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Destins liés ~Crépuscule~ de fan-à-tics



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Informations

» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 22/10/2010 à 23:07
» Dernière mise à jour le 22/10/2010 à 23:12

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Bonus : Les premiers Mots (Daniel)
Toujours rien niveau Inspiration, je mets donc un petit Bonus sur Daniel. Si à la fin du week-end j'ai toujours rien, je vous mettrai un autre sur Bonus sur Régis –encore plus petit il me semble – désolée…



Bonne lecture !


-Premiers mots-

« Ce gosse est décérébré, Maman, cherche pas. »

Alice, dix ans, regarda sa mère, avec la douce indolence de l'adolescence naissante. Un pied sur la table basse du salon, à moitié écrasée dans le sofa, lisant un livre intitulé « Comment manipuler son prochain », elle avait craché les mots, avec une facilité et une sincérité presque déconcertante. Terminé les rondeurs innocentes de l'enfance, la petite rouquine coupait dorénavant ses cheveux à la garçonne pour se fondre dans la ressemblance avec ses frères triplés ; et ses grandes iris bleues outre-mer ne reflétaient plus aucun émerveillement quelconque, juste une insolence latente. Ses traits s'affinaient, se faisaient plus froid, plus beaux, moins ingrats, et elle paraissait désirer se démarquer par tous les moyens de ces rebus aux quels on l'avait si souvent lié.

Lyndis, debout dans la cuisine, son ventre rond d'une nouvelle grossesse sous sa salopette et sa chemise à carreaux, soupira tristement. Le couteau en suspension dans les airs, s'apprêtant à éplucher les légumes pour le bouillon du soir, se retrouva poser délicatement sur le comptoir de bois. Et la mère des Kazamatsuri porta une paume à son front, comme pour étaler un énième couplet similaire, qui se serait étrangement coincé entre son front et sa frange, malheureusement elle ne fit que mélanger davantage sa mielleuse tignasse bouclée.

-Je t'interdis de dire ça, Alice. C'est très méchant. Ton frère est juste un peu en retard, tu entends, juste un peu en retard. Marmonna-t-elle avec difficulté.

Alice siffla, puis darda un œil sur son tout jeune frère, Daniel, 3 ans, assis sur le tapis, faisant face à flagadoss, couvant une dizaine d'œufs, et cela depuis plus de sept heures. Sans bouger, sans prononcer un mot, sans ciller. Remarque ça ne changeait guère de l'habitude, car depuis sa naissance, le gamin n'avait toujours pas émit le moindre son, autre que de petites exclamations. Pas une once de langage civilisé.

Elle appuya de nouveau sa phrase, en répétant, agacée :

« Décérébré »

Ce à quoi répondit Lyndis par un nouveau soupir à bout. Fredérique, 7 ans, assise sur le comptoir, à côté de sa mère, les cheveux en bataille, flamboyants, posa ses grands yeux noirs sur sa sœur, avec rancune. Puis elle prit le couteau qui trainait, et tenta par elle-même de couper les aliments pour plus vite préparer le repas. Sa mère se précipita vers elle et reprit son bien de ses mains avant une éventuelle catastrophe.

Brusquement, une tornade rousse déboula dans la pièce, et sautillant sur place, comme pourvu de ressort à la place de jambes, un quasi sosie d'Alice, en un peu plus masculin, s'écria :

-Ally ! Allyyyyy ça y est, Gaëtan a trouvé la combinaison du cadena ! Vient, on lui tend une embuscade dans le jardin, et on le torture jusqu'à ce qu'il nous le donne !

Le visage d'Alice s'illumina d'une joie sadique, et elle bondit sur ses pieds, abandonnant son livre sur place. Lyndis se raidit.

-Tu as un plan ?
-Je vais chercher les outils ! Rétorqua aussitôt son frère avec un immense sourire fier.

En quelques minutes, une tornade rousse vida tout le contenu du coffre à jouets sur le parquet du salon et s'enfuit, emportant avec lui, cordes à sauter, hochets, et autres ustensiles improbables.

-Alice, vous allez forcer quel cadenat ? Lança Lyndis à sa fille avant que celle-ci ne se tire loin de cette pièce, qui semblait avoir subit une apocalypse miniature.

La rouquine lui renvoya un regard, presque innocent, et elle rétorqua :

-Celui du placard où tu ranges toutes les pokéballs des Pokémons, la nourriture, les biscuits, et ton sac à aspirateur rempli de poussière.

Lyndis soupira, oui elle parlait bien de l'armoire où elle avait entreposée les cendres de leur père. Mais qu'est-ce qu'elle avait loupé dans leur éducation pour avoir des enfants pareils ? Le temps que cette question s'impose à son esprit, sa fille n'était déjà plus là. Avec tristesse, Lyndis murmura, en désespoir de cause :

-Fred, ma chérie, va les arrêter.

La petite rouquine parut d'abord surprise puis, son visage se ferma, avec un sérieux quasi saint, prenant très à cœur sa mission, elle sauta du comptoir et se précipita à la poursuite de ses frères et sœurs, comme un gendarme après un voleur. Lyndis connaissait déjà ce qui se produirait, trois heures plus tard, Fred avec sa malchance légendaire, allait trouver le moyen de ruiner le plan de ses ainés, et au final, ils se retrouveraient tous piégés, ligotés –par une corde arrivé là par l'opération du saint esprit, ou de satan, vu la poisse mystique de la gamine-.

Un simple cliquetis derrière son dos, la fit sursauter, et Lyndis fit volte-face, pour voir son dernier né, Daniel, se décider enfin à bouger. Le gamin de trois ans se remit sur ses jambes, et étrangement, sans un mot, il ramassa chaque jouet abandonné, chaque livre oublié, pour les remettre à leur place, bien sagement.

IL y avait encore quelques mois, Lyndis avait bondi de joie, un enfant rangeant derrière lui, c'était comme un rêve, un ange tombé du ciel pour lui venir en aide. Maintenant, elle avait saisi, un gamin, ça ne range pas, c'est impatient, ça ne prend pas le temps de s'attarder sur les trivialités de la vie, ça la mord pleinement.

Daniel, croisa le regard triste de sa mère, et il cilla légèrement, il leva ses yeux vers le ciel, et se mordit le doigt en pleine réflexion. Puis d'un air savant, il attrapa un des innombrables albums photos de la bibliothèque, celui qui portait son nom, il ne savait pas lire, mais il reconnaissait les caractères, la couleur, la texture. Chaque enfant avait le droit à son propre album. Sérieux, il alla droit vers sa mère et le lui tendit avec un petit sourire mutin.

Lyndis le prit avec résignation. Daniel se ragaillardit, il se précipita en arrière, pour aller chercher un des œufs que couvait la maman flagadoss, puis revint vers sa génitrice, serrant son précieux bien comme une peluche. Les prunelles brillantes.

-Tu veux que nous regardions l'album photo tous les deux ?

Hochement négatif de la tête, il bomba le torse pour montrer son trésor à bout de bras.

-Tous les trois ? Avisa alors Lyndis avec un pauvre sourire.

Cette fois, sourire ravi, légère rougeur, sa mère le posa –lui et son œuf- sur le comptoir de la cuisine avec un soupir. Le petit ouvrit délicatement l'ouvrage relié, avec ses initiales brodées avec une infinie patience. Il pointa le premier cliché.

-C'est toi quand tu es né, Danny. Commença doucement sa mère, en recommençant à couper les légumes, tout en jetant un œil au cliché, que son frère Tom avait pris, le lendemain de l'accouchement.

Elle se crispa légèrement, en se rappelant qu'elle ne parviendrait pas à finir tout le travail de la ferme à temps, et qu'elle allait probablement devoir appeler encore son frère à l'aide. Si ça continuait, son cadet risquait de venir s'installer chez elle. Daniel face à elle, n'émit pas le moindre son, mais il hocha gravement de la tête, avec un léger rire innocent. Ce garçon adorait décidément les photos. Elle ignorait ce qui se passait dans la tête du gamin, mais il pouvait rester des heures devant l'écran de lierre, de la salle de vie, où elle accrochait régulièrement des images de ses enfants. Juste à côté du panneau où elle les mesurait chaque mois. L'enfant souleva une des pages, puis plusieurs, avant d'arquer un sourcil et de souligner une scène encadrée. Lyndis soupira.

-C'est quand tu as vu que ton œil devenait marron, tu as pleuré pendant trois heures, une vraie première. Tu ne te souviens pas ? C'est vrai que tu étais petit.

Daniel parut surpris, puis secoua la tête négativement ; avant de recommencer à tourner les pages. Là, la fois où il avait rencontré Flagadoss, ici, quand il avait voulu faire de la peinture avec Alice et qu'il avait laissé une trace de main sur le jean de sa sœur, là quand son père était rentré et avait fait l'avion avec lui, et l'avait lâché par mégarde….Et là, quand elle l'avait surpris dans sa chambre, à s'entraîner à parler, tout seul, à refaire la conversation de sa journée, et intervenant pour de vrai…Tous ses précieux souvenirs, figés à jamais. Daniel soupira et il tendit les bras vers sa mère, pour lui demander un câlin, demande qu'elle préféra ignorer, car elle cuisinait, et ne désirait pas céder à tous les caprices de ses enfants.

-Oh !

Le petit cri de Daniel, tandis qu'il pointait la dernière photo en date avec une mine toute fière. Elle vit une image de lui, porté par Fred, en pleurs, alors qu'un pompier bandait les mains du tout petit.

La rouquine était allée chercher son frère à la crèche, parce que Lyndis avait eu un problème avec Alice, et était convoquée par le directeur de la jeune fille. Et bien entendu la poisse légendaire de la petite avait agit, selon les témoins, Fred avait trébuché, s'était accroché à ce qu'elle avait put, et de ce fait renverser une table, sur lequel reposait un briquet d'une surveillante fumeuse. Le briquet en retombant avait généré une étincelle, juste à côté des peintures des enfants, produits dans la journée, hautement combustible, tout s'était enflammé.

Daniel du haut de ses trois ans était resté inerte, puis sans se soucier des flammes avait caressé la flagadoss qui le suivait toujours, la créature avait du obéir à un ordre, car elle avait actionné un choc mental, et détruit un des lavabos de la salle. Celui-ci en explosant, avait vaporisé beaucoup d'eau et éteint le feu avant qu'il n'empire. Tous les enfants ne s'en étaient sorti qu'avec de légères brûlures, y compris Daniel, qui garderait des mains assez calleuses, sans cicatrices, mais rêches. Après cet acte dit « héroïque » et plutôt « terrifiant » dans l'esprit de Lyndis, la mère avait voulu récompenser son fils. Le gamin du haut de ses trois ans, quand on lui avait dit qu'il pouvait demander ce qu'il voulait en guise de félicitation, était resté inerte. Puis doucement, il avait d'abord pointé un vase de l'entrée du doigt, et retiré les fleurs qui trônaient dedans, pour aller les replanter dehors. On avait beau lui expliquer qu'elle ne repousserait pas, il refusait d'écouter. Et finalement, en désespoir de cause, voyant qu'aucun adulte n'appréciait ce qu'il avait demandé en guise de félicitations, il avait rendue les fleurs avec une moue triste. Lyndis avait remis les plantes dans le vase, qui pourtant, jusqu'au mois dernier, avait toujours été vide, sans comprendre ce qui tourmentait son fils. A la place, le petit avait pointé du doigt un des œufs de Flagadoss. Celui-là même, très exactement, qu'il portait sur le comptoir.

-Danny…Pourquoi tu as fait ça ? C'était dangereux, toutes ces flammes, tu sais ? Pourquoi tu n'as pas eu peur ? Balbutia Lyndis.

Le gamin leva la tête, mais ne répondit pas, octroyant juste une expression perdue, étonnée. Lyndis lâcha sèchement son couteau et le planta dans la table d'appoint avant de faire claquer sa paume près de son fils, qui ne cilla même pas, ne sursauta pas, ni même ne parut effrayé. Il pencha la tête sur le côté.

-Danny, est-ce que tu comprends au moins, que c'est dangereux ? Dangereux ? Insista Lyndis, plus fortement.

Daniel sembla embêté, et il ferma la bouche, baissant les yeux. Ce fut le geste de trop pour Lyndis.

-MAIS PARLE BON SANG ! PARLE !

Cette fois son petit garçon fut complètement dépassé, et il se crispa tout entier.

-On a tout fait Daniel ! TOUT ! Je suis allée voir le médecin, pour vérifier si tu n'étais pas muet, j'ai même vérifié ton oreille interne ! Je suis allée voir le psychiatre, qui m'a dit que toi, tu étais hyperactif ! TOI ! Il m'a même prescrit un antidépresseur ! Je sais que tu n'es pas idiot Danny ! Mais il faut se rendre à l'évidence t'es pas Einstein non plus ! Tu ne peux pas te permettre de ne pas parler jusqu'à tes six ans !

Le petit tressaillit imperceptiblement, et sa mère laissa échapper une larme alors qu'elle le saisissait par les épaules :

-Mais qu'est-ce qui t'arrête bon sang ! Je t'ai vu, dans ta chambre, je sais que tu peux parler ! Je sais que tu es intelligent ! La preuve tu as pu arrêter cet incendie ! Alors…Alors pourquoi tu ne parles pas ? Pourquoi tu ne te fais pas d'amis ? Pourquoi tu ne comprends même pas que certains trucs sont dangereux ! Pourquoi tu n'es pas normal ?

Elle ignorait, elle ignorait que déjà petit, Daniel paniquait à la simple idée d'être le centre de l'attention, de ne pas être conforme aux attentes qu'on lui vouait. Déjà, le monde autour de lui, paraissait séparé par un rideau, tantôt trop rapide, tantôt trop lent et impressionnant. Déjà, la simple idée de mal faire le paralysait.
Parler, plus qu'autre évènement, liait tous ces êtres extérieurs, tous ces adultes.

Daniel ne pleurait pas souvent, même petit, cependant, ce jour là, en voyant sa mère si douce, si patiente avec lui d'habitude, une barrière se disloqua en lui. Il lâcha l'œuf de ramoloss, et porta ses petits poings à son visage, pour émettre dans un souffle, dans un sanglot, un seul et unique mot. Le premier, le premier destiné à un adulte volontairement.

« Pardon »

Lyndis regretta aussitôt son geste, attisé par la fatigue, le stress, et elle prit dans ses bras son petit garçon, pour le bercer, s'excuser, mais celui-ci, demeura inconsolable, pendant de longues heures.

Ce jour là Danny, comprit que certaine fois, même si on y met toutes ses forces, même si on veut désespérément bien faire, on échoue, et finit par blesser ceux que l'on aime le plus. Et cette constatation, plus que tout, plus que les larmes de sa mère, plus que d'être nommé « décérébré » ou « anormal », lui vrilla le cœur.