuno fit signe aux trois autres de se la boucler et de s'arrêter. Ils n'avaient pas pris leurs uniformes Rocket et vu que pas grand monde ne connaissait la Team dans cette région, leurs chances d'être reconnus étaient relativement minces. Et pourtant, ce fut le cas.

L'humain qui venait d'arriver était un jeune homme à peine sorti de l'adolescence. Il portait une tenue qui était indéniablement celle d'un dresseur. Il avait une casquette sur la tête, qui recouvrait en partie ses cheveux noirs en bataille. Il avait les yeux marron et un Pikachu était posé sur son épaule. Tuno s'attendait à passer à côté de lui sans s'arrêter, mais les JJM de derrière poussèrent un hurlement en le voyant, comme si ce gamin était le diable en personne. Le dresseur lui-même se mit sur ses gardes en les voyant.

- Le morveux ! hurlèrent à l'unisson Jessie, James et Miaouss.

- La Team Rocket ! s'exclama le dresseur. J'y crois pas. Vous m'avez même suivi dans la région d'Elebla ?!

Voilà que l'histoire commençait à se gâter. Ce jeune dresseur connaissait de toute évidence la Team Rocket par le biais de JJM. Autant pour leur voyage dans l'Empire de Vriff en toute discrétion ! Tuno avait certes son arme, mais il répugnait à tuer un dresseur innocent.

- Refile-nous ton Pikachu, morveux ! lança Miaouss.

Le Pikachu du dresseur avait sauté de son épaule et grognait par terre, en position de combat et son pelage jaune tout hérissé.

- Euh... attend une seconde, Miaouss, dit James, hésitant. Je ne pense pas qu'on soit là pour ça...

- Je ne sais même plus pourquoi nous sommes-là, riposta le chat parlant. Mais quelle importance ? Nous n'avons jamais su où nous étions et pourquoi. Nous poursuivions juste Pikachu et le voici devant nous.

- Fermez-là, ordonna Tuno.

Puis il se tourna vers le dresseur.

- Je suis désolé, mon gars. On est pas là pour se battre avec toi où voler tes Pokemon. Si tu oublies nous avoir croisé, on repartira bien gentiment chacun de notre côté.

Le jeune dresseur eut un rictus méprisant.

- Vous vous fichez de moi ? Je connais assez la Team Rocket pour savoir que où vous allez, vous préparez toujours un mauvais tour.

- Un mauvais tour ? répéta James.

- Ça nous rappelle de bons vieux souvenirs ça, dit Miaouss. Allons-y.

Puis les trois idiots se mirent en ligne, les bras croisés comme pour se donner l'air important.

- Nous sommes de retour.
- Pour vous jouer un mauvais tour.
- Afin de préserver le monde de la dévastation.
- Afin de rallier tous les peuples à notre nation.
- Afin d'éliminer l'amour et la vérité.
- Afin d'étendre notre pouvoir jusqu'à la Voie Lacté.
- Jessie !
- James !
- La Team Rocket, plus rapide que la lumière !
- Rendez-vous tous, ou se sera la guerre !
- Miaouss, oui, la guerre !

Tuno les regarda, perplexe et gêné de ce numéro de ridicule en public.

- Non mais... qu'est-ce que vous racontez ?!

- Juste un rapide mémorial du passé, colonel, dit Jessie.

- Ah, fit James, les larmes aux yeux. Y'a pas à dire, notre première devise était la meilleure...

- Miaouss oui, renchérit le Pokemon. J'en chuis tout retourné !

- Alors, quel sale coup vous mijotez cette fois, si vous n'en avez pas après Pikachu ? demanda le dresseur, qui ne semblait pas avoir été perturbé par le cirque de JJM. C'est bizarre que vous soyez venus jusqu'ici. Il n'a pas beaucoup de Pokemon, et encore moins des rares.

Tuno lui répondit avant que JJM ne sortent une autre bêtise qui allait envenimer les choses.

- Je te l'ai dit l'ami. Nous ne sommes pas là pour voler un seul Pokemon. Nous enquêtons sur quelque chose.

Le dresseur le regarda comme si il venait juste de se rendre compte de sa présence.

- Et vous, vous êtes qui ?

Tuno hésita à se présenter, mais de toute façon, ce garçon savait déjà qu'ils faisaient partie de la Team Rocket, alors...

- Colonel Tuno de la Team Rocket. Tu nous connais un peu apparemment ?

- J'ai passé les dix dernières années de ma vie à exploser continuellement ces trois-là, dit-il en désignant JJM. Alors oui, je connais un peu la Team Rocket. Vous êtes des voleurs de Pokemon sans scrupule, entre autre...

- Je comprends que tu n'aies pas une bonne opinion de nous si tu ne nous connais que de ces trois zigotos, dit Tuno. Mais nos objectifs sont autrement plus sérieux que le vol de simples Pokemon à leurs dresseurs... euh...

- Sacha, se présenta le dresseur.

- Sacha. Je ne conteste pas que nos méthodes employées sont souvent... un peu trop extrêmes. Mais nous luttons pour un grand idéal, la fondation d'un monde merveilleux, d'une humanité forte sous l'égide des Pokemon.

- Ça me fait un peu penser aux discours des grands despotes mégalos, ce que vous racontez, dit Sacha. Enfin, j'espère juste que vous ne tentez pas de me convaincre de porter vos fringues avec un R rouge dessus ?

Tuno haussa les épaules.

- Je ne fais pas de la propagande. Je défends l'organisation dans laquelle je travaille, comme tout le monde l'aurait fait. Bon, je dois te laisser. Nous devons reprendre notre route.

Mais Sacha ne les laissa pas passer.

- Vous ne m'avez toujours pas dit sur quoi vous enquêtez ici ?

- Je ne vois pas pourquoi je te révèlerai des informations importantes sur la Team Rocket, sourit Tuno.

- Eh bien, peut-être parce que nous enquêtons sur la même chose, répondit le jeune dresseur. Vous cherchez l'endroit où les Vriffiens font leur trafic d'œufs Pokemon.

Tuna haussa les sourcils. Trafic d'œufs Pokemon ? Ce gamin en savait-il plus qu'eux sur ce qui se tramait dans le coin ? Tuno décida de prendre le risque de lui faire confiance.

- Nous suivons une cargaison de tubes pour œufs Pokemon qui provient d'une de nos entreprises qui nous roule vraisemblablement dans la farine, admit le colonel. Beaucoup de tubes. Tu sais quelque chose sur un truc du genre ?

- J'ai un ami qui élève et soigne les Pokemon, dit Sacha. Il était contrarié quand il a appris que les habitants de cet empire élevaient les Pokemon dans l'unique but de les manger. Il m'a envoyé dans cette région pour en apprendre plus sur les Vriffiens.

Encore une fois, Tuno fut surpris par les connaissances de ce jeune homme. Lui qui travaillait aux services des Renseignements de la Team Rocket, il n'avait pas été informé de cela.

- Mais quel est le rapport entre manger des Pokemon et l'élevage à grande échelle d'œufs Pokemon ? demanda Tuno. Ils comptent se créer une nouvelle source de nourriture ?

- Cet endroit où ils détiennent tous ces œufs est secrètement gardé. Je soupçonne qu'ils font autre chose dedans qu'une production en série de Pokemon pour leurs assiettes. Je sais que ce centre existe, mais je ne l'ai pas encore trouvé.

Tuno sourit en montrant son radar. Voilà enfin quelque chose qu'il savait et pas Sacha.

- J'ai la localisation de l'endroit où ils ont reçu la cargaison de tubes à œufs. Ça doit être surement ici.

Sacha hésita. Apparemment, ça l'embêtait de devoir demander de l'aide à la Team Rocket, mais il le fit quand même.

- Puis-je y jeter un coup d'œil alors, s'il vous plait ?

- Tu peux faire mieux que ça. Viens avec nous, proposa Tuno. Même si c'est vrai que la Team Rocket est souvent en conflit avec les dresseurs de Pokemon, il y a une chose sur laquelle nous devrions nous entendons parfaitement : tuer des Pokemon pour les manger est le comble de la stupidité.

Sacha acquiesça et se joignit à eux, tout en prenant soin de laisser une distance suffisante entre son Pikachu et JJM qui marchaient derrière, regardant le petit Pokemon jaune avec convoitise. Finalement, ils arrivèrent à l'endroit qu'ils recherchaient plus tôt que prévu, dans la nuit. C'était une espèce de vieille forteresse genre château-fort. Pour parfaire cette impression, il y avait plusieurs gardes armés d'épées et d'arcs. Tuno retint un ricanement. Ce n'était pas de vulgaires armes de la nuit des temps qui allaient les empêcher d'entrer. Le problème étant de le faire discrètement.

- Je m'en occupe, dit Sacha.

Il sortit une de ses Pokeball et ce fut un Noarfang qui en sortit. Mais il était plus petit que la plupart des Noarfang et surtout, d'une couleur tirant sur le dorée et avec des ailes oranges. Un Pokemon Chromatique, encore... Tuno se dit que ça faisait deux fois en pas longtemps qu'il en voyait, alors que ces Pokemon étaient censés être immensément rares. Il était un peu jaloux aussi ; il aurait rêvé en posséder un.

- Noarfang, attaque Hypnose, ordonna Sacha en chuchotant.

De fins cercles rouges sortirent des yeux de Noarfang, pour aller endormir sur place tous les gardes, dont les archers positionnés sur le toit.

- Bien joué, fit Tuno. Allons-y.

Mais Sacha l'arrêta du bras.

- On ignore ce qui peut être caché ici. Noarfang, attaque Clairvoyance.

Une aura bleue se propagea du Pokemon volant à toute la zone. Ce fut comme si le mur de la base vriffienne était devenu transparent, de même que ses hautes herbes autour. Ainsi, le groupe put remarquer trois autres gardes situés derrière l'édifice qui avait échappé à l'hypnose de Noarfang, ainsi que des pièges bizarres posés par terre tout autour de l'entrée. Tuno se sentit honteux qu'un gamin qui ne faisait pas partie de la Team Rocket ait eu plus de jugeote que lui, alors que l'infiltration était censée être son truc. Après que Noarfang eut endormi les trois gardes cachés, ils entrèrent dans la forteresse tout en évitant les pièges révélés par la Clairvoyance.

Tuno ne fut qu'à moitié surpris qu'un des JJM marche par inadvertance sur l'un d'entre eux. Mais heureusement, ce n'était que des espèces d'alarmes qui s'activaient quand on marchait dedans et vu que tout le monde dehors était endormi, elle pouvait continuer à sonner. Mais le Pikachu de Sacha se chargea de la faire exploser avec une décharge électrique. L'intérieur de la forteresse avait un look assez gothique ; plein de noir partout, des tableaux de types affreux, même des crânes exposés. Bref, pas vraiment une colonie de vacances. La première salle était une espèce de grand salon. Il n'y avait personne, même dans les autres salles. Ils firent un peu le tard et tout le reste donnait autant l'impression d'être dans une maison d'un vampire. Mais il n'y avait rien. C'était juste un manoir abandonné.

- Dans ce genre de maisons effrayantes, dit James d'un ton hésitant, il y a souvent des passages secrets quelque part. Comme en déplaçant un livre, ou en tournant un chandelier.

Les clichés avaient la vie longue, songea Tuno. Pourtant, pour une fois, les paroles de James n'étaient pas dénuées de bon sens. Sacha dut le savoir lui aussi, vu qu'il rappela son Noarfang pour qu'il lance une autre attaque Clairvoyance. Et en effet, on voyait d'ici qu'il y avait un sous-sol dans cette demeure, qui semblait même plus grand que la surface visible de la maison. Ils localisèrent rapidement le passage, qui - quelle originalité ! - était derrière une vieille cheminée. Un étroit escalier descendait jusqu'à une profondeur donnée. Puis ils se trouvèrent dans une énorme salle remplie d'œufs de Pokemon. Il y en avait bien plus que dans n'importe quelle pension Pokemon. Plusieurs centaines, la plupart contenue dans les bocaux à œufs fabriqués par Pokami.

Mais il y avait quelque chose qu'on remarquait pratiquement de suite sur ces œufs ; ils étaient tous identiques, beige avec une trainée rouge au centre. Conclusion que même JJM auraient trouvé : il s'agissait d'œufs d'un même Pokemon. Comme il n'y avait personne dans cette salle - Noarfang utilisait toujours sa Clairvoyance pour repérer d'éventuels gardiens - Tuno s'approcha un peu plus et observa l'un des œufs dans un tube. Ces bocaux avaient une double fonction. Ils conservaient l'œuf à la température et au champ électrique idéal pour son développement, mais ils indiquaient aussi, sur un petit écran numérique, le stade de développement de l'œuf. Et là, le résultat était partout pareil : ces œufs étaient stériles. Jamais ils n'écloraient. Ils n'avaient tout simplement pas été fécondé par des mâles Pokemon.

Alors que Tuno se demandait pourquoi diable les gars qui faisaient ça gardaient tous ces œufs stériles dans des bocaux, Sacha avait repéré quelque chose dans la salle suivante. Tuno s'approcha. Il y avait plusieurs individus dedans, qui travaillaient sur une énorme machine. C'était un truc avec plusieurs tuyaux, dont un plus gros qui donnait sur une grande cuve remplie d'un liquide verdâtre. Le grand tuyau était relié à la cuve jusqu'à un Pokemon enfermé dans une cage.

Tuno cligna des yeux, se demanda s'il ne rêvait pas. C'était un Galopa, le Pokemon cheval enflammé, sauf qu'il avait des ailes. D'énormes ailes enflammées plus grandes que son corps. Vu avec plus d'attention, il possédait aussi une corne bien plus grande que celles des Galopa, et ses flammes sur son corps était bien plus impressionnante. Si Tuno n'avait jamais su que Galopa n'avait pas d'évolution, il aurait cru qu'il l'avait en face de lui.

Le Pokemon avait l'arrière train recouvert par le bout de l'énorme tuyau. Apparemment, ça le faisait souffrir. Mais à en juger par ses réactions, le Pokemon devait être habitué à se traitement dont il faisait les frais. Assurément, il devait être ici depuis longtemps. Quelque chose était en train de parcourir l'énorme tuyau, avant de passer par le centre de la machine, puis de tomber dans la cuve au liquide vert. C'était un œuf. De la même couleur que tous les autres derrière.

C'était ce Pokemon majestueux qui faisait tous ces œufs. C'était donc une femelle. Mais pourquoi ces types les entassaient-ils alors qu'il n'y avait aucun mâle pour les féconder ? Et pourquoi pressaient-ils ce Pokemon comme un citron à l'aide d'une machine pour qu'il leur fasse tous ces œufs ? Soudain, une porte en face de la cage du Pokemon s'ouvrit. Un homme apparut, alors que tous les autres présents s'agenouillèrent immédiatement. C'était sans doute l'homme le plus vieux et le plus laid que Tuno n'ai jamais vu. On aurait dit un zombie. Il portait une large robe rouge royale brodée d'or. Sa peau blême et laiteuse lui tombait en plusieurs endroits, comme s'il était en décomposition avancé. Tuno ne lui aurait pas donné moins de deux cents-ans.

- Seigneur Evard, murmura l'un des Vriffiens qui travaillait sur la machine à œufs. C'est un honneur de vous recevoir ici.

- Je suis venu voir comment se portait notre cher Pegasa, fit le vieillard avec un regard mauvais pour le Pokemon ailé. Et comment se portait sa production. Il m'est très précieux, vous le savez...

- La production est stable, Monseigneur, répondit l'homme. Une centaine d'œufs par jour. Grâce aux bocaux provenant de notre contact dans l'autre région, le temps de développement des œufs pour leur consommation a largement baissé.

Tuno se demanda s'il avait mal entendu. Consommation ? L'homme nommé Evard regarda un moment le Pokemon qu'il avait appelé Pegasa. Ce dernier hennit de peur, comme si la vision de cet homme était pour lui la chose la plus effrayante.

- Ne t'inquiète pas, ma jolie Pegasa, susurra le seigneur Evard. Je sais que tu dois t'ennuyer ici, seule depuis si longtemps. Mais rassure-toi. Tu auras bientôt une charmante compagnie toute à toi...

Puis il aboya aux autres Vriffiens de lui apporter un œuf finalisé. Un des individus s'inclina puis courut dans l'arrière pièce où se trouvait Tuno et les autres. Mais ils n'avaient nul part où se cacher dans cette salle remplie d'œufs. Alors quand le bonhomme arriva, Sacha ordonna à son Noarfang une attaque Hypnose. L'homme s'apprêtait à donner l'alerte en les voyant, quand les arcs de cercle de l'hypnose le touchèrent. Son regard se fit vide et il regarda un moment autour de lui, décontenancé, puis prit un œuf dans un bocal et repartit comme si de rien n'était. Le Noarfang l'avait hypnotisé pour qu'il ne se rappelle plus les avoir vu.

Le mystérieux seigneur Evard sortit l'œuf de son bocal et le prit en main. Tuno avait un mauvais pressentiment, qui se confirma en une touche d'horreur quand Evard mordit carrément dans l'œuf. Puis il continua à le dévorer et à boire son contenu jusqu'à qu'il ne reste plus rien, pas même la coquille. Choqué, Tuno regarda l'homme briller étrangement. Sur son visage d'horreur était gravée une expression d'extase pure. Il éclata de rire, tandis que Pegasa poussa des cris de peur et de souffrance encore plus marqués. Tuno se demanda dans quel film d'horreur ils avaient atterri.





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Image de Pegasa :