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La Faucheuse. de T-Tylon



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» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 10/03/2011 à 01:58
» Dernière mise à jour le 10/03/2011 à 02:53

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

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Sursis.
Sinnoh. Célestia. Demeure de la famille Céleste. 1er étage, chambre d'ami.

Vendredi 23 Avril, 11 heures 42 minutes.



«Demeure» était bien le terme approprié, l'espace d'habitation de la maison était si vaste que l'on pouvait aisément la comparer à un hôtel. La raison était simple quand à une telle surface : durant la très longue histoire de Célestia, la demeure de leur famille était considérée comme le premier lieu de rassemblement de la population de la ville lors des crises qui frappaient l'île, et elle accueillit même des figures emblématiques de l'histoire pour tenir des conseils politique de très haute importance entre les différentes maisons noble de l'île sous l'époque impériale –et même encore avant. Sa réputation de neutralité et d'impartialité à s'engager dans toute forme de conflit, en plus de sa localisation dans les montagnes qui la rendait virtuellement et stratégiquement imprenable, en faisait le lieu parfait pour entamer ce genre de négociation dans les meilleures conditions ; même trois générations d'Empereur ne purent se passer de cet endroit. Si bien que l'on pourrait parfaitement l'intégrer au rang de patrimoine inter-archipel.

Mais plusieurs raisons empêchaient cela de se produire. Premièrement : Célestia ne s'étant jamais soumise à une autre autorité que la sienne, elle n'est en aucun cas directement concernée par les modifications apportés par les différents systèmes légaux ayant vu le jour au cours de son histoire ; car suffisamment vieille pour se permettre la prédominance sur n'importe quelle forme de changement extérieur voulant franchir ses frontière brumeuse. Deuxièmement : ses habitants ayant derrière eux la très longue tradition et réputation des gardiens du secret et de l'histoire, tenter n'importe quelle action directement ou indirectement envers eux sur le plan légal reviendrait à un arbre de s'en prendre à la terre où sont ancrées ses racines ; du pur suicide culturel et constitutionnel. Car la majorité de leurs documents et de leur histoire relatée vient en bonne partie d'eux. Troisièmement : son extrême neutralité et son pacifisme légendaire, ses capacités à vivre en autarcie depuis des temps qu'eux seuls se souviennent, sa position isolée et difficile d'accès par la brume presque continuelle qui envahit ses vallées, ou l'accès escarpé, étroit et bourré de pokémon du Mont Couronné : tous ces points la rende totalement autonome et apte à n'importe quel moment de couper tout lien avec le monde extérieur, sans noter aucun changement drastique dans ses habitudes. Enfin, quatrièmement : sachant que de toute manière, malgré son apparent isolement, la ville incarne le cœur spirituel de l'île (avec un taux de criminalité égal à zéro), forcer tout changement qui ne serait pas accepter par le conseil de la ville (dont fait partie la grand-mère de Cynthia, étant la doyenne) n'obtiendrait strictement aucun résultat, même plutôt que des retombées négatives.

De surcroit, avec les ruines y ayant été découverte depuis plusieurs années et qui se situaient justement topographiquement proches en dessous de la demeure, Célestia à jouer la carte du marchandage, acceptée à l'unanimité du conseil et (sans qu'ils n'aient le choix) par le gouvernement : ils laissaient venir toutes les équipes d'archéologues et de spécialistes de renom qu'ils souhaitaient (autre que leur ville), mais en échange voulaient que le gouvernement reconnaisse le droit absolu de Célestia de conserver sa totale indépendance sur leur plan légal ; en somme, une énorme assurance garantie qui les préservaient de tout tentative d'attaque sur le plan pénal et politique de la part de l'île. Même du Consortium.

Célestia est par conséquent l'incarnation même de la maxime : l'histoire est le passé, le passé est la base, la base est le savoir, et le savoir : c'est le pouvoir. Gardez-le bien.

Mais pour en revenir à la demeure, normalement elle revient intégralement à la famille Céleste, comme s'il s'agissait de n'importe quelle grande maison. Mais n'étant en pratique habitée qu'au grand maximum sur les deux tiers de son envergure, la dernière partie revient donc spirituellement à la ville et peut toujours servir de lieu d'accueil pour permettre au conseil de débattre ; même si cela ne s'est plus avéré nécessaire que très rarement. Quand à son entretien, il revient lui aussi à la famille tout aussi bien qu'à la ville ; qui leur prête des pokémons et des moyens techniques gratuitement pour mener à bien cette tâche, à laquelle ils se plient avec humilité et dignité.


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En vol continu depuis Verchamp jusqu'à Célestia, en pleine nuit, via des détours presque interminables : vol en nuage bas, suivit de vol en rase-motte en remontant à contre-courant le flot du fleuve Dounuee (naissant du croisement entre le fleuve Solstice s'écoulant depuis l'Est de Bonville et du fleuve Lance entre Unionpolis et Bonville), et en continuant sur ce dernier pour s'enfoncer dans le dédale de ravins, de forêts et de montagnes composant le massif dans lequel se trouve l'ancienne ville ; mais en enchainant un ballet aérien éprouvant au travers du labyrinthe naturel qu'il représentait pour s'assurer de semer n'importe quel poursuivant... Avant finalement arriver enfin à la ville par un chemin détourné, à 2 heures du matin et fatigué…

Après une telle épreuve, n'importe qui ne se serait pas complaint de dormir fermement jusqu'à pas d'heure une fois allongé sur un lit ; même habillé. Du moins, c'était normal pour des personnes virtuellement incapable d'encaisser cette expérience si leur conducteur ne les ménageait pas –ce qui fut le cas. Seulement si on y est préparé, et que vôtre conducteur ne le sait pas, mieux vaut lui faire croire que ce n'est pas le cas.

Six heures de sommeil était considérée comme la limite raisonnable optimale de régénération des neurones via le sommeil paradoxal dans de bonnes conditions ; comme une obscurité et un calme complet. Mais cela était la norme pour la majorité des personnes. Certaines échappaient à ce principe en n'arrivant très rapidement au stade du sommeil profond, durant lequel s'effectue l'une des plus importantes phase de récupération, et se trouvaient rapidement apte à reprendre une pleine et entière activité –aussi bien physique qu'intellectuelle- après seulement quelques heures, parfois même moins d'une (ce qui n'était toujours qu'un palliatif comparé à une pleine et entière nuit de sommeil)

En ce qui concernait celle qui «dormait» dans l'une des chambres d'ami de la demeure de la famille dans l'ancienne maitresse, quatre heures étaient tout ce dont elle avait besoin pour être au summum de ses capacités ; mais les principes paradoxal du sommeil lucide [*] lui permettait d'allonger ou au contraire réduire à volonté sa perception temporelle en rêve, et de faire en sorte d'enchainer jusqu'à huit heures de sommeil sans éprouver les effets néfastes de la surproduction de mélatonine par rapport à son rythme biologique.


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La porte de la chambre s'ouvrait lentement, aussi doucement que possible pour éviter de faire le moindre bruit qui viendrait déranger son sommeil. Une personne entra et referma la porte dans les même tons silencieux, pour s'approcher à pas de loup du lit dans lequel elle dormait ; allant même jusqu'à retenir sa respiration en n'espérant améliorer sa discrétion.

Puis, arrivant juste à son niveau, toujours sous forme de silhouette dans la pénombre hésitante de la pièce (maintenue obscure par les rideaux opaque à la fenêtre), la personne s'approcha lentement de son oreille…


«Luna… C'est l'heure de se lever…»


Ne répondant pas au premier abord, continuant son sommeil, la silhouette la prit par l'épaule pour commencer doucement à la secouer, lui valant un petit grommellement de protestation mais toujours endormie.

Comprenant bien l'origine d'une telle réticence à vouloir se réveiller, en désespoir de cause, la silhouette se rapprocha au niveau de son visage (appréciant sa tranquillité quelques instants), et, gentiment, lui donna une pichenette sur le nez.

La demoiselle émit un petit bruit en clignant des yeux en réaction à cet imprévu et parvint finalement à se «réveiller», hésitante en pouvant bien se demander ce qui se passait. Elle se frottait les yeux alors qu'elle ne semblait pas reconnaitre la personne devant elle, pas encore pleinement réveillée. Mais cette dernière l'y encouragea sur une note, certes fatiguée, mais amusée.


«Debout la marmotte : c'est l'heure du déjeuner.»

La demoiselle se réveilla d'avantage.

«Flo ?»

Son air étonné et hésitant montrait à son interlocutrice qu'elle se croyait toujours quelque part dans un rêve, ce qui l'amusa d'avantage.

«Et moi qui croyait que j'étais la seule de l'île à pouvoir flemmarder aussi longtemps, après Tanguy.»

«Flo !»


Se redressant presque instantanément sur son lit, la demoiselle se jeta presque comme un Laporeille sur la championne qui, n'ayant pas vu venir le réflexe, n'ait pu conserver son équilibre, et les fit chuter toutes les deux en arrière dans un cri de surprise ; s'affalant sur son séant.


«Ouah, doucement ! Tu veux me mettre dans le plâtre ou quoi ?»

«Désolé…» Lui répondit-t-elle gênée par son geste, mais ne la lâchant pas pour autant.

La championne notait l'étreinte avec laquelle la demoiselle s'attachait à elle, et ne put s'empêcher de trouver ça gênant.

«Tu n'en fais pas un peu trop ? Je t'ai à peine quittée hier.» Avançait-t-elle poliment pour ne pas lui donner l'impression de la brusquer.

«Mais… Mais Louka –le maitre nous a dit comment s'était finit l'attaque en appelant Cynthia, en parlant d'une explosion !» Elle la serrait d'avantage. «Il a dit qu'il n'y avait aucun mort ni blessé grave, mais il n'a pas parlé de toi !»

«J'ai rien si ça peut te rassurer.» Lui rendait-elle d'un sourire amical, avant de tendre à son oreille. «Mais je ne garantirais pas la même chose pour Louka la prochaine fois qu'il te fait un coup comme ça.»

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Elle acquiesça d'un petit oui et d'un signe de la tête, lui souriant agréablement. Mais la championne fit mine quand même de vouloir cesser son étreinte pour lui permettre de se relever, car mine de rien elle avait quand même quelques courbatures. La demoiselle la relâcha en s'excusant lorsqu'elle constata cela, mais fut tout de même étonnée de sa présence ici –même si elle en était ravie.


«Mais comment es-tu arrivée ici ? Depuis quand ? Dis-moi au moins que tu n'as pas fait tout le trajet durant la nuit !» Termina-t-elle soucieuse.

«Du calme ! J'ai dormi mon saoul, ne t'inquiète pas !» Répondit-elle pour la rassurer, tout en ouvrant les rideaux pour permettre à pleine lumière de midi d'entrer dans la pièce (aveuglant temporairement la demoiselle au passage)

«Mais alors, comment ça se fait ? Il faut plusieurs heures pour arriver à Célestia.» Continuait-elle perplexe.

«Ou quelques minutes en téléport.» Lui rendit-elle sur un sourire rassurant. «J'étais sur le point de m'envoler vers Célestia depuis Unionpolis, mais j'ai oublié qu'Athos n'aimait pas voyager quand il est fatigué. J'ai attendu que Lucio sorte à son tour du centre pokémon pour lui demander s'il pouvait encore avoir l'amabilité de bien vouloir me déposer à la Ville, et je suis arrivée quelques temps juste après vous ; j'ai même dormi dans la pièce à côté de la tienne si tu veux tout savoir.»

«Tu étais arrivée juste après nous, et tu étais ici ?!» S'exclama-t-elle stupéfaite. «Pourquoi tu n'es pas venue m'avertir alors !»

«Parce qu'il paraissait que tu écrasais ferme.» Lui renvoya-t-elle goguenard.

La demoiselle lui rendit une expression consternée, entre l'embarras et l'exaspération, avant de se précipiter vers elle pour commencer à la frapper de faibles coups au niveau des épaules.

«C'est méchant ! Je me faisais un sang d'encre à te savoir là bas, et être peut-être blessée et épuisée à devoir continuer de te battre ! Alors que tu devais déjà récupérer après ce qui s'était passé dans cette cage, quand ça m'avait déjà fait une peur bleue d'apprendre ce qui aurait dû t'arriver si personne n'était venu vous aider ! Rien que de savoir que tu y retournais me redonnait la frousse !» S'exclama-t-elle de colère. «J'ai pas vôtre aplomb ou vôtre expérience de dresseuse, et je suis pas habituée à cette pression continuelle de sentir un danger concernant quelqu'un que je connais ; surtout pas toi ! J'étais morte d'angoisse, au point que ça m'a plus épuisée que ce vol nocturne effréné et que je me suis littéralement affalée de fatigue sur ce lit ! Et toi tu arrives pour me réveiller et me faire la morale sur mes heures de sommeil comme si de rien n'était ?!»


Elle continuait de la ruer de faibles coups, exaspérée et épuisée (malgré le fait qu'elle venait de se réveiller), tandis que la championne faisait ce qu'elle pouvait pour parer et encaisser sa rancune justifiée. Elle savait parfaitement qu'elle avait bien fait de la laisser se reposer. Mais s'amuser à ses dépends alors qu'elle s'était mortifiée de son sort, là où elle était à l'abri… C'à n'était pas une attitude digne d'une grande sœur.


«…Désolée…» Parvint-elle à dire alors qu'elle s'était arrêtée de frapper mollement. «Je ne suis peut-être pas une si bonne sœur que ça…»


Automatiquement, la demoiselle lui faisant face s'était statufiée pendant quelques instants, avant de l'étreindre à nouveau fermement au niveau du torse. Elles restèrent un moment ainsi silencieuses. La championne comprenant qu'elle venait de sortir une connerie plus énorme que ses mauvaises taquineries, mais que celle qui la tenait ne la relevait même pas.


«Toi, Cynthia et le maitre, vous êtes pareils… A vouloir me ficher la trouille juste pour avoir l'air cool…» Finit-elle par dire, sans pour autant la lâcher. «Promets-moi de plus jamais me faire ça, même si je dors après trois jours sans sommeil ; je préfère être morte de fatigue que morte de peur.»

La championne étreignit à son tour la demoiselle éreintée.

«Promit…» Lui dit-elle doucement à l'oreille. «C'est possible maintenant d'aller déjeuner ? Je crois que tu n'as encore rien mangé depuis hier.»


Juste quand elle achevait sa phrase, l'estomac de la demoiselle se fit annoncer sans attendre son propre avis. Un petit blanc s'installa. Alors qu'elle affichait un visage extrêmement gêné en baissant la tête vers son ventre, la championne se mit à rire doucement.


«Y'en a un qui est toujours franc du collier chez toi, quelque soit la situation. C'est même presque rassurant.» Lui dit-elle sur une note amusée, mais sincère.

«… J'ai une question…» Lui rendit-elle en se tenant honteusement l'estomac. «Pourquoi tu étais à Unionpolis ?»

«Je t'expliquerais en même temps qu'à Cynthia autour de sa table ; y parait que même si sa grand-mère n'égale pas la matriarche de Floraville sur la cuisine, elle se défend pas mal avec sa petite sœur aux fourneaux.» Lui rendit-elle amicalement, avant de s'approcher d'elle avec un air malicieux. «Mais ce serait bien si tu pouvais prendre une douche avant ; dormir toute habillée n'est pas déconseillé pour rien, tu sais ?»

«FLO ! Tu m'avais promit !» S'offusqua-t-elle.

«D'arrêter de te foutre la trouille, pas de t'embêter.» De défendit-elle en tirant la langue.

«Maaaaaaais !» Gémissait-elle plaintivement.

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Elle se remit à la cogner mollement alors que la championne se défendait en riant comme si ça n'était que des chatouilles. Puis la porte s'ouvrit de nouveau pour laisser entrer l'une des résidentes légitimes ; plus précisément celle qui se chargea de guider l'invité de cette chambre depuis Verchamp.


«Enfin réveillée, et en forme à ce que j'entends.» Constata l'ancienne maitresse.

«Je confirme.» Rendit la championne. «Pas que je veuille passer pour une mal élevée, mais est-ce que le repas est prêt ? Y'en a une autre que moi qui attend impatiemment sa pitance. Si tu vois ce que je veux dire.»

Oh oui elle comprenait très bien ce qu'elle veut dire ; sans avoir besoin de noter le nouveau coup mou que donnait la demoiselle vexée sur la championne.

«C'est bientôt prêt.» Confirma-t-elle en indiquant la porte. «Au fait, Luna, ne t'inquiète pas pour les draps ; ma sœur a dit qu'elle se chargerait de les laver plus tard.»


En regardant à nouveau le lit où elle avait dormi, grâce à la lumière du soleil qui éclairait parfaitement la pièce, il était désormais possible de voir quelques traces d'eau boueuse et de saletés qui s'étaient répandues au pied du lit ; maculant le bel ensemble blanc-gris d'un marron de vase séché assez abject.


«Oh mince…» Se rendit-elle compte confuse en ayant complètement oubliée ce détail.

«C'est vrai que vous n'avez prises aucune pause depuis la cage.» Nota Flo en remarquant le bas de la tenue de la demoiselle tout aussi crade ; avec un grand sourire. «Et surtout… Aucun change.»


Le ton et le sous-entendu employé par la championne tira rapidement la demoiselle de sa confuse contemplation, pour la regarder –elle et l'ancienne maitresse à tour de rôle- avec un regard presque apeuré ; sentiment qui s'amplifia quand son hôtesse se mit à arborer le même sourire en approuvant l'idée.


«Oh non… Pas encore…»Fit la future victime sur une note plaintive, pendant que les deux dresseuses s'approchaient lentement d'elle.

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Un peu plus loin à l'étage inférieur, plusieurs minutes plus tar, la grand-mère et la petite sœur de Cynthia s'affairaient tranquillement à mettre les touches finales au repas à l'aide de certains pokémons réputés doués pour la cuisine -comme un Canarticho et un Caratroc-, ainsi que d'une «jeune invité» qui ne tarda pas à s'accaparer toute l'attention de la doyenne pour sa nature «historiquement enrichissante». Elles s'interrompirent en sursautant légèrement de surprise à l'entente d'un cri plutôt aigue venant de l'étage supérieur ; ce qui valu même au Canarticho de perdre son poireau dans la soupe qu'il touillait, l'obligeant à mettre toute son énergie à le récupérer avant qu'il ne soit trop cuit (et donc irrécupérable.)

La jeune sœur de l'ancienne maitresse laissa les fourneaux entre les mains de sa grand-mère, de la petite fille et des pokémons (qui aidaient comme ils pouvaient le Canarticho à reprendre son précieux légume) pour voir de quoi il en retournait. Elle défit le tablier qu'elle s'était mit à la taille pour cuisiner sur le porte-manteau dédié dans l'espace alloué à la cuisine, pour commencer à se diriger vers les escaliers menant à l'étage supérieur. Mais quelques dizaines de secondes après l'y avoir vu disparaitre, et finalement récupérer le poireau du pokémon (très content), ils entendirent un nouveau cri dont l'écho de la voix indiquait celle de la petite sœur, mais aux intonations le dévoilant comme bref et surpris.


«Corrine, est-ce que tout va bien ?» Commençait-elle à s'inquiéter.


Alors qu'elle rendait son poireau au pokémon en même temps qu'elle commençait à défaire à son tour son tablier, elle vit sa jeune petite fille revenir de l'embranchement menant à l'escalier, l'expression sur son visage montrant clairement l'effarement à sa grand-mère. Elle tournait la tête tour à tour de la direction de l'escalier aux cuisinières, puis d'esquisser un sourire qu'elle s'efforçait de cacher derrière sa main comme pour retenir un éventuel rire.


«Mais enfin, qu'est-ce qui se passe ?» Demandait-elle sur une note virant à l'agacement.


Elle ne lui répondit pas, et se contenta de continuer à afficher ce sourire en pointant doucement du doigt la direction du couloir d'où elle revenait ; d'où finit par sortir l'ancienne maitresse dans son ensemble noir habituel. Chose étonnante : avec son manteau, alors qu'elle se trouvait en intérieur et que la température était plus que raisonnable. Et qui s'écarta sur le côté pour rejoindre sa sœur, et laisser passer une éventuelle nouvelle personne.


«Cynthia, est-ce que tu pourrais avoir l'amabilité de bien vouloir m'expli-»


Elle se figea au beau milieu de sa phrase lorsqu'elle vit les deux personnes qui se présentèrent à sa suite dans son champ de vision. Elle reconnut parfaitement la championne sans une once d'étonnement, mais resta sans voix à la vue de celle qu'elle avait poussée en avant : presque en tout point identique à sa petite fille, mis à part les chaussures (des baskets pourtant aux même tons que le reste de sa tenue), la couleur de cheveux noir mat (qui se fondait parfaitement avec le reste), sa taille plus petite, et l'air abattu qu'elle arborait ; mais avait été coiffée selon les mêmes boucles courtes qu'elle, jusqu'à avoir reçue les même accessoires aux emplacements identique de sa tête.

Le choc fut tel que le Caratroc et le Canarticho se figèrent eux aussi –tout comme la petite fille ; au point que ce dernier laissa retomber son poireau dans la soupe d'où il venait d'être fraichement sortit. Sans tenter à nouveau de le récupérer.


«Seigneur tout puissant… Deux Cynthia ?!» S'exclama-t-elle interdite.

«C'est exactement ça.» Lui répondit directement la championne d'un grand sourire amusé, presque sur le point d'éclater de rire.

«Help…» Rendait la pauvre victime dans un total opposé.


L'ancienne maitresse se mit doucement à rire tandis que sa grand-mère restait toujours bloquée sur la scène, et que sa petite sœur prenait presque en pitié la demoiselle (ce qui ne l'empêchait pas de conserver ce sourire amusé ; s'il elle s'était attendue à cela…)


«Et si nous passions à table ?» Reprit-elle simplement pour changer de sujet, alors que tout le monde savait que ça allait être dur.

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Demeure de la famille Céleste. Rez-de-chaussée, partie Sud-Ouest, salle à manger.

12 heures 33 minutes.



Le déjeuner se passa agréablement sur le récit des faits de la soirée d'hier narrés par la championne (même si l'attention restait en partie rivée sur la maitresse des baies, étant devenue malgré elle une attraction très intriguante). A la fin de l'histoire, l'ancienne maitresse et celle des baies soupirèrent de soulagement en apprenant la débâcle des teams, et que cette dernière n'aurait plus à se cacher et vivre cette pression d'être constamment chassée ; surtout en apprenant la mission qui lui avait été confiée par le maitre.

Puis ce fut à l'ancienne maitresse et la petite Lisa de narrer en détail les évènements liés au Grotadmorv Shiny, avec le soutien de la championne concernant la petite ellipse de Floraville. La doyenne écouta attentivement sans l'interrompre, impassible, là où sa petite sœur ne put que réprimer un frisson d'angoisse au passage où elle avait risquée sa propre vie pour sa Milobellus, pour passer réellement au pâle en enchainant avec le choc de la «mort» de la Carchacrok (même si cette dernière avait toujours préférée Cynthia, elle appréciait aussi énormément sa petite sœur ; ce qui était un sentiment réciproque.)

Rien ne leur fut épargné de ce côté-là. Etant donné la spécialité de Célestia, surtout de la famille de l'ancienne maitresse, elles pouvaient se permettre d'aborder librement le sujet des baies en la présence de la personne la plus compétente dans ce domaine ; qui à ce propos avait même plus de connaissances sur le sujet que la doyenne. Ce fut le passage de la baie Pitaye qui finit par interpeller cette dernière et la faire sortir de son rôle passif de spectatrice.


«Une baie plus efficace encore que la Babiri, et dont nous n'en avons aucune connaissance ?» Relevait-elle parfaitement surprise.

«En même temps nous ne pouvons pas tout savoir. Mais je dois admettre que c'est un point particulièrement intriguant. Car si la Babiri est en soit un secret historique à la base, je n'arrive pas à concevoir que celle-ci nous soit complètement restée inconnue jusque là.» Releva Corrine. «La «Pitaye» vous dîtes ? Je n'en ai jamais entendu parler ou lu, dans un quelconque livre ou une quelconque note rédigé par les maitres soignant et apothicaires de toute époque que nous avons ici.»

Immédiatement le quatuor tiqua au terme «apothicaire», mais ce fut Cynthia qui reprit.

«Des notes d'apothicaire, comme celui pour qui nous venions à la base à Verchamp ? Je ne me souviens pas avoir jamais entendu parler de cela dans les archives.»

La championne double-tiqua à l'entente de l'ancienne maitresse n'ayant pas connaissance d'un point d'histoire.

«Je croyais que tu savais tout sur l'histoire des baies, vu le speech que tu nous avais fait sur la Babiri à Vestigion ?»

«Etudier l'histoire dans son intégralité est chose impossible pour un être humain, même aussi passionné que moi. C'est pour cela que beaucoup d'entre nous ne touche qu'à un domaine de l'histoire en particulier s'il veut en comprendre toutes les nuances, au dépit des autres.» Fit-elle amicalement remarquer.

«Et moi j'ai choisis la médecine.» Intervint sa petite sœur. «L'étude des opérations médicales, des remèdes, et autres traitements médicaux à travers l'histoire est un sujet particulièrement large à traiter, mais fascinant à explorer dans le sens où il n'est pas limité à un domaine en particulier : que cela touche à la culture, la politique, les croyances –superstitieuses ou fondée-, spirituelles, psychologique, etc. Saviez-vous que dans certaines cultures un simple mal de ventre était considéré comme la preuve d'une possession démoniaque et un véritable danger, là où dans ces même cultures à l'inverse un membre touché d'avarie nécrosée paraissait dérisoire ?»

Flo se contenta de renvoyer un air stoïque, avant de déclarer à haute voix neutralement.

«Note : ne plus jamais venir à Célestia de plein gré à l'heure du repas, avant ou même après, au risque de se faire embarquer dans un cours d'histoire prêt à vous plomber autant le moral que l'appétit.»

La médico-spécialiste et la doyenne restèrent figées par la déclaration directe de la championne et son manque total de tact, là où l'ancienne maitresse se contenta d'y rire.

«Florianne a toujours été d'un direct et d'une franchise déconcertante, n'en soyez pas étonnées. C'est même l'une de ses principales qualités.» Les rassura-t-elle.

«J'en conviens.» Rendit sa petite sœur, dont elle venait d'en faire les frais au prix d'un sérieux refroidissement.

«Je respecte vos connaissances et vôtre passion pour l'histoire, mais reconnaissez que parler de médecine à table n'est clairement pas le meilleur moment pour une diserte sur le sujet –aussi intéressante soit-elle.» Renchérit-elle, ce à quoi la petite fille acquiesça (vu ses manières instruites à table)

«En parlant de ça, justement.» Fit la doyenne en transition. «Nous avons reçu la visite d'un jeune homme particulièrement «inspiré», qui a fait tout le trajet depuis Vestigion pour arriver ici en passant par Unionpolis, pour me rendre ceci.»

Fouillant dans la poche de sa veste (un peu trop longtemps au goût de la championne), elle finit par en faire sortir une sorte de grelot de forme plutôt atypique, auquel le trio y réagit immédiatement.

«Ah, mais c'est le grelot mystère que tu avais confié à Charles à l'hôpital !» Releva Luna. «C'à veut dire que vous l'avez soigné ? Comment va-t-il ?»

«Pour reprendre le terme, on peut dire qu'il pète le feu.» Reprit Corrine, pendant que Cynthia récupérait le grelot. «Grand-mère à été un peu sceptique au début quand il nous avait expliqué la raison de sa venue ; parce qu'il tenait debout grâce à une baie Babiri et que l'on croyait être les seuls à en posséder sur l'île. Mais lorsqu'il montra le grelot, en faisant noter que le jour où il arriverait à gruger la déesse de combat les Ramoloss seront plus réactifs qu'un Métalosse, elle accepta de lui donner juste ce qu'il fallait de potionsecret pour le guérir définitivement. Il est repartit à Charbourg depuis avant-hier seulement.»

«Pourquoi Charbourg ?» Reprit Flo interloquée.

«Parce que c'est là qu'il vit.» Répondit la doyenne. «Il travaillait en tant que superviseur technique et est un expert dans le domaine du réseau de communication. Ceux qui sont de bonnes qualités techniques pour la ville la plus productrice de Sinnoh, car cela maintient une cohésion essentielle entre les différents services producteurs et consommateur ; sans ce genre de personnel, leur capacité de production serait aveuglée et dépasserait très largement ses capacités à traiter les demandes comme il se doit.»

«Comment vous savez ça ?!» Reprit la championne étonnée.

«Il nous l'a dit, et nous a absolument rien caché si cela pouvait lui permettre de nous prouver qu'il ne nous mentait pas. Puis quand il a abordé les légendaires, nous savions qu'il pouvait recevoir ces soins vu que tu n'aurais jamais fait part de ce secret à quelqu'un indigne de confiance.»Reprit la doyenne à son tour. «Mais cela ne l'a pas empêché de continuer de jurer qu'il n'avait pas dit un mot à ce sujet à qui ou même à quoi que ce soit depuis qu'il avait quitté l'hôpital. Alors, juste pour m'en assurer, je lui ai demandé de bien vouloir répondre honnêtement à n'importe quelle question que je lui poserais…»

«Grand-mère, tu en as profitée pour lui soutirer honteusement des informations privées ?!» S'exclama Cynthia, aussi stupéfaite qu'indignée.

«Et j'ai appris des choses que tu ne pourrais même pas imaginer, ma chère petite-fille.» Lui rendait-elle d'un sourire faussement gâteux. «En premier lieu : qu'il vivait certes à Charbourg, mais qu'il ne connaissait pas de meilleur barman que celui d'un petit bar à Vestigion ; la raison de sa venue. En deuxième lieu : qu'il avait une dette éternelle, et que s'il pouvait faire quoi que ce soit d'utile pour vous il le ferait. En troisième lieu : qu'il mettait deux sucres et une lichette de miel dans son café. En quatrième lieu : qu'il a la phobie des pokémons insectes. En cinquième lieu…»

«Grand-mère, ça suffit ! C'est parfaitement immoral d'abuser de la bonté ou de la faiblesse des gens quand ils sont en position d'infériorité, et tu le sais bien !» S'emporta-t-elle d'indignation. «Tu ne vas pas nous dire que tu n'as pas hésité un seul instant à passer au crible toute sa vie jusqu'à savoir des choses strictement privées et sensibles, comme le nombre de femme qu'il a croisé ces derniers temps ?!»

«Trois.» Leur répondit-elle d'un grand sourire, devant leurs regards ahuris ; et celui carrément ébahis d'absurde de la petite spectre.

«GRAND-MERE !»S'écrièrent les sœurs en même temps.

«Je plaisante ! Ne vous emportez pas.» Renvoya-t-elle d'un air satisfait d'avoir entuber ses petites filles. Ce qui lui valu un râle d'indignation de ces dernières.

«Mais globalement il va bien, n'est-ce pas ?»


La doyenne mit un petit temps avant de répondre à la question de la demoiselle invité (n'arrivant toujours pas à ce faire à l'étonnante ressemblance apparente avec sa petite fille ; sans intégrer la couleur des cheveux.)


«Oh oui il va bien. Même un peu trop bien.» Finit-elle par répondre. «La potionsecret n'a fait qu'apporter la touche finale à sa guérison, mais à la base les effets de la Babiri l'avait déjà complètement rétablit. Et croyez-moi, ce jeune homme à de la ressource ! Il est repartit comme il est venu jusqu'ici : sans pokémon, juste avec des repousses, un incroyable sens de l'orientation et une sacrée détermination à ne pas lâcher l'affaire. Trois jours durant il a voyagé sur la route 210, à l'ancienne, pour arriver jusqu'ici par ses propres moyens ; appréciant toutes les joies et possibilités offertes par ce genre d'expérience grâce sa santé retrouvée. Même s'il était désormais chômeur et n'avait plus vraiment de but, il se sentait revivre.» Elle sourit sincèrement. «Même si je ne le connais pas, ça fait plaisir de voir quelqu'un reprendre goût à ce point à la vie. Et si rarement d'en voir saisir ce genre de seconde chance avec tel entrain. Tu te doutes bien que je n'allais pas laisser passer l'occasion d'en apprendre plus sur lui…»

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La demoiselle aux baies émit un soupir de soulagement, mais se ravisa vite en voyant le regard espiègle que lui lançait la championne. Le genre de regard qu'elle n'aimait pas, plein de sous-entendu. Mais avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit, ce fut la petite fille qui les interrompit.


~Excusez-moi, mais qui est ce Charles ?~

«Un homme rencontré à l'hôpital de Vestigion quand Luna y a été amenée, pas longtemps avant qu'on ne vienne au manoir.» Répondit-elle. «Qui doit d'ailleurs sa sortie à une personne qu'il doit beaucoup apprécier.»

«Qu-quoi ? Qu-qu'est-ce que tu veux dire ?» Demandait la demoiselle troublée.

«Oh rien…» Lui renvoyait-elle goguenarde. «… Seul, déterminé, sans pokémon et juste des repousses… C'à me rappelle quelqu'un.»

La demoiselle réagit brusquement à la remarque très explicite de la championne.

«J'en ai assez ! Tu n'arrêtes pas un seul instant de m'embêter, et à ne pas en louper une pour me mettre dans l'embarra ! Et quand c'est pas l'une, c'est l'autre !» Fit-elle excéder en pointant du doigt l'ancienne maitresse, qui se prit à regarder innocemment ailleurs. «Déjà que ça vous amuse de me prendre pour une poupée, voilà qu'il faut que tu cherches à te faire des films juste pour le plaisir de me voir réagir !»

«Mais j'ai juste dis qu'il me rappelait quelqu'un avec qui il a des points communs indéniables, rien de plus.» Se défendit-elle en souriant.

«F-Florianne, arrête de jouer avec moi !»

«Je ne vois pas pourquoi tu réagis aussi brusquement.» Fit l'ex maitresse en rejoignant Flo. «C'à n'est qu'une simple comparaison. Et en aucun cas un bas sous-entendu visant insidieusement à dire qu'il pourrait correspondre au gendre idéal avec une certaine experte dans le domaine des baies ; qui y réagirait un peu trop impulsivement pour ne pas être suspecte.»

Elle se retourna consternée vers l'autre dresseuse, qui regardait toujours innocemment ailleurs. Puis se tourna désespérément vers les autres personnes, implorant leur soutien.

«Pitié, faites-les arrêter !»

«Il y'a certaines choses dont il faudrait mieux ne pas se mêler.» Rendit la doyenne les mais levée en se tournant ailleurs.


Atterrée, elle s'effondra mollement sur la table, la tête entre les mains. Gémissant une longue plainte désabusée. La jeune sœur de l'ancienne maitresse émit un fin rire à cette scène, mais prit finalement le parti de la pauvre demoiselle.


«Cynthia, arrête de l'ennuyer ; vous aussi Florianne. Je crois qu'elle a eu son compte de mauvais tours pour tout le mois.»


Cela avait été demandé sur un ton aimable et posé. Agréablement calme et courtois, demandant approbation sans exiger, mais pourtant inspirant mal le fait de refuser. Le genre de demande formulée par une personne généreuse que même l'intrépide championne ne put récuser, et auquel l'ancienne maitresse savait ne jamais pouvoir dire non.

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Les dresseuses cédèrent et s'excusèrent poliment envers la demoiselle avec qui elles s'étaient amusées comme des Chaglams avec une pelote de laine. Celle-ci sortit d'un air soulagé de sa pose pour se tourner reconnaissante vers la jeune femme qui l'avait «sauvée».


«Merci…»

«De rien.» Rendit-elle doucement, avant de virer. «Sinon, j'ai quelques vêtements en trop que vous pourriez essayer.»


La demoiselle replongea deux fois plus dans son état plaintif, sans pouvoir noter le double regard qu'adressèrent les dresseuses à la jeune sœur ; qui les prit d'un fin sourire. Et celui plein de pitié de la petite Lisa envers la pauvre victime de leur jeu tortueux.


«Blague à part, ma garde robe est bien plus sobre que celle de ma grande sœur ; comprenant des vêtements de change de tous les jours que je serais ravie de vous prêter en attendant.»

«… Merci bien…» Parvint-elle à dire sans emphase, ni ne sortir de son état.

«C'est comme tu veux Luna.» Intervint à nouveau Cynthia. «S'il ne te plait pas, on peut retourner à l'étage pour te laisser à nouveau changer d'habit, avant de nous préparer pour rejoindre Vestigion par l'accès dans le Mont Couronné. Et s'il est vrai que malgré son extravagance mon ensemble est quand même textuellement adapté à ce genre d'entreprise, une tenue passe-partout comme en possède beaucoup ma petite sœur serait plus convenable.»

Mais avant que la demoiselle ne réponde quoi que ce soit, elle enchaina sur un ton faussement blessé plus qu'outrageux.

«C'est juste que je pensais que s'il te plaisais, je comptais te l'offrir ; en me disant que cela pourrait faire une belle surprise aux enfants à ton retour.»


Un certain silence s'installa alors. La championne regarda l'ancienne maitresse avec des yeux rond, mais affublée d'un sourire qui lui donnait la tête d'un Barbicha. Tandis que sa petite sœur et sa grand-mère, qui se retourna pour l'occasion, la regardait d'un air particulièrement étonné ; quand cette dernière se contentait de regarder d'un air faussement blasée ailleurs. Il n'y avait que la demoiselle qui ne dit ni ne fit rien du tout, alors que c'était elle que la scène attendait de voir réagir.

Finalement, au bout de plusieurs secondes d'un silence constant, elle parvint à émettre une phrase (toujours sans la regarder dans ses bras.)


«Elle sourit, pas vrai… ?»


A peine l'avait-elle formulée que l'ancienne maitresse s'était effectivement mise à sourire ; le genre de sourire à dire «gagné» de façon éhontée quand un plan se déroule comme prévu. Mais voyant (enfin entendant) que personne ne lui répondait, elle émit un long soupir.


«D'accord, je garde ces vêtements…» Parvint-elle à dire.

«Y comprit les accessoires ?» Demandait-elle sur le ton de la jeune fille pleine d'espoir qu'il ne fallait pas briser.

Elle soupira à nouveau, sachant qu'elle s'était faite manipulée sans scrupule depuis le début et en beauté.

«…Y comprit les accessoires…» Finit-elle par céder, vaincue.


En tendant attentivement l'oreille, il était possible d'entendre un faible «yes» murmuré brièvement entre les dents de l'ancienne maitresse. Ce qui valut un nouveau soupir déconfit de la part de la demoiselle, pauvre victime entre les mains des deux dresseuses et de leurs brimades aux allures de tortures morales. Puis la championne se rapprocha lentement d'elle, à son niveau, avant de poser une main qui se voulait rassurante sur sa tête.


«C'est bon, on plaisantait. C'était pour que tu ne penses plus à tes soucis, et que tu ne continues pas à t'apitoyer sur nôtre sort. Mais promit on arrête.» Lui dit-elle doucement.

«Le demoiselle fit sortir légèrement sa tête en la tournant sur le côté de la championne.

«Promit ?» Lui demandait-elle éreintée.

«Promit.» Lui confirmait-elle en lui caressant la tête. «Alors, tu me pardonnes ?»

La demoiselle mima oui de la tête en la remuant faiblement, ce qui valu un sourire joyeux de sa part. Tandis qu'elle continuait de lui caresser la tête lentement.

«Flo… Je suis pas un Tylton…» Marmonna-t-elle en désapprobation.

«Mais c'est tout doux.» Plaidait-elle. «Et puis c'est mignon de voir ce petites espèces de coque bouger en même temps.»

«Flooooo…»

«Ok j'arrête.»Consentit-elle en retirant sa main.

Ce fut au tour de la petite fille d'intervenir aux côtés de la demoiselle, lui tenant timidement le manteau.

~Ayant été la cadette avec toutes mes sœurs, je sais ce que ça fait.~ Fit-elle sur une note compatissante.

Elle tourna sa tête vers la petite fille en lui affichant un sourire tristement fatigué.

«Merci Lisa… C'a me fait plaisir…»

~De rien.~ Renvoya-t-elle d'un sourire agréable.

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Quelques notes de rire discret pour briser la tension ; la doyenne reprit d'un petit raclement de gorge.

«Pour en revenir aux baies. Je crains que nous ne puissions pas vous aider au sujet de cet apothicaire en particulier : nous n'avons aucune note sur lui. Et quand je dis aucune, c'est bel et bien aucune. Vous avez même en fait plus d'information sur lui que nous.» Déclara-t-elle platement. «D'ailleurs vous avez même plus de connaissances sur les baies à vous seule que nous n'en ayons dans tout Célestia ; j'aimerais vraiment savoir comment vous avez pu entrer en possession de telles informations.» Fit-elle intriguée.

«Il y'a un plant de Babiri à Johto, pas très éloigné d'un petit village reculé qui se nomme Quiobenait.» Commençait-elle sans réelle énergie. «J'y suis tombée dessus par un concours de circonstance durant mon voyage et en ai récupérée une, avant de trouver ce petit village reculé dans un flanc creux de montagne entouré de forêt. Là-bas j'ai pu trouver qu'ils cultivaient certaines espèces peu communes de baie aisément, et possédaient quelques bribes d'anciens documents qui traitaient de baie qu'ils considéraient comme des mythes. En échange de donner l'emplacement du plant de Babiri, qu'ils croyaient avoir perdu, ils me laissaient librement consulter leurs documents. J'ai appris la description de certaines d'entre elles au travers de ces écrits, ainsi que leurs caractéristiques physique et les vertus qu'on leurs associaient. Mais il n'y avait aucun croquis ou image qui les retraçait visuellement, ni aucune information disponibles sur leur localisation –même théorique…»

«Je vois…» Nota-t-elle pensive. «Accepteriez-vous de bien vouloir partager ces informations avec nous ?» Demanda-t-elle poliment.

«C'à ne me dérange pas, mais je crains qu'elles ne vous seraient pas très utiles.» Contra-t-elle timidement. «Je peux comprendre que même la moindre rumeur d'un pokémon légendaire peut être déterminante, car il reste un être vivant. Mais pas les baies. Hors les principales informations que j'ai reçue d'eux sont purement interprétée sous le sceau de la mystification, et donc peu fiables.»

«Pourtant ça n'était pas le cas avec la Pitaye, on en a la preuve.» Intervint Flo.

«Oui mais ça c'est parce que c'est moi qui en ait rédigé la fiche sommaire, après un travail d'investigation en faisant s'affronter les différentes interprétations énoncées sur chaque document. Des dizaines de légendes différentes peuvent avoir toutes une seule et même origine, tout comme une seule légende peut avoir des dizaines de versions interprétées différemment ; ça n'est pas à vous que je vais apprendre cela.» Fit-elle poliment remarquer à leurs hôtesses.

«Malgré tout, tu conviendras que ses pouvoirs curatifs méritent pourtant largement le terme de légendaire.» Fit relever Cynthia.

«Parce que vous ne savez pas ce que leurs documents disaient à son sujet.» Contra-telle aimablement. «Selon eux, la Pitaye était l'incarnation même de l'essence de la vie et pouvait ressusciter les morts rien qu'avec une bouchée. Réduire sa peau en poudre selon une certaine méthode, perdue depuis des lustres et qu'ils n'ont plus connaissance, pour l'ingurgiter ou se frictionner la peau avec permettait de ralentir, pour ne pas dire arrêter le processus de vieillesse, et se purifier de tout maux et poisons capable de corrompre le corps, l'âme et l'esprit. Ce qui, à ce stade, relève de la pure fantaisie…»

«Mais, Rhélys-»

«Est une pokémon, et une dragonne de surcroit.» L'interrompit-elle. «Je sais ce que tu voulais dire, et je suis la première à reconnaitre que son rétablissement dépasse tout ce à quoi je devais m'attendre. Mais rappelez-vous ce que je vous ai dis : les baies fonctionnent différemment d'un pokémon à un autre, et d'une efficacité nettement plus diminuée chez l'homme. Pour ce que j'ai pu en déduire, et ce que les médecins ont dit, elle favorise uniquement le processus de régénération à un niveau inégalable. Et comme même des médecins n'arrivaient pas à croire que Rhélys s'en sorte aussi bien, c'est facile de deviner la réaction de leurs ancêtres face à un même phénomène et croire fermement que cette baie était un cadeau divin qui pouvait les protéger de tout. Mais elle ne ressuscite pas les morts.»Tranchait-elle.

«Ok…» Répondit-elle en s'inclinant devant les arguments fermes de l'experte. «Tu nous en veux toujours pour t'avoir enquiquinée ?»

Elle soupira à nouveau avant de décroiser les bras pour la regarder à nouveau.

«Non, c'est pas ça…» Corrigeait-elle penaude. «J'ai vu l'intérêt que lui portait Aurore lorsque l'on revenait avec son Torterra, je reconnaissais cette expression escomptant quoi pouvoir faire avec une telle baie en envisageant ses possibilités : c'était la même expression qui disait «avec ça, peut-être que mes problèmes sont résolus» ; même si je ne sais pas pourquoi, et qu'elle ne me le dirait pas…» Elle enchaina sa plaidoirie avec la championne. «Je veux juste corriger les mauvaises idées que vous pourriez imaginer à ce sujet, pour éviter d'être déçues plus tard : les baies pokémons sont véritablement incroyables, presqu'autant que les pokémons. Mais tout comme eux, il ne faut pas croire qu'elles sont la solution miracle, parce qu'on ne sait rien d'elles et que l'on croit leur potentiel illimité ; elles restent des fruits. Certes incroyables, mais des fruits. Avec leurs limites entre la fiction et la réalité…»

«Pourriez-vous nous faire connaitre cette limite, s'il vous plait ?» Demanda poliment la doyenne.

«Oui…»Consentit-elle docilement. «Par exemple la Lichii, censée contenir le pouvoir de la mer : il suffirait de croquer une fois dedans pour pouvoir respirer sous l'eau et nager aussi vite qu'un Léviathor. Ou la Sailak, censée contenir le pouvoir du ciel : une bouchée et des ailes pousseraient dans le dos pour permettre de voler comme un Roucarnage. Le meilleur exemple de ce que j'avance est l'Abriko : une baie qu'ils considèrent comme mystique, mais dont personne ne sait ce qu'elle donne ou ce qu'on en fait. Ou pour aller purement dans la science-fiction, la Frista : une baie considérée comme si puissante qu'elle fut abandonnée au bout du monde ; on parle même de mirage.»

«En effet, exposé comme ceci… Cela relève effectivement de la fantaisie ; surtout en entendant la dernière.» Admit-elle.

~Je suis d'accord.~ Renchérit Lisa. ~Et pourtant je suis une spectre ; c'est pour dire si à quel point cela apparait comme une fable pour enfant.~

«Dans ce cas là, pourriez-vous seulement nous donner les informations que vous estimez viables, je vous prie ?»Re-convint la doyenne.

«Mais… Vous les avez déjà…» Répondit-elle gênée. «La seule description viable est celle de la Pitaye, parce que j'en ai eu la confirmation avec Rhélys –sans vouloir faire paraitre insensible.» Fit-elle en s'excusant vers l'ex maitresse, qui lui fit signe de ne pas s'inquiéter. «Car à la base, d'après mes estimations, je croyais seulement qu'elle devait la mettre plus ou moins sous une forme de stase en attendant d'avoir les moyens de récupérer. Je n'avais aucune idée du potentiel fabuleux qu'elle renfermait au point de récupérer aussi facilement de blessures d'un type poison pur shiny.»

La doyenne resta pensive quelques instants, puis lui sourit chaleureusement.

«C'est déjà bien suffisant.» La rassura-t-elle sur un air encourageant. «Je comprends vôtre côté soucieux de vouloir nous accorder autant d'information utile que possible ; et je vous remercie de nous avoir fait partager ces rumeurs malgré cela. Mais si jamais vous trouvez d'autres informations ou documents, même incomplets, n'hésitez pas à nous en faire part.»

«D'accord…» Répondit-elle timidement.

«Bien. Cela étant dit, et si nous revenions au passage d'Unionpolis ? Quand vous arriviez à la raison de la retenue de Kiméra.» Reprit-elle à l'attention des dresseuses.

«Bien sûr.» Convint la championne. «Comme tout vous a été résumé jusqu'ici, la dernière partie sera rapide. Mais pas pour autant moins sensibles.» Reprit-elle sérieusement. «Initialement, assurer la sécurité de la journaliste ne nécessitait pas toutes ses ressources, et effectivement elle pouvait nous aider. Mais Kiméra est au centre de Sinnoh : elle est donc celle qui est la plus à même de réagir rapidement vers tous les points de l'île. Donc on essaye de la garder en réserve le plus possible en cas de gros risque de coup dur.»

«L'attaque d'une base criminelle n'est pas un gros coup dur ?» Souleva sarcastiquement Corrine.

«Si, mais il y'a une autre raison pour laquelle elle n'a pas été appelée.» Reprit-elle. « Pour tendre l'embuscade de la cage il fallait des informations très précises aux sbires, seulement accessibles par la Ligue. Il y'a un traitre au plus haut niveau qui est à l'origine de ce problème.» Alors qu'elles restaient interdites, elle continuait. «Lorsque Louka a ordonné l'attaque, cela a été décidé en conseil extrêmement privé avec les pontes de la Ligue. Tanguy était déjà en route, donc en soi son passage à Verchamp n'avait rien de surprenant. C'est pour cela que l'on a pu les prendre par surprise sans qu'ils n'aient pu se préparer à nôtre venue, en profitant du fait que l'on était dans un endroit où personne ne pouvait rapporter cette idée sur le réseau de la Ligue pour que l'espion n'en fasse pas part aux teams. Et c'est pour cela que Kiméra n'est pas venue, on ne l'a pas appelé au risque de se faire repérer. Malgré tout, Louka considérait qu'il y'avait un risque pour que l'espion soit quand même au courant et que les teams nous attendent de pied ferme. Il gardait donc Kiméra sous le coude, prêt la faire réagir d'urgence à la moindre alerte.»

«Sage. Risqué, mais sage.» Admit la doyenne. «Je vois que tu ne t'es pas faite battre par un amateur.» Souligna-t-elle narquoisement à sa petite fille, qui lui rendit le compliment d'un sourire faussement crispé.

~Mais ça n'expliquait pas encore ce que tu y faisais.~ Nota Lisa.

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Curieusement, il semblait que la question prit par défaut la championne. Alors que la raison devait être plus que banale, elle mit anormalement longtemps avant de répondre.

«Lucio devait d'abord passer à Unionpolis avant de pouvoir ensuite rentrer à la Ligue pour s'occuper de l'espion, je lui ai demandé s'il pouvait faire le taxi.» Finit-elle par dire.

«Flo… Même moi j'arrive à voir quand tu nous mens…» Lui renvoya Luna.

«Disons alors qu'on a reçu un coup de main imprévu qui nous a vraiment aidé et que pour payer cette dette on m'a chargé d'en apporter les remerciement en personne, vu que c'était sur mon chemin et celui de Lucio.»

«C'est déjà plus crédible, mais tu omets toujours des choses.» Continua Cynthia.

«Désolée, mais c'est un sujet que je ne peux, et surtout ne veux pas aborder avec Luna. N'insistez pas.» Trancha-elle sérieusement.

«Est-ce que ça te concerne et que ça te met directement en danger ?»


Aussi sérieusement qu'elle ne souhaitait pas s'étendre sur le sujet en sa présence, l'intéressée n'allait pas lâcher l'affaire sur ce point –rejointe par Lisa. Elle l'avait faite tourner en bourrique, l'avait inquiétée, et jusque là ça passait. Mais ce genre de secret là, non. Tant qu'elle ne lui répondrait pas, elle n'irait nulle part.


«Non ça ne me concerne pas et ça ne m'expose pas au danger directement, en tant que championne et en tant que personne.» Dit-elle en la regardant droit dans les yeux.

«Alors ça me convient, je ne te poserais pas de question là-dessus.» Lui renvoya-t-elle comme soulagée.

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Voyant que la tension était retombée à zéro entre les deux jeunes femmes, leurs hôtesses commencèrent à débarrasser la table pendant que la sœur de Cynthia menait sa «fausse jumelle» (comme elle aimait s'amuser à le dire à ses dépends) à l'étage avec Lisa, pour lui préparer un sac contenant ses affaires habituelles en vue du retour (un soupir résonna durant toute la montée.)

La championne participa à la corvée, avançant qu'elle avait déjà suffisamment abusée de «sa petite sœur» et qu'elle avait besoin d'un petit moment de pause entre deux séances de torture. Mais l'ancienne maitresse ne le vit pas tout à fait de la même manière. Quand elle s'assura de ne plus entendre ni sa sœur, ni celle de Flo, elle interpella la championne un peu plus à l'écart.


«Flo, est-ce que tu es sûre que tu ne t'exposes pas au danger au sujet de ton histoire.»

«Pas tout à fait.» Répondit-elle plus à voix basse.

«Tu leur as menti ?» S'effara-t-elle à chuchotement bruyant.

«Non je ne leur ai pas menti.»

«Mais tu t'exposes quand même.»

«Pas plus que d'habitude.» Contrait-elle. «Ecoute, tu sais comme moi comment Luna réagirait si elle apprenait que je pourrais être amenée à fournir un soutien «pas très légal» à la Ligue, avec tout ce que ça implique ; elle pourrait nous faire une syncope dans la seconde qui viendrait. Au final elle comprendrait, mais je tiens quand même à lui éviter ça, ainsi qu'à Lisa. Est-ce que je peux compter sur toi pour ne rien leur dire ?»


Devant l'insistance de la championne, et surtout comprenant et partageant aussi bien son point de vue que ses ressentiment là-dessus, l'ancienne maitresse acquiesça. Ce qui ne l'empêcha pas d'émettre des réserves.


«Je suis d'accord pour éviter de leur faire des frayeurs inutiles. Mais j'ai entendue la promesse que tu lui as faite dans la chambre, alors t'as intérêt à la tenir fermement. Sinon gare à toi.» Fit-elle en insistant deux fois plus.

«Compte sur moi.» Répondit-elle déterminée.

«Au fait, l'origine secrète de ce détour, c'était quoi ?»

La championne lui renvoya une grimace mitigée.

«En fait y parait que t'es déjà au courant, mais que t'en sais pas plus que moi.» Fit-elle à mi-chemin entre le narquois et une pointe d'aigreur, ce qui surprit l'ex maitresse. «Mais Louka m'a dit que tu comprendrais ce message : «la première pierre rédemptrice est posée».»

Son interlocutrice mit quelques instants pour réfléchir à décoder le sous-entendu, puis s'exclama à voix basse en comprenant.

«C'à veut dire que l'organisation pour Carmin-sur-Mer est déjà opérationnelle ? Ils ont fait vite ; j'étais même pas au courant.» Avoua-t-elle surprise.

«C'est-à-dire que tu récupérais d'une rencontre avec un Grotadmorv à ce moment.» Fit-elle sarcastiquement souligner, devant son sourire crispé. «Mais oui c'est le cas, et c'est principalement à eux qu'on tient nôtre première et probablement nôtre plus belle victoire pour l'instant. Je te raconterais les détails en privé plus tard, dès que l'occasion se présente.»

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L'ex championne acquiesça, avec une expression satisfaite de savoir qu'enfin les choses allaient avancer concernant cette énorme tâche qui macule l'histoire ; tâche comme elle ne les aimait pas. Leur conversation privée se finit juste à temps, car sa petite sœur revenait avec leurs jeunes invitées et un petit sac en plus contenant ses affaires, plus un autre ensemble de change simple offert par Corrine (Luna étant un peu plus petite qu'elle, et cet ensemble qui datait légèrement étant devenu un peu étroit, elle trouvait judicieux de lui en faire profiter ; la demoiselle se vit mal refuser.)

C'est aussi à cet instant que la doyenne sortit à son tour un sac de voyage, déjà préparé avec tout le nécessaire à l'intérieur. La championne le nota un peu surprise, surtout en voyant la même expression chez l'ancienne maitresse.


«Tu t'en vas quelque part, grand-mère ?»

«Hmm ? Oh ça ? Oh désolé ma petite fille, j'ai complètement oubliée de t'en parler.» Répondit-elle embarrassée. «Alors que tu étais occupée dans tes recherches sur l'histoire de la famille de nôtre courtoise invitée –Aria, me semble-t-il.» La petite fille acquiesça en présentant sa robe avec manière. «Et bien pendant ce temps, il semblerait que les opérations d'excavation archéologique dans les ruines Est de Bonville aient mis à jour une nouvelle salle, et je fus contactée pour y donner mon expertise dans le domaine de l'écriture inconnue.»


L'ancienne maitresse ne put retenir le pétillement dans ses yeux à cette perspective, devant l'approbation sarcastique de la doyenne et le petit frisson qui parcourut la championne à l'idée d'avoir à nouveau à faire à son côté archéomaniaque.


«D'abords on s'occupe de retourner à Vestigion, puis à Floraville. Ensuite on te laissera tranquille aller à Bonville, d'accord ?» S'empressa de déclarer Flo à son attention, espérant pouvoir encore la capter.

«Hein ? Euh oui, bien sûr…» Répondit-elle rapidement. «On parlait de quoi déjà ?» Mais à côté.

La championne se contenta de frapper sa main au front. Puis se mit à claquer des doigts plusieurs fois devant elle pour être sûre qu'elle écoute.

«Voyage, Vestigion, Luna, FLoraville – ça y est ça revient ?»

«Mais ça ne m'avais jamais échappé.» Renvoyait-elle faussement indignée.

La championne inspira entre ses dents.

«Pourquoi j'en doute ?» Fit-elle en se penchant vers la doyenne comme un Hoot-hoot.

«Parce que c'est de famille, peut-être ?»


Les deux dresseuses se retournèrent vers la sœur de l'ex maitresse, qui leur afficha un joli sourire rappelant celui d'une Delcatty. Le sous-entendu était très subtil, car il indiquait les dresseuses mais sans viser directement quelqu'un, et sans contenir ouvertement une allusion insultante. Ce qui, affublée avec ce joli sourire, rendait tout tentative de déni très difficile, pour ne pas dire impossible.


«… Pourquoi je n'arrive pas à savoir comment je dois prendre la remarque, et si c'est en mal que je n'arrive pas à envisager l'idée de répliquer ?» Soliloquait Flo sur cette même tête de Hoot-hoot.

«Parce que c'est ma sœur et son joli sourire ; elle a toujours réussit à amadouer les gens et s'éviter toute sorte d'ennui avec. Et le pire, c'est que même si on se rend compte du subterfuge, on n'arrive quand même pas à lui en vouloir…» Répondit Cynthia en arborant la même expression dans une figure symétrique par rapport à la sienne ; ce qui donnait l'une qui penchait la tête à droite, et l'autre à gauche.


Les voir ainsi se donner en spectacle de façon aussi synchronisées fit rire la petite fille, ainsi que la demoiselle timidement et la sœur de l'ex maitresse d'un fin rire très discret (ce Joli Sourire aurait de quoi faire pâlir celui d'un Delcatty en fait.)

La doyenne fut aussi amusée par la scène, mais s'en sortit par interpellation en se rendant compte qu'elle avait oubliée quelque chose. Elle ouvrit un des placards de la cuisine pour sortir une sorte de bouteille en verre qu'elle s'empressa d'ajouter dans son sac. Puis reprit à l'attention de son aînée petite fille.


«Pendant que vous prendrez le chemin de retour par la route 211, je descendrais par celui de la route 210 accompagnée de ta sœur ; ce qui veut dire que nous n'aurons pas l'occasion de pouvoir discuter d'avantage au sujet de tes avancées dans tes recherches avant mon retour. Cela est très dommage d'ailleurs, car j'aurais vraiment aimée entendre une représentation du morceau de musique de nôtre merveilleuse musicienne.»

~Je peux vous en donner une dans l'instant, si vous voulez.~ Avança-t-elle poliment.

«C'est adorable de ta part, ma petite Lisa, mais je crains ne pouvoir en apprécier toutes les subtilités quand j'ai quelque chose de ma passion qui m'accapare mon esprit.» Lui rendit-elle d'un sourire tendre. «Mais dès que j'en aurais fini là-bas et que tu reviens à Célestia, je te promets de te dédier une scène entière pour la ville.»


La petite fille se figea devant la proposition de la doyenne. Elle n'arrivait pas à savoir si elle était sérieuse ou non, mais d'après ce qu'elle avait comprit de ses attributs cela correspondait être dans ses cordes. Mais cela n'empêchait pas qu'elle ne savait pas quoi répondre : d'un côté l'idée de se retrouver devant un public lui filait les chocottes, de l'autre elle avait déjà jouée devant plein d'autres personnes –deux fois. Mais ça ne comptait pas dans le sens où c'était en urgence, mais d'un autre côté ça prouvait bien qu'elle en était capable vu qu'elle l'avait fait dans des situations jugées imprévues pour. Mais elle avait le trac, alors que ça n'était même pas officiel…

Elle ne savait plus où elle en était. Complètement larguée. Elle se contentait de serrer sa serviette d'un embarra profond tandis qu'elle ne pouvait répondre. Sa réaction fit doucement sourire l'assistance. Puis la doyenne se rapprocha doucement d'elle avant de s'accroupir à son niveau.


«Prend ton temps. Inutile de se presser, je saurais attendre.» La rassura-t-elle gentiment. «Le jour où tu te sentiras prête à jouer pour nous, je te promets que tout sera prêt pour toi.»

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Ainsi soulager de ce «fardeau», la petite fille remercia cordialement la doyenne pour sa proposition et son hospitalité, ainsi que la championne et la demoiselle aux baies. Elles sortirent de la maison en la laissant aux bons soins des pokémons et, selon la doyenne, à la rentrée imminente du doyen (leur grand-père) qui devrait bientôt rentrer de la bibliothèque des archives de la ville. Elle en profita pour regarder l'état du ciel, et relever avec contrariété la brume et la météo maussade qui pointait en direction du Mont Couronné.


«C'est regrettable que les conditions climatique ne se soient pas améliorées de ce côté-là. Si la météo avait été plus clémente, vous auriez pu repartir par la collerette du nord, et être à la ville en quelques heures.» Fit-elle remarquer.

«Sauf que nous aurions été probablement en vent contraire dans les courants des ravins s'y situant. Cela aurait pu même être plus long que de s'y rendre à pied. Nous avions de meilleures conditions au Sud, où les courants méridional nous portaient avec rapidité et aisance.» Fit noter Cynthia. «Mais ne t'inquiète pas, Pierrick s'est occupé de débloquer le passage avec son arène depuis la dernière fois. Et avec nos pokémons et nos repousses, le voyage ne sera qu'une formalité.»

«Je vous le souhaite.» Leur rendit-elle en enfilant son sac, comme Corrine. «Et bien il est l'heure de nous quitter, mesdemoiselles. Rentrez-bien ; et j'espère qu'à défaut de ne pas tomber sur des pokémons sauvages, vous ne tomberez pas sur une autre bande d'hurluberlu en tenue douteuse.»


Quelques petits signes d'approbations, suivit de politesse de formalité d'au revoir, et tout le monde repartit chacun de son côté : les dresseuses ouvrant la marche vers la route 211, pendant que la doyenne et se petite fille s'enfonçaient dans la brume de la route 210.

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Pendant ce temps, à des lieux de là, dans un endroit reculé sur une île n'apparaissant sur aucune carte. Tel un conclave sinistre de juge, jurés et bourreaux. La Cour de Lupercal, comme on le murmurait en dehors de ces murs, se rassemblaient lentement dans la pénombre inquiétante de leur repaire autour de la grande table censée symboliser leur union.

Dans un bruit de coulissement métallique qui brisait le silence imposé dans les mœurs du lieu, un écran de taille plus que notable descendant lentement de son rangement suspendu pour se mettre au niveau de visualisation optimale de chaque silhouette assise autour de la table. Puis, après un faible grésillement parasite d'à peine quelques instants, une silhouette ombreuse et brouillée se fit apparaitre en son milieu (ce qui ne nuançait inutilement l'absence de parasite)

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Sur une voix aux multiples échos synthétique, cette dernière se fit prévaloir la séance.


[Ainsi donc, d'après ce que j'apprends dans la Ligue, Rising Sun aurait subit un échec cuisant. Auriez-vous des explications ; c'à n'était pas une question.]

«La Ligue a frappée très durement, mais pas de manière officielle.» Commença calmement l'un des membres. «Elle a déployée des moyens dont nous n'avons aucune information, ou même rumeurs concernant ces derniers. Mais qui se sont avérés d'une redoutable efficacité.»

[Ah ? Et pourriez-vous être plus précis ?] Releva la voix d'une note presque sardonique.

«Des moyens dont même nôtre espion n'a pu nous tenir informé.» Reprit une autre membre.

[Je vois. Et la Ligue s'est faite plutôt vague dans ses explications officielles, et même officieuses.] Convint la voix presque sur un soupir. [Rapport des faits.] Tonna-t-il calmement.

«Base Echo 1 anéantie, effectifs de Sinnoh réduit aux 1/5 de ce qu'ils étaient initialement, un Admin et le Capitaine Yooku disparut, et la folie devenue inutile selon le dernier rapport qu'à pu nous faire parvenir l'espion, avant de cesser d'émettre à son tour. Côté positif –pour le peu qu'il y ait à retirer- : les bases de données de la base sont tout aussi anéantit et le secret de nos activités, de nos recherches, et de l'emplacement de la base secondaire sur l'île de la nouvelle Lune n'ont pas été découvertes ; ils ne savent rien de nos réels buts, ni comment nous les menons à terme. Mais l'impact et les conséquences restent tout de même désastreux pour nous : le moral des sbires en a pâti durement, la perte de tous ces sbires et ces pokémons variés va demander beaucoup de temps et de moyen pour permettre un jour de compenser, celle du Brouhabam Shiny plus que les autres, sans compter la perte de la base et de tout le matériel y étant entreposé. Il ne faut pas non plus oublier les effets qui en résulteront sur la population : la Ligue vient de voir sa popularité remonter et l'estime du peuple de Sinnoh à l'égard de cette dernière commence à lui revenir efficacement ; fatalement à l'opposé pour les teams, dont la réputation de terroriste s'est répandue telle une trainée de poudre à chaque ville principale.»

«Même si la Ligue a portée un coup dur, la population ne lui accorde pas encore suffisamment crédit pour prendre ces informations au pied de la lettre, ce qui nous laisse une chance. Cependant, les exactions commises dans le marais, telles qu'elles furent rapportées par les civils ouvriers ayant été pris en otages, ont été par contre parfaitement prise en compte par la population. Autrement dit, même si l'opération a été judicieusement menée en conservant les tenues des anciennes teams et que le monde ne soupçonne pas encore Rising Sun de son existence, la tournure de ces évènements a donnée un sérieux coup de frein à nos opérations sur l'île ; qui nous la voit dérobée au profit de la Ligue.» Reprit un énième autre membre. «Il faudra à partir de maintenant marcher sur des œufs avec Sinnoh.»

Un temps de pause fut marqué pendant que la silhouette prenait en compte ces informations.

[Je vois…] Commença-t-elle sur une note neutre de dépit. [Et concernant la maitresse des baies ?]

«Echec aussi de ce côté-là.» Rendit une voix plus grave parmi la lugubre assistance. «De ce qu'il nous a été rapporté, cette experte a plus de ressource et de potentiel que nous ne le croyions ; sans compter ses relations privilégiées avec certaines figures célèbres et puissantes de l'île.»

Un nouveau silence pesant envahit les lieux alors que la sinistre silhouette masquée accusait ces informations et y réfléchissait consciencieusement.

[Je vois…] Reprit-elle sur une nouvelle note de dépit. [Ce contretemps est regrettable. Il va falloir accélérer nos plans. Commencez la mise en œuvre du projet 66.] Tonna-t-elle neutralement.

Un choc silencieux parcourut l'assemblée, suivit de murmures aux échos incertains et réticents. Finalement, une nouvelle voix s'éleva.

«Sauf vôtre respect, c'est encore trop tôt pour cela. Nous n'avons pas encore fini de répertorier nos effectifs pour y trouver un sujet viable, et le système développé jusque là est encore purement expérimental et théorique, donc dangereusement hasardeux : forcer les choses mènerait à la catastrophe sur Hoenn, et la mettrait probablement au même niveau que Sinnoh.»

[Alors il suffit à vos équipes scientifiques de travailler dix fois plus vite et mieux.] Déclara-t-elle simplement, mais dont l'écho sous-entendait clairement qu'elle ne voulait pas être contredite.

«Sauf vôtre respect : c'est impossible.» Contra une autre membre à la voix plus fluette.

[Pas si vous y mettez les moyens.] Cassa-t-elle neutralement. [La nouvelle de vôtre échec m'est parvenue bien avant les premiers rayons de la journée, et des fonds supplémentaires vous ont été gracieusement et secrètement débloqués par les nombreuses filiales partenaires du Consortium ; de quoi amortir parfaitement les pertes de cette désastreuse journée d'hier, et même à en doubler les profits.]

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Un nouveau choc parcourut l'assemblée, prise de stupéfaction à l'image du nombre de zéros qui devait en découlé d'un tel virement. Mais le prêt n'était évidemment pas sans intérêt plus conséquents en retour : il fallait lui donner des résultats, et des bons. L'échec à cette échelle n'est à partir de cet instant plus toléré, ou au prix ultime de sa tête.


«Merci énormément, Mr. «M».» S'inclina à nouveau la membre.

[Ne me remerciez pas. N'oubliez pas que ce que vous avez-vous me le devez.] Cassa-t-il sèchement sous l'intonation des échos synthétiques de sa voix. [Vos ressources, vos fonds, vôtre matériel, jusqu'à vos vêtements : je vous fournis tout ce dont vous avez besoin et que vous jugez besoin d'avoir en un claquement de doigt ; et je peux vous en priver de la même manière tout aussi instantanément. Contentez-vous donc d'obéir et de ne pas remettre mes décisions en compte, ou je me passerais de vos services. Suis-je clair ?]


Silence de mort. Devant une telle clarification et remise en place des rôles qui étaient les leurs, entre l'exécuteur et l'exécutant, personne n'osait élever la voix pour remettre en cause ces faits. A la plus grande satisfaction de la silhouette.


[Bien. Ces choses étant clarifiées entre nous, continuons avec Sinnoh : vôtre Capitaine Yooku tout comme vôtre Admin sont encore en vie. Mais si le second pourrait être prit en charge par une unité d'Errants, étant toujours prisonnier à Verchamp, ça n'est pas le cas du premier ; car vôtre Capitaine s'est fait escorté en convois secret sous haute sécurité vers le QG à Féli-Cité, en vue d'être ensuite transféré au Roc.]

«Au Roc ?!» S'exclama une énième voix. «Mais ça va être impossible de le sortir de là ou même de le réduire au silence. Etant la prison la plus sûre qui soit, à littéralement à comparer avec une forteresse, c'est beaucoup trop bien protégé et impossible à prendre d'assaut ; il faudrait tous les effectifs combinés de Rising Sun pour cela. Et même là il n'est pas sûr que l'on y arrive en le minimum de temps requis pour éviter que cela ne se transforme en siège, et que ça s'éternise dangereusement au point de faire intervenir la Ligue et l'armée. Dans tous les cas se serait suicidaire.»

«Il a raison.» Le reprit une autre voix. «Nous sommes encore en train de récupérer de façon critique des ravages perpétrés dans l'Ost sur l'île et, même avec ces nouveaux fond, nous n'avons pas les moyens nécessaires pour pouvoir nous en occuper efficacement. Vous ne pouvez pas retarder le transfert le plus possible le temps de mettre une équipe sur pied ?»

[En demandant, sans justification extrêmement valables, de retarder le transfert d'un criminel clé dans la prison la mieux adaptée pour le retenir, sans devoir non plus divulguer le comment je suis au courant de ces informations considérées comme secrètes ? Est-ce que vous me demandez ? Au risque de me faire découvrir, et de perdre toutes vos ressources ?] Releva-t-elle d'un ton sardonique presque méprisant. [Vous avez toujours la possibilité de faire appel à un professionnel il me semble. Et quand je dis professionnel, je parle du professionnel.]

Un nouveau frisson terrible parcourut l'assemblée nappée d'obscurité, dont la réaction n'échappa pas à la silhouette.

[Et bien ?] Demanda-elle sur une note aux multiples intonations fureteuses.

«Nous… Nous avons décidés de ne plus faire appel à elle.» Déclara hésitant le membre à la voix grave.

[C'à n'est pas un problème de compétence, elle les dépasse tous de très loin. C'à n'est pas un problème d'intégrité, elle est aussi silencieuse et implacable que la mort. C'à n'est encore moins un problème de fond, surtout plus maintenant. Pourtant vous éprouvez des réticences à requérir à ses services...] Résuma-t-elle sur un ton froid d'inquisiteur. [Que dois-je en déduire ; que vous l'ayez vexée, mise à dos ? Que vous ayez commit cette bavure au point de faire passer la perte de Sinnoh pour une malheureuse panne de courant ? Que vous ayez commise la pire erreur qui soit de bafouer l'une des dix lois absolues de l'underworld ; d'être idiots à ce point ?]


Malgré le synthétisme omniprésent dans sa voix, le ton mielleux de ses interrogations avaient les échos et la finesse d'une lame de rasoir. La Cour était statufiée, car chacun savait ce qu'une réponse donné comme mauvaisement interprétée de leur part pourrait avoir des conséquences encore plus catastrophique que ce qui était déjà ; si avec Sinnoh il fallait marcher sur des œufs, là il fallait danser sur le fil du rasoir.


«Non, ce n'est pas un problème de cet ordre là.» Parvint à formuler l'un des membres avec tout l'aplomb qu'il pouvait rassembler pour être le plus crédible possible. «Seulement sa condition d'embauche ne nous convient pas, même avec sa réputation.»

[Réputation pourtant irréprochable.] Fit remarquer la voix sur ce même ton mielleux. [Vous rappelez-vous qu'avant sa venue il y'avait neuf lois et pas dix dans l'underworld ? Hors elle n'a mit que très peu de temps pour se hisser à ce stade.]

«Mais seriez-vous prêt à parier strictement tout là-dessus ; y comprit à dévoiler vos buts les plus secrets et vos intentions les plus cachées qui soit pour vous attirer ses services, compte tenu du risque évident que cela pose ? Pour ce que vous voulez faire, seriez-vous vraiment prêt à mettre à l'épreuve cette «intégrité criminelle» ? C'est une tueuse à gage, certes la plus redoutable qui soit, mais reste toujours un être humain, avec la possibilité à ne pas écarter qu'elle retourne un jour sa veste si cela peut lui être utile. Et lui mentir pour qu'elle accepte le contrat serait encore plus inenvisageable que de tout lui dire.» Déclara-t-il calmement. «Voulez-vous vraiment prendre ce risque ?»


Un silence d'approbation se répandit dans la salle pour soutenir l'homme qui venait de plaider leur cause. Silence qui se maintenait de même par la silhouette, mais dont les arguments avancés et le teneur de leurs propos ne lui plaisait pas.


[Alors il suffit de ne pas lui mentir.] Renvoya-t-elle sèchement. [Comme vous l'avez dit, lui mentir serait plus préjudiciable que de lui dire la vérité. Ce qui signifie que vous reconnaissez ses compétences et son intégrité malgré tout.]

Sa réplique inique avait de quoi faire grincer les dents de certains membres les moins endurants, tandis que les autres conservaient le calme stoïque dont il savait la valeur dans ce genre de situation.

[Contactez la Faucheuse.] Tonna impérieusement la voix. [Faites-le. Où je le ferais à vôtre place.]

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Ne pouvant déroger à cet ordre, se sachant piégés entre le marteau et l'enclume, la Cour s'inclina piètrement devant l'autorité de la silhouette ; ayant tous concertés instinctivement que quitte à être prit entre le marteau et l'enclume, mieux valait que le marteau tape plutôt que l'enclume.

Mais alors qu'il semblait que la réunion avait prit fin, une dernière voix se fit entendre à l'égard de leur mystérieux dirigeant.


«Et concernant la maitresse des baies ?»

Un nouveau silence se fit alors que la silhouette prenait en compte la pertinence de cette question, et que la Cour en attendait silencieusement la réponse.

[Vos forces sont trop amenuises pour espérer affronter et vaincre sans problème une championne d'arène, et encore moins une ancienne maitresse de Ligue. De plus, enlever par la force la maitresse des baies de Sinnoh après les évènements du marais Cohénnien relèverait du suicide médiatique.] Résuma-t-il platement.

«Alors que faire ?»

[Comme dit le vieil adage : «ce que la lame de l'épée ne peut vaincre, les ronces de la rose domine.»] Répondit-il sur un ton faussement poète. [Occupez vous du projet 66 et de terminer la mise en fonction de la base Eclipse sur l'île de la nouvelle Lune au plus vite, et de faire récupérer les forces de l'Ost le plus rapidement possible.] Décréta-t-il neutralement. [Quand à la maitresse des baies, ne vous inquiétez pas à ce sujet : je vais m'en occuper personnellement.]


Un nouveau frisson parcourut l'assemblée, mais cette fois-ci figée par la stupeur : leur autorité suprême qui allait se mettre en avant lui-même ? L'inédit et le sérieux de la chose était telle qu'il ne pouvait se contenter que de s'y soumettre humblement.

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N'ayant plus aucune objection à rejeter, d'avis à émettre ou d'idée à formuler, la silhouette disparut dans le même grésillement soulignant son entrée, et l'écran s'escamota de nouveau dans son emplacement astucieusement suspendu dans son bruit de coulissement métallique. Puis, lentement, un à un, les membres de la Cour s'élevèrent pour retourner à leurs fonctions. Certains en aguichant d'autres pour se concerter au sujet de cette réunion et de l'évolution de la situation ; ce qui fut le cas de deux d'entre eux, les plus directement concernés pour l'instant par la teneur cette évolution.


«Après Sinnoh, voilà qu'Hoenn est en plein dans sa ligne de mire. A vouloir aussi vite récupérer l'avantage, il va au contraire gâcher tous nos efforts.» Fit relever un homme à la barbe courte coiffé d'un bandana bleu.

«Je suis d'accord avec toi, mais on n'y peut rien.» Convint son interlocuteur à la chevelure cramoisi coiffée en arrière, par-dessus un ensemble rouge et noir. «Ordonner des opérations d'importance de niveau 2 ou 3 dans Kanto et Johto en guise de diversion pourrait nous faire gagner un temps précieux en occupant la Ligue, étant donné que le centre de recherche principal se situe à Hoenn. Mais vu la perte de Sinnoh qui nous ralenti considérablement, je peux comprendre son désir de mettre les bouchées doubles pour que ce coup dur ne nous soit pas fatal ; tu as entendu les fonds qu'il nous a débloqué ?»

«Je sais. Mais il est une chose que nos fonds ne pourront pas nous fournir, peu importe la somme astronomique s'y rapportant, et tu le sais comme moi : les matériaux primaires du projet 66.» Dit-il à voix plus basse, comme si cela devait même être un secret dans la cour.

«Oui, je le sais bien. Même en organisant une énorme battue après avoir épluché les banques de données de recensement de la population au peigne fin, il n'est pas sûr qu'une seule personne sur dix millions n'en possède les attributs nécessaires à son développement. Ce qui nous ne nous laisse aucune option.» Convint-il de nouveau. «A part la maitresse des baies…»

Le second membre de la cour le regarda avec un air sceptique.

«Toi et moi connaissons la véracité des légendaires, nous en avons même réveillés et déchainés la puissance, j'accorde donc une part de crédit très importante aux mythes ; comme toi. Mais enfin là, faire reposer nôtre seule autre option sur des fruits…»

Son collègue lui renvoya la même expression, partageant son sentiment.

«Mais regardons la réalité en face : son petit groupe d'élite dans les marais à fait face à un Grotadmorv Shiny, et le pokémon le plus puissant de l'ancienne maitresse a subit directement les effets corrosifs de ce pokémon ; un type poison pur Shiny.» Souligna-t-il. «Et pourtant tu as vu comme moi les suites sur les infos : debout sur ses pattes comme si de rien n'était.»

«Et tu crois sérieusement que cela était dû à une baie ?» Lui renvoyait-il perplexe, mais ne demandant qu'à être convaincu.

«Même si les services d'urgence de la death guard de Verchamp sont réputés jusqu'au-delà des frontières de l'île, tu crois vraiment qu'ils pourraient gérer des blessures de cette gravité, y comprit avec l'appui de toute une équipe de pokémon soignant surpuissants ? Tu as lu comme moi le rapport subtilisé par le Capitaine Yooku : les médecins ont déclarés son rétablissement comme une résurrection dans tous les sens du terme et ses tissus régénérés comme neufs, à peine quelques heures après son arrivée ; alors qu'il semblerait qu'elle fut prise en charge avant son arrivée.» Il marqua une brève pause. «Ecoute, je suis au moins aussi sceptique que toi à ce sujet ; ça parait vraiment incroyable qu'un fruit soit à l'origine de ce miracle et puisse être aussi la solution à nos problèmes. Mais de un, tu l'as dit toi-même : les légendaires aussi sont considérés comme des mythes ; et de deux : quelle autre explication y'aurait-il ? Si tu en as une à me faire part, je suis toute ouïe.»

L'autre homme se contenta de faire silence en acquiesçant ; il avait réussit à le convaincre. Car effectivement, il ne voyait aucune autre explication plausible.

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Mais l'issue de cette réunion ne lui plaisait quand même pas et lui restait dans la gorge, tout comme son collègue. Parce que la situation commençait dangereusement à virer au vinaigre : s'ils n'apportaient pas de résultat à leur «commanditaire», ou qu'aucun changement notable chez la Ligue ne vienne relâcher la pression pour eux, ils risquaient le plus directement leurs têtes et, à terme, leur but commun.

Et tout ce sur quoi leurs têtes restaient justement sur leurs épaules pour l'instant, tenaient en trois choses

Une baie, la maitresse des baies, et la Faucheuse.


[A suivre]

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[Bonus : Le rêve lucide n'est pas une invention. Si vous voulez savoir de quoi il en retourne, je vous conseille de faire un passage par Wikipédia. Quiobenait est par contre une petite invention sauce «pokémon», comme Poivressel pour «poivre et sel», sauf que c'est un anagramme : Botanique/Quiobenait.]