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» Auteur : dragibus57 - Voir le profil
» Créé le 28/08/2010 à 13:18
» Dernière mise à jour le 28/08/2010 à 13:29

» Mots-clés :   Johto   Kanto   Policier   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Les chiens noirs du Mexique
Bouabdellah Mahdid observait en silence.
Surnommé Bob par ses collègues, trop fainéants pour prononcer entièrement son nom, le lieutenant de police enregistrait mentalement chaque détail de la scène.

Le gardien du Musée d'Argenta avait signalé tôt ce matin que le bâtiment avait été cambriolé dans la nuit. Le capitaine de la police de Céladopole avait donc dépêché le lieutenant Mahdid sur place, les petites villes comme Argenta ne possédant pas d'hôtel de police mais seulement un poste, moins important en effectif et en moyens techniques.

Pour l'instant, Bob ne pouvait que constater les dégâts et se perdre en conjectures.
Une porte fracturée. Des vitrines brisées. Vides. Des éclats de verre un peu partout sur le sol. Pas de victimes. Il faudrait attendre les techniciens de la police scientifique pour en savoir plus. Voir s'il y avait des indices, des empreintes.
Le personnel du Musée n'allait pas tarder à arriver, mais en attendant, il pouvait déjà interroger le gardien qui avait été le premier à arriver sur les lieux.

Le lieutenant Mahdid ne correspondait pas tout à fait à l'idée qu'on se fait d'un flic.
Il ne portait pas d'uniforme, mais un complet-veston assez classique, était impeccablement rasé et coiffé, de façon classique également, et son nez était chaussé de lunettes, très classiques elles aussi…
On l'aurait plutôt pris pour un prof un peu vieux jeu.

Il était certes grand, mais n'affichait pas de tablettes de chocolat en guise d'abdos, pas de pectoraux saillants sous un tee-shirt moulant, pas de biceps sur-développés dans les salles de muscul.
Oh, il entretenait sa forme ! C'était une obligation dans la police. Mais son truc, c'était surtout la course. L'endurance.

Il partait tous les matins faire ses huit à dix kilomètres de jogging, quel que soit le temps, quelle que soit la nuit qu'il ait passée. Son circuit était immuable, le même depuis dix ans.
Car Bob aimait l'ordre et l'organisation.

C'était toujours le même rituel : lever à 6 ou 7 heures, en fonction de son service, une petite tasse de café pour se réveiller et il partait courir le long des rues souvent encore désertes de Céladopole. Il aimait ce moment serein où la ville s'éveille, mais ne s'active pas encore. C'était sa façon à lui de se ressourcer. C'était peut-être le seul instant de la journée où son esprit pouvait s'évader, loin des contraintes du boulot.

Les longues heures de course à pied avaient donc fait de Mahdid un homme sec, au sens sportif du terme.
Et quand il avouait ses 42 ans, personne ne le croyait. Son visage ne portait quasiment aucune ride, ses cheveux aucun fil blanc.
Il faut dire qu'il soignait son alimentation : du bio, rien que du bio. Il se faisait un point d'honneur à tout cuisiner lui-même, ou presque, quitte à ramener sa gamelle au boulot quand il ne pouvait pas rentrer déjeuner chez lui.
Il ne buvait pas, ne fumait pas et ne se couchait tard que lorsque les besoins du service l'exigeaient.
Ses collègues le traitaient entre eux de cul-serré et ne s'étonnaient guère qu'il soit encore célibataire à son âge…

Bob se fichait complètement de ce qu'on pouvait raconter dans son dos. Il se savait bien plus en forme que la plupart de ses collègues qui, les uns après les autres, étaient obligés de se faire soigner pour hypertension, problèmes cardiaques, voire même pour dépression…
Il savait également qu'il ne manquait pas d'un certain charme, car, quoiqu'on en dise, il avait du succès auprès des femmes.
Il restait simplement très discret sur le sujet.
Et il n'avait tout simplement pas encore trouvé celle qui partagerait sa vie.

- A quel moment avez-vous constaté le cambriolage ? demanda-t-il au gardien.
- Vers 8h30, quand j'ai pris mon service. Le musée ouvre au public à 9 heures, mais je dois être sur place un peu avant pour débrancher le système d'alarme, vérifier que tout est en ordre, les issues de secours, tout ça… Et à 9 heures précises, j'ouvre les portes.
- Et donc, quand vous êtes arrivé… ?
- Ben j'ai d'abord entendu la sirène du système d'alarme et j'ai ensuite vu que la porte principale avait été fracturée.

Mahdid fronça les sourcils. Il y avait donc un système d'alarme, et qui s'était déclenché. Dans ce cas, pourquoi une patrouille n'était-elle pas arrivée tout de suite sur les lieux ? Une seule réponse possible :
- Le système de sécurité n'est pas relié au poste de police le plus proche ?
- Euh, non… On n'a pas jugé utile de le faire, on a pensé que la sirène suffirait à faire fuir les éventuels voleurs…
En fait, c'est pas un truc très puissant, c'est juste une précaution pour dissuader les visiteurs de s'appuyer sur les vitrines et de les casser.

Ce qui expliquait également pourquoi aucun voisin n'avait signalé le problème…
Bob ne jugeait pas ceux qui avaient négligé la sécurité du musée. Ils avaient certainement leurs raisons, même si à l'heure actuelle, ils devaient s'en mordre les doigts.
- Et ensuite, qu'avez-vous fait ?
- J'ai appelé la police et puis je suis rentré par derrière, pour pas abîmer les indices.

Le brave homme espérait certainement être complimenté pour sa présence d'esprit et Bob répondit à son attente.
Bon nombre de ses collègues ne ménageaient pas leurs témoins, sous prétexte qu'ils étaient des suspects potentiels. Lui était plutôt partisan des interrogatoires pondérés, la patience donnant souvent de meilleures résultats que l'agressivité.
- Vous avez fait exactement ce qu'il fallait, dit-il d'un air approbateur. Il n'y a pas de gardien de nuit ? Ou de caméras de surveillance ?
- Oh non ! Vous savez, c'est un tout petit musée, pas très important. On n'a pas grand-chose de valeur et on n'a surtout pas le budget pour engager quelqu'un la nuit ou faire installer du matériel sophistiqué.

Voilà. On y était. Le lieutenant savait par expérience que l'argent était à l'origine de la plupart des problèmes. Au sens large, bien entendu. L'argent, moteur de la société. Il se gardait bien de juger, encore une fois : il fallait bien que le monde tourne, et lui-même ne crachait pas dessus.
- Vous savez ce qui a été volé ?
- Nan, je peux pas vraiment vous dire. Je vois bien que des choses ont disparu des vitrines, mais il faudra plutôt demander ça au scientifique quand il sera là.

Voyant qu'il ne pourrait pas obtenir plus d'informations, Mahdid sortit de sa poche intérieur le petit carnet qui ne le quittait jamais, y griffonna quelques notes de son cru et congédia poliment le gardien :
- Bien monsieur, je vous remercie. Vous serez convoqué plus tard au poste de police pour qu'on enregistre votre témoignage.

Il travaillait encore à l'ancienne, papier-crayon.
Il avait du mal avec les technologies actuelles, à peine sorties, à peine maîtrisées, déjà dépassées. Ce qui ne l'empêchait pas de faire appel à Internet et aux techniques d'investigation les plus récentes quand le besoin s'en faisait sentir. Mais ce n'était pas un accro du high-tech et de l'ultra-modernisme.

A première vue, le gardien n'avait pas grand-chose à voir avec le vol. C'était un vieil employé, proche de la retraite, qui avait passé près de quarante ans à s'occuper du musée. Mais Bob se méfiait des idées toutes faites et des premières-impressions-qui-sont-toujours-la bonne. Il nota de vérifier l'emploi du temps du gardien pour la nuit précédente, puis se tourna vers le scientifique du musée qui était arrivé quelques instants auparavant et à qui un agent avait demandé de faire la liste des objets disparus en attendant.

Il le salua, enregistra ses coordonnées et lui posa les premières questions de routine :
- Pouvez-vous me dire avec précision ce qui a été volé ?
- Oh, ça n'est pas bien difficile ! Nous n'avions que des fossiles et des squelettes dans nos vitrines d'exposition. Alors… Des fossiles Dôme, Racine, Griffe, du Vieil Ambre… et des ossements. C'est bien simple, presque tout a disparu !
- Et en quoi consiste votre travail exactement ?
- Officiellement, je suis chargé de ranimer les fossiles qu'on m'apporte au Musée. En suivant un protocole assez complexe, il est possible de faire revivre des Pokémon préhistoriques.
- Et officieusement… ?
- Je mène des recherches sur les fossiles et les Pokémon en question.

Le lieutenant marqua un temps d'arrêt. Et si le vol avait un rapport avec ces travaux justement ?
- De quelle nature, ces recherches ?
- Habitat, conditions de vie, lieux où l'on peut les trouver… Ce genre de choses…
- Quelqu'un en particulier pourrait être intéressé par vos recherches ?
- Non, je ne vois pas… D'une part, le résultat de ces études n'est pas accessible au grand public ; d'autre part, les seuls qui pourraient trouver un intérêt à ce genre de travaux sont les collègues scientifiques des autres régions. Mais comme nous échangeons régulièrement nos découvertes, ils sont déjà au courant de tout ce que j'ai pu trouver de nouveau… Vous savez, la communauté scientifique n'est pas bien importante par ici… On se connait tous !
- Pas d'ennemis parmi eux ? De jaloux ?
- Oh non ! Il n'y a malheureusement pas eu de grandes découvertes depuis pas mal de temps, donc il n'y a aucune raison de se jalouser les uns les autres…
- Une dernière chose : il me faudrait des photos de tous les objets qui ont disparu.
- Pas de problème. J'en ai plusieurs jeux, que j'utilise pour mes travaux. Je vais vous les chercher.
- Bien. Merci de votre coopération. Attendez-vous à recevoir une convocation dans nos locaux pour signer vos déclarations.

Mahdid resta pensif pendant un moment. Il analysait les infos qu'il venait de récolter.
Le scientifique semblait minimiser l'importance de ses travaux. Il n'avait pas non plus l'air très affecté par le vol… Bob nota sur son carnet :
- vérifier son alibi
- se documenter sur le Musée d'Argenta
- se renseigner auprès des savants des autres régions.
- diffuser les photos dans toute la région.

La police scientifique était entre temps arrivée sur les lieux et s'activait à récolter des indices.
Le lieutenant décida d'attendre un peu, histoire de voir si elle découvrait quelque chose d'intéressant.