Painted Birds
de Keaton

« Quand Nicolas est venu ronger mes écouteurs, je n’ai rien dit, j'en avais plusieurs.
Quand il a sectionné mon chargeur de PC, je n’ai rien dit, mes rendus n'étaient pas pressés.
Quand il a sectionné mes câbles USB-C, je n’ai rien dit, des amis m'en ont passés.
Quand il a rongé mon roman graphique préféré, j'ai décidé de le coffrer. »

Je suis dans ma dernière ligne droite pour mon EAD, et ma relation de « je t'aime, moi non plus » avec le milieu de la recherche est la raison pour laquelle j'ai raté ma vie. Pour oublier, je sculpte à la cire des animaux ronds. Autrement, les lapins vont bien, même si mon petit monstre de l'ombre s'est pris de passion pour ma bibliothèque et tout ce que je laisse traîner pourvu que je tourne la tête. Hope you're all fine here.

Les petits collages de photos que je poste quand je le peux me donnent un point d'ancrage dans un quotidien flou qui me semble passer trop vite et sans hâte à la fois. Je suis un peu vide. Il faut dire que j'ai terminé la longue série qui me gardait lecteur depuis avril, et que je me retrouve Sans Lecture Fixe en flottement agréable d'une fin arrivée sans fanfare mais attendue depuis longtemps. Un vague sens de dissociation quant à mes proches, des doutes perdus dans la fumée de cigarette. J'ai retrouvé un sommeil correct, vaguement désagréable, trop lourd par moments, à cause de mon traitement, dont je bénis l'intensité onirique. Les personnages crient et se bousculent dans ma tête ; quand j'ai essayé d'écrire, l'angoisse m'a mis un coup de poing dans les entrailles et mon cerveau étoilé s'est gelé dans un instinct de survie. Je reste en compagnie des petites bêtes, en maudissant ma maladresse. Les regrets d'une relation détériorée flottent dans ma gorge comme le marc de café d'une cafetière rouillée.

S'il y a quelque chose dont je suis très heureux, c'est le lien que j'entretiens avec mes lapins, qui restent probablement ma raison de me lever le matin et qui tiennent dans leurs pattes en périscope tout l'amour que je leur porte.

Comment allez-vous en début de semaine ?

Après avoir laissé mariner mes idées de portraits pour mes lapins, j'ai réalisé qu'ils ne me plaisent pas du tout et que je devais partir dans une direction différente. J'ai au moins pu voir ce que j'ai perdu en mémoire kinétique et en coordination après autant de temps passé sans toucher un crayon ou un stylet, compris quelle direction artistique je voulais emprunter, ce que je dois améliorer et retrouvé le confort du problem solving intuitif de la peinture. Je vais refaire tout ça quand j'aurai le temps et la santé, en prenant mieux le temps de travailler. L'art est toujours une source à vif d'angoisse, parce que rien ne me force dans un état méditatif plus que de rester devant une toile blanche à tracer des traits, sans musique ou distraction sinon mes pensées qui ont tendance à aller vers là où je n'en ai pas envie. Mais j'aime l'idée de partager un peu à nouveau, de surmonter ma peur des communautés artistiques et mes propres insécurités. Mon approche alla prima à peindre sur un seul calque sans effacer, en utilisant un trait de couleur pour barrer une erreur, à recommencer la même zone plusieurs fois voire tout jeter ensuite, me fait réaliser que je préfère le processus au résultat et, même si peu productive, me stimule beaucoup.

L'idée de Nicoco en pseudo général style Hearts of Iron m'avait fait rigoler, mais pas autant que Cocomo le riche mercantiliste du céleri. Je reprendrai cette idée pour le pinet blanc, mais pour Nicolas, je l'imagine finalement en cowboy foufou. Je vous laisse des morceaux recadrés des projets avortés, pour au moins me motiver à faire autre chose et ne pas jeter mon travail.

Autrement, je me remets d'une uvulite féroce dont je tairai les causes car elles ne sont pas très acceptables publiquement, et quel bonheur de ne pas se prendre des dégâts de STAB quand j'avale mon thé overpriced de vieille femme rangée. En espérant que ça va chez vous.

Conclusion du long week-end durant lequel on en a profité pour faire une escapade dans les montagnes. Beaucoup de dénivelé, de fraises du jardin et de salades de pissenlits au programme, avec pour seuls points négatifs une inflammation du tibia contractée durant la course ainsi qu'un rendu pour mon EaD qui m'aura pris quelques heures de libre sur la durée. En promenant les chiens le soir, j'ai réalisé que ma place était dans ces coins de marché, de mésanges et de lierre où l'on grimpe au soleil en chemise des causses pour entrevoir un peu de rivière, où ma main en cherche une autre sans que la culpabilité et la peur me serrent le ventre, loin des regards urbains, où je suis aimé par un homme qui me rend heureux, et qui m'aime car je le rends heureux. Je me suis remis à l'écriture et à la peinture, doucement, dans mon trou de verdure. Pas de cigarettes ou d'alcool de tout le séjour (en fait, depuis deux mois, je ne connais plus vraiment la boisson), ni de misère si ce n'est un réveil au cœur battant de mauvais souvenirs et de regards en arrière. Mon sommeil est toujours trouble, j'ai le cerveau toujours fiévreux. J'espère que notre retour en ville ne va pas ramener avec lui mes idées noires et drames interpersonnels, car j'aime penser que je suis bon quand je lis un livre au soleil.

Vivement que je puisse écrire à nouveau sans craindre les yeux des autres et l'étal de mes erreurs passées.

On m'a volé des cartes et du liquide dans les transports, mon travail me mine, cette semaine fut un peu agaçante, mais je suis content d'en commencer une nouvelle. Je pars me mettre au vert dans deux jours, et je carbure aux rendus, manuscrits sur manuscrits, devoirs sur devoirs, avec comme musique de fond l'espèce de joie anxieuse d'un rêve que j'accomplis et les angoisses financières, la procrastination perfectionniste de tous les jours. J'ai sorti les lapins aujourd'hui, et les bandits ont passé une demi-heure en course-poursuite sous les buissons car ils ne voulaient pas rentrer.

Parfois, après ne pas avoir tenté une peinture finie depuis 2021 environ, on décide de faire un portrait animalier. Je n'ai plus la même endurance, mais je suis content d'avoir passé un peu de temps sur un projet, donc je vous partage un crop au cas où je le jette. C'est Commo, mon bélier blanc.

Combien d'entre vous travaillent sur une fiction originale (non fondée sur une oeuvre préexistante), combien ont changé de fandom, combien toujours dans Pokémon, et combien lisent spécifiquement sur le Bip/écrivent dessus ?

Une autre plateforme ? (Ao3, Tiktok, Tumblr, Twitter/X...)

L'importance du public dans votre travail ?

J'ai passé deux mois environ à travailler ma santé mentale et je suis assez bien pour poster sur le site à nouveau. Je sors mes lapins quand la météo le veut, et le vétérinaire pendant ma petite visite de bilan m'a dit qu'ils étaient en excellente santé, mais, pour une facture qui a coûté mon salaire, qu'ils devaient avoir plus de friandises et de coussins doux.

Commo est beaucoup plus aventureux que son dominant lorsqu'il faut sortir, ce qui m'amuse, mais il est aussi tellement joyeux et curieux devant les plantes (avec moi et un.e ami.e derrière qui vérifions ce qu'il croque) que ça me fait du baume au cœur. Je voulais écrire un article plein de travail sur soi et d'infos personnelles, mais ça peut attendre. Je suis à peu près fonctionnel à nouveau, et je tiens surtout à demander pardon auprès de Kibouille et Pikamille aussi, j'ai été très con et j'avais du mal à sortir d'une isolation violente qui m'a empêché de vous répondre ...