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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 19/06/2011 à 09:58
» Dernière mise à jour le 16/06/2022 à 09:58

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 18 : Promotion - [Arc II : Empire de Vriff]
Il existait des occasions où l'on n'était jamais aussi fier d'appartenir à quelque chose. En ce moment, Mercutio Crust, agent de la Team Rocket, était fier et jamais autant glorifié de porter sur son uniforme le grand R rouge d'une des plus grandes organisations du monde. Ce qui produisait cette alchimie était souvent, comme dans le cas présent, les centaines de personnes qui faisaient partie du même groupe que vous et qui pensaient actuellement la même chose.

La base de la Team Rocket G-5, celle où travaillait Mercutio, la plus importante de tout Kanto, était en effervescence. Tous ceux qui opéraient dans cette base, du simple cuisinier jusqu'au Général Tender lui-même, s'étaient rassemblés dans l'immense cour de la base en des rangs parfaits et symétriques. Mercutio était aux cotés de ses sœurs, Galatea et Siena, de son autre « camarade » de l'unité X-Squad, Zeff, ainsi que de leur commandant à eux quatre, Tuno. Ils attendaient, comme tout le monde. Ils attendaient l'arrivée de leur chef suprême, venu en visite dans la base G-5, pour les féliciter de leur travail.

Ce serait la première fois que Mercutio verrait le Boss de la Team Rocket. Il avait entendu pas mal de choses sur cet homme puissant et secret, celui dont le nom et l'empire financier faisaient trembler des pays entiers, celui dont le talent dans le dressage de Pokemon n'était plus à refaire. Mais le voir enfin en personne, c'était autre chose. Il le verrait très bientôt. L'hélicoptère personnel du Boss venait de se poser à l'entrée de la base et un détachement commençait à en sortir. Mercutio tourna rapidement la tête pour repérer dans cette foule son père adoptif, l'ancien commandant Penan. Ce dernier leur avait souvent parler de Monsieur Giovanni ; un homme à la fois puissant et influant, mais aussi juste et animé d'une grande vision : celle d'un monde meilleur, uni par le pouvoir que les humains exerceront sur les Pokemon.

Il y aurait bien entendu des dérives ; il y en avait toujours dans les grands rêves qui se créaient. Les Pokemon seraient considérés un temps comme pas moins que des esclaves pour les humains. C'était triste, mais inévitable. Une fois que les Pokemon se seraient faits à leur nouveau statut, eux et leurs maîtres humains pourraient progresser à l'unisson vers un avenir radieux. Tout ne serait pas parfait, au début, Mercutio savait le reconnaître. Mais il préférait mille fois cette vision là que celle, apocalyptique et égoïste de Trutos, le Boss de l'ancienne Team Cisaille, que Mercutio avait vaincu à main nue.

Le cortège pénétra enfin dans la cour. En première ligne, il y avait les gardes d'élite du Boss, des Rocket entraînés pour assurer exclusivement la sécurité du chef suprême. Leur réputation décourageait ceux qui souhaitaient s'en prendre au Boss encore mieux que leurs couteaux acérés disposés sur toutes leurs ceintures. Ensuite suivaient plusieurs hauts gradés de l'armée de la Team Rocket, leurs médailles sonnantes tandis qu'ils marchaient d'un pas rude. Le groupe se terminait derrière par d'autres gardes d'élite. Au centre se tenaient trois personnes. Deux d’entre elles étaient de toute évidence les Agents Spéciaux du Boss.

Ces gars là, songea Mercutio, faisaient encore plus peur que les armoires à glaces armées de poignards de la garde d'élite. Il en existait neuf en tout, numérotés de 001 à 009. C'étaient des Rocket surentraînés à toute sorte de missions, dans lesquelles le meurtre et la torture étaient généralement prédominants. Leur identité était tenue secrète et connue du Boss seul, et il se disait que certains d'entre eux possédaient des pouvoirs surnaturels. Les Agents devaient être obéis de tout le monde et à tout prix, car quand ils parlaient, c'était le Boss qui s'exprimait.

Mercutio n'en avait encore jamais vu, alors il ne pouvait pas dire qui étaient les deux présents. L'un d'entre eux était un homme décharné aux longs cheveux roux ; on aurait dit un zombie à son visage, mais sa démarche précise le laissait paraître bien plus alerte qu'il était. Le second Agent était une jeune femme aux cheveux blonds et aux yeux d'un violet aussi froid que la glace qui pouvait vous transpercer au moindre regard. Elle tenait en main un sceptre bizarre qui ressemblait à une longue fleur noire.

Les deux Agents encadraient le chef suprême, le Boss, monsieur Giovanni, suivi de près par un Persian au pelage soyeux. Mercutio avait vu le visage du Boss plusieurs fois en photo voire en statue. C'était un homme grand et imposant, vêtu d'un costume orange impeccable. Il se dégageait naturellement de lui une sorte d'aura, un charisme palpable qui fit se mettre brutalement au garde à vous tous les Rocket présents. Cet homme était, de façon officielle, un respectable homme d'affaire qui avait fait fortune dans le secteur technologique pour dresseurs de Pokemon. Son empire financier s'étendait pratiquement partout dans le monde. Quand vous achetez n'importe quoi qui a trait au dressage, vous l'achetez aux filiales de Giovanni. C'était aussi un dresseur puissant et respecté, qui à son époque avait conquis la Ligue Pokemon de Kanto, puis celle de Johto. Bref, c'était une voix écoutée du monde des puissants.

Mais officieusement, c'était le patron de la plus grande organisation mafieuse de Johkan. La Team Rocket était connue dans le monde entier, et pourtant, personne ne se doutait de l'identité de son dirigeant. Oh bien sûr, plein d'agent zélés du gouvernement avaient tenté d'enquêter. Quand ils n'avaient pas été achetés, ils avaient été simplement éliminés. Giovanni possédait des espions pratiquement n'importe où, même jusqu'aux plus hautes strates de l’État, chez les Dignitaires qui dirigeaient le pays et l'armée. En réalité, cet homme était celui qui se rapprochait le plus du titre de « maître du monde ».

Giovanni marcha jusqu'au Général Tender, qui se trouvait au bout de la rangée parfaite formée par les centaines de Rocket. Tender se mit au garde à vous et salua le chef suprême avec toute la distinction militaire, mais Giovanni surprit Mercutio quand ce dernier serra la main à Tender. Giovanni glissa quelques mots à l'oreille du général et celui-ci répondit en hochant la tête. Apparemment, Tender était aussi proche du Boss qu'il voulait bien le faire croire. Giovanni se retourna et engloba des yeux tout les Rockets présents, et s'écria d'une voix qui portait :

- Mesdames et messieurs, fiers membres de la grande Team Rocket, je salue votre travail et votre dévouement envers moi et notre juste cause ! Cette base est la plus importante de tout Kanto et donc un point stratégique de notre grande ingénierie. Je suis fier de ce que vous avez mené ici, à l'abri des regards de ceux qui veulent nous voir derrière les verrous. Je suis tout particulièrement fier de votre récent succès contre un vil traître qui a tenté, dans sa folie, de nous défier.

Ah ça oui, songea Mercutio, Giovanni savait parler et savait être écouté. Tout le monde, même lui, se sentit touché par ses éloges et était prêt à le servir jusqu'à la mort. C'était là le pouvoir d'un chef aussi charismatique : celui de gonfler à bloc ses troupes par de simples mots.

- Tous vos efforts, et votre loyauté, à chacun et chacune d'entre vous, mérite d'être salués, poursuivit le Boss. Mais je tiens à récompenser plus particulièrement ceux qui furent les premiers acteurs de la chute du traître Trutos et de sa Team Cisaille. Commandant Tuno, agent Siena Crust, agent Mercutio Crust, agent Galatea Crust, et agent Zeff Feurning, de l'unité X-Squad, veuillez approcher.

Mercutio resta aussi interdit que ses sœurs à l'entente de leurs noms. Oh bien sûr, il se serait douté que le Boss louerait leur victoire contre Trutos, mais que ce serait Tender voir Tuno qui auraient les honneurs. Pas toute l'équipe ! Mercutio se dégagea de son rang sous les murmures des autres Rocket. Certains étaient impressionnés, d'autres amicaux, d'autres maussades et d'autres encore, insultants. C'était ainsi ; l'unité X-Squad, une unité des Renseignements avec d'immenses privilèges, n'était pas appréciée de tout le monde. Mais tous reconnaissaient leur bravoure et leur mérite lors de l'opération contre la Team Cisaille.

Mercutio et les autres attendirent que le commandant Tuno passe devant pour le suivre. Mercutio jeta un coup d'œil à Zeff, son partenaire dans la X-Squad en dehors de ses sœurs, qu'il appréciait autant qu'une ampoule au pied. Ce dernier affichait un air supérieur et arrogant bien visible. Bon, il était toujours comme ça, mais l'appel de son nom par le Boss en personne aggravait la chose. Quand Mercutio fut devant Giovanni et ses deux Agents Spéciaux, il ne put que baisser les yeux, en dépit de tout son courage. Ce n'était pas tant le Boss qui l'impressionnait, mais il ne put soutenir le regard froid et scrutateur de l'Agent aux cheveux blonds. Giovanni s'adressa à Tuno, mais son regard s'attarda sur les triplés Crust.

- Vous et votre équipe avez fait un travail remarquable contre un ennemi redoutable. Vous avez ma reconnaissance.

- Monsieur ! salua Tuno

- Commandant Tuno, c'est avec la recommandation du Général Tender, et avec un plaisir personnel, que je vous promeus au grade de colonel des forces armées de la Team Rocket. Vous continuerez à commander votre unité, bien entendu.

Giovanni et Tender lui accrochèrent ensemble deux galons supplémentaires sur ses épaulettes, ainsi qu'une médaille sur son uniforme.

- C'est un honneur, monsieur !

Giovanni passa ensuite aux quatre autres membres de la X-Squad.

- Voilà une équipe très prometteuse, dit-il. J'ai cru comprendre que vous n'avez pas encore choisi de second pour la diriger, Tuno ?

Le nouveau colonel regarda le général Tender, perplexe, puis dit au Boss :

- Non, en effet monsieur. À cinq seulement, je n'ai pas jugé cela comme une nécessité.

- Vous aviez certainement raison, colonel, fit Giovanni. Mais votre équipe va bien s'agrandir un jour où l'autre, et au vu de ses états de services actuels, il serait souhaitable qu'elle soit bien administrée dès à présent.

- Si c'est votre bon désir, monsieur, je m'en occuperai très prochainement.

- Tender et moi, nous en sommes déjà occupés pour vous, colonel, sourit Giovanni. Nous avons choisi votre second.

L'estomac de Mercutio bouillait d'impatience et d'excitation. Son nom allait sûrement bientôt retentir de la bouche du chef suprême. Après tout, c'était lui qui avait battu Trutos en personne ! Et il était le meilleur dresseur de la X-Squad après Tuno. Il était normal qu'il la codirige avec lui.

- Agent Siena Crust, dit Giovanni, veuillez vous approcher.

Siena fut aussi stupéfaite que Mercutio. Elle passa devant son frère en hésitant, avec un regard d'incompréhension et d'excuse pour Mercutio.

- Eût égard à vos compétences et votre obéissance, fit Giovanni en lui accrochant une petite médaille, je vous nomme lieutenant des forces armées de la Team Rocket, et seconde du colonel Tuno dans le commandement de l'unité X-Squad.

Siena parvint à faire bonne figure et à saluer d'une façon superbe. Mercutio se retint à grand peine de crier son injustice. Pourquoi Siena ? Pourquoi pas lui, qui avait arrêté à lui tout seul Trutos et sauvé tous les autres de ses robots ?! Qu'est-ce que sa sœur avait fait de plus que lui qui lui valait cette promotion ? Galatea semblait elle aussi surprise mais heureuse pour sa sœur. Zeff lui était l'indifférence totale ; il devait se demander pourquoi ce n'était pas lui le second. Tuno, lui, n'avait étrangement pas l'air surpris. Était-il dans le coup ?

Mercutio rejoignit les rangs et écouta la fin du discours du Boss sans un regard pour sa Siena. Il savait qu'il était injuste avec elle, qu'elle n'avait rien demandé, mais il ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir. Quand Giovanni eut fini et entra dans la base avec Tender, Mercutio se dépêcha de filer en évitant tout le monde et sur le terrain d'entraînement près de la petite maison du commandant Penan, là où il avait passé sa vie à s'entraîner avec Mortali. Il l'appela de sa Pokeball et se mit à réviser ses attaques avec lui. L'entraînement Pokemon avait toujours su l'apaiser quand il avait des soucis et cette fois ci ne fit pas exception.


***


Siena n'avait pas eu le temps de parler à Mercutio que ce dernier était déjà parti. Elle soupira, découragée.

- C'était quoi ce soupir ? s'exclama Galatea en lui donnant un coup sur l'épaule. Tu ne changeras jamais hein ? Allons, t'as de quoi faire la fête et sourire un peu non, lieutenant Crust !

- Ne m'appelle pas comme ça, protesta Siena.

- T'appeler Siena ou frangine me vaudrait un passage en court martiale pour irrespect d'un officier supérieur, maintenant, rigola Galatea. Hein Zeff ? T'arriveras à l'appeler lieutenant et à obéir à ses ordres, toi ?

- J'y arriverai mieux que si ça avait été toi ou l'autre mauviette de Mercutio, répondit Zeff avec aigreur.

- Toi et ta perpétuelle bonne humeur... Regarde, tu as déteint sur le lieutenant. La pauvre, elle est promue par le Boss lui-même et elle tire une tête d'enterrement.

- Mercutio doit m'en vouloir, non ? fit Siena, déconfite. Il méritait bien plus cette promotion que moi. Pourquoi me l'ont-ils donnée ?

- Le Général Tender ne juge pas seulement à ce qu'on a fait, mais aussi à notre comportement et nos attitudes, intervint Tuno qui vint retrouver ses subordonnés.

- Colonel, mes félicitations à vous aussi, sourit Galatea.

- Merci.

- Mais en quoi mon comportement et mes attitudes me différencient tant de mon frère, voulut savoir Siena. Il est plus doué que moi dans les combats.

- Là encore, ça importe peu. Si on donnait les grades en fonction seulement de nos compétences lors des batailles, plein de généraux redeviendraient troufions. Toi, Siena, tu es réfléchie, tu n'agis jamais à la légère, tu saisis bien plus le protocole militaire que ton frère ne le fera jamais. C'est vrai, Mercutio est plus doué que toi dans certains domaines, mais il est impulsif, il agit souvent sans réfléchir, et peut laisser ses sentiments influencer ses décisions. Pour un officier, c'est pas vraiment recommandé.

- Vous avez intercédé en ma faveur auprès du général, colonel ? s'enquit Siena d'un air suspicieux.

- Pas du tout, la rassura Tuno. Je n'étais même pas au courant que Tender et le Boss avaient prévu de me refiler un second. Mais tout bien pensé, c'est pas idiot. Je pourrai me décharger un peu des tâches administratives assez pesantes que tu devrais gérer aussi bien que moi.

- N'allez pas profiter de la promotion de Siena pour en faire encore moins que vous n'en faites déjà, chef, le prévint Galatea avec un sourire malicieux.

- Eh bien... Traites-moi de fainéant tant que t'y es.

- Comme si j'allais me gêner. Vous pourrez tout aussi bien passer général ou même nouveau Boss, ça ne changera rien.

Tuno sourit puis posa sa main sur l'épaule de son nouveau lieutenant.

- Je n'étais pas au courant, mais si je l'avais été, je n'aurais pas proposé différemment. Tender est quelqu'un de compétant et il sait très bien juger les gens. Tu peux toujours refuser la promotion, bien sûr, mais j'en serais très déçu.

- Je ne peux refuser un tel honneur qui provient du Boss lui-même, fit Siena, interloquée. Ça serait l'insulter.

- Je ne te le fais pas dire. Et ne t'inquiète pas pour Mercutio. C'est un garçon intelligent et juste, et il saura admettre les faits. Surtout si Penan l'y aide un peu...


***


Mercutio devait s'être cassé la mâchoire. Le coup de poing le propulsa à terre et il sentit le goût du sang dans sa bouche.

- Non mais, t'es malade où quoi ?! rugit l'adolescent à son père adoptif. Qu'est-ce qui t'as pris de...

Il termina sa phrase en un hurlement quand le pied du commandant Penan s'abattit sur son estomac alors qu'il était encore couché. Mortali regardait le spectacle, indifférent. Il pouvait défendre son dresseur contre Arceus lui-même s'il l'attaquait, mais Penan était le seul être vivant au monde qui pouvait tabasser Mercutio jusqu'à le tuer sans que Mortali intervienne. Penan inspirait le respect et la crainte aux Pokemon aussi bien qu'aux humains.

- Est-ce comme ça que je t'ai élevé, garçon ? demanda Penan tandis que Mercutio s'étouffait. Si c'est le cas, je n'ai plus qu'à me suicider avec mon arme. Après t'avoir tué toi, bien sûr.

Penan le souleva par la gorge et le plaqua contre le mur.

- Dis-moi, fils, penses-tu être supérieur aux autres ?

- Je n'ai pas... tenta Mercutio mais la prise de Penan l'empêcha de continuer.

- Penses-tu valoir plus que ta sœur ? Penses-tu mériter plus qu'elle ? Franchement... quitter la cérémonie de la sorte, sans un mot de félicitation à ta sœur, sans même un regard ! Un grade vaut-il plus pour toi que l'amour fraternel ? Quand est-ce que tu as eu à subir de la jalousie pour tes sœurs avec moi, que je sache quand j'ai fait une grave erreur ?

Penan le lâcha alors que Mercutio commençait à suffoquer. Il tenta de reprendre son souffle tout en s'expliquant.

- Je... je regrette... j'ai été surpris, c'est tout...

- Pas plus qu'elle, je crois, répliqua Penan. Et ton attitude boudeuse a confirmé ses craintes à propos du fait que tu lui en voulais, que tu penses valoir mieux qu'elle.

- C'est faux, protesta Mercutio. Je... je suis désolé, je te le jure, père. Je n'aurai pas dû penser ça, ni agir comme je l'ai fait. J'aime Siena, et jamais je ne lui en voudrais pour quelque chose qu'elle a eu et pas moi. J'irai m'excuser, et...

- Oui, t'excuser, approuva Penan d'un air menaçant. Et en tant que ton nouvel officier supérieur, désormais, si elle décide de te mettre une semaine au trou pour ça, crois bien que je serai le premier à applaudir !

Mercutio prit conscience de sa propre attitude envers sa sœur. Il se demanda comment il avait pu agir de la sorte. Il ne valait pas mieux que Zeff.

- Je suis désolé, père, répéta-t-il. Je t'ai déçu, n'est-ce pas ?

Mercutio n'avait pas peur de grand-chose, mais décevoir le commandant Penan était la chose que ses sœurs et lui craignaient le plus. Le regard et le ton du commandant s'adoucirent.

- Tu as mal agi, mais je ne suis pas aussi fâché que je voudrais te le montrer, fils. J'oublie parfois les sentiments de la jeunesse, son ambition et sa fierté. Mais sache que si à la fois le Boss et le général ont nommé Siena lieutenant, c'est qu'elle a les qualités requises pour ça. Plus que toi. Tu te rends bien compte, fiston, que malgré ton talent en Pokemon, tu n'égales ni le sérieux, ni la rigueur, ni la stratégie militaire de Siena ?

- Oui, tu as raison, avoua piteusement Mercutio.

- Alors oui, tu as battu Trutos. C'est un exploit admirable, mon garçon. Mais si tu ne l'avais pas fait, j'aurais quand même été fier de toi. Que tu sois lieutenant ou non, je suis fier de toi. Aucun de vous trois n'est supérieur aux autres pour moi. Je suis fier de vous tous, pareillement, et votre grade ou vos actions n'y changeront rien. Dis-moi quand même que tu accordes plus d'importance à ça qu'à un fichu grade ?

- Oui père, et tu le sais. Je crains que ma position dans la X-Squad ne m'ait fait gonfler un peu plus ma tête.

- T'en fais pas, fils. Tu n'as pas le droit d'être jaloux ou de crâner auprès des membres de ta famille, mais tu peux le faire avec les autres Rocket, dit Penan avec un clin d'œil. Allez, maintenant, va t'excuser auprès de ton lieutenant, et n'en parlons plus.

- Oui chef !

Il n'eut pas à marcher longtemps avant de retrouver Siena, accompagnée de Galatea. Toutes deux se dirigeaient vers la maison de leur père. Mercutio n'hésita pas. Il s'avança vers sa sœur, qui fit de même.

- Je suis désolé.

Perplexe, Mercutio se rendit compte qu'ils avaient dit la même chose en même temps.

- Mais... Mais tu n'as pas à être désolée, s'écria Mercutio. C'est moi. J'ai été arrogant de penser que je méritais cette promotion plus que toi. C'était nul et en plus, c'était faux. Excuses-moi, Siena, et toutes mes félicitations.

Siena fut surprise, mais heureuse à la fois.

- J'avais moi aussi pensé que ça serait toi, avoua-t-elle. Tu le méritais plus que moi, c'était vrai.

- Non, dit Mercutio, catégorique. Nous ne sommes personne pour juger des décisions d'hommes comme le Boss ou le général. Tu as des qualités que je n'ai pas, des qualités plus requises que les miennes pour le commandement. Tu es mon lieutenant, maintenant. Et je suis content de te servir.

Siena eut un fin sourire. Pour elle, qui n'était guère démonstrative de sentiment, cela équivalait à une grosse embrassade. Presque aussitôt, la propre attitude de Mercutio qu'il avait eu un peu plus tôt l'écœura.

- Eh bien eh bien, susurra Galatea, comme c'est émouvant tout cela. Allez venez, allons fêter chez père notre nouvelle lieutenant ! Tu viens Zeff ?

Mercutio, surpris, constata que Zeff était un peu plus loin derrière Galatea et Siena. C'était difficile à croire, mais depuis la bataille de Surocal, il y a quinze jours, il semblait se rapprocher un petit plus de ses trois équipiers. Son caractère n'avait subi aucune modification notable, mais même Mercutio avait remarqué qu'il était un peu moins désagréable envers eux. Enfin, surtout envers les filles. Il ne manquait encore jamais une occasion de rabaisser Mercutio.

- Je ne suis pas sûr d'être de bonne compagnie, fit le jeune homme aux cheveux blonds. Hors de question que je trinque pour l'un d'entre vous.

- On s'en fiche, riposta Galatea. Viens juste avec nous, c'est tout. On est une équipe, oui ou non ? Et tu rencontreras notre père.

Zeff accepta de les suivre, au grand dam de Mercutio. Étrangement, il se montra étonnement poli et respectueux envers le commandant Penan et ne fit aucun mauvais commentaire durant toute la soirée, ce qui en soi était encore plus extraordinaire que si le Boss avait nommé Siena générale. Il y avait juste quelque chose qui intrigua Mercutio : c'était l'impression qu'il avait que Zeff et Penan se connaissaient plus que de réputation, et que chacun, d'un commun accord, avait décidé de ne pas en parler...


***


- Général Tender ? appela Tuno.

Le général ralentit son pas dans le couloir de la base, mais sans s'arrêter.

- Colonel ?

- Puis-je poser une question... quelque peu personnelle, monsieur ?

- Vous pouvez, mais je me réserve le droit de ne pas y répondre.

- Oui monsieur. Sauf votre respect, je me demandais... avez-vous promu Siena pour une raison purement professionnelle, ou pour une raison autre ?

Tender arrêta de marcher, et fusilla Tuno du regard.

- Qu'entendez-vous exactement par là, colonel ?

- Eh bien... pour une raison qui pourrait être... personnelle ?

Le général eut un sourire maussade.

- Vous savez ?

- Oui monsieur.

- Penan vous l'a dit.

- Non monsieur, je n'ai rien appris de lui. Mais... je travaillais au service des Renseignements avant, monsieur, sauf votre respect. Et je suis un vieil ami de votre fils.

- Je vois. Eh bien, soyez rassuré, colonel. Je n'ai en aucun cas pistonné cette gamine. Je me suis uniquement basé sur vos propres rapports du personnel. Elle me semblait la plus compétente pour assurer le poste de second.

- C'est aussi mon avis, mon général. Pardonnez-moi, je ne voulais pas insinuer... Je suis juste curieux.

- Eh bien, continuez de l'être, fiston, fit Tender en reprenant sa marche. Je fais confiance à Penan pour garder sa langue, mais sachez que si vous racontez quoi que ce soit à quelqu'un, et surtout à la principale intéressée, je vous tuerai de mes propres mains.

- J'en prends bonne note, monsieur, sourit Tuno.

- Bien. Ah, et venez me voir demain dans mon bureau avec vos jeunes prodiges. J'ai une mission pour votre unité.